La langue française

Accueil > Orthographe > « A priori » ou « à priori » ?

« A priori » ou « à priori » ?

« A priori, on peut aussi écrire cette locution "à priori". »

L'écriture de certaines locutions latines francisées pose de nombreuses difficultés. Faut-il écrire « a priori » ou « à priori » ? On vous explique enfin comment choisir la bonne orthographe. Bonne lecture !

On écrit « a priori » sans accent ou « à priori » avec un accent grave

Les deux graphies sont acceptées, on peut écrire « a priori » sans accent ou « à priori » avec un accent grave sur le « a » :

  • La locution latine a priori s'écrit sans accent : si vous souhaitez utiliser la locution latine et non sa version francisée, il faut l'écrire sans accent et en italique. Cette locution latine est l'abréviation de a priori ratione (« par une raison qui précède » ; « par l'intuition »).
  • La version francisée peut s'écrire avec un accent : si vous utilisez la version francisée de la locution latine, alors vous pouvez l'écrire « à priori » avec un accent grave sur le « a » et sans italique. Cette graphie est préconisée par la réforme de l'orthographe de 1990.

S'abonner

Exemples :

  • A priori, elle va arriver à l'heure.
  • C'est à priori une bonne idée.

Si le choix entre locution latine et version francisée est facile, la difficulté quant à l'orthographe de cette locution réside dans le fait que certains dictionnaires ont préconisé l'orthographe « à priori » avec accent bien avant la réforme de l'orthographe de 1990. Par exemple, le Littré, publié à la fin du XIXe siècle, propose « à priori ».

Certains auteurs classiques utilisent l'orthographe accentuée :

Tandis qu'il le prouvait à priori, le vaisseau s'entr'ouvre; tout périt, à la réserve de Pangloss, de Candide, et de ce brutal de matelot qui avait noyé le vertueux anabaptiste: le coquin nagea heureusement jusqu'au rivage, où Pangloss et Candide furent portés sur une planche.

Voltaire, Candide, 1759

La sixième édition du dictionnaire de l'Académie française (1835) propose d'écrire cette locution avec un accent grave : « à priori ». Le Bon Usage de Grevisse explique que « l’Académie ne faisait que perpétuer le procédé suivi jadis dans les textes latins (jusqu’au XIXe s.) : Urbem Romam à principio Reges habuere (Tacite, cité par Vaugelas, p. 104). » qui consiste à accentuer le « a » dans ces locutions.

Dès 1935, l'Académie décide de remplacer à latere par a latere. Il faut attendre la neuvième édition (la version actuellement en vigueur) pour trouver la graphie sans accent « a priori », comme si les académiciens souhaitaient faire un pied de nez à la réforme de 1990 !

Recevez nos nouveaux articles par courriel

Inscrivez-vous à notre lettre d'information hebdomadaire pour recevoir tous nos nouveaux articles, gratuitement. Vous pouvez vous désabonner à tout moment.

Le Bon Usage (Grevisse & Goose) écrit dans un premier temps « a priori » sans accent, puis décide de l'accentuer à partir du XXe siècle.

À noter que cette double graphie s'applique à d'autres locutions empruntées au latin comme a contrario / à contrario, a posteriori / à posteriori, a minima / à minima, a fortiori / à fortiori etc.

Le nom s'écrit « a priori » ou « apriori »

Attention, on peut aussi écrire le nom « a priori / apriori ». Il désigne un jugement superficiel sans réelle connaissance du sujet, un préjugé.

Ancienne orthographe : on écrit « un a priori » en deux mots. Au pluriel, ce nom reste invariable : « des a priori ». Certains préconisent de mettre en italique cette graphie.

Réforme de 1990 : la réforme de l'orthographe de 1990 propose d'écrire « un apriori » en un seul mot. Au pluriel, on écrit « des aprioris ».

Exemples :

  • J'ai un mauvais a priori sur cette personne.
  • Nous avons des aprioris après avoir fait des recherches sur cette destination.

Exemples d'usage de « a priori », « apriori » et « à priori »

Si, en effet, ma relation avec autrui est a priori, elle épuise toute possibilité de relation avec autrui.

Jean-Paul Sartre, L'être et le néant

Mais si le surcroît de joie, apporté par la vue des femmes impossibles à imaginer a priori, me rendait plus désirables, plus dignes d'être explorés, la rue, la ville, le monde, il me donnait par là même la soif de guérir, de sortir et, sans Albertine, d'être libre.

Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, Tome 3

Les mots « interdiction a priori » m'ont impressionné. Je songe aux lumières rouges et aux contraventions. Mais la contravention, ici, c'est la mort. Je déteste surtout « a priori ». J'ai l'impression d'être personnellement visé.

Antoine de Saint-Exupéry, Pilote de guerre

Nous sommes en possession de certaines connaissances à priori, et le sens commun lui-même n’en est jamais dépourvu.

Emmanuel Kant, Critique de la raison pure

« Au poste, galopin », prononça-t-il, convaincu à priori de la culpabilité de celui qu’il confondait avec un vagabond sans aveu.

Victor Favet, La Belle Violette

Plus d'un fait, à coup sûr, la motiva, mais signalons surtout qu'il s'agit d'un hasard, car, au fait, tout partit, tout sortit d'un pari, d'un a priori dont on doutait fort qu'il pût un jour s'ouvrir sur un travail positif.

Georges Perec, La disparition

En conclusion, vous pouvez utiliser la graphie accentuée ou non sans commettre d'erreur d'orthographe ! N'hésitez pas à partager cet article et à parcourir notre section sur l'orthographe française.

Pour aller plus loin :

Le résumé en microrécit

S'abonner
Sujets :  accent accentuation

Recevez tous les articles de la semaine par courriel

Inscrivez-vous à notre lettre d'information hebdomadaire pour recevoir tous nos nouveaux articles, gratuitement. Vous pouvez vous désabonner à tout moment.


Commentaires

nael

merci

Répondre
La langue française Premium

Avec plaisir !

À bientôt,
Nicolas

Répondre

Laisser un commentaire

Vous devez vous connecter pour écrire un commentaire.

Se connecter S'inscrire

Retour au sommaire ➦

Partager