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Académie

Variantes Singulier Pluriel
Féminin académie académies

Définitions de « académie »

Trésor de la Langue Française informatisé

ACADÉMIE, subst. fém.

I.− Jardin d'Académos, près d'Athènes, où le philosophe Platon donnait son enseignement :
1. C'est sous les portiques et dans les jardins de l'Académie que Platon expliquoit à ses disciples le système du monde intellectuel. G. de Staël, De l'Allemagne,t. 3, 1810, p. 316.
P. ext. École des disciples de Platon ou de leurs successeurs :
2. ... de toutes les sectes de philosophie, les plus considérées à Rome furent celle des stoïciens, qui parloient de la vertu, et celle de l'Académie, qui cherchoit de tous côtés, ne se fixoit que dans son incertitude, et n'affirmoit pas de vérité, de peur de soutenir une erreur. L.-G. de Bonald, Législation primitive,t. 1, 1802, p. 14.
3. Cicéron, en vrai représentant de l'école directement sortie de Platon, après vous avoir répété avec conviction les enseignements supérieurs de l'Académie primitive, finira par se fondre insensiblement dans l'Académie sceptique de Carnéade et d'Arcésilaüs. P. Leroux, De l'Humanité,t. 2, 1840, p. 463.
Rem. Les historiens de la philos. distinguent l'ancienne et la nouvelle Académie.
II.− Compagnie d'écrivains, d'artistes, de savants; lieu où elle se réunit.
A.− Spéc. L'Académie française et les quatre autres académies forment l'Institut de France (Ac. des Inscriptions et Belles-Lettres, Ac. des Sciences, Ac. des Beaux-Arts, Ac. des Sciences morales et politiques) :
4. Quant à Voltaire, tout le monde a lu, dans son discours de réception à l'Académie françoise, ces mots remarquables : « Qui oseroit parmi nous entreprendre une traduction des Géorgiques de Virgile? » J. Delille, L'Homme des champs,Préf., 1800, p. xxi.
5. L'Académie a un grand malheur, c'est d'être la seule corporation un peu durable qui n'ait jamais cessé d'être ridicule. A. de Vigny, Le Journal d'un poète,18 déc. 1836, p. 1051.
6. L'Académie, après tout, a été une grande chose, et peut et doit le redevenir, grâce à tous les hommes de pensée et d'avenir dont je ne suis que le maréchal des logis, grâce aux vrais poëtes, grâce aux vrais écrivains, grâce à vous. Mon cher Alphonse Karr, vous serez de l'Académie un jour. Il y a là, même à cette heure, de grands talents et d'excellents esprits qui vous aiment et qui vous tendront la main; les académies, comme tout le reste, appartiennent à la nouvelle génération. V. Hugo, Correspondance,1841, p. 587.
7. Ceux-ci [les membres de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres] (...) jouent à l'Institut le rôle que le dicton populaire attribue à la cinquième roue d'un carrosse. Ils forment une académie; ils devraient être à peine une section d'académie : ils sont quarante, dix suffiraient. À proprement parler, cette académie n'a pas de physionomie propre. Littéraire, elle se confond avec l'Académie française; archéologique, elle confine à l'Académie des Beaux-Arts; scientifique, elle touche par quelques points, tels que la géographie et l'histoire, à l'Académie des Sciences et à celle des Sciences morales et politiques; ... L. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 283.
8. Ce n'est pas la religion que je défends, c'est l'Académie; c'est la raison, la philosophie, la distinction du bien et du mal, la loi morale, la liberté. F.-A.-P. Dupanloup, Journal intime,1863, p. 235.
9. ... elle s'était épanouie sous les regards admiratifs des membres de l'Académie française, des savants, des économistes des cinq classes de l'Institut. J.-E. Blanche, Mes modèles,1928, p. 103.
10. Seule une histoire à la Port-Royal pourrait réussir le portrait de l'Académie Richelieu, mêlée à la durée historique de la littérature française. Mais une « histoire » de l'Académie Goncourt, cela paraîtrait évidemment fort mince, ou bien fort lourd. A. Thibaudet, Réflexions sur la littérature,1938, p. 241.
Rem. Le mot académie, empl. sans adj. ni compl., désigne l'Académie française (ex. 5; elle est parfois appelée Académie Richelieu, cf. ex. 10).
B.− P. anal. Toute société dont les membres s'occupent de lettres, d'arts, de sciences ou de quelque autre spécialité :
11. Je croyais de bonne foi être le premier qui eût conçu, de nos jours, l'idée de l'académie des gastronomes; mais je crains bien d'avoir été devancé, comme cela arrive quelquefois. J.-A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût,1825, p. 388.
12. Comprenant quelle relation intime unit la poésie mesurée et la musique vocale, il avait établi dans sa maison de plaisance au faubourg Saint-Marceau une académie de beaux-esprits et de musiciens, dont l'objet principal était de mesurer les sons élémentaires de la langue. Ch.-A. Sainte-Beuve, Tableau hist. et crit. de la poésie française et du théâtre français au XVIesiècle,1828, p. 82.
13. Quant aux souvenirs poétiques, Toulouse fut le foyer de la poésie du Moyen Âge; ce fut dans cette ville que fut établie la première cour d'amour, institution dont l'Académie des jeux floraux a tiré son origine. M. de Guérin, Correspondance,1830, p. 33.
14. Alors les emplois ne seront plus donnés à l'intrigue et à la faveur, mais selon les diverses bosses de la tête. Ce sera le temps enfin où tout sera bien réglé dans la machine politique et sociale, lorsque chacun occupera la place et exercera la profession que lui assigneront ses bosses. En attendant cette heureuse époque, je me demande pourquoi l'Académie phrénologique ne se charge pas dès à présent, plutôt que l'Académie française, de décerner les prix de vertu. Ce serait épargner beaucoup de peine et d'enquêtes à MM. de l'Institut; car chaque individu vertueux a la bosse de sa vertu, et la vertu de sa bosse. A. de Musset, Revue des Deux Mondes,30 août 1832, p. 637.
15. Pleins de goût et de feu, ces jeunes doctrinaires formaient une société d'une espèce rare, une académie à la fois savante, policée et enthousiaste. M. Barrès, Les Diverses familles spirituelles de la France,1917, p. 162.
Rem. 1. Les dict. encyclop. renseignent sur les nombreuses ac. existant en France et à l'étranger : Académie de médecine, de marine, d'apiculture, etc.; Académie Goncourt; Académie royale de Belgique, etc. 2. On observe dans plusieurs ex. un emploi iron. du mot académie (cf. ex. 5, 14). Cf. encore :
16. Si j'avais à écrire une histoire de France d'après-guerre, je ferais une place à part au « Bœuf sur le toit », sorte d'académie du snobisme qui donne en outre la clef d'une foule de liaisons, de contrats et de mouvements, tant littéraires que politiques ou sexuels. L.-P. Fargue, Le Piéton de Paris,1939, p. 49.
III.− ENSEIGNEMENT
A.− École supérieure.
1. Académie de dessin, de peinture, de danse, d'architecture. Nom donné à des écoles où un maître enseigne, selon ses méthodes propres, la pratique du dessin, de la peint., etc. :
17. Dans une toile énorme, où se voyaient trop clairement les habitudes récentes de l'académie de peinture, M. Papety avait néanmoins trouvé des poses heureuses et quelques motifs de composition; et malgré sa couleur d'éventail, il y avait tout lieu d'espérer pour l'auteur un avenir sérieux. Ch. Baudelaire, Salon de 1845,1845, p. 55.
P. méton. :
a) Représentation peinte ou dessinée d'un modèle nu, servant d'exercice dans les académies de dessin ou formant des études préparatoires à l'exécution de tableaux achevés :
18. ... si d'autres figures nues de la planche XLII [dans l'album Villard de Honnecourt] ne sont pas des académies d'après nature, je serais tenté d'y voir encore la copie arrangée de quelque bas-relief antique. P. Mérimée, Études sur les arts au Moyen-Âge,1870, p. 366.
b) Ce modèle :
19. − Un bon garçon, cet Alexandre, dit Claude (...) il est superbe, le gredin; je l'ai vu nu, et s'il voulait me poser des académies, en plein air... É. Zola, Le Ventre de Paris,1873, p. 621.
c) Fam. Corps, anatomie :
20. On peut ici satisfaire son goût pour l'académie humaine. Quantité de messieurs marchent complètement nus, ce qui fait détourner les yeux des Anglaises; ... G. Flaubert, Correspondance,1849, p. 135.
Rem. Arg. des écoles. Académie s'abrège parfois en aca pour désigner le dessin d'académie :
21. Le dessin d'académie est encore désigné par l'abréviation aca. Lévy-Pinet1894, p. 283.
2.
a) Anc. Académie (d'équitation). Lieu où les jeunes gens apprenaient l'équitation et autres exercices du corps :
22. Vallombreuse n'était pas d'une force égale à celle de Sigognac; mais il avait, comme il convenait à un homme de sa qualité, fréquenté longtemps les académies, mouillé plus d'une chemise aux salles d'armes, et travaillé sous les meilleurs maîtres. T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 419.
Rem. Cet emploi, vieilli au xixes., est utilisé ici par souci de « couleur locale ».
b) Académie nationale de musique. Opéra de Paris (siège d'une école de danse).
3. À l'étranger
a) Synon. de université (établissement d'enseign. supérieur) :
23. ... parmi celles qui sont instruites, vous en verrez qui sont professeurs dans les académies, et donnent des leçons publiquement en écharpe noire; ... G. de Staël, Corinne,t. 1, 1807, p. 294.
b) Établissement privé d'éducation ou d'instruction :
24. ... les deux petites avaient été mises en pension à l'académie de jeune filles de Mrs Fenning à Clapham, et les élèves de Mrs Fenning connurent bientôt les beaux yeux, les chemises ouvertes et les boucles folles du frère d'Hellen Shelley. A. Maurois, Ariel ou la Vie de Shelley,1923, p. 56.
P. méton. Grand concert :
25. Il est même question, en novembre 1819, d'organiser pour Noël une « académie », c'est-à-dire un grand concert, où l'on donnerait le Gloria de la Messe et « la nouvelle sonate », que Beethoven jouerait. R. Rolland, Beethoven,Les Grandes époques créatrices, t. 1, 1903, p. 216.
Rem. Il s'agit d'un calque sém. de l'arg. scol. all. Akademie.
B.− En France, division territoriale et administrative de l'Université (au sens d'ensemble des établissements et des maîtres d'enseignement public de tous degrés), placée sous l'autorité d'un recteur :
26. Tout ce monde de républicains et de libéraux a l'air de professeurs : on se croirait à une soirée chez un recteur d'académie de province. E. et J. de Goncourt, Journal,fév. 1864, p. 17.
Fam. Bureaux de l'Inspection académique (aller à l'-, etc.).
Officier d'académie. Personne décorée des palmes académiques :
27. M. Armand Lebrun est à cause de cette publication, nommé par le ministre de l'Instruction publique : officier d'académie. Il y a lieu, devant cette consécration accordée par l'Université, de recommander encore une œuvre excellente, livre autant qu'album, à laquelle le public international avait déjà donné cette première des sanctions, le succès. S. Mallarmé, La Dernière mode,1874, p. 794.
Rem. Synon. mod. : chevalier des palmes académiques, 1erdegré de cette distinction, précédant celui de l'officier d'Instruction publique.
IV.− Maison de jeu ou de plaisir :
28. Marchés, cabarets, académies de jeux fermés. C. Desmoulins, Le Vieux Cordelier,1793, p. 260.
Académie de billard :
29. Le restaurant (...), immense hall, plein de monde, de lumières et de bruit, était à la fois une taverne, un dancing, une académie de billard : on pouvait y passer la soirée dans la fumée des cigares, le cliquetis des billes et la langueur des valses. R. Martin du Gard, Les Thibault,La Belle saison, 1923, p. 1044.
Argotique
a) Académie d'amour. Maison de prostitution (d'apr. A. Bruant, L'Argot au XXesiècle, dict. français-argot, Suppl. 1905, p. 460).
b) ,,Cabaret où se réunissent les voleurs.`` (A. Bruant, L'Argot au XXesiècle, dict. français-argot, Suppl. 1905, p. 460).
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [akademi] Enq. : /akademi/. 2. Dér. et composés : académicien, académifier, académique, académiquement, académisable, académisation académiser, académisme, académiste. 3. Hist. − Le mot apparaît sous sa forme actuelle avec un accent aigu au xvies. (cf. étymol.), il est attesté sous cette forme ds Ac. 1694, ds Trév. 1704, puis régulièrement à partir d'Ac. 1718. Au xvies., on rencontre également la forme academie, sans accent (cf. étymol. et ex. de F. de Sales ds Gdf. Compl.), encore empl. comme vedette ds Fur. 1690, 1701 et ds Rich. 1710. Le mot entre dans la lang. au début du xvies. (cf. étymol.) sous la forme achademie (prob. hypercorrection pour un mot d'origine grecque.).
Étymol. ET HIST. − Corresp. rom. : esp. academia; port. académia; cat. acadèmia; ital. accademia; roum. academie. I.− a) 1508-1517 « lieu où se tenait l'école de Platon » (Fossetier, Chron. Marg., ms. Brux. VIII, II, fo25a ds Gdf. Compl. : l'autel de Venus situé en achademie), 1532 p. anal. (mais non encore spécialisé au sens II) (Rabelais, Pantagruel, ch. vi, éd. Verdun L. Saulnier, p. 32 : « Mon amy, dont viens-tu à ceste heure? » L'escholier luy respondit : « De l'alme, inclyte et célèbre académie que l'on vocite Lutèce. − Qu'est-ce à dire? dist Pantagruel à ung de ses gens. − C'est [respondit-il] de Paris ... »), attest. isolée; b) 1694 « les disciples de Platon » (Ac. s.v. : Il se prend aussi pour la secte même de ces Philosophes. L'Académie était d'opinion...). II.− 1. [Idée d'« enseignement »; sup. sém. III et IV] ca 1535 synon. de Collège de France, fondé en 1530 (Marot, Epitre au Roy, du temps de son exil à Ferrare [publ. en 1544] ds Œuvres, éd. P. Jannet I, p. 214 : Autant comme eulx, sans cause qui soit bonne, Me veult de mal l'ignorante Sorbonne : Bien ignorante elle est d'estre ennemye De la trilingue et noble academie Qu'as erigée); 1566 « établissement où l'on enseignait certaines disciplines » (Discours fantastique de Iustin Tonnellier composez en italien par J.-B. Gelli Academic. florentin et nouvellement traduits en françois par C[laude] D[e] K[erquifinen], Lyon, éd. 1575, 119 : on m'a conté ces iours ici de quelques ieunes hommes qui ont encommencé de dresser une escole en langue vulgaire qu'ils appellent Académie); p. ext. : a) 1630 académie des jeux « livre où l'on donne les règles de certains jeux (billard, cartes, etc.) » (Chapelain, Les gueux ou la vie de Guzman d'Alfarache, III, 247 ds Brunot t. 6, p. 588); 1666 « maison de jeux, tripot » (Ordonnance ds Trév.) 1752 s.v. Académie : Voulons que les Ordonnances de Police pour chasser ceux chez lesquels se prend et consomme le tabac, qui tiennent Académie, brélans, jeux de hasard et autres lieux défendus, soient exécutées; b) 1671 « lieu où la noblesse apprenait l'équitation » (Sév., 12 août ds Dub.-Lag. 1960 : [M. de Locmaria] a soixante mille livres de rente, et sort de l'académie) vieilli dans lexicogr. xixes.; 1694 « écoliers qui fréquentent une académie d'équitation » (Ac. s.v. : ... Ce jour-là un tel Escuyer fit monter toute son Académie à cheval); c) p. méton., à partir de « école de dessin », 1653 « exercice d'école dessiné d'apr. un modèle » terme de B.-A. (Hilaire Pader, La Peinture parlante, p. 17 : Prens garde toutes-fois... que par l'anatomie Tels corps ne soient trop secs en ton académie. Note : Un académie. C'est une figure desseignée conformément au modèle qui est un homme que les peintres payent pour les servir en le despouillant tout nud et qu'ils mettent en acte c'est-à-dire en posture, d'où ledit Modelle ne doit bouger sans en advertir les escoliers qui desseignent dans l'Académie d'où leurs figures tirent leur nom) d'où p. ext. 1865 « le modèle lui-même » (E. et J. de Goncourt, Journal, 22 mai 1865); 1849 « corps » « anatomie » terme fam. (G. Flaubert); d) 1808 terme dr. admin. « chaque circonscription des universités de France » (Décret du 17 mars 1808 ds DG); 2. [« Société savante »; sup. sém. II] 1570 « société constituée, formée de gens de lettres, de savants, d'artistes » date de fondation, à Paris, de l'Académie de poésie et de musique par Antoine Baïf et Thibaud de Courville (cf. Dict. des Lettres françaises du XVIes., Paris, 1951, s.v.), 1573 « id. » (A. de Baïf, Euvres en rime, éd. Marty-Laveaux, II, 229, Poème dédié à Charles IX : Je di premier comment En vostre académie on euvre incessamment Pour, des Grecs & Latins imitant l'excellence, De vers & chants reglez decorer vostre France Avecque vostre nom); 1635 Académie française, fondée par Richelieu; 1835 Académie, emploi abs. : Ac. s.v. : (...) Il se dit quelquefois absolument de l'Académie française, Un discours de réception à l'Académie. I empr. au lat. Acadēmīa (< gr. Α κ α δ η ́ μ ε ι α) « jardin consacré au héros Α κ α ́ δ η μ ο ς aux alentours d'Athènes, où enseignait Platon » (dep. Cicéron, De oratore, 11 ds TLL, 246, 1) [datation « 1508, Baïf » (Dauzat 1964) procède d'une confusion entre 1508, date des Chron. Marg., et la date de fondation de la première Académie par Antoine De Baïf 1570, voir sup.; 1508 ne peut être la date d'œuvres litt. de Lazare Baïf (1496-1547) ni d'Antoine de Baïf (1532-1589)]. II empr. à l'ital. a(c)cademia (lui-même empr. au lat. acadēmīa, voir sup.); au sens de « lieu où enseignait Platon », dep. 1262-1347, Bartolomeo da S. Concordio ds Batt. t. 1 1961; au sens II 1 seulement à partir du xviies. (Raim. Montecuccoli ds Batt. ibid.) mais localisation de l'attest. de 1540 (Ferrare) et modèle ital. (Giamb. Gelli) de celle de 1566 dénotent empr. à l'ital. Emploi comme terme de B.-A., malgré l'afflux de termes de peint. ital. au xviies. (cf. Brunot t. 6, pp. 696-698) prob. non redevable à l'ital. où cet emploi n'est pas ant. à A.-M. Salvini [entre 1662 et 1729], L'idea della perfezione della pittura di Rolando Freart tradotta ds Tomm.-Bell. 1929 [trad. de R. Fréart de Chantelou, L'Idée de la perfection de la peinture, 1662]; au sens II 2 dep. 1455 (Donato Acciaioli ds Migl.-Duro, 1965, 295), cf. xvies., Matteo Bandello, Opere I, 155 ds Batt. ibid. : Ma se, come si spera, l'instituzione de l'academia succede, averà la lingua latina, la greca e la volgare il suo candore, e l'arti liberali si ridurrano a la loro antica maiestà. Noter floraison et influence des Académies ital. aux xve-xvies. : 1427 Accad. Valdarnina; 1540 Accad. Fiorentina; 1459 Accad. Platonica; ca 1464 Accad. Romana o Pomponiana; 1582 Accad. della Crusca.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 2455. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 3 981, b) 4 691; xxes. : a) 3 682; b) 2 314.
BBG. − Blanche 1857. − Bouillet 1859. − Chabat t. 1 1875. − Dainv. 1964, p. 224. − Duf. t. 1 1965. − Éd. 1913. − Franck 1875. − Goblot 1920. − Gramm. t. 1 1789. − Gruss 1952. − Lal. 1968. − Laplatte (C.). Archaïsmes curieux. Académie, assigné, impéré. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 276. − Lavedan 1964. − Le Clère 1960. − Lep. 1948. − Littré-Robin 1865. − Pissot 1803. − Pol. 1868. − Privat-Foc. 1870. − Réau-Rond. 1951. − Will. 1831

Wiktionnaire

Nom commun - français

académie \a.ka.de.mi\ féminin

  1. (France) (Nom collectif) Assemblée de gens de lettres, de savants ou d’artistes reconnus par leurs pairs, qui a pour mission de veiller aux usages dans leurs disciplines respectives et de publier des ouvrages tels que des dictionnaires, des grammaires, etc.
    • L’Académie française, qui depuis 1694 a donné sept éditions de son Dictionnaire et commence à publier la huitième, donne au début de l'année 1932, la première édition de sa Grammaire rédigée en conformité des articles 24 et 26 de ses statuts des mois de mars et d’avril 1634. — (Préface, Grammaire de l’Académie française, 1932)
  2. (France) Divisions territoriales de l’Université de France dont chacune est dirigée par un recteur.
    • L’académie de Paris, de Lyon, de Bordeaux, de Poitiers, etc.
    • Le recteur de cette académie.
    • Cette ville est du ressort de telle académie.
  3. Lieu d’enseignement avancé.
  4. (Beaux-arts) Figure entière, nue ou drapée légèrement.
    • À un confrère malheureux qui ne parvenait pas à vendre ses « académies » de Montmartroises : « Fiche-leur des bas noirs et tu m’en diras des nouvelles ». — (Léon Daudet, Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux/L’Entre-Deux-Guerres, Grasset, 1915, réédition Le Livre de Poche, page 205)
  5. (Vieilli) Maison de jeu.
    • Il a perdu son argent dans une académie.
  6. (Vieilli) Lieu où les jeunes gens apprenaient l’équitation.
    • Il mit son fils à l’académie.
    • Au sortir de l’académie, il partit pour l’armée.
  7. (Histoire) Institut d’enseignement supérieur du protestantisme.
    • Attiré à Sedan, sans doute par les avantages que l’académie naissante de cette ville procurait aux savants étrangers qui voulaient contribuer à sa célébrité, il y arriva dans les premiers jours de novembre 1603, […]. — (Jean-Baptiste-Joseph Boulliot, Biographie ardennaise ou Histoire des Ardennais qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs vertus et leurs erreurs, Paris, 1830, vol. 2, page 60)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ACADÉMIE. n. f.
Compagnie de personnes qui se réunissent pour s'occuper de belles lettres, de sciences ou de beaux-arts. L'Académie française, l'Académie des inscriptions et Belles-Lettres, l'Académie des Sciences, l'Académie des Beaux-Arts et l'Académie des Sciences morales et politiques forment l'Institut. L'Académie de Médecine. L'Académie de Stanislas. L'Académie de Marseille, de Besançon, de Caen, etc. Les membres d'une académie. L'Académie belge de langue française. Il se dit absolument de l'Académie française. Un discours de réception à l'Académie. Le Dictionnaire de l'Académie. Les quarante de l'Académie, Les quarante membres de l'Académie française. Il se dit aussi d'un Lieu où l'on s'exerce à la pratique d'un art. Académie de danse. Académie de dessin. Académie Nationale de Musique, Le théâtre de l'Opéra.

ACADÉMIE se disait dans l'ancienne France d'un Lieu où les jeunes gens apprenaient l'équitation et autres exercices du corps. Il mit son fils à l'académie. Au sortir de l'académie, il partit pour l'armée. Il s'est dit aussi d'une Maison de jeu. Tenir académie.

ACADÉMIE se dit encore des Divisions territoriales de l'Université de France dont chacune est dirigée par un recteur. L'académie de Paris, de Lyon, de Bordeaux, de Poitiers, etc. Le recteur de cette académie. Cette ville est du ressort de telle académie.

ACADÉMIE, en termes de Peinture, se dit d'une Figure entière, qui est peinte ou dessinée d'après un modèle nu et qui n'entre pas dans la composition d'un tableau.

Littré (1872-1877)

ACADÉMIE (a-ka-dé-mie) s. f.
  • 1Jardin près d'Athènes où Platon enseigna.
  • 2La doctrine même de Platon et de ses successeurs.
  • 3 Par extension, compagnie de gens de lettres, de savants ou d'artistes. L'Académie française, l'Académie des inscriptions et belles-lettres, l'Académie des sciences, l'Académie des beaux-arts, l'Académie des sciences morales et politiques ; ces cinq académies réunies forment ce qu'on nomme l'Institut. L'esprit de discussion est assez contraire à celui de décision ; mais l'Académie doit plus examiner que décider, suivre attentivement la nature par des observations exactes, et non pas la prévenir par des jugements précipités, Fontenelle, Dodart. Je veux établir chez vous une académie de beaux esprits, Molière, Préc. Rid. 10.
  • 4 Absolument, l'Académie française. Discours de réception à l'Académie. Le Dictionnaire de l'Académie. L'Académie, dépositaire des bienséances et de la pureté du goût.
  • 5 Par métaphore, en fait de style, forme académique. Les oreilles sont flattées par l'académie et l'arrangement des paroles, Bossuet, Par. de Dieu, 1.
  • 6Académie royale de musique, le théâtre de l'Opéra à Paris, ainsi dénommé dans les lettres - patentes de son établissement.
  • 7Lieu où les jeunes gens apprennent l'équitation et d'autres exercices du corps. Tenir académie. Faire son académie. Pour m'entretenir à l'académie, Hamilton, Gramm. 3. En 1691, je commençais à monter à cheval à l'académie des sieurs de Mémon et Rochefort, Saint-Simon, 1, 21. Sans avoir fait son académie, un voyageur monte à cheval, Rousseau, Ém. II.
  • 8Les écoliers mêmes qui fréquentaient une académie. Ce jour-là tel écuyer fit monter toute son académie à cheval.
  • 9Lieu où l'on donne à jouer en public. Les académies de jeux sont souvent des coupe-gorges. Il y a un livre intitulé Académie des jeux, qui donne les règles des jeux en usage. Il a perdu son argent dans une académie. Ma maison n'est point une académie, Picard, les deux Phil. II, 19. On dit maintenant maison de jeu.
  • 10Division de l'Université de France dirigée par un recteur.
  • 11 En termes de peinture, une figure entière qui est peinte ou dessinée d'après un modèle, et qui n'est pas destinée à entrer dans la composition d'un tableau.
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Encyclopédie, 1re édition (1751)

ACADÉMIE, s. f. C’étoit dans l’antiquité un jardin ou une maison située dans le Céramique, un des fauxbourgs d’Athenes, à un mille ou environ de la ville, où Platon & ses sectateurs tenoient des assemblées pour converser sur des matieres philosophiques. Cet endroit donna le nom à la secte des Académiciens. Voyez Académicien.

Le nom d’Académie fut donné à cette maison, à cause d’un nommé Académus ou Écadémus, citoyen d’Athenes, qui en étoit possesseur & y tenoit une espece de gymnase. Il vivoit du tems de Thésée. Quelques-uns ont rapporté le nom d’Académie à Cadmus qui introduisit le premier en Grece les Lettres & les Sciences des Phéniciens : mais cette étymologie est d’autant moins fondée, que les Lettres dans cette premiere origine furent trop foiblement cultivées pour qu’il y eût de nombreuses assemblées de Savans.

Cimon embellit l’Académie & la décora de fontaines, d’arbres, & de promenades, en faveur des Philosophes & des Gens de Lettres qui s’y rassembloient pour conférer ensemble & pour y disputer sur différentes matieres, &c. C’étoit aussi l’endroit où l’on enterroit les Hommes illustres qui avoient rendu de grands services à la République. Mais dans le siége d’Athenes, Sylla ne respecta point cet asyle des beaux arts ; & des arbres qui formoient les promenades, il fit faire des machines de guerre pour battre la Place.

Cicéron eut aussi une maison de campagne ou un lieu de retraite près de Pouzole, auquel il donna le nom d’Académie, où il avoit coûtume de converser avec ses amis qui avoient du goût pour les entretiens philosophiques. Ce fut-là qu’il composa ses Questions académiques, & ses Livres sur la nature des Dieux.

Le mot Académie signifie aussi une secte de Philosophes qui soûtenoient que la vérité est inaccessible à notre intelligence, que toutes les connoissances sont incertaines, & que le sage doit toûjours douter & suspendre son jugement, sans jamais rien affirmer ou nier positivement. En ce sens l’Académie est la même chose que la secte des Académiciens. Voyez Académicien.

On compte ordinairement trois Académies ou trois sortes d’Académiciens, quoiqu’il y en ait cinq suivant quelques-uns. L’ancienne Académie est celle dont Platon étoit le chef. Voyez Platonisme.

Arcésilas, un de ses successeurs, en introduisant quelques changemens ou quelques altérations dans la Philosophie de cette secte, fonda ce que l’on appelle la seconde Académie. C’est cet Arcésilas principalement qui introduisit dans l’Académie le doute effectif & universel.

On attribue à Lacyde, ou plûtôt à Carnéade, l’établissement de la troisieme, appellée aussi la nouvelle Académie, qui reconnoissant que non seulement il y avoit beaucoup de choses probables, mais aussi qu’il y en avoit de vraies & d’autres fausses, avoüoit néanmoins que l’esprit humain ne pouvoit pas bien les discerner.

Quelques-autres en ajoûtent une quatrieme fondée par Philon, & une cinquieme par Antiochus, appellée l’Antiochéene, qui tempéra l’ancienne Académie avec les opinions du Stoïcisme. Voyez Stoicisme.

L’ancienne Académie doutoit de tout ; elle porta même si loin ce principe, qu’elle douta si elle devoit douter. Ceux qui la composoient eurent toûjours pour maxime de n’être jamais certains, ou de n’avoir jamais l’esprit satisfait sur la vérité des choses, de ne jamais rien affirmer, ou de ne jamais rien nier, soit que les choses leur parussent vraies, soit qu’elles leur parussent fausses. En effet, ils soûtenoient une acatalepsie absolue, c’est-à-dire, que quant à la nature ou à l’essence des choses, l’on devoit se retrancher sur un doute absolu. Voyez Acatalepsie.

Les sectateurs de la nouvelle Académie étoient un peu plus traitables : ils reconnoissoient plusieurs choses comme vraies, mais sans y adhérer avec une entiere assûrance. Ils avoient éprouvé que le commerce de la vie & de la société étoit incompatible avec le doute universel & absolu qu’affectoit l’ancienne Académie. Cependant il est visible que ces choses mêmes dont ils convenoient, ils les regardoient plûtôt comme probables que comme certaines & déterminément vraies : par ces correctifs, ils comptoient du moins éviter les reproches d’absurdité faits à l’ancienne Académie. Voyez Doute. Voyez aussi les Questions Académiques de Cicéron, où cet Auteur réfute avec autant de force que de netteté les sentimens des Philosophes de son tems, qui prenoient le titre de sectateurs de l’ancienne & de la nouvelle Académie. Voyez aussi l’article Académicien, où les sentimens des différentes Académies sont exposés & comparés. (G)

Académie, (Hist. Litt.) parmi les Modernes, se prend ordinairement pour une Société ou Compagnie de Gens de Lettres, établie pour la culture & l’avancement des Arts ou des Sciences.

Quelques Auteurs confondent Académie avec Université : mais quoique ce soit la même chose en Latin, c’en sont deux bien différentes en François. Une Université est proprement un Corps composé de Gens Gradués en plusieurs Facultés ; de Professeurs qui enseignent dans les écoles publiques, de Précepteurs ou Maîtres particuliers, & d’Etudians qui prennent leurs leçons & aspirent à parvenir aux mêmes degrés. Au lieu qu’une Académie n’est point destinée à enseigner ou professer aucun Art, quel qu’il soit, mais à en procurer la perfection. Elle n’est point composée d’Ecoliers que de plus habiles qu’eux instruisent, mais de personnes d’une capacité distinguée, qui se communiquent leurs lumieres & se font part de leurs découvertes pour leur avantage mutuel. Voyez Université.

La premiere Académie dont nous lisions l’institution, est celle que Charlemagne établit par le conseil d’Alcuin : elle étoit composée des plus beaux génies de la Cour, & l’Empereur lui-même en étoit un des membres. Dans les Conférences académiques chacun devoit rendre compte des anciens Auteurs qu’il avoit lûs ; & même chaque Académicien prenoit le nom de celui de ces anciens Auteurs pour lequel il avoit le plus de goût, ou de quelque personnage célebre de l’Antiquité. Alcuin entre autres, des Lettres duquel nous avons appris ces particularités, prit celui de Flaccus qui étoit le surnom d’Horace ; un jeune Seigneur, qui se nommoit Angilbert, prit celui d’Homere ; Adelard, Evêque de Corbie, se nomma Augustin ; Riculphe, Archévêque de Mayence, Dametas, & le Roi lui-même, David.

Ce fait peut servir à relever la méprise de quelques Ecrivains modernes, qui rapportent que ce fut pour se conformer au goût général des Savans de son siecle, qui étoient grands admirateurs des noms Romains, qu’Alcuin prit celui de Flaccus Albinus.

La plûpart des Nations ont à present des Académies, sans en excepter la Russie : mais l’Italie l’emporte sur toutes les autres au moins par le nombre des siennes. Il y en a peu en Angleterre ; la principale, & celle qui mérite le plus d’attention, est celle que nous connoissons sous le nom de Société Royale. Voyez ce qui la concerne à l’article Société Royale. Voyez aussi Société d’Edimbourg.

Il y a cependant encore une Académie Royale de Musique & une de Peinture, établies par Lettres Patentes, & gouvernées chacune par des Directeurs particuliers.

En France nous avons des Académies florissantes en tout genre, plusieurs à Paris, & quelques-unes dans des villes de Province ; en voici les principales.

Académie Françoise. Cette Académie a été instituée en 1635 par le Cardinal de Richelieu pour perfectionner la Langue ; & en général elle a pour objet toutes les matieres de Grammaire, de Poësie & d’Éloquence. La forme en est fort simple, & n’a jamais reçu de changement : les membres sont au nombre de quarante, tous égaux ; les grands Seigneurs & les gens titrés n’y sont admis qu’à titre d’Hommes de Lettres ; & le Cardinal de Richelieu qui connoissoit le prix des talens, a voulu que l’esprit y marchât sur la même ligne à côté du rang & de la noblesse. Cette Académie a un Directeur & un Chancelier, qui se tirent au sort tous les trois mois, & un Secrétaire qui est perpétuel. Elle a compté & compte encore aujourd’hui parmi ses membres plusieurs personnes illustres par leur esprit & par leurs ouvrages. Elle s’assemble trois fois la semaine au vieux Louvre pendant toute l’année, le Lundi, le Jeudi & le Samedi. Il n’y a point d’autres assemblées publiques que celles où l’on reçoit quelqu’Académicien nouveau, & une assemblée qui se fait tous les ans le jour de la S. Loüis, & où l’Académie distribue les prix d’Eloquence & de Poësie, qui consistent chacun en une médaille d’or. Elle a publié un Dictionnaire de la Langue françoise qui a déja eu trois éditions, & qu’elle travaille sans cesse à perfectionner. La devise de cette Académie est à l’Immortalité.

Académie Royale des Inscriptions et Belles-Lettres. A quelque degré de gloire que la France fût parvenue, sous les regnes de Henri IV. & de Louis XIII. & particulierement après la paix des Pyrenées & le mariage de Louis XIV. elle n’avoit pas encore été assez occupée du soin de laisser à la postérité une juste idée de sa grandeur. Les actions les plus brillantes, les évenemens les plus mémorables étoient oubliés, ou couroient risque de l’être, parce qu’on négligeoit d’en consacrer le souvenir sur le marbre & sur le bronze. Enfin on voyoit peu de monumens publics, & ce petit nombre même avoit été jusques-là comme abandonné à l’ignorance ou à l’indiscrétion de quelques particuliers.

Le Roi regarda donc comme un avantage pour la Nation l’établissement d’une Académie qui travailleroit aux Inscriptions, aux Devises, aux Médailles, & qui répandroit sur tous ces monumens le bon goût & la noble simplicité qui en font le véritable prix. Il forma d’abord cette Compagnie d’un petit nombre d’Hommes choisis dans l’Académie Françoise, qui commencerent à s’assembler dans la Bibliotheque de M. Colbert, par qui ils recevoient les ordres de Sa Majesté.

Le jour des assemblées n’étoit pas déterminé : mais le plus ordinaire au moins pendant l’hyver étoit le Mercredi, parce que c’étoit le plus commode pour M. Colbert, qui s’y trouvoit presque toûjours. En été ce Ministre menoit souvent les Académiciens à Sceaux, pour donner plus d’agrément à leurs conférences, & pour en joüir lui-même avec plus de tranquillité.

On compte entre les premiers travaux de l’Académie le sujet des desseins des tapisseries du Roi, tels qu’on les voit dans le Recueil d’estampes & de descriptions qui en a été publié.

M. Perrault fut ensuite chargé en particulier de la description du Carrousel ; & après qu’elle eut passé par l’examen de la Compagnie, elle fut pareillement imprimée avec les figures.

On commença à faire des devises pour les jettons du Trésor royal, des Parties casuelles, des Bâtimens & de la Marine ; & tous les ans on en donna de nouvelles.

Enfin on entreprit de faire par médailles une Histoire suivie des principaux évenemens du regne du Roi. La matiere étoit ample & magnifique, mais il étoit difficile de la bien mettre en œuvre. Les Anciens, dont il nous reste tant de médailles, n’ont laissé sur cela d’autres regles que leurs médailles mêmes, qui jusques-là n’avoient gueres été recherchées que pour la beauté du travail, & étudiées que par rapport aux connoissances de l’Histoire. Les Modernes qui en avoient frappé un grand nombre depuis deux siecles, s’étoient peu embarrassés des regles ; ils n’en avoient suivi, ils n’en avoient prescrit aucune ; & dans les recueils de ce genre, à peine trouvoit-on trois ou quatre pieces où le génie eût heureusement suppléé à la méthode.

La difficulté de pousser tout d’un coup à sa perfection un art si négligé, ne fut pas la seule raison qui empécha l’Académie de beaucoup avancer sous M. Colbert l’Histoire du Roi par médailles : il appliquoit à mille autres usages les lumieres de la Compagnie. Il y faisoit continuellement inventer ou examiner les différens desseins de Peinture & de Sculpture dont on vouloit embellir Versailles. On y régloit le choix & l’ordre des statues : on y consultoit ce que l’on proposoit pour la décoration des appartemens & pour l’embellissement des jardins.

On avoit encore chargé l’Académie de faire graver le plan & les principales vûes des Maisons royales, & d’y joindre des descriptions. Les gravures en étoient fort avancées, & les descriptions étoient presque faites quand M. Colbert mourut.

On devoit de même faire graver le plan & les vûes des Places conquises, & y joindre une histoire de chaque ville & de chaque conquête : mais ce projet n’eut pas plus de suite que le précédent.

M. Colbert mourut en 1683, & M. de Louvois lui succéda dans la Charge de Surintendant des Bâtimens. Ce Ministre ayant sû que M. l’Abbé Tallemant étoit chargé des inscriptions qu’on devoit mettre au-dessous des tableaux de la gallerie de Versailles, & qu’on vouloit faire paroître au retour du Roi, le manda aussi-tôt à Fontainebleau où la Cour étoit alors, pour être exactement informé de l’état des choses. M. l’Abbé Tallemant lui en rendit compte, & lui montra les inscriptions qui étoient toutes prêtes. M. de Louvois le présenta ensuite au Roi, qui lui donna lui-même l’ordre d’aller incessamment faire placer ces inscriptions à Versailles. Elles ont depuis éprouvé divers changemens.

M. de Louvois tint d’abord quelques assemblées de la petite Académie chez lui à Paris & à Meudon. Nous l’appellons petite Académie, parce qu’elle n’étoit composée que de quatre personnes, M. Charpentier, M. Quinault, M. l’Abbé Tallemant, & M. Felibien le pere. Il les fixa ensuite au Louvre, dans le même lieu où se tiennent celles de l’Académie Françoise ; & il régla qu’on s’assembleroit deux fois la semaine, le Lundi & le Samedi, depuis cinq heures du soir jusqu’à sept.

M. de la Chapelle, devenu Contrôleur des bâtimens après M. Perrault, fut chargé de se trouver aux assemblées pour en écrire les délibérations, & devint par-là le cinquieme Académicien. Bien-tôt M. de Louvois y en ajoûta deux autres, dont il jugea le secours très-nécessaire à l’Académie pour l’Histoire du Roi : c’étoient M. Racine & M. Despreaux. Il en vint enfin un huitieme, M. Rainssant, homme versé dans la connoissance des Médailles, & qui étoit Directeur du cabinet des Antiques de Sa Majesté.

Sous ce nouveau Ministere on reprit avec ardeur le travail des Médailles de l’Histoire du Roi, qui avoit été interrompu dans les dernieres années de M. Colbert. On en frappa plusieurs de différentes grandeurs, mais presque toutes plus grandes que celles qu’on a frappées depuis : ce qui fait qu’on les appelle encore aujourd’hui au balancier Médailles de la grande Histoire. La Compagnie commença aussi à faire des devises pour les jettons de l’Ordinaire & de l’Extraordinaire des Guerres, sur lesquelles elle n’avoit pas encore été consultée.

Le Roi donna en 1691 le département des Académies à M. de Pontchartrain, alors Contrôleur Général & Secrétaire d’Etat ayant le département de la Maison du Roi, & depuis Chancelier de France. M. de Ponchartrain né avec beaucoup d’esprit, & avec un goût pour les Lettres qu’aucun Emploi n’avoit pû rallentir, donna une attention particuliere à la petite Académie, qui devint plus connue sous le nom d’Académie Royale des Inscriptions & Médailles. Il voulut que M. le Comte de Pontchartrain, son fils, se rendît souvent aux assemblées, qu’il fixa exprès au Mardi & au Samedi. Enfin il donna l’inspection de cette Compagnie à M. l’Abbé Bignon, son neveu, dont le génie & les talens étoient déja fort célebrés.

Les places vacantes par la mort de M. Rainssant & de M. Quinault furent remplies par M. de Tourreil & par M. l’Abbé Renaudot.

Toutes les médailles dont on avoit arrêté les desseins du tems de M. de Louvois, celles mêmes qui étoient déja faites & gravées, furent revûes avec soin : on en réforma plusieurs ; on en ajoûta un grand nombre ; on les réduisit toutes à une même grandeur ; & l’Histoire du Roi fut ainsi poussée jusqu’à l’avenement de Monseigneur le Duc d’Anjou, son petit-fils, à la couronne d’Espagne.

Au mois de Septembre 1699 M. de Pontchartrain sut nommé Chancelier. M. le Comte de Pontchartrain, son fils, entra en plein exercice de sa Charge de Secrétaire d’Etat, dont il avoit depuis long-tems la survivance, & les Académiciens demeurerent dans son département. Mais M. le Chancelier qui avoit extrèmement à cœur l’Histoire du Roi par médailles, qui l’avoit conduite & avancée par ses propres lumieres, retint l’inspection de cet ouvrage ; & eut l’honneur de présenter à Sa Majesté les premieres suites que l’on en frappa, & les premiers exemplaires du Livre qui en contenoit les desseins & les explications.

L’établissement de l’Académie des Inscriptions ne pouvoit manquer de trouver place dans ce Livre fameux, où aucune des autres Académies n’a été oubliée. La médaille qu’on y trouve sur ce sujet représente Mercure assis, & écrivant avec un style à l’antique sur une table d’airain. Il s’appuie du bras gauche sur une urne pleine de médailles ; il y en a d’autres qui sont rangées dans un carton à ses pieds. La légendé Rerum gestarum sides, & l’exergue Academin Regia Inscriptionum & Numismatum, instituta M. DC. LXIII. signifient que l’Académie Royale des Inscriptions & Médailles, établie en 1663, doit rendre aux siecles à venir un témoignage fidele des grandes actions.

Presque toute l’occupation de l’Académie sembloit devoir finir avec le Livre des Médailles ; car les nouveaux évenemens & les devises des jettons de chaque année n’étoient pas un objet capable d’occuper huit ou neuf personnes qui s’assembloient deux fois la semaine. M. l’Abbé Bignon prévit les inconvéniens de cette inaction, & crut pouvoir en tirer avantage. Mais pour ne trouver aucun obstacle dans la Compagnie, il cacha une partie de ses vûes aux Académiciens, que la moindre idée de changement auroit peut-être allarmés : il se contenta de leur représenter que l’Histoire par médailles étant achevée, déja même sous la presse, & que le Roi ayant été fort content de ce qu’il en avoit vû, on ne pouvoit choisir un tems plus convenable pour demander à Sa Majesté qu’il lui plût assûrer l’état de l’Academie par quelqu’acte public émané de l’autorité royale. Il leur cita l’exemple de l’Académie des Sciences, qui fondée peu de tems après celle des Inscriptions par ordre du Roi, & n’ayant de même aucun titre authentique pour son établissement, venoit d’obtenir de Sa Majesté (comme nous allons le dire tout à l’heure) un Réglement signé de sa main, qui fixoit le tems & le lieu de ses assemblées, qui déterminoit ses occupations, qui assûroit la continuation des pensions, &c.

La proposition de M. l’Abbé Bignon fut extrèmement goûtée : on dressa aussi-tôt un Mémoire. M. le Chancelier & M. le Comte de Pontchartrain furent suppliés de l’appuyer auprès du Roi ; & ils le firent d’autant plus volontiers, que parfaitement instruits du plan de M. l’Abbé Bignon, ils n’avoient pas moins de zèle pour l’avancement des Lettres. Le Roi accorda la demande de l’Académie, & peu de jours après elle reçut un Réglement nouveau daté du 16 Juillet 1701.

En vertu de ce premier Réglement l’Académie reçoit des ordres du Roi par un des Secrétaires d’Etat, le même qui les donne à l’Académie des Sciences. L’Académie est composée de dix Honoraires, dix Pensionnaires, dix Associés, ayant tous voix délibérative, & outre cela de dix Eleves, attachés chacun à un des Académiciens pensionnaires. Elle s’assemble le Mardi & le Vendredi de chaque semaine dans une des sales du Louvre, & tient par an deux assemblées publiques, l’une après la S. Martin, l’autre après la quinzaine de Pâques. Ses vacances sont les mêmes que celles de l’Académie des Sciences. Voyez Académie des Sciences. Elle a quelques Associés correspondans, soit regnicoles, soit étrangers. Elle a aussi, comme l’Académie des Sciences, un Président, un vice-Président, pris parmi les Honoraires, un Directeur & un sous-Directeur pris parmi les Pensionnaires.

La classe des Eleves a été supprimée depuis & réunie à celle des Associés. Le Secrétaire & le Thrésorier sont perpétuels, & l’Académie depuis son renouvellement en 1701 a donné au public plusieurs volumes qui sont le fruit de ses travaux. Ces volumes contiennent, outre les Mémoires qu’on a jugé à propos d’imprimer en entier, plusieurs autres dont l’extrait est donné par le Secrétaire, & les éloges des Académiciens morts. M. le Président Durey de Noinville a fondé depuis environ 15 ans un prix littéraire que l’Académie distribue chaque année. C’est une médaille d’or de la valeur de 400 livres.

La devise de cette Académie est vetat mori. Tout cet art. est tiré de l’Hist. de l’Acad. des Belles-Lettres, T. I.

Académie Royale des Sciences. Cette Académie fut établie en 1666 par les soins de M. Colbert : Louis XIV. après la paix des Pyrenées desirant faire fleurir les Sciences, les Lettres & les Arts dans son Royaume, chargea M. Colbert de former une Société d’homme choisis & savans en différens genres de littérature & de science, qui s’assemblant sous la protection du Roi, se communiquassent réciproquement leurs lumieres & leurs progrés. M. Colbert après avoir conféré à ce sujet avec les savans les plus illustres & les plus éclairés, résolut de former une société de personnes versées dans la Physique & dans les Mathématiques, auxquels seroient jointes d’autres personnes savantes dans l’Histoire & dans les matieres d’érudition, & d’autres enfin uniquement occupées de ce qu’on appelle plus particulierement Belles-Lettres, c’est-à-dire, de la Grammaire, de l’Eloquence & de la Poësie. Il fut réglé que les Géometres & les Physiciens de cette Société s’assembleroient séparément le Mercredi, & tous ensemble le Samedi, dans une salle de la Bibliotheque du Roi, où étoient les livres de Physique & de Mathématique : que les savans dans l’Histoire s’assembleroient le Lundi & le Jeudi dans la sale des livres d’Histoire : qu’enfin la classe des Belles-Lettres s’assembleroit les Mardi & Vendredi, & que le premier Jeudi de chaque mois toutes ces différentes classes se réuniroient ensemble, & se feroient mutuellement par leurs Secrétaires un rapport de tout ce qu’elles auroient fait durant le mois précédent.

Cette Académie ne put pas subsister long-tems sur ce pié : 1°. les matieres d’Histoire profane étant liées souvent à celles d’Histoire ecclésiastique, & par-là à la Théologie & à la discipline de l’Eglise, on craignit que les Académiciens ne se hasardassent à entamer des questions délicates, & dont la décision auroit pû produire du trouble : 2°. ceux qui formoient la classe des Belles-Lettres étant presque tous de l’Académie Françoise, dont l’objet étoit le même que celui de cette classe, & conservant beaucoup d’attachement pour leur ancienne Académie, prierent M. Colbert de vouloir bien répandre sur cette Académie les mêmes bienfaits qu’il paroissoit vouloir répandre sur la nouvelle, & lui firent sentir l’inutilité de deux Académies différentes appliquées au même objet, & composées presque des mêmes personnes. M. Colbert goûta leurs raisons, & peu de tems après le Chancelier Seguier étant mort, le Roi prit sous sa protection l’Académie Françoise, à laquelle la classe de Belles-Lettres dont nous venons de parler fut censée réunie, ainsi que la petite Académie d’Histoire : de sorte qu’il ne resta plus que la seule classe des Physiciens & des Mathématiciens. Celle des Mathématiciens étoit composée de Messieurs Carcavy, Huyghens, de Roberval, Frenicle, Auzout, Picard & Buot. Les Physiciens étoient Messieurs de la Chambre, Médecin ordinaire du Roi ; Perrault, très savant dans la Physique & dans l’Histoire naturelle ; Duclos & Bourdelin, Chimistes, Pequet & Gayen, Anatomistes ; Marchand, Botaniste, & Duhamel, Secrétaire.

Ces Savans, & ceux qui après leur mort les remplacerent, publierent plusieurs excellens ouvrages pour l’avancement des Sciences ; & en 1692 & 1693, l’Académie publia, mois par mois, les pieces fugitives qui avoient été lûes dans les assemblées de ces années, & qui étant trop courtes pour être publiées à part, étoient indépendantes des ouvrages auxquels chacun des membres travailloit. Plusieurs de ces premiers Académiciens recevoient du Roi des pensions considérables, & l’égalité étoit parfaite entr’eux comme dans l’Académie Françoise.

En 1699 M. l’Abbé Bignon qui avoit long-tems présidé à l’Académie des Sciences, s’imagina la rendre plus utile en lui donnant une forme nouvelle. Il en parla à M. le Chancelier de Pontchartrain, son oncle, & au commencement de cette année l’Académie reçut un nouveau reglement qui en changea totalement la forme. Voici les articles principaux de ce réglement.

1°. L’Académie des Sciences demeure immédiatement sous la protection du Roi, & reçoit ses ordres par celui des Secrétaires d’Etat à qui il plaît à Sa Majesté de les donner.

2°. L’Académie est composée de dix Honoraires, l’un desquels sera Président, de vingt Pensionnaires, trois Géometres, trois Astronomes, trois Méchaniciens, trois Anatomistes, trois Botanistes, trois Chimistes, un Trésorier & un Secrétaire, l’un & l’autre perpétuels ; vingt Associés, savoir, douze regnicoles, dont deux Géometres, deux Astronomes, &c. & huit étrangers, & vingt Eleves, dont chacun est attaché à un des Académiciens pensionnaires.

3°. Les seuls Académiciens honoraires & pensionnaires doivent avoir voix délibérative quand il s’agira d’élections ou d’affaires concernant l’Académie : quand il s’agira de Sciences, les Associés y seront joints ; mais les Eleves ne parleront que lorsque le Président les y invitera.

4°. Les Honoraires doivent être regnicoles & recommendables par leur intelligence dans les Mathématiques & dans la Physique ; & les Réguliers ou Religieux peuvent être admis dans cette seule classe.

5°. Nul ne peut être Pensionnaire, s’il n’est connu par quelqu’ouvrage considérable, ou quelque découverte importante ou quelque cours éclatant.

6°. Chaque Académicien pensionnaire est obligé de déclarer au commencement de l’année l’ouvrage auquel il compte travailler. Indépendamment de ce travail, les Académiciens pensionnaires & associés sont obligés d’apporter à tour de rôle quelques observations ou mémoires. Les assemblées se tiennent le Mercredi & le Samedi de chaque semaine, & en cas de fête, l’assemblée se tient le jour précédent.

7°. Il y a deux de ces assemblées qui sont publiques par an ; savoir, la premiere après la S. Martin, & la seconde, après la quinzaine de Pâques.

8°. L’Académie vaque pendant la quinzaine de Pâques, la semaine de la Pentecôte, & depuis Noël jusqu’aux Rois, & outre cela depuis la Nativité jusqu’à la S. Martin.

En 1716, M. le Duc d’Orléans, Régent du Royaume, jugea à propos de faire quelques changemens à ce Reglement sous l’autorité du Roi. La classe des Éleves fut supprimée. Elle parut avoir des inconvéniens, en ce qu’elle mettoit entre les Académiciens trop d’inégalité, & qu’elle pouvoit par-là occasionner entr’eux, comme l’expérience l’avoit prouvé, quelques termes d’aigreur ou de mépris. Ce nom seul rebutoit les personnes d’un certain mérite, & leur fermoit l’entrée de l’Académie. Cependant « le nom d’Eleve, dit M. de Fontenelle, Eloge de M. Amontons, n’emporte parmi nous aucune différence de mérite ; il signifie seulement moins d’ancienneté & une espece de survivance ». D’ailleurs quelques Académiciens étoient morts à soixante & dix ans avec le titre d’Eleves, ce qui paroissoit mal sonnant. On supprima donc la classe des Eleves, à la place de laquelle on créa douze Adjoints, & on leur accorda ainsi qu’aux Associés, voix délibérative en matiere de Science. On fixa à douze le nombre des Honoraires. On créa aussi une classe d’Associés libres au nombre de six. Ces Associés ne sont attachés à aucun genre de science, ni obligés à aucun travail ; & il fut décidé que les Réguliers ne pourroient à l’avenir entrer que dans cette classe.

L’Académie a chaque année un Président & un Vice-Président, un Directeur & un Sous-Directeur nommés par le Roi. Les deux premiers sont toûjours pris parmi les Honoraires, & les deux autres parmi les Pensionnaires. Les seuls Pensionnaires ont des jettons pour leur droit de présence aux assemblées. Aucun Académicien ne peut prendre ce titre au frontispice d’un livre, si l’Ouvrage qu’il publie n’est approuvé par l’Académie.

Depuis ce renouvellement en 1699, l’Académie a été fort exacte à publier chaque année un volume contenant les travaux de ses Membres ou les Mémoires qu’ils ont composés & lûs à l’Académie durant cette année. A la tête de ce volume est l’Histoire de l’Académie ou l’extrait des Mémoires, & en général de tout ce qui a été lû & dit dans l’Académie ; & à la fin de l’Histoire sont les éloges des Académiciens morts durant l’année.

La place de Secrétaire a été remplie par M. de Fontenelle depuis 1699 jusqu’en 1740. M. de Mairan lui a succédé pendant les années 1741, 1742, 1743 ; & elle est à présent occupée par M. de Fouchy.

Feu M. Rouillé de Meslay, Conseiller au Parlement de Paris, a fondé deux prix, l’un de 2500 livres, l’autre de 2000 livres, que l’Académie distribue alternativement tous les ans. Les sujets du premier prix doivent regarder l’Astronomie physique. Les sujets du second prix doivent regarder la Navigation & le Commerce.

L’Académie a pour devise Invenit & perficit.

Les assemblées qui se tenoient autrefois dans la Bibliotheque du Roi, se tiennent depuis 1699 dans une très-belle Salle du vieux Louvre.

En 1713 le Roi confirma par des Lettres Patentes l’établissement des deux Académies des Sciences & des Belles-Lettres.

Outre ces Académies de la Capitale, il y en a dans les Provinces une grande quantité d’autres ; à Toulouse, l’Académie des Jeux Floraux, composée de quarante personnes, la plus ancienne du Royaume, & outre cela une Académie des Sciences & des Belles-Lettres ; à Montpellier, la Société Royale des Sciences, qui depuis 1706 ne fait qu’un même corps avec l’Académie des Sciences de Paris ; à Bordeaux, à Soissons, à Marseille, à Lyon, à Pau, à Montauban, à Angers, à Amiens, à Villefranche, &c. Le nombre de ces Académies augmente de jour en jour ; & sans examiner ici s’il est utile de multiplier si fort de pareils établissemens, on ne peut au moins disconvenir qu’ils ne contribuent en partie à répandre & à conserver le goût des Lettres & de l’Etude. Dans les villes mêmes où il n’y a point d’Académies, il se forme des Sociétés littéraires qui ont à peu près les mêmes exercices.

Passons maintenant aux principales Académies étrangeres.

Outre la Société Royale de Londres dont nous avons déjà dit que nous parlerions ailleurs, une des Académies les plus célebres aujourd’hui est celle de Berlin appellée l’Académie Royale des Sciences & des Belles-Lettres de Prusse. Frederic I. Roi de Prusse l’établit en 1700, & en fit M. Leibnitz Président. Les plus grands noms illustrerent sa liste dès le commencement. Elle donna en 1710 un premier volume sous le titre de Miscellanea Berolinensia ; & quoique le successeur de Frederic I. protégeât peu les Lettres, elle ne laissa pas de publier de nouveaux volumes en 1723, 1727, 1734, 1737, & 1740. Enfin Frederic II. aujourd’hui Roi de Prusse, monta sur le Thrône. Ce Prince, l’admiration de toute l’Europe par ses qualités guerrieres & pacifiques, par son goût pour les Sciences, par son esprit & par ses talens, jugea à propos de redonner à cette Académie une nouvelle vigueur. Il y appella des Etrangers très-distingués, encouragea les meilleurs Sujets par des récompenses, & en 1743 parut un nouveau volume des Miscellanea Berolinensia, où l’on s’apperçoit bien des nouvelles forces que l’Académie avoit déjà prises. Ce Prince ne jugea pas à propos de s’en tenir là. Il crut que l’Académie Royale des Sciences de Prusse qui avoit été jusqu’alors presque toûjours présidée par un Ministre ou Grand Seigneur, le seroit encore mieux par un homme de Lettres ; il fit à l’Académie des Sciences de Paris l’honneur de choisir parmi ses Membres le Président qu’il vouloit donner à la sienne. Ce fut M. de Maupertuis si avantageusement connu dans toute l’Europe, que les graces du Roi de Prusse engagerent à aller s’établir à Berlin. Le Roi donna en même temps un nouveau Reglement à l’Académie, & voulut bien prendre le titre de Protecteur. Cette Académie a publié depuis 1743 trois volumes françois dans le même goût à peu près que l’Histoire de l’Académie des Sciences de Paris, avec cette différence, que dans le second de ces volumes, les extraits des Mémoires sont supprimés, & le seront apparemment dans tous ceux qui suivront. Ces volumes seront suivis chaque année d’un autre. Elle a deux assemblées publiques ; l’une en Janvier le jour de la naissance du Roi aujourd’hui régnant ; l’autre à la fin de Mai, le jour de l’avenement du Roi au Throne. Dans cette derniere assemblée on distribue un prix consistant en une Médaille d’or de la valeur de 50 ducats, c’est-à-dire, un peu plus de 500 livres. Le sujet de ce prix est successivement de Physique, de Mathématique, de Métaphysique, & d’Erudition. Car cette Académie a cela de particulier, qu’elle embrasse jusqu’à la Métaphysique, la Logique & la Morale, qui ne font l’objet d’aucune autre Académie. Elle a une classe particuliere occupée de ces matieres, & qu’on appelle la classe de Philosophie spéculative.

Académie Impériale de Petersbourg. Le Czar Pierre I. dit le Grand, par qui la Russie a enfin secoüé se joug de la barbarie qui y régnoit depuis tant de siecles, ayant fait un voyage en France en 1717, & ayant reconnu par lui-même l’utilité des Académies, résolut d’en établir une dans sa Capitale. Il avoit déjà pris toutes les mesures nécessaires pour cela lorsque la mort l’enleva au commencement de 1725. La Czarine Catherine qui lui succéda, pleinement instruite de ses vûes, travailla sur le même plan, & forma en peu de tems une des plus célebres Académies de l’Europe composée de tout ce qu’il y avoit alors de plus illustre parmi les étrangers, dont quelques-uns même vinrent s’établir à Petersbourg. Cette Académie qui embrasse les Sciences & les Belles-Lettres, a publié déjà dix volumes de Mémoires depuis 1726. Ces Mémoires sont écrits en latin, & sont surtout très recommandables par la partie mathématique qui contient un grand nombre d’excellentes pieces. La plûpart des Etrangers qui composoient cette Académie étant morts ou s’étant retirés, elle se trouvoit au commencement du regne de la Czarine Elizabeth dans une espece de langueur, lorsque M. le Comte Rasomowski en fut nommé Président, heureusement pour elle. Il lui a fait donner un nouveau reglement, & paroît n’avoir rien négligé pour la rétablir dans son ancienne splendeur. L’Académie de Petersbourg a cette devise modeste, Paulatim.

Il y a à Bologne une Académie qu’on appelle l’Institut. Voyez Institut.

L’Académie Royale d’Espagne est établie à Madrid pour cultiver la langue Castillane : elle est formée sur le modele de l’Academie Françoise. Le plan en fut donné par le Duc d’Escalone, & approuvé en 1714. par le Roi, qui s’en déclara le protecteur. Elle consiste en 24. Académiciens, y compris un Directeur & un Secrétaire.

Elle a pour dévise un creuset sur le feu, & le mot de la dévise, est : Limpia, fija, y da esplendor.

L’Académie des Curieux de la Nature, en Allemagne, avoit été fondée d’abord en 1652. par M. Bausch, Médecin ; & l’Empereur Léopold la prit sous sa protection en 1670, je ne sai s’il fit autre chose pour elle.

L’Italie seule a plus d’Académies que tout le reste du monde ensemble. Il n’y a pas une ville considérable où il n’y ait assez de Savans pour former une Académie, & qui n’en forment une en effet. Jarckius nous en a donné une Histoire abregée, imprimée à Leipsic en 1725.

Jarckius n’a écrit l’Histoire que des Académies du Piémont, de Ferrare, & de Milan ; il en compte vingt-cinq dans cette derniere ville toute seule : il nous a seulement donné la liste des autres, qui montent à cinq cens cinquante. La plûpart ont des noms tout-à-fait singuliers & bisarres.

Les Académiciens de Bologne, par exemple, se nomment Abbandonati, Ansiosi, Ociosi, Arcadi, Confusi, Difettuosi, Dubbiosi, Impatienti, Inabili, Indifferenti, Indomiti, Inquieti, Instabili, Della notte piacere, Sitienti, Sonnolenti, Torbidi, Vespertini : ceux de Genes, Accordati, Sopiti, Resuegliati : ceux de Gubio, Addormentati : ceux de Venise, Acuti, Allettati, Discordanti, Disjiunti, Disingannati, Dodonei, Filadelfici, Incruscabili, Instaucabili : ceux de Rimini, Adagiati, Eutrapeli : ceux de Pavie, Affidati, Della chiave : ceux de Fermo, Raffrontati : ceux de Molise, Agitati : ceux de Florence, Alterati, Humidi, Fursurati, Della Crusca, Del Cimento, Insocati : ceux de Cremone, Animosi : ceux de Naples, Arditi, Infernati, Intronati, Lunatici, Secreti, Sirenes, Sicuri, Volanti : ceux d’Ancone, Argonauti, Caliginosi : ceux d’Urbin, Assorditi : ceux de Perouse, Atomi, Eccentrici, Insensati, Insipidi, Unisoni : ceux de Tarente, Audaci : ceux de Macerata, Catenati, Imperfetti ; d’autres Chimarici : ceux de Sienne, Cortesi, Gioviati, Trapassati : ceux de Rome, Delfici, Humoristi, Lincei, Fantastici, Illuminati, Incitati, Indispositi, Infecondi, Melancholici, Negletti, Notti Vaticane, Notturni, Ombrosi, Pellegrini, Sterili, Vigilanti : ceux de Padoue, Delii, Immaturi, Orditi : ceux de Drepano, Difficili : ceux de Bresse, Dispersi, Erranti : ceux de Modene, Dissonanti : ceux de Reccanati, Disuguali : ceux de Syracuse, Ebrii : ceux de Milan, Eliconii, Faticosi, Fenici, Incerti, Nascosti : ceux de Candie, Extravaganti : ceux de Pezzaro, Eterocliti : ceux de Comacchio, Fluttuanti : ceux d’Arezzo, Forzati : ceux de Turin, Fulminales : ceux de Reggio, Fumosi, Muti : ceux de Cortone, Humorosi : ceux de Bari, Incogniti : ceux de Rossano, Incuriosi : ceux de Brada, Innominati, Pigri : ceux d’Acis, Intricati : ceux de Mantoue, Invaghiti : ceux d’Agrigente, Mutabili, Offuscati : de Verone, Olympici, Unanii : de Viterbe, Ostinati : d’autres, Vagabondi.

On appelle aussi quelquefois Académie, en Angleterre, des especes d’Ecoles ou de Colléges où la jeunesse est formée aux Sciences & aux Arts libéraux par des Maîtres particuliers. La plûpart des Ministres non-conformistes ont été élevés dans ces sortes d’Académies privées, ne s’accommodant pas de l’éducation qu’on donne aux jeunes gens dans les Universités. (O)

Académie de Chirurgie. Voyez Chirurgie.

Académie de Peinture, est une Ecole publique où les Peintres vont dessiner ou peindre, & les Sculpteurs modeler d’après un homme nud, qu’on appelle modele.

L’Académie Royale de Peinture & de Sculpture de Paris doit sa naissance aux démêlés qui survinrent entre les Maîtres Peintres & Sculpteurs de Paris, & les Peintres privilégiés du Roi, que la Communauté des Peintres voulut inquiéter. Le Brun, Sarazin, Corneille, & les autres Peintres du Roi, formerent le projet d’une Académie particuliere ; & ayant présenté à ce sujet une requête au Conseil, ils obtinrent un Arrêt tel qu’ils le demandoient, daté du 20 Janvier 1648. Ils s’assemblerent dabord chez Charmois, Secrétaire du Maréchal Schomberg, qui dressa les premiers Statuts de l’Académie.

L’Académie tint ensuite ses Conférences dans la maison d’un des amis de Charmois, située proche S. Eustache. De-là elle passa dans l’Hôtel de Clisson, rue des Deux-boules, où elle continua ses exercices jusqu’en 1653, que les Académiciens se transporterent dans la rue des Déchargeurs. En 1654 & au commencement de 1655, elle obtint du Cardinal Mazarin un Brevet & des Lettres-Patentes, qui furent enregistrées au Parlement, & en reconnoissance elle choisit ce Cardinal pour son protecteur, & le Chancelier pour Vice-protecteur.

Il est à remarquer que le Chancelier, dès la premiere institution de l’Académie, en avoit été nommé protecteur : mais pour faire sa cour au Cardinal Mazarin, il se démit de cette dignité, & se contenta de celle de Vice-protecteur.

En 1656 Sarazin céda à l’Académie un logement qu’il avoit dans les Galeries du Louvre : mais en 1661 elle fut obligée d’en sortir ; & M. de Ratabon, Surintendant des Bâtimens, la transféra au Palais Royal, où elle demeura trente & un ans. Enfin le Roi lui donna un logement au vieux Louvre.

Enfin, en 1663 elle obtint, par le crédit de M. Colbert, 4000 livres de pension.

Cette Académie est composée d’un Protecteur, d’un Vice-protecteur, d’un Directeur, d’un Chancelier, de quatre Recteurs, d’Adjoints aux Recteurs, d’un Thrésorier, & de quatorze Professeurs, dont un pour l’Anatomie, & un autre pour la Géométrie ; de plusieurs Adjoints & Conseillers, d’un Secrétaire & Historiographe, & de deux Huissiers. Les premiers Membres de cette Académie furent le Brun, Errard, Bourdon, la Hire, Sarrazin, Corneille, Beaubrun, le Sueur, d’Egmont, Vanobstat, Guillin, &c.

L’Académie de Paris tient tous les jours après midi pendant deux heures école publique, où les Peintres vont dessiner ou peindre, & les Sculpteurs modeler d’après un homme nud ; il y a douze Professeurs qui tiennent l’école chacun pendant un mois, & douze Adjoints pour les suppléer en cas de besoin ; le Professeur en exercice met l’homme nud, qu’on nomme modele, dans la position qu’il juge convenable, & le pose en deux attitudes différentes par chaque semaine, c’est ce qu’on appelle poser le modele ; dans l’une des semaines il pose deux modeles ensemble, c’est ce qu’on appelle poser le groupe ; les desseins, peintures & modeles faits d’après cet homme s’appellent académies, ainsi que les copies faites d’après ces académies. On ne se sert point dans les Ecoles publiques de femme pour modele, comme plusieurs le croient. On distribue tous les trois mois aux Eleves trois prix de Dessein, & tous les ans deux prix de Peinture & deux de Sculpture ; ceux qui gagnent les prix de Peinture & de Sculpture sont envoyés à Rome aux dépens du Roi pour y étudier & s’y perfectionner.

Outre l’Académie Royale, il y a encore à Paris deux autres Ecoles ou Académies de Peinture, dont une à la Manufacture Royale des Gobelins.

Cette Ecole est dirigée par les Artistes à qui le Roi donne un logement dans l’Hôtel Royal des Gobelins, & qui sont pour l’ordinaire Membres de l’Académie Royale.

L’autre est l’Académie de S. Luc, entretenue par la Communauté des Maîtres Peintres & Sculpteurs ; elle fut établie par le Prevôt de Paris, le 12 Août 1391. Charles VII. lui accorda en 1430 plusieurs priviléges, qui furent confirmés en 1584 par Henri III. En 1613 la Communauté des Sculpteurs fut unie à celle des Peintres. Cette Communauté occupe, proche S. Denys de la Chartre, une maison, où elle tient son Bureau, & une Académie publique administrée ainsi que l’Académie Royale, & où l’on distribue tous les ans trois prix de Dessein aux Eleves. (R)

Académie d’Architecture, c’est une Compagnie de savans Architectes, établie à Paris par M. Colbert, Ministre d’Etat, en 1671, sous la direction du Surintendant des Bâtimens.

* Paracelse disoit qu’il n’avoit étudié ni à Paris, ni à Rome, ni à Toulouse, ni dans aucune Académie : qu’il n’avoit d’autre Université que la Nature, dans laquelle Dieu fait éclater sa sagesse, sa puissance & sa gloire, d’une maniere sensible pour ceux qui l’étudient. C’est à la nature, ajoûtoit-il, que je dois ce que je sai, & ce qu’il y a de vrai dans mes écrits.

Académie, se dit aussi des écoles & séminaires des Juifs, où leurs Rabins & Docteurs instruisent la jeunesse de leur nation dans la langue Hébraïque, lui expliquant le Talmud & les secrets de la cabale. Les Juifs ont toûjours eu de ces Académies depuis leur retour de Babylone. Celle de cette derniere ville, & celle de Tibériade entre autres, ont été fort célebres. (G)

Académie Royale de Musique. V. Opéra.

Académie, se dit encore dans un sens particulier des lieux où la jeunesse apprend à monter à cheval, & quelquefois à faire des armes, à danser, à voltiger, &c. Voyez Exercice.

C’est ce que Vitruve appelle Ephebeum ; quelques autres Auteurs anciens Gymnasium, & les Modernes Académie à monter à cheval, ou Académie militaire. Voyez Gymnase & Gymnastique.

Le Duc de Newcastle, Seigneur Anglois, rapporte que l’Art de monter à cheval a passé d’Italie en Angleterre ; que la premiere Académie de cette espece fut établie à Naples par Fréderic Grison, lequel, ajoûte-t-il, a écrit le premier sur ce sujet en vrai cavalier & en grand maître. Henri VIII. continue le même Auteur, fit venir en Angleterre deux Italiens, disciples de ce Grison, qui y en formerent en peu de tems beaucoup d’autres. Le plus grand maître, selon lui, que l’Italie ait produit en ce genre, a été Pignatelli de Naples. La Broue apprit sous lui pendant cinq ans, Pluvinel neuf, & Saint-Antoine un plus long tems ; & ces trois François rendirent les Ecuyers communs en France, où l’on n’en avoit jamais vû que d’Italiens.

L’emplacement dans lequel les jeunes gens montent à cheval s’appelle manége. Il y a pour l’ordinaire un pilier au milieu, autour duquel il s’en trouve plusieurs autres, rangés deux à deux sur les côtés. V. Manege, Pilier, &c. (V)

Les exercices de l’Académie dont nous parlons, ont été toûjours recommandés pour conserver la santé & donner de la force. C’est dans ce dessein que l’on envoie les jeunes gens à l’Académie, ils en deviennent plus agiles & plus forts. Les exercices que l’on fait à l’Académie sont d’un grand secours dans les maladies chroniques ; ils sont d’une grande utilité à ceux qui sont menacés d’obstructions, aux vaporeux, aux mélancholiques, &c. Voyez Exercice. (N)

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Étymologie de « académie »

Academia, du grec ἀϰαδημία et ἀϰαδήμεια. Ce mot vient d'Académus, personnage de l'âge héroïque. Dans la guerre que les Lacédémoniens firent à Athènes pour reprendre Hélène enlevée par Thésée, Académus leur révéla où elle était cachée. En récompense de ce service, ils ménagèrent dans leurs ravages sa maison de campagne, qui était à 1 000 pas d'Athènes. L'orthographe n'est pas constante ; on écrit aussi Hecadémus, Ἑϰάδημος et par conséquent ἑϰαδημία. Dans Horace, Ep. II, II, 45, Atque inter silvas Academi quaerere verum, on trouve la variante Ecademi. Ἀϰάδημος vient sans doute de ᾶϰος, remède, et δῆμος, peuple, qui guérit le peuple ; et ἑϰάδημος de ἑϰὰς, loin, qui est loin du peuple.

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(1508) Du latin acadēmīa, lui-même issu du grec ancien Ἀκαδημία, Akadếmia, lieu où Platon fonda son Académie à Athènes en -367.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « académie »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
académie akademi

Évolution historique de l’usage du mot « académie »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « académie »

  • Dans le programme Jeunes Apprentis, l’académie accueille chaque année environ 25 enfants de 7 à 12 ans, issus de familles ayant des difficultés financières ou sociales d’accès à la musique. France Musique, La réouverture de l'Académie Philippe Jaroussky
  • L'Académie en corps a beau le censurer, Le public révolté s'obstine à l'admirer. Nicolas Boileau dit Boileau-Despréaux, Satires
  • Il me semble qu'une Académie est tout ce qu'il y a de plus antipathique au monde à la constitution même de l'Esprit, qui n'a ni règle, ni loi, ni uniforme. Gustave Flaubert, Correspondance, à Louise Colet, 1852
  • Il est curieux comme le même mot peut avoir des sens complètement opposés. En art, académie, c'est la nudité. En littérature, Académie, cela veut dire : jamais trop habillé. Paul Léautaud, Propos d'un jour, Mercure de France
  • Les salons et les académies tuent plus de révolutionnaires que les prisons ou les canons. Paul Morand, Le Lion écarlate, Gallimard
  • Les seules académies vraiment vivantes sont celles où l’on meurt beaucoup. De Marcel Prévost , 
  • Dans l'académie de Toulouse, la fiction n'a jamais à ce point ressemblé à la réalité. En grands amoureux du 7e art, deux professeurs et un inspecteur se sont appuyés sur nos séries télévisées préférées pour réconcilier les élèves aux programmes scolaires d'histoire et de géographie.  ladepeche.fr, Académie de Toulouse : des séries télé pour enseigner la géographie et l'histoire - ladepeche.fr
  • De la maternelle au collège, les élèves retrouvent le chemin des salles de classe ce lundi. Dans l'académie de Grenoble, il s'agit de "faire un diagnostic" et "préparer (les élèves) à la rentrée". France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, Retour en classe le 22 juin : dans l'académie de Grenoble, deux semaines pour "accompagner individuellement" les élèves
  • Rayan Bakayoko s’est engagé avec le club héraultais, qui le suivait depuis l’âge de 6 ans. C’est le deuxième jeune joueur suivi par l’académie présidée par Vincent Bonneau à rejoindre Montpellier, après Adam El Ouarat, qui évoluait jusqu’ici au SC Montfavet. Actufoot, Un nouveau jeune suivi par Mistral Académie Football signe au MHSC !
  • Également directrice d'école, conseillère pédagogique, puis inspectrice de l'Éducation nationale avant d'être Dasen, cette dernière a notamment été en charge des circonscriptions de Mantes-la-Jolie et de Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines avant d'être nommée en Normandie et dans le Pas-de-Calais. Elle effectue donc ainsi son retour au sein de l'académie de Versailles, la plus importante de France en termes d'effectifs scolarisés. leparisien.fr, Val-d’Oise : Guylène Mouquet-Burtin, nouvelle inspectrice d’académie - Le Parisien
  • Dans le programme Jeunes Apprentis, l’académie accueille chaque année environ 25 enfants de 7 à 12 ans, issus de familles ayant des difficultés financières ou sociales d’accès à la musique. France Musique, La réouverture de l'Académie Philippe Jaroussky
  • L'Académie en corps a beau le censurer, Le public révolté s'obstine à l'admirer. Nicolas Boileau dit Boileau-Despréaux, Satires
  • Il me semble qu'une Académie est tout ce qu'il y a de plus antipathique au monde à la constitution même de l'Esprit, qui n'a ni règle, ni loi, ni uniforme. Gustave Flaubert, Correspondance, à Louise Colet, 1852
  • Il est curieux comme le même mot peut avoir des sens complètement opposés. En art, académie, c'est la nudité. En littérature, Académie, cela veut dire : jamais trop habillé. Paul Léautaud, Propos d'un jour, Mercure de France
  • Les salons et les académies tuent plus de révolutionnaires que les prisons ou les canons. Paul Morand, Le Lion écarlate, Gallimard

Images d'illustration du mot « académie »

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Traductions du mot « académie »

Langue Traduction
Anglais academy
Espagnol academia
Italien accademia
Allemand akademie
Portugais academia
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Synonymes de « académie »

Source : synonymes de académie sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot académie au scrabble : 12 points

Académie

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