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Accueillir

Définitions de « accueillir »

Trésor de la Langue Française informatisé

ACCUEILLIR, verbe trans.

Recevoir bien ou mal une personne ou une chose qui survient, qui se présente; se comporter devant elle d'une certaine manière.
1. [Sans compl. de manière] Recevoir favorablement.
a) [Le suj. est un animé]
[L'obj. du verbe désigne une pers.] :
1. Toi, répandant sur tous ton équité complète, Prêtre autant que sculpteur, juge autant que poète, Accueillant celui-ci, rejetant celui-là,... V. Hugo, Les Rayons et les ombres,Au statuaire David, 1840, p. 1072.
2. Le vicomte avait été surpris par la venue inopinée du comte de Poitiers, son suzerain, lequel lui avait demandé l'hospitalité à l'improviste avec une suite de plus de cent chevaliers. Il s'agissait pour lui de faire belle figure en accueillant et en traitant tout ce monde. E. Faral, La Vie quotidienne au temps de saint Louis,1942, p. 162.
[L'obj. du verbe désigne une chose qui est ou contient l'expression d'une pensée] :
3. Je fus autant abasourdi de mon importance que du déluge de raisons ironiquement déduites par lesquelles ma mère accueillit ma supplique. H. de Balzac, Le Lys dans la vallée,1836, p. 22.
4. Lloyd George a paru quelquefois accueillir ces pensées et utiliser pour ses calculs politiques cette métamorphose. M. Barrès, Mes cahiers,t. 11, févr. 1917-nov. 1918, p. 306.
b) [Le suj. est une chose (personnifiée ou proche des préoccupations humaines)] :
5. ...mais ce que je n'ai vu qu'à Paris, ce sont des hommes d'un mérite supérieur, que l'amour des lettres attache à tous ceux qui les cultivent, dont le zèle infatigable accueille, avec une bienveillance qui ne se dément jamais, tous ceux qui ont recours à leurs lumières : ... V. de Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 3, 1813, p. 151-152.
6. Sa chambre [de Phil], béante sur la nuit sans lune, l'accueillit mal. Colette, Le Blé en herbe,1923, p. 227.
7. ... [je suis] la terre amie, fidèle dans l'épreuve et la joie, toujours prête à accueillir l'homme où qu'il arrive, à l'abriter et à le rassasier. J. de Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 3, 1932, p. 119.
2. [Accompagné d'un compl. de manière qui précise la nature de l'accueil favorable ou non]
a) [L'obj. du verbe est une pers] :
8. J'allai donc trouver le praticien, qui me reçut dans un vaste et beau cabinet. Je me nommai; il m'accueillit avec une politesse exquise. L. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 214.
9. Dès que je reparus au couvent des dominicains, un des pères qui m'avait toujours montré un vif intérêt dans mes recherches sur l'emplacement de Munda, m'accueillit les bras ouverts,... P. Mérimée, Carmen,1847, p. 26.
10. ... la douce de Sulmerre, l'indulgente, la miséricordieuse, qui a su devancer ma précipitation de dément et qui m'accueille, au seuil même de mon mélancolique ermitage, d'un sourire, d'un baiser et d'une larme. O.-V. Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 84.
11. ... la femme de chambre fit entrer un jeune Américain, ami des enfants, qui n'était pas invité et qu'on accueillit avec de grands cris de joie. A. Maurois, Climats,1928, p. 43.
12. ... il me demandait de revenir le voir bientôt : il m'accueillait avec froideur. S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 231.
b) [L'obj. du verbe est une chose, le plus souvent abstr.] :
13. ... le second te dira : sois le bienvenu! Car il accueille fraternellement et sans distinction tout ce qui porte en soi une valeur propre et une force intrinsèque. M. Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 215.
14. Je n'insisterai pas sur une morose et courte période de transition, où j'accueillis de la même humeur hargneuse les blâmes, les conseils, les consolations, et jusqu'aux félicitations. Colette, La Vagabonde,1910, p. 37.
15. « Ébloui par les grandioses découvertes qui bouleversent de fond en comble les conditions matérielles de la vie, le public était porté à accueillir avec enthousiasme une nouvelle révélation scientifique. » M. Barrès, Mes cahiers,t. 10, 3 avr.-août 1913, pp. 135-136.
16. Elle accueillerait ces reproches sans se fâcher. M. Arland, L'Ordre,1929, p. 81.
Littér. ou recherché. [Au lieu d'un compl. de manière, c'est souvent un suj. qui est chargé d'exprimer la nature de l'accueil, notamment, mais non exclusivement (cf. ex. 18, 19) lorsqu'il s'agit des réactions collectives à un événement imprévu] Suivre immédiatement :
17. Vous dire la tempête de bravos qui accueillit cette boutade est impossible. L. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 15.
18. Un certain étonnement accueillit cette proposition inattendue, et contre laquelle John Mangles ne dissimula pas son antipathie. J. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 2, 1868, p. 216-217.
19. Le silence qui accueillait le plus souvent ses nombreuses demandes d'argent ne lui donna aucun soupçon;... É. Zola, La Fortune des Rougon,1871, p. 113.
20. Un silence profond accueillit ces paroles du capitaine Nemo. J. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 575.
21. Une triple salve d'applaudissements accueillit ces paroles du président. É. Zola, Son excellence Eugène Rougon,1876, p. 361.
22. L'éclat de rire qui accueillit cette invention saugrenue ne fit point dévier notre homme d'un pas. G. Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 345.
23. Ils arrivèrent à Possesse dans un état de grande fatigue. Là encore la population se dérangea pour leur faire accueil. Il y eut même quelques cris. Les accueillit aussi le bruit du canon de Verdun, dont le grondement très distinct fermait l'horizon du nord à l'est. J. Romains, Les Hommes de bonne volonté,Verdun, 1938, p. 93.
Régional :
24. Accueillir. Louer un serviteur pour un temps déterminé. J.-M. Rougé, Le Folklore de la Touraine,1943.
Rem. 1. Une telle distance sém. sépare accueillir de cueillir que la question de l'apport du préf. ne se pose plus en synchr. Donné par la plupart des dict. comme synon. de recevoir, accueillir demeure avant tout un verbe affectif d'autant plus dégagé des conventions soc. qui entourent recevoir qu'il est plus chargé de spontanéité et de surprise. Littré a remarqué que accueillir, employé seul, signifiait « accueillir favorablement »; un adv. ou un compl. de manière devront suivre ou précéder le verbe pour le dévaloriser. Le nombre des ex. où l'accueil est favorable est, selon notre docum., très supérieur à celui des ex. où il est défavorable. 2. D'où la syntagmatique de ce verbe; on accueille en gén. une personne et en l'accueillant (chaleureusement, les bras ouverts, avec enthousiasme ou froideur) on manifeste les sentiments que l'on éprouve pour elle (amour, amitié, ... ou bien, plus rarement, indifférence, haine, ...). 3. Paradigmatique. L'accueil a un caractère passager; s'il se prolonge on parle de recueillir les personnes et les animaux démunis, ou d'adopter les choses qui, après l'ouverture d'esprit qu'est l'accueil, ont été jugées dignes d'être conservées. Le cérémonial contenu dans recevoir au sens de « faire réception » est absent de accueillir, l'accueil conduisant à faire tomber les différences soc., et à se laisser aller à une bonne ou à une mauvaise impulsion. On peut, par obligation, être amené à recevoir : si ce n'est qu'une obligation la réception reste dans le domaine des conventions soc.; si elle correspond à un désir elle est précédée et doublée d'un bon accueil. Recevoir « faire réception » exige selon les cas soit que l'accueilli se hausse au niveau de l'accueillant soit que l'accueillant se mette au rang de l'accueilli : dans les deux cas il y a une attraction vers le haut, alors que l'accueil peut laisser les partenaires à leur niveau. Le fait que l'on accueille plus facilement des notions abstr. que des obj. concr. souligne l'idée d'intégration inhérente à l'idée verbale : on accueille un projet et on reçoit un cadeau, celui-ci restant extérieur.
Prononc. − 1. Forme phon. : [akœji:ʀ], j'accueille [zakœj]. Enq. : /akø2j/. Conjug. parler; inf. /akøjiʀ/; part. /akøjã, akøji/. 2. Dér. et composés : accueil, accueillage (arch.), accueillance (arch.), accueillant, accueillement (arch.). Cf. cueillir.
Étymol. ET HIST. I.− Trans. 1. Ca 1100 acoillir « pousser » (Roland, éd. Bédier, 3968 : Quatre serjanz les acoeillent devant Devers un' ewe ki est en mi un camp); fin xiieid. « rassembler en poussant devant soi (des animaux) » (Garin le Loherain, éd. G. Paris, I, 166 ds T.-L. : Parmi les chans veïssiez gens füir, Les pastoriaus lor bestes accoillir); d'où mil. xiieacueillir son chemin « se mettre en route » (Cour. Louis, éd. Langlois, 1485 : Vait s'en Guillelmes, s'acueille son chemin); xiie-déb. xiiies. aqueldre a + inf. « commencer à + inf. » (Renart, éd. Méon, 26.9 ds T.-L. : Quant Ysengrin le vit sevrer, Lors aquelt a esperoner); 2. ca 1100 aquallir « assaillir » (suj. inanimé) (Roland, éd. Bédier, 689 : Einz qu'il oüssent .IIII. lieues siglet, Sis aquillit e tempeste e ored); ca 1170 acuillir « id. » (suj. animé) (Rois, éd. Curtius, XIX, 9 : A une feiz li malignes esperiz acuillid é traveillad Saül); d'où 1165-70 acoillir « atteindre, saisir » (B. de Ste Maure, Troie, éd. Constans, 21 094 ds T.-L. : Tot autresi com sueut li lous Entre les aigneaus fameillos... cui ne chaut qui que le veie, Quant il vueut acoillir sa preie...); 3. apr. 1174 acuillir « recevoir (qq'un) » (B. de Ste Maure, Chron. d. Norm., éd. C. Fahlin, 3939 : Docement te requert e mande, Jusque li forz iver s'espande, Qu'en ceste terre nos acuilles). II.− Réfl. 1. mil. xiies'acueldre a + inf. « se mettre à + inf. » (Cour. Louis, éd. Langlois, 2687 : Donc s'acuelt il as granz barres colper); ca 1170 s'aquiaudre « se mettre en route » (Cligés, éd. Micha, 4178 : Devant l'empereor s'aquialt); 2. 1195-1200 s'aquiaudre a « se joindre à » (Renard, éd. Roques, VII b, 6368 : Chascuns se viaut as bons aquiaudre). Du lat. vulg. *accolligĕre, formé de ad- et colligĕre. Sont dominés par le sémantisme du préverbe les sens « pousser » et « attaquer » et leurs dér. (I 1 et 2; II 1, l'interprétation des ex. d'a. fr. corresp. paraît certaine, en dépit des rem. formulées par Gamillscheg ds Z. rom. Philol., XLIII, p. 516; voir nombreux ex. fournis par Cohn ds Arch. St. n. Spr., CXL, p. 84, s.v. acoillir); les sens de « recueillir, recevoir » et « réunir » (I 3; II 2) émanent de colligere, cueillir*; à remarquer que colligĕre n'est pas attesté au sens de « recevoir » av. l'Itala (Judith, 19, 15 ds TLL s.v., 1611, 48 : non erat vir qui colligeret eos in domum refrigerare eos) où il traduit gr. σ υ ν α ́ γ ε ι ν, littéralement « mener avec (soi) »; colligere au sens « admettre chez soi, recevoir » est donc un calque du gr. introd. de la Bible dans la lang. des clercs, dans celle des juristes (cf. Grég. Tours, Hist. Franc., II, 32 et Loi salique, 56 ds TLL, ibid., 1611, 63 et 65; G. Brereton ds Medium Aevum, XI, p. 85-89), puis dans lang. vulg. (a. fr. coillir, esp. coger « recevoir »); le composé *accolligĕre ayant hérité de ce sens, s'y est spécialisé puis l'a retiré au verbe simple. Pour l'explication du rad. et de la finale de l'inf. (ac)cueill-ir et pour celle du type accueudre, voir cueillir (a. fr. coillir et cueudre).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 3 010. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 3 572, b) 3 452; xxes. : a) 4 501, b) 5 194.
BBG. − Bar 1960. − Bénac 1956. − Brereton (G. E.). Cueillir, « accueillir » : essai d'explication sémantique. Medium Aevum. 1942, t. 11, pp. 85-89. − Dem. 1802. − Dupin-Lab. 1846 (s.v. acoillir).Hanse 1949. − Kold. 1902. − Pope 1961 § 217, 263, 410, 555, 557, 698, 759, 875, 879, 890, 926, 938, 943; §§ 972-975; § 1 004, 1 051, 1 053, 1 059, 1 137, 1 161 (s.v. cueillir).

Wiktionnaire

Verbe - français

accueillir \a.kœ.jiʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison)

  1. Action de faire un accueil, de recevoir en bien ou en mal quelqu’un ou quelque chose qui arrive.
    • Ainsi présentée, la demande ne pouvait pas ne pas être accueillie, mais ce ne fut pas sans déchirements. — (Hector Malot, En famille, 1893)
    • Et quand elle se sentit définitivement seule et abandonnée, Yasmina se rendit chez ses deux amies qui l’accueillirent avec joie. — (Isabelle Eberhardt, Yasmina,1902)
    • Mais un grand escogriffe en smoking et coiffé d’une casquette à carreaux sortait de la limousine et accourait vers les trois femmes qui l’accueillirent fraîchement. — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
    • Devant la réprobation presque unanime qui accueillit mon exposé, je me décourageai et me ralliai à l’interprétation probabiliste de Born, Bohr et Heisenberg […]. — (Louis de Broglie; La Physique quantique restera-t-elle indéterministe ? Séance de l'Académie des Sciences, du 25 avril 1953)
    • D'abord réservées aux scientifiques, les Pyrénées ont ensuite accueilli un tourisme prudent en attendant les pyrénéistes, ivres de conquêtes. — (André Lasserre, Petite histoire de la Bigorre, Éditions Cairn, 2015)
    • On utilise sans vergogne l’arrière-pays, du moins sa partie non protégée, non mise en réserve pour accueillir des décharges intempestives, les fûts toxiques, les activités polluantes et les ayatollahs de l'écologie. — (Bernard Préel, Les deux songes de la ville, Éditions Descartes, 1995, page 91)
    • Au début de cette même année, un énorme charivari avait accueilli la pièce d'un tout jeune auteur. Paris en bruissait encore et il n’était pas de jour sans qu'on en dît pis que pendre ou la portât aux nues : Hernani, d'un certain Hugo. — (Patrick Tudoret, Juliette, Éditions Tallandier, 2020)
  2. (Figuré) Surprendre.
    • La tempête, le vent les accueillit. Le détachement, en approchant du bois, fut accueilli à coups de fusil.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ACCUEILLIR. (Il se conjugue comme CUEILLIR.) v. tr.
Recevoir bien ou mal quelqu'un qui arrive ou par qui l'on est abordé. Il nous a accueillis de la manière la plus aimable. Il nous a accueillis très froidement. Il se dit quelquefois figurément en parlant des Choses. Il accueillit fort mal cette proposition, cette demande. Il s'emploie aussi figurément à propos d'Événements qui, en général, ne sont pas attendus, qui surprennent. La tempête, le vent les accueillit. Le détachement, en approchant du bois, fut accueilli à coups de fusil. Être accueilli par des huées, par des applaudissements.

Littré (1872-1877)

ACCUEILLIR (a-keu-llir', ll mouillées, et non a-keu-yir. Se conjugue comme cueillir : accueillant, accueilli, j'accueille, j'accueillis, j'accueillerai) v. a.
  • 1Recevoir bien ou mal une personne ou une chose. Accueillir quelqu'un chez soi. Il m'accueillit avec bonté. Nulle part la députation ne fut bien accueillie. Ils accueillirent favorablement ces ouvertures. Les paroles de l'orateur furent accueillies avec des acclamations. Ce discours fut bien accueilli par le peuple. Accueillir légèrement une médisance, une accusation. Accueillir avec chaleur une idée. Jamais son père ne l'accueillit [l'enfant prodigue] avec plus de douceur ni plus d'affection ; jamais il ne parut plus sensible pour lui, Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 285.
  • 2Accueillir, sans adverbe ou locution adverbiale qui le modifie, signifie toujours bien accueillir. Accueillir une proposition. Ils accueillaient cet espoir de liberté. J'ai daigné dans ces lieux D'une femme plaintive accueillir la prière, Brifaut, Ninus II, III, 4. On m'accueille, on me flatte, Voltaire, Mér. III, 4. On y voit avec joie, on accueille, on honore Tous ceux qu'à votre nom le zèle attache encore, Voltaire, Tancr. III, 1. Et toi, Marseille, assise aux portes de la France, Comme pour accueillir ses hôtes dans tes eaux…, Lamartine, Harm. A l'acad. de Marseille.
  • 3Accueillir, en parlant d'événements fâcheux qui surviennent. Nous fûmes accueillis de la tempête à la sortie du port. Un feu meurtrier accueillit le régiment. Depuis que cette tache eut obscurci ma vie, Il n'est point de malheur qui ne m'ait accueillie, Mairet, Soph. I, 2.

REMARQUE

Bouhours dit : " Ce verbe est presque passé ; on ne s'en sert plus en bonne part. On pourrait encore l'employer en mauvaise part dans le figuré : Accueilli de toutes sortes de malheurs. " Et Th. Corneille, approuvant, ajoute qu'au lieu de : Il a été favorablement accueilli, on dit : Il a été bien reçu. Le fait est qu'on ne trouve pas souvent accueillir au sens actuel dans les auteurs du siècle de Louis XIV ; mais le fait est aussi que accueillir est rentré dans la plénitude de l'usage.

HISTORIQUE

XIe s. Les aquillit et tempeste et oret, Ch. de Rol. 53.

XIIe s. Droit vers Espaigne [il] a sa voie acoillie, Ronc. 89. Donc se sont enbrunchié li quatre forsené, N'acuilent ses salus, ne ne l'ont salué, Th. le Mart. 139. L'arcevesques Thomas sovent le mercia De son bel acuilleir, et que tant l'onura, ib. 58. De saint Jame par Flandres son chemin [il] acuilli, ib. 51. Sire, fait il, pur Deu, nel faites pas ainsi ; Laissiez ester cel plait, qu'avez ore acuilli, ib. 42. Lor agait mettent dedens un val parfunt ; La proie acollent et à val et à munt, Raoul de C. 230. S'avec ces biens [beauté et courtoisie] acuilliez felonie, Vostre fin cuer en feriez blasmer, Couci, XX.

XIIIe s. Tybert a laissié le plaidier ; Si aqeut [prend] l'andoille à mangier, Ren. 2390. Lietard, qui plus celer ne veut, Ne se targe que il n'aquelt [aborde] Le garçon que il doute et crient, ib. 16388. En vostre foi, car dites ore Qui est li pires ne li mieudre ; Chascun se velt as bons acueudre, ib. 8534. Il convient faire preuve comment il puisse acuillir la preuve à soi, quand besoin lui est, Ass. de Jér. 109. Je n'acueill le congié sans la paie de ce que voz me devez, ib. I, 210. Me gart l'heür que beste m'y aient acueilloite, Berte, 29. Un grant cerf ont trové, celui ont acueilli [se sont mis à sa poursuite], ib. 108. Chapelez ont de fleur vermeille Qui trop est bele à grand merveille, Quant ele est freschement cueillie ; Mais quant li chauz l'a acueillie, Tost est morte, matie et mate, Rutebeuf, II, 31. Si sont il mort [je les tuerai], s'il ne m'acoillent, la Rose, 11206. Quant il ot aqueillie sa praie [proie]…, Joinville, 272. Pour accueillir moi et mes successeurs en leur priere, Du Cange, adcolligere.

XIVe s. Jehan coustelier se alloua ou accueilli à un maistre du dit mestier, Du Cange, ib.

XVe s. Sur le point du jour ils vinrent devant Courtray, accueillirent, entour soleil levant, toute la proie de là environ, Froissart, I, I, 107.

XVIe s. Quand les Romains se perforçoient de gravir contre mont, ilz estoient accueilliz de force coups de dard et de trait qu'ilz leur donnoient de çà et de là par les flancs, Amyot, Flam. 5. La bouche de la riviere du Rosne avoit accueilli tant de vase et si grande quantité de sable, que les ondes de la mer y amassoient et entassoient, que…, Amyot, Marius, 25. A Aubigné s'accueillent [se joignent] trente gentilshommes ou capitaines, D'Aubigné, Hist. II, 449.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ACCUEILLIR. Ajoutez :

4En Saintonge, accueillir un domestique, se dit pour louer un domestique, faire le marché de louage.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « accueillir »

Wallon, acoï, assaillir ; provenç. acuelhir ; catal. acullir ; ital. accogliere ; de accolligere, de ad, à, et colligere (voy. CUEILLIR). L'italien est le seul qui ait été fidèle à la conjugaison latine ; les autres ont changé la conjugaison de 3e en 4e : accolligire pour accolligere. Le vieux français qui avait un infinitif acueudre, akeudre, le tirait par contraction de accolgere, d'où une conjugaison qui se suivait sur ce type.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

 Dérivé de cueillir, avec le préfixe ad-.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « accueillir »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
accueillir akœjir

Évolution historique de l’usage du mot « accueillir »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « accueillir »

  • La femme la plus décidée à ne pas accueillir l’amour, veut avoir au moins à le repousser. De Alphonse Karr , 
  • A quoi de mieux peut servir une femme qu'à accueillir au plus chaud d'elle-même un ancien bébé qui a un peu froid ? De Geneviève Dormann / Le Bateau du courrier , 
  • Le véritable poète a pour vocation d'accueillir en lui la splendeur du monde. De Johann Wolfgang von Goethe / Divan occidental-oriental , 
  • La seule façon de renforcer notre intelligence est de n'avoir d'idées arrêtées sur rien, de laisser l'esprit accueillir toutes les pensées. De John Keats , 
  • Le bonheur ne se cherche pas : on le rencontre. Il n’est que de savoir le reconnaître et de pouvoir l’accueillir. De Bernard Grasset / Remarques sur le bonheur , 
  • Je connais un moyen de ne pas vieillir : c’est d’accueillir les années comme elles viennent et avec le sourire... un sourire, c’est toujours jeune. De Pierre Dac / L’Os à moelle - Juin 1939 , 
  • Il ne suffit pas de "voir" un objet jusque-là invisible pour le transformer en objet d'analyse. Il faut encore qu'une théorie soit prête à l'accueillir. De François Jacob / La Logique du vivant , 
  • Il y a une sexualité qu'on ne peut vivre que sous alcool. Boire, c'est ça aussi : c'est accueillir ce qui devait rester caché. De notre propre désir. De Virginie Despentes / Les Jolies choses , 
  • J’avais trop longtemps attendu de pouvoir pénétrer un jour dans un monde jusque-là interdit, pour ne pas accueillir avec une émotion profonde l’occasion de pouvoir en franchir enfin les limites. De Théodore Monod / Le Désert Blanc , 
  • Mais, per la Madonna ! je ne me trompe pas : c’est Tintin et son ami le patron-pêcheur Bardock ! Je vais les accueillir. L’Art doit ouvrir ses bras aux enfants de l’Aventure ! De Hergé / Bianca Castafiore dans Coke en Stock , 
  • C’est l’une des ambitions affichées du gouvernement : après la crise du coronavirus, la France doit accueillir de nouveau des activités cruciales industrielles ou tertiaires, qui avaient fui vers des cieux plus cléments et attrayants, au cours des dernières décennies. Dernier exemple en date : dans son allocution la plus récente, Emmanuel Macron clamait sa volonté de «créer de nouveaux emplois en investissant dans notre indépendance technologique, numérique, industrielle et agricole. Par la recherche, la consolidation des filières, l’attractivité et les relocalisations lorsque cela se justifie». La semaine suivante, le locataire de l’Élysée annonçait, en partenariat avec Sanofi, une «initiative de relocalisation de certaines productions». Le Figaro.fr, Ces territoires qui pourraient accueillir les relocalisations
  • Les organisateurs de l’événement dénommé Thiem’s 7 ont déclaré qu'ils étaient prêts à accueillir la star du tennis bulgare Grigor Dimitrov et le numéro 33 mondial Borna Coric à l'événement, s'ils se révélaient être négatifs au test du coronavirus après 14 jours d'isolement. Tennis World FR, Les organisateurs de Thiem's 7 toujours prêts à accueillir Dimitrov et Borna Coric
  • La femme la plus décidée à ne pas accueillir l’amour, veut avoir au moins à le repousser. De Alphonse Karr , 
  • A quoi de mieux peut servir une femme qu'à accueillir au plus chaud d'elle-même un ancien bébé qui a un peu froid ? De Geneviève Dormann / Le Bateau du courrier , 
  • Le véritable poète a pour vocation d'accueillir en lui la splendeur du monde. De Johann Wolfgang von Goethe / Divan occidental-oriental , 
  • La seule façon de renforcer notre intelligence est de n'avoir d'idées arrêtées sur rien, de laisser l'esprit accueillir toutes les pensées. De John Keats , 
  • Le bonheur ne se cherche pas : on le rencontre. Il n’est que de savoir le reconnaître et de pouvoir l’accueillir. De Bernard Grasset / Remarques sur le bonheur , 

Traductions du mot « accueillir »

Langue Traduction
Anglais welcome
Espagnol acoger
Italien accogliere
Allemand begrüßen
Portugais acolher
Source : Google Translate API

Synonymes de « accueillir »

Source : synonymes de accueillir sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « accueillir »

Combien de points fait le mot accueillir au Scrabble ?

Nombre de points du mot accueillir au scrabble : 14 points

Accueillir

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