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Bon

Variantes Singulier Pluriel
Masculin bon bons
Féminin bonne bonnes

Définitions de « bon »

Trésor de la Langue Française informatisé

BON1, BONNE, adj., adv. et subst.

I.− Emplois adj.
A.− Emplois discursifs
1. [Au sens le plus gén. − bon, bonne indique que l'être, l'obj. concr. ou abstr. désigné par le subst. répond positivement à ce qui est attendu de lui, sous le rapport de sa nature, de sa fonction, de son efficacité, etc.]
a) [Essentiellement sous le rapport de l'image-type ou du stéréotype de sa nature]
− Domaine esthétique, intellectuel.[En parlant d'une pers., d'une chose] (Quasi-)synon. beau.Bon livre, bon style :
1. Les mots liquides et coulants sont les plus beaux et les meilleurs, si l'on considère le langage comme une musique, mais si on le considère comme une peinture, il y a des mots rudes qui sont fort bons, car ils font trait. Les hommes qui n'ont que des pensées communes et de plates cervelles, ne doivent employer que les mots les premiers venus. Les expressions brillantes sont le naturel de ceux qui ont la mémoire ornée, le cœur ému, l'esprit éclairé et l'œil perçant. Joubert, Pensées,t. 2, 1824, p. 48.
2. Nous n'avons pas voulu ici prouver que la beauté est une chose bonne et estimable. Tout le monde est de notre avis quoi qu'on en dise; nous avons seulement cherché à établir que l'on peut avouer que l'on tient à être beau, que l'on peut dire : « J'ai le nez bien fait, » comme on dit : « J'ai du sang-froid : » « J'ai de jolis yeux, » comme : « J'aime tendrement mes amis. » Nous ajouterons qu'il y a entre la beauté du visage et celle de l'âme une sorte de corrélation sympathique, et qu'un homme d'esprit ou un homme de cœur n'est jamais bien laid, et a une beauté à lui particulière. (...). La beauté étant admise comme une chose bonne et utile, et la parure ayant évidemment le pouvoir de l'augmenter, la parure est donc d'elle-même une chose également bonne et utile. L'homme mal habillé inspire de la pitié ou de la répugnance... Karr, Sous les tilleuls,1832, pp. 260-261.
3. Autant qu'un homme est lui-même, qu'il ne cède point, qu'il n'imite point, je le vois beau. L'artiste va là tout droit; par sa vertu d'être soi il met au jour la vertu de chaque être. Une nature, autant qu'elle est forte, est bonne et juste. C'est pourquoi de ce qui pousse et grandit par sa propre loi, j'attends quelque bien. Je ne veux pas mutiler, je veux aider et délivrer. Alain, Propos,1931, p. 1003.
4. ... n'invente point d'empire où tout soit parfait. Car le bon goût est vertu de gardien de musée. Et si tu méprises le mauvais goût tu n'auras ni peinture, ni danse, ni palais, ni jardins. Tu auras fait le dégoûté par crainte du travail malpropre de la terre. Tu en seras privé par le vide de ta perfection. Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 543.
5. En fait, cette perfection dans l'activité de Pasteur tient à l'excellence de ses qualités propres, à ce « privilège des très grands esprits » qu'est l'art d'utiliser le hasard, à son bon sens déductif et clairvoyant, aussi habile à imaginer et à réaliser les techniques expérimentales nécessaires ou démonstratives qu'à interpréter judicieusement les faits observés, à en exploiter en toute logique les conséquences immédiates, à en prévoir les virtualités les plus lointaines. M. Bariéty, Ch. Coury, Hist. de la méd.,1963, p. 704.
SYNT. Bonne farce, histoire, idée; bons auteurs; synt. (plus ou moins figés) : (avoir) bon air, (faire, produire) bon effet, (avoir, avoir le... de, être de) bon goût, (dire un, faire un) bon mot, (avoir du, être le) bon sens; (avoir) bonne mémoire, (avoir, prendre) bonne tournure. Loc. figée à bon escient.
MUS. Bons degrés. ,,... les trois accords parfaits majeurs [reliés] de façon à obtenir une succession ininterrompue de tierces...`` (M. Dupré, Cours d'harmonie analytique, t. 1, 1936, p. 22). Bonnes notes. ,,Ces trois notes : la tonique, la dominante et la sous-dominante reçoivent la qualification de Bonnes notes du ton`` (H. Reber, Traité d'harmonie, Gallet et Fils, Paris, 1949, p. 12).
− Domaine moral
[En parlant d'une pers., d'un groupe de pers.] Bon chrétien, bonne(s) âme(s), bonnes gens :
6. L'homme n'est point bon, il n'est point méchant. L'on se trompe également dans ces deux assertions, parce que l'on confond l'homme actuel avec l'homme en général; (...); et parce que l'on juge dans le rapport social ou dans les vues particulières de telle ou telle législation, ce qui ne doit être considéré que dans le rapport de l'homme au reste de la nature. Ce que nous nommons mauvais ou bon est toujours ce qui nuit ou convient à l'ordre que nous voulons établir; ordre momentané que la nature n'a pas préparé positivement, quoiqu'elle l'ait laissé possible. L'homme est ce qu'il doit être. Ses penchans, déterminés par ses besoins et dès-lors effets immédiats de sa nature, ne peuvent être mauvais et bons que relativement à une situation particulière. Ils sont essentiels, indélébiles. Vous voulez faire l'homme ce qu'il ne doit point être, et vous appelez méchanceté originelle la résistance que vous éprouvez en sa nature; mais modelez sur elle vos institutions, et vous trouverez que l'homme, comme toute autre partie de l'universalité des choses, est nécessairement bon, non point selon des convenances factices ou les caprices d'un législateur, mais selon ses rapports dans l'ordre général. Si la résistance est inévitable et toujours victorieuse de nos funestes efforts, et que nous disions, l'homme est donc né méchant, nous ressemblons à l'insensé qui, s'obstinant à suspendre une pierre ou une colonne d'eau, accuseroit de dépravation naturelle la pierre parce qu'elle tombe, et l'eau parce qu'elle se nivelle. Senancour, Rêveries,1799, pp. 116-117.
7. Ce que dit et croit la bonne compagnie est toujours bien. Vigny, Le Journal d'un poète,1841, p. 1159.
SYNT. (plus ou moins figés). (En) bon bourgeois, (faire) bon ménage, (être de) bonne maison, (être en) bonne société, (en la ... de) bonne ville.
P. anal. [En parlant d'un animal] :
8. Il n'y avait pas un bâtard parmi ces chiens. (...). Tous étaient authentiques et bons. (...), tous étaient de bonne race et vrais chiens gentilshommes, ... Hugo, Le Rhin,1842, p. 207.
[En parlant d'une chose] Bonne éducation, bonne leçon, bonnes lois :
9. Lola, après tout, ne faisait que divaguer de bonheur et d'optimisme, comme tous les gens qui sont du bon côté de la vie, celui des privilèges, de la santé, de la sécurité et qui en ont encore pour longtemps à vivre. Elle me tracassait avec les choses de l'âme, elle en avait plein la bouche. L'âme, c'est la vanité et le plaisir du corps tant qu'il est bien portant, mais c'est aussi l'envie d'en sortir du corps dès qu'il est malade ou que les choses tournent mal. On prend des deux poses celle qui vous sert le plus agréablement dans le moment et voilà tout! Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 66.
10. Par essence, elle [la vertu] est une habitude, c'est-à-dire une disposition acquise et durable, qui permet à celui qui la possède d'agir conformément à sa nature. La définition est d'Aristote : c'est donc bien sur le plan de la morale hellénique que tout l'édifice va se construire. Pour une chose, être bonne, c'est être ce qu'elle doit pour satisfaire à sa propre essence et aux exigences de sa nature; acquérir l'habitude d'agir comme il faut étant donné ce que l'on est, c'est donc une qualité moralement bonne, et accomplir l'acte qui découle spontanément d'une habitude de ce genre, c'est bien agir ou, comme l'on dit encore, faire le bien. Un acte est moralement bon, ou vertueux, lorsqu'il s'accorde à la nature de celui qui l'accomplit. En conséquence, trois choses s'opposent à la vertu : le péché, la méchanceté et le vice. Par définition, en effet, le péché est un acte désordonné, c'est-à-dire contraire à l'ordre que prescrit la nature de celui qui l'accomplit. En tant que tel, il s'oppose directement à l'acte bon qui vient d'être décrit, il est donc nécessairement mauvais; ... Gilson, L'Esprit de la philos. médiév.,1932, p. 121.
11. La brimade punit qui se sépare ou, simplement, se « fait remarquer ». On reconnaît bien vite ici le mécanisme projectif de la bonne conscience satisfaite et ses indignations contrefaites, destinées à détourner la mauvaise conscience de juger nos affaires personnelles. La ressemblance l'irrite comme la différence : la différence, surtout si elle est avantageuse à autrui, démoralise le sentiment inconscient que nous avons de nos limites... Mounier, Traité du caractère,1946, p. 723.
12. La limitation rigoureuse que nous avons imposée à notre analyse du besoin pourrait insinuer cette idée facile que la vie se réduit à un système simple de motifs, à partir du faisceau des besoins d'assimilation, et que la seule révélation de valeur positive est le plaisir : « est bon ce qui fait plaisir ». On croirait volontiers qu'il suffit d'ajouter : « est mauvais ce qui fait souffrir », pour avoir une vue d'ensemble des motifs et des valeurs du niveau vital. 1) Une analyse plus soigneuse de la douleur nous apprend déjà que la douleur n'est pas le contraire du plaisir à l'intérieur d'un même genre mais qu'il lui est hétérogène. 2) Le couple du plaisir et de la douleur n'est pas lui-même le dernier mot du souci vital : d'autres tendances souvent discordantes entre elles, viennent compliquer le schéma assez clair du plaisir et de la douleur. Ricœur, Philos. de la volonté,1949, p. 100.
SYNT. (plus ou moins figés). (Être de) bon aloi, (donner un, être de) bon conseil, (avoir son, être du, prendre du, voir le... de) bon côté, (à, être dans son) bon droit, (donner le, être de) bon exemple, (avoir, être de) bon genre, (séparer le... de l'ivraie) bon grain, (en, mettre) bon ordre, (selon le... de) bon plaisir, (prendre du) bon temps, (faire) bon usage; (défendre les, suivre les) bons principes; (faire une) bonne action, (pour la, servir la) bonne cause, (de) bonne condition, (avoir, donner, en) bonne conscience, (donner, faire) bonne impression, (à, dans une, de, en) bonne intention, (avoir, donner) bonne opinion, (avoir une, donner une) bonne raison, (avoir) bonne renommée, (avoir) bonne réputation, (avoir, être de) bonne tenue, (être en) bonne voie; (contraire aux, outrage aux) bonnes mœurs, (faire de) bonnes œuvres, (avoir de) bonnes relations. Syntagmes (figés). Certificat de bonne conduite/de bonne vie et mœurs.
Proverbes. Bon sang ne peut mentir; à quelque chose malheur est bon, toute vérité n'est pas bonne à dire.
RELIG., vx. Bon jour. Jour de fête religieuse (cf. Ac. 1798-1878). Faire son bon jour. Communier (cf. J. de La Varende, Cœur pensif, 1957, p. 146).
− Domaine des relations soc. ou interpersonnelles
[En parlant d'une pers.] Bon camarade, bon garçon, bonne fille :
13. ... après ces petites créatures grinchues et susceptibles, cette santé du peuple, cette bonne humeur du peuple, cette langue du peuple, tout le fort, tout le vivace, tout le cordial, tout l'exubérant, tout le contentement dru et tapeur, et ce cœur qui apparaît là dedans avec de grosses formes et une brutalité attendrie, tout, en cette grosse et bonne femme, m'agrée comme une forte et saine nourriture de campagne... E. et J. de Goncourt, Journal,1858, p. 478.
14. Je ne puis dire combien elle fut charmante, judicieuse en mille détails, bonne et obligeante pour tout ce qui l'entoure : Suzette, etc., ayant pour tous les égards délicats de l'égalité, tendre pour la nature, s'exposant à la tempête pour nourrir les animaux. Michelet, Journal,1859, p. 494.
15. Au physique, c'était un petit homme, râblu, ventru, coloré, à la démarche lourde et pacifique de bon vivant plein de soupe et de bière. Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, 1repart., 2, p. 17.
SYNT. (plus ou moins figés). Bon diable, bon enfant, bon homme. − PARAD. a) (Quasi-)synon. amical, brave, complaisant, fraternel, gentil, loyal, rond, serviable, sympathique. b) (Quasi-) anton. déloyal, hostile, inamical.
Rem. Les syntagmes bon enfant et bon garçon ont donné lieu à un emploi néologique sous forme substantivée : a) Bonne (-) enfance. ... une grosse bonne enfance (...) sous des apparences de force et de férocité (E. et J. de Goncourt, Journal, 1853, p. 109); ... cette fête (...) pleine de simplicité et de « bonne enfance » (Coppée, Le Critique en vacances, t. 2, 1892, p. 311). b) Bon(-)garçonnisme. ... du « bon garçonnisme » d'être venu (E. et J. de Goncourt, op. cit., 1890, p. 1155); ... un bongarçonnisme de commande (Colette, L'Entrave, 1913, p. 66).
P. anal. [En parlant d'un animal] ... un bon vieux petit chien, de la charmante espèce... (Florian,Fables,1792, p. 180).
Péj. (Quasi-)synon. bête, niais.Bon peuple :
16. Et les mêmes mots revenaient : − Un peu paresseux, peut-être, mais bon enfant! « Bon enfant » signifiait « inintelligent », mais ne blessait pas les amours-propres. Plus loin, échelonnés, d'autres professeurs encore. Ceux des basses classes, enveloppés par des rires d'élèves, répondaient aussi : − Oui, oui, turbulent, mais bon enfant! ... On en fera quelque chose. Estaunié, L'Empreinte,1896, p. 101.
[En parlant d'un aspect du comportement hum.] Bon rire, bon sourire, bonne tête :
17. Le plus grand ordre régnait entre les deux peuples. On avait fait de sévères ordonnances pour empêcher toute querelle, et les Français et les Anglais vivaient entre eux de bon accord et courtoisement; souvent même les uns ne s'inquiétaient point d'être en moindre nombre que les autres dans l'enceinte des tentes. Nonobstant ces mutuelles civilités, rien ne pouvait se conclure. Barande, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 4, 1824, p. 226.
18. ... Atar-Gull était déjà rendu à l'atelier, toujours avec sa bonne figure ouverte et franche, son éternel sourire qui laissait voir ses dents blanches et aiguës... Sue, Atar-Gull,1831, p. 25.
19. Cette aimable femme, intelligente, simple, toujours disposée à rendre service, dispensa à Christophe la bonne grâce accueillante qu'elle avait pour tous. R. Rolland, Jean-Christophe,La Foire sur la place, 1908, p. 755.
SYNT. Bonne poignée de main; bonnes joues. Syntagmes (plus ou moins figés). (Faire, trouver) bon accueil, (savoir) bon gré, (au... de, plein de) bon vouloir; (demander les, solliciter les) bons offices, (échange de) bons procédés, (entretenir de, être en) bons rapports, (rendre de) bons services, (confier aux, remettre aux) bons soins, (être en, vivre en) bons termes; (de, vivre en) bonne amitié, (être en, homme de, vivre en) bonne compagnie, (faire) bonne contenance, (vivre en) bonne entente, (faire) bonne figure, (être de) bonne foi, (accepter de, répondre de) bonne grâce, (vivre en) bonne intelligence, (avoir, trouver) bonne mine, (être de, homme de) bonne volonté, (apprendre les, avoir de) bonnes manières, (dire de) bonnes paroles. Loc. figées. Bon gré mal gré, à la bonne franquette.
b) [Essentiellement sous le rapport de l'image-type ou du stéréotype de sa fonction, de son efficacité]
[En parlant d'une chose concr., d'un phénomène matériel] Bon dîner, bonne méthode :
20. Un homme buvait à table d'excellent vin, sans le louer. Le maître de la maison lui en fit servir de très médiocre. « Voilà du bon vin, dit le buveur silencieux. − C'est du vin à dix sous, dit le maître, et l'autre est un vin des dieux. − Je le sais, reprit le convive; aussi ne l'ai-je pas loué : c'est celui-ci qui a besoin de recommandation. » Chamfort, Caractères et anecdotes,1794, p. 141.
21. Pendant une heure, j'ai roulé sous mes galoches les feuilles tombées, j'ai admiré le ciel bleu, la rivière et les coteaux, et surtout humé à pleins poumons le bon air frais qui sentait la verdure. Les étalages que l'on a faits dans les « points de vue » sont réussis. Par moments je jouis beaucoup de la nature. Pourquoi? Flaubert, Correspondance,1878, p. 164.
22. Dieu étant tout-puissant n'a créé que des choses bonnes. On appelle bonne une chose exactement adaptée à son service : une bonne plume, un bon cheval; plus ou moins bonne suivant que plus ou moins adaptée. Dieu n'a créé que des choses très bonnes, c'est-à-dire parfaitement adaptées suivant leur ordre à lui rendre un témoignage évident, à le clarifier. L'imperfection de l'ouvrage ne résulte en effet que d'un obstacle étranger à la volonté de l'ouvrier. J. Rivière, Correspondance[avec Alain-Fournier], 1907, p. 195.
23. La betterave demande de bonnes terres franches, profondes et fraîches sans être humides. D'une manière générale les bonnes terres à blé sont propres à la betterave. Le travail soigné des terres, l'usage des engrais chimiques ont perfectionné la culture, mais un bon assolement approprié au sol est nécessaire pour la betterave... J. Rouberty, Manuel de sucrerie,1922, p. 19.
24. ... on oublie que si à des fins spécifiquement politiques des moyens spécifiquement politiques doivent être appliqués, néanmoins, par là même que leur fin prochaine est subordonnée à une fin plus haute, l'emploi de ces moyens doit lui-même être rectifié et surélevé par des vertus plus hautes, et comme imprégné de leur esprit. Ils ne sont complètement bons et efficaces dans leur ordre qu'à ce titre-là : car alors seulement ils sont parfaitement soumis à tout l'ordre de leurs fins. Maritain, Primauté du spirituel,1927, p. 131.
SYNT. Bon coup, feu, fonctionnement, moyen, pain, repas, sommeil; bonne administration, affaire, chaleur, occasion, odeur, soupe. Syntagmes (plus ou moins figés). (Être de, paraître de) bon augure, (être en, remettre en) bon chemin, (à, de, rendre) bon compte, (être au, frapper au) bon endroit, (être en, tenir en) bon état, (jouer, y aller) bon jeu bon argent, (acheter à, être à, faire... de) bon marché, (tirer... de) bon parti, (avoir... bon œil, partir du) bon pied, (arriver à, conduire à) bon port, (être) bon signe, (faire un, jouer un) bon tour; (dire la, raconter une) bonne aventure, (aimer la, faire) bonne chère, (faire une, mener à) bonne fin, (avoir la... de, être en, par) bonne fortune, (faire, tenir sous) bonne garde, (veiller à la) bonne marche, (être en) bonne place, (être en) bonne position, (de) bonne prise, (avoir une, être en) bonne santé; (être dans de) bonnes conditions. − PARAD. a) (Quasi-)synon. convenable, exact, salutaire, valable. b) (Quasi-)anton. faux, néfaste, nuisible.
Proverbe. Les bons comptes font les bons amis.
IMPR. Bonne feuille. Feuille tirée sur papier définitif, permettant de contrôler si le travail préparatoire est exactement approprié au résultat recherché par l'impression :
25. ... je n'ai épreuve que de 5 placards. Évidemment il y en a un 6ecomposé dont je n'ai pas épreuve, puisqu'on a renvoyé la copie imprimée et que ce placard 5 s'arrête au feuillet 14 de la copie. Demandez-le, je ne l'ai jamais eu, je vous l'ai dit dès le 1erjour. Envoyez-moi promptement la bonne feuille 13. Je donnerai dimanche la matière des 10 dernières feuilles. Il y a un chapitre tout entier en copie nouvelle ajouté avant Véronique. Il ne me faudra plus qu'une seule épreuve en placard, et je donnerai peut-être le bon à tirer dessus. Balzac, Correspondance,1840, p. 207.
MAR. Bon vent. Vent favorable. Vent (...) bon, mais faible (A. France, Clio,1900, p. 181).Bon(-) plein. ,,Bon vent apprécié par rapport aux voiles`` (Le Clère, 1960); au plus près bon plein (J. Galopin, Cours de lang. mar.,Matelotage et technol.,1925, p. 98).
[En parlant d'une pers. jouant un rôle soc., moral, etc.] Bon docteur, bonne ménagère, bonne mère :
26. Et quels sont ces grands-hommes, ces héros du christianisme, qu'on nous propose pour modeles? Pas un homme recommandable par des vertus véritablement sociales, par son dévouement pour la chose publique, par des découvertes utiles, par ces qualités privées qui caractérisent un bon pere, un bon époux, un bon fils, un bon frere, un bon ami, un bon citoyen; ou si par hasard il a une de ces vertus, elles ne sont que l'accessoire de son éloge. Ce qu'on loue en lui, ce sont des austérités, des abstinences, des mortifications, des pratiques pieuses ou plutôt superstitieuses; un grand zele pour la propagation de sa folle doctrine, et un oubli de tout pour suivre sa chimere. Voilà ce qu'on nomme les saints... Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes,1796, p. 551.
27. − Nous autres, Juifs, nous ne sommes pas extrêmement adroits de nos mains. Oh! je sais, nous avons de grands musiciens, des virtuoses, de bons joailliers, des tailleurs habiles. Il nous manque je ne sais quoi. Ne dis pas le contraire, Laurent. − Je ne dis pas le contraire. Je pensais que vous avez donné de bons médecins, en grand nombre, et très peu de chirurgiens. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Nuit de la Saint-Jean, 1935, pp. 54-55.
28. ... son futur gendre ferait-il bien son métier? S'il était un bon travailleur, par la vertu de son travail, il serait un bon mari. Car en effet, pour bien travailler, il faut être continent dans ses plaisirs, réglé. La femme en profite, et elle a de l'argent pour tenir son ménage et élever ses enfants. Camille serait-il ce bon travailleur? M. Ligneul ne pouvait qu'en douter. Ce n'était pas comme ça, un travailleur. Un regard plus droit, plus simple. Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 76.
SYNT. 1. Bon abbé, chevalier, curé, élève, Français, juge, maître, oncle, ouvrier, prêtre, roi, serviteur, soldat; bons parents. Syntagme figé. Bonne(s) sœur(s). 2. Bon + prép. : a) Bon à + (qqc.) : bon à rien (adj. ou subst.) un touche-à-tout, un bon à rien (Cocteau, Les Parents terribles, 1938, III, 5, p. 285); bon à tout (adj. ou subst.) un honnête bon à tout, un légal propre à rien (Verlaine, Mes hôpitaux, 1891, p. 344); bon à + inf. : bon à lier (cf. R. Queneau, Si tu t'imagines, 1952, p. 41); n'être pas bon à jeter aux chiens. b) Bon en : être bon en. c) Bon pour : bon pour le service (Lefebvre, La Révolution fr., 1963, p. 532).
Proverbe. À bon entendeur salut.
P. anal. [En parlant d'un animal] :
29. S'il n'est pas de bon travail sans bons outils, il n'est pas davantage de chasse agréable sans bons chiens. Ce n'est qu'avec la parfaite collaboration et l'attachante compagnie de ces animaux que l'on peut souscrire à l'opinion de Buffon, selon laquelle « la chasse est le seul délassement sans mélange et sans satiété ». F. Vidron, La Chasse en plaine et au bois,1945, p. 110.
Proverbes. Bon chien chasse de race (cf. Mauriac, Génitrix, 1923, p. 367); à bon chat bon rat.
Rem. 1. dans le discours, les choses ne sont pas toujours vues exclusivement sous le rapport de leur nature ou sous le rapport de leur fonction, et les deux points de vue se cumulent souvent à propos de la même chose : ainsi, le même syntagme peut se rattacher aux deux points de vue (bon air peut signifier air pur sous le rapport de sa nature et air vivifiant, salutaire sous le rapport de sa fonction). Mais l'un des deux points de vue prédomine gén. sur l'autre : pour les choses abstr., c'est gén. l'aspect de la nature qui prédomine, pour les choses concr., celui de la fonction. 2. Comme le montrent les assoc. paradigm., bon, bonne a, dans ces emplois, un caractère de grande généralité sém., et pourrait, le plus souvent, être remplacé par un adj. plus spécifique. D'où la précarité des démarcations sém., qui, plutôt que des frontières ou des oppos. permanentes, indiquent des dominantes et des effets de sens fréquent. 3. Dans l'usage fam., bon, bonne tend à s'accoler un ou plusieurs adj., perdant ainsi toute signif. précise et ne gardant qu'une valeur affective (cf. infra I A 2) (nuance plus ou moins iron., péj., etc.) : un bon chic de bonne petite vieille ville (Flaubert, Par les champs et par les grèves, Touraine et Bretagne, 1848, p. 264); un bon gros baiser bien sonore (Renard, Journal, 1905, p. 965); un sacré bon petit ménage du bon Dieu (Claudel, Partage de midi, 1reversion, 1906, p. 1139); une pauvre vieille bonne femme de grand-mère (Péguy, Le Mystère de la Charité de Jeanne d'Arc, 1910, p. 29); la bonne grasse sentimentale héroïque dame (G. Leroux, Rouletabille chez le tsar, 1912, p. 24); les bons petits rhumatismes des familles (Proust, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 969); chère bonne grosse amie, blonde et bleue (Claudel, Poésies diverses, 1952, p. 862).
2. [Bon, bonne exprime une valorisation intensive ou affective]
a) [En parlant d'une chose envisagée du point de vue de sa plénitude, de son accomplissement] (Quasi-) synon. grand, large (ment).Un bon morceau, une bonne part :
30. Elle frotte ses flancs creux contre le flanc d'Arsule. Un bon moment. Un long moment; ... Giono, Regain,1930, p. 146.
31. ... personne, dans ce pays, n'a le souci ni même la conception de l'heure. Celle d'un rendez vous n'a rien de précis dans la mentalité andalouse. Il est tout à fait inutile d'arriver au moment fixé; et même quand on tient compte d'un retard probable et qu'on se présente une demi-heure après, on est à peu près sûr de ne trouver personne et « d'espérer » encore un bon bout de temps. T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 118.
SYNT. Bon bout (de chemin, etc.), nombre, quart d'heure; bonne demi-heure, fois (pour toutes), moitié, partie; bonnes minutes. Syntagmes (plus ou moins figés). (Avoir, donner) bon espoir, (de) bon matin, (aller, être en, marcher) bon train; (à) bonne distance, (à la, de) bonne heure.
Rem. S'emploie aussi except. à propos d'animés envisagés dans un ordre de succession. Bon(ne) premier(ière) : arriver bon premier avec un geste de triomphe (A. Daudet, La Petite paroisse, 1895, p. 241), et iron. bon(ne) dernier(ière).
b) [En parlant d'une pers., de son comportement, etc.] Qui est porté à aider les autres, en mettant spontanément en œuvre les moyens matériels ou d'assistance morale susceptibles de favoriser leur épanouissement ou leur bonheur; qui manifeste cette disposition. Bon envers, pour :
32. Si l'on pouvoit parler sur les idées, on laisseroit en paix les personnes; si l'on se croyoit assuré de l'emporter sur les autres par ses talents naturels, on ne chercheroit pas à niveler le parterre sur lequel on veut dominer. Il y a des médiocrités d'âme déguisées en esprit piquant et malicieux, mais la vraie supériorité est rayonnante de bons sentiments comme de hautes pensées. L'habitude des occupations intellectuelles inspire une bienveillance éclairée pour les hommes et pour les choses; ... Mmede Staël, De l'Allemagne,t. 4, 1810, p. 400.
33. ... elle me chérit comme son père; je suis pour elle un tuteur généreux, un ami compatissant. Elle est d'autant plus attachée à moi, que jusque-là elle n'avait rencontré que des êtres égoïstes et féroces. Elle est bonne, sensible, bienveillante, sans folie, que pourrais-je demander de plus? P. Borel, Champavert,M. de l'Argentière, l'accusateur, 1833, p. 17.
34. Le cœur inoccupé fermente en amertume, Le cœur plein devient bon, indulgent, généreux, Près des êtres hargneux qui de mordre ont coutume Dis-toi : s'ils sont mauvais c'est qu'ils sont malheureux. Amiel, Journal intime,1866, p. 404.
35. ... on s'indignerait d'être un homme, si l'on ne savait pas que l'intérêt de quelques monstres, heureusement bien rares et qui diminuent tous les jours, amène seul ces désastres, et que la grande masse, avec un peu d'instruction, est bonne, charitable, prête à se secourir plutôt qu'à se déchirer. Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 2, 1870, p. 206.
36. ... elle lui faisait ses recommandations dernières auxquelles il répondait tout bas par de petits oui bien soumis, la tête penchée tendrement vers elle, la regardant avec ses bons yeux doux, son air de petit enfant. Loti, Pêcheur d'Islande,1886, p. 114.
37. Car aimer son prochain ce n'est pas seulement se donner tout à lui; servir, aider et secourir les autres. Il est possible que vous ne soyez ni bon, ni beau, ni noble au milieu des plus grands sacrifices, et la sœur de charité qui meurt au chevet d'un typhique a peut-être une âme rancunière, petite et misérable. Aimer son prochain dans les profondeurs stables, c'est aimer ce qu'il y a d'éternel dans les autres, car le prochain par excellence c'est ce qui se rapproche le plus de Dieu, c'est-à-dire de ce qu'il y a de pur et de bon dans les hommes; ... Maeterlinck, Le Trésor des humbles,1896, p. 244.
SYNT. Bon prince, seigneur, vieillard, vieux; homme bon; bonne dame, lettre, pensée; femme bonne. Syntagmes (plus ou moins figés). Bon ange, (faire le) bon apôtre, (avoir, de, faire contre mauvaise fortune) bon cœur, bon génie, (avoir, de) bon naturel, bon pasteur; bonne fée, (annoncer la) bonne nouvelle, (faire) bonne œuvre, (porter la, répandre la) bonne parole, bonne vierge. − PARAD. a) (Quasi-)synon. bienfaisant, clément, débonnaire, humain, secourable. b) (Quasi-)anton. inhumain, malfaisant, pervers.
Rem. Pour une raison d'euphonie, bon, bonne précède souvent le subst. qu'il qualifie. Mais dans certains cas, sa position est étroitement liée à son sens. En antéposition, il se rattache au sens I A 1 (un bon médecin = un médecin apte à remplir sa fonction); en postposition, il se rattache au sens I A 2 (un médecin bon = un médecin qui est porté à aider les autres...). D'où la différence sém. entre un bon homme et un homme bon, une bonne femme et une femme bonne, etc. D'où aussi la possibilité pour l'adj. d'être associé, dans l'accept. I A 1 à des subst. sémantiquement opposés à l'accept. I A 2 : un bon homme féroce (G. Sand, Lélia, 1833, p. 144); les bonnes crapules (...) un joli type de Judas (E. et J. de Goncourt, Journal, 1890, p. 1216); quelques bons électrochocs (S. de Beauvoir, Les Mandarins, 1954, p. 272) :
38. M. Godeau, en saluant la Croix du carrefour, pensait qu'il en est ainsi des voleurs, qu'ils ne se traitent pas de « voleurs » comme les honnêtes gens, que ce ne serait pas un outrage pour eux, bien au contraire; que le bien et le mal pour eux s'organisent par rapport à leur état de voleurs; que toutes les vertus qui les font être de mauvais voleurs sont pour eux des vices et que tous les vices qui les font être de bons voleurs sont des vertus éminentes. Jouhandeau, M. Godeau intime,1926, p. 99.
Spéc. [En parlant de Dieu, considéré comme l'Être suprêmement bon] :
39. Oui, reprit brusquement la seconde femme, Dieu est bon, mais il n'est pas bête! et la discussion fut close. Pendant plusieurs minutes après cette repartie j'ai observé la physionomie de celle qui l'avait eue, espérant reconnaître si elle sentait toute la force du mot qu'elle venait de lâcher. Mais ce fut en vain : son expression n'indiquait ni le contentement de l'amour-propre, ni la malice, ni rien de réfléchi. Je crois que cette femme a été conduite machinalement à faire cette phrase par l'antithèse banale des deux mots bon et bête que l'on oppose fort souvent l'un à l'autre dans notre langue. Delécluze, Journal,1826, p. 357.
40. Moi. − Comment savez-vous que Dieu est bon? Lui. − Parce que nous aimons ce qui est bon, et que, si Dieu n'était pas bon, nous ne pourrions pas nous empêcher de le haïr. (...), qu'est-ce que serait une création où la créature ne pourrait pas s'empêcher de haïr son créateur? Ce serait un contresens. La créature aimerait par nature le bon, et le créateur qui l'aurait faite pour remonter à lui et pour l'aimer serait le mal! Vous voyez bien que c'est le monde renversé et les idées brouillées dans la tête. On ne s'y arrête seulement pas, excepté un moment quand on souffre trop, qu'on perd la justice et l'espérance en lui. (...). (...), celui qui est immense en tout n'est-il pas la justice et la bonté immenses par nature? et puisqu'il a mis en nous, qui sortons de lui et qui ne sommes que ses lointaines et obscures images, la justice et la bonté comme des choses que nous aimons malgré nous, n'est-ce pas la preuve qu'il les possède lui-même sans mesure? N'est-ce pas une nécessité qu'il soit infiniment bon, puisqu'il veut être infiniment aimé de tout ce qui sort de ses mains? Voilà du moins comme je me dis quelquefois, quand la vie est dure et que je m'attriste. Lamartine, Le Tailleur de pierre de Saint-Point,1851, p. 427.
Fam. Bon Dieu ou Bondieu :
41. Une de mes amies demandait une fois des prières pour son chien malade; je me moquai d'elle et trouvai sa dévotion mal placée. Aujourd'hui j'en ferais comme elle, (...); ma conscience ne s'offusque pas d'intéresser le bon Dieu à la conservation d'une bête. Y a-t-il rien d'indigne dans ses créatures, et ne peut-on pas lui demander la vie de celles que nous aimons? Je suis portée à le croire et qu'on peut, excepté le mal, tout demander à Dieu, au bon Dieu. Ce nom familier, ce nom populaire de la divinité m'inspire toute sorte de confiance. Il y a loin de là à l'être suprême, ... E. de Guérin, Journal,1838, p. 219.
42. Que voulez-vous, sœur Blanche, chacun se fait de Dieu l'image qu'il peut, (...), il me semble parfois qu'il est moins triste de ne pas croire en Dieu du tout que de croire en un Dieu mécanicien, géomètre et physicien. Les astronomes ont beau faire. Je crois que la création ressemble à une mécanique comme un vrai canard ressemble de loin au canard de Vaucanson. Mais le monde n'est pas une mécanique non plus que le bon Dieu un mécanicien, ni d'ailleurs un maître d'école avec sa férule, ou un juge avec sa balance. Sinon, nous devrions croire qu'au jour du Jugement, le Seigneur prendra conseil de ce qu'on appelle les gens sérieux, pondérés, calculateurs. C'est une idée folle, sœur Blanche! Vous savez bien que cette sorte de gens ont toujours tenu les saints pour des fous, et les saints sont les vrais amis et conseillers de Dieu... Bernanos, Dialogues des Carmélites,1948, 3etabl., 1, p. 1612.
P. méton. Objet qui représente Dieu. ... un petit Christ de plomb (...) un petit bon Dieu (Michelet, Mémorial,1822, p. 186);... fabricants de bondieux (Claudel, Poèmes de guerre,1916, p. 554).
P. iron., péj.
Être bon, bien bon, trop bon :
43. Je suis trop bon aussi; de quoi diable vais-je me mêler? Est-ce qu'il est possible que ces gens-là me comprennent? Je ne leur en veux pas; je dois même chercher à leur faire du bien malgré eux. Ils m'en sauront gré tôt ou tard. Leclercq, L'Esprit de désordre ou Il ne faut pas enfermer le loup,1835, 3, p. 252.
Être bon comme du pain/comme du bon pain :
44. ... il [M. Fourchambault] n'est pas exigeant. Il est si bon (...) bon comme du pain! sa destinée est d'être mangé... E. Augier, Les Fourchambault,1878, p. 60.
Arg. Être bon. Être attrapé, berné. N'être pas bon. N'être pas dupe.
Rem. gramm. 1. Bon, bonne a pour compar. de supériorité meilleur, eure. Le tour plus bon, bonne est incorrect :
45. − Il est bien plus bon quand on le [le thé] boit en société, dit le vieux, avec un accent du tonnerre de Dieu et la grammaire particulière aux Russes. E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 186.
Rem. 2. Lorsque l'expr. dans laquelle il entre est entièrement figée, le compar. n'est pas possible, cf. faire le bon apôtre, (elle est) son bon ange, faire une bonne œuvre, etc.
Rem. 3. Pour bonne-maman, bon-papa, voir ces mots.
B.− Emplois exclamatifs ou interjectifs
1. Syntagmes exclamatifs (bon, bonne s'accorde) :
a) [Dans une formule d'appellation]
Mon/ma..., le/la bon(ne) + nom propre :
46. − Ainsi, mon bon, mon cher Jolibois, vous voudrez bien attendre encore quelques semaines. Peut-être la fortune, acharnée après moi, se lassera-t-elle enfin de me poursuivre. Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 21.
47. Amyot est un des noms les plus célèbres de notre vieille littérature; on dit le bon Amyot, sans trop savoir, comme le bon Henri IV, comme le bon La Fontaine. Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 4, 1851-62, p. 451.
Mon/ma bon(ne) ami(e) ou p. ell. du subst. (et iron. parfois) mon bon, ma bonne, mes bons :
48. Quant à la pratique de la religion, lorsque sa femme lui reprochait d'être inconséquent dans son abstention comparée à ses paroles, (...) il répondait avec une entière bonne foi, (...) − Que veux-tu, ma bonne, ce diable de commerce!... Verlaine, Louise Leclerq,Pierre Duchâtelet, 1886, p. 103.
49. ... comme les grosses dots qu'ils convoitaient n'étaient qu'au nombre de quatre ou cinq, plusieurs dressaient sourdement leurs batteries pour la même fiancée. Et le secret était si bien gardé que, quand l'un d'eux venant au café disait : « Mes excellents bons, je vous aime trop pour ne pas vous annoncer mes fiançailles avec Mlled'Ambresac », plusieurs exclamations retentissaient, nombre d'entre eux, croyant déjà la chose faite pour eux-mêmes avec elle, ... Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 404.
Pop. Mon bon monsieur, ma bonne dame :
50. − Ah! ma bonne dame, qu'il y a donc longtemps que je n'ai eu le bonheur de vous voir! C'était la mère Fétu. Elle mendiait à la porte de l'église. Barrant le passage à Hélène, comme si elle l'avait guettée, elle continua : − Ah! j'ai été bien malade, toujours là, dans le ventre, vous savez... Maintenant c'est quasiment des coups de marteau... et rien de rien, ma bonne dame... Je n'ai pas osé vous faire dire ça... Que le bon Dieu vous le rende! Zola, Une Page d'amour,1878, p. 920.
b) [Dans une formule de lettre, de souhait, etc.] Souhaiter le bon soir, le bon jour (vx), bonne chance :
51. Comme l'âne allait tourner l'angle d'un trottoir, un beau monsieur ganté, verni, cruellement cravaté et emprisonné dans des habits tout neufs, s'inclina cérémonieusement devant l'humble bête, et lui dit, en ôtant son chapeau : « Je vous la souhaite bonne et heureuse! » puis se retourna vers je ne sais quels camarades avec un air de fatuité, comme pour les prier d'ajouter leur approbation à son contentement. L'âne ne vit pas ce beau plaisant, et continua de courir avec zèle où l'appelait son devoir. Baudelaire, Petits poèmes en prose,Un Plaisant, 1867, p. 20.
52. Maintenant la guerre est finie Et le vieux général est mort Est mort dans son lit Mort de sa belle mort Mais moi je suis vivant et c'est le principal Bonsoir Bonne nuit Bon appétit mon général. Prévert, Paroles,1946, p. 25.
SYNT. (figés). Bon courage, souvenir; bons baisers; bonne année, journée, route, santé, soirée.
c) [Dans des expr. fam. ou des jurons] Bon débarras! bonne mère! :
53. − Ah! bah! bah! bah! Vous savez bien que pour vingt mille de plus vous feriez la bonne affaire. − Faudrait que je trouve crédit jusqu'en novembre prochain, jusqu'à la vente de mes bêtes. − Vous en avez pas besoin! Bon diou de bon diou! Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 204.
54. ... il la sentait autour de lui. Il s'endormait avec elle. Il en rêvait dormant comme éveillé. Bon sang de bon sort, est-ce qu'il se sentait déjà vieillir, qu'il éprouvait comme ça cet échec? Au fait quel échec? Il ne lui avait rien demandé, à cette fille. Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 282.
SYNT. (figés). Bon dieu ou bondieu (bon dieu de bondieu, bondieu de bois, sacré bon dieu, cré bon dieu; bon dious) ou dieu bon, bon sang, (bon sang de sort, bon sang de bonsoir).
Rem. Sur l'emploi du compar. cf. supra rem. gramm.
2. Emplois interjectifs (bon est invar.)
a) Bon! (marque l'approbation, le mécontentement, la fin d'une discussion, etc.), ah bon! (marque l'étonnement, l'incrédulité, l'ironie, etc.), c'est bon! (marque la satisfaction, l'agacement, etc.) :
55. − Ça va, c'est bon, intervint la mère, sentant que la dispute tournait à l'aigre, ... Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 214.
56. Je lui ai retracé ce que déjà je lui avais raconté : Raymond, la plage, le bain, la querelle, encore la plage, la petite source, le soleil et les cinq coups de revolver. À chaque phrase il disait : « Bien, bien. » Quand je suis arrivé au corps étendu, il a approuvé en disant : « Bon. » Camus, L'Étranger,1942, p. 1172.
Rem. 1. Bon! a pour équivalent synon., dans la lang. pop., bono! (cf. Courteline, Le Train de 8 h 47, 1888, p. 47). 2. Bon s'emploie aussi par écrit comme marque d'approbation à un travail satisfaisant :
57. Quand la somme ainsi offerte par eux est suffisante, le contrôleur général écrit en marge de l'état de répartition : bon, témoigner satisfaction; mais quand elle est considérable, il écrit : bon, témoigner satisfaction et sensibilité. Tocqueville, L'Ancien Régime et la Révolution,1856, p. 136.
b) À quoi bon (exprime le découragement) :
58. Ces rangées de vieilles reliures me paraissent agréables à voir, mais en déplaçant tous ces bouquins et en les replaçant sur d'autres rayons, j'ai entendu résonner à cette oreille intérieure que nous avons tous l'éternel : « À quoi bon? » qui a assombri une partie de ma jeunesse. À quoi bon puisque rien ne dure? À quoi bon puisqu'on va mourir? C'est cette question posée sans cesse qui parfois nous oriente vers l'absolu; et peut-être nous vient-elle de Dieu. Green, Journal,1947, p. 129.
Rem. S'emploie en tournure substantive une crise d'indifférence, un sentiment de l'à quoi bon (Zola, Correspondance, 1902, p. 708).
II.− Emplois adv.
A.− Loc. adv.
Pour de bon. Vraiment. ... moitié en badinant et moitié pour de bon (Verlaine, Souvenirs et fantaisies,1896, p. 274).
Rem. 1. Fam. selon Colin 1971. 2. Except. utilisé comme équivalent d'un subst. ... une vraie, (...) une pour de bon (Queneau, Pierrot mon ami, 1942, p. 25).
Tout de bon même sens, avec une nuance d'iron. parfois; cf. Larbaud, A. O. Barnabooth, 1913, p. 295).
B.− Loc. verbales (gén. à la tournure impersonnelle, avec une valeur adv.) :
59. Le meilleur est de s'accoutumer à procéder méthodiquement et à s'attacher à un train de pensées dont la raison et non le hasard, c'est-à-dire les impressions insensibles et casuelles, fassent la liaison? Pour cela il est bon de s'accoutumer à se recueillir de temps en temps et à s'élever au-dessus du tumulte présent des impressions sensibles : à sortir pour ainsi dire de la place où l'on est, à se demander : Dic cur hoc, respice finem, etc. À défaut d'un officier chargé de nous avertir comme celui de Philippe, il est bon que nous soyons stylés à nous rendre cet office nous-mêmes... etc... Maine de Biran, Journal,1816, p. 143.
60. Tel qui souffre mais tient bon, soudain défaille si on se met à le plaindre. Montherlant, Les Olympiques,1924, p. 317.
61. Elles font le lit, rangent sur les planches et dans les tiroirs de l'armoire le linge de la fiancée, marqué à son chiffre, qui sent bon et sain la lavande, un parfum du jardin. Pesquidoux, Le Livre de raison,1925, p. 29.
62. Respirer une fleur, c'est bon! Mais combien meilleur de respirer la vie, et cela par les narines, qui nous empêche de mourir! Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 194.
SYNT. a) Faire bon (chaud), etc.; b) Si bon me semble; c) Loc. verbales + de et inf. ou que et subj. croire bon... juger bon...; il est, paraît, semble bon...
III.− Emploi subst., bon, bonne.
A.− Masc. sing. invar. avec une valeur de neutre
1. [En constr. partitive]
a) [Après pron. neutre] de bon (quelque chose de bon, rien de bon, tout ce qu'il y a de bon, etc.) :
63. Ce conseil des évêques, assemblé par l'artificieux roi de Jérusalem, me trouble, je l'avoue; et rien de bon, de favorable, ne me paroît devoir être le fruit des propositions de Lusignan; ... MmeCottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 122.
64. Je ne t'avais vendu que mon corps sur le lit, maintenant je te donne tout ce que j'ai de bon, tout ce que j'ai de pur, de sincère et de passionné, toute mon âme qui est vierge, Démétrios, songes-y! Louÿs, Aphrodite,1896, p. 199.
b) [Après un verbe comme avoir, être...] du bon (avoir du bon, etc.) :
65. ... parmi nous, de même que parmi eux, il y a du bon et du mauvais : vois les arbres des forêts, sont-ils tous également élevés? Non; les tiges du maïs également fortes et grenues? Non : il en est de même parmi les hommes : ... Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie,t. 1, 1801, p. 106.
66. Et je me dis parfois qu'un mauvais mariage a du bon. Il laisse la vie ouverte; tout reste possible et l'on peut tout espérer. A. France, Au Petit bonheur,1898, p. 66.
P. méton., fam. Marchandise de bonne qualité :
67. C'est aujourd'hui les fiançailles; je n'ai garde d'y manquer. C'est moi qui ai fait le trousseau; il faut voir cela : tout par douzaine, du bon, du beau; le papa n'a rien épargné. Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 5, 1814, p. 74.
IMPRIM. Synon. avantage, bénéfice(cf. E. Chautard, Gloss. typogr., 1937, p. 56).S'emploie aussi précédé de l'article défini et absolument.... se partager le bon (...), les amendes (C. Moisand, Physiol. de l'imprimeur,1842, p. 74).Semble s'utiliser aussi dans la lang. pop., arg. : y a du bon (Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, p. 66).
c) Le bon de (qqc.). Ce qu'il y a d'intéressant, d'utile, etc. dans quelque chose :
68. Je voudrais qu'on ne montrât aux petits que le doux et le bon de la vie, jusqu'au moment où la raison peut les aider à accepter ou à combattre le mauvais. G. Sand, Correspondance,t. 5, 1812-76, p. 308.
69. ... tu né mé refuseras pas ça dé passer cette dernière journée avec moi, au bon de l'air, au bon soleil dé notre Provence. J. Lorrain, Sensations et souvenirs,1895, p. 54.
2. Absol. Le bon. Ce qui est bon, système de valeurs morales propre à une société donnée ou ensemble de valeurs morales généralement considérées comme positives, favorables au développement harmonieux de l'homme :
70. Lorsqu'on examine les motifs dont l'impression efficace tire l'homme du repos ou de l'incertitude, on s'assure qu'il n'en existe que deux : le motif du devoir et celui de la passion. Ou bien l'homme se décide par une vue du vrai, du bon, du convenable, ou bien il se décide par l'entraînement d'une satisfaction personnelle indépendante de toute idée d'ordre. La question seulement est de savoir qui le décidera de l'un ou de l'autre motif. Lacordaire, Conf. de Notre-Dame,1848, p. 191.
71. Si le cœur est pur; s'il aime le beau, le bien, le bon, le grand, la vie, le divin, cet amour lui donne des yeux illuminés pour voir et savoir ce que c'est que le ciel... Dupanloup, Journal intime,1869, p. 313.
Spéc. Dieu, principe de tout ce qui est bon :
72. Platon croyait-il que le monde était l'œuvre du hasard, et que le monde était gouverné par le hasard! Ne croyait-il pas, au contraire, à un ordre nécessaire et en même temps divin? Ses arguments en faveur de l'immortalité ne sont-ils pas pris dans une conception générale de ce genre? Il part de l'être et de la nécessité de l'être, sans doute; mais l'être, pour lui, c'est, avant tout, Dieu, c'est-à-dire le beau, le bon, le sage par excellence, l'être un et infiniment intelligent, infiniment bon, infiniment puissant. P. Leroux, De l'Humanité,t. 2, 1840, p. 385.
B.− Subst. variable
1. Subst. masc., IMPRIM. (Donner, mettre son) bon à tirer. Donner son accord définitif pour l'impression d'une épreuve en inscrivant sur elle la mention [cela est] bon à tirer :
73. L'épreuve corrigée est remise au compositeur qui exécute les corrections sur plomb. Il en tire ensuite une deuxième épreuve qui sera envoyée à l'auteur. Après l'avoir lue et annotée, celui-ci y inscrit la mention « Bon à tirer » à moins qu'il ne désire en recevoir une autre si la première épreuve était trop chargée de corrections. Le texte imprimé du livre devra être strictement conforme à ce bon à tirer. La Civilisation écrite,1939, p. 1014.
P. méton. Bon à tirer. Épreuve prête pour l'impression définitive :
74. Épreuves. − Premier tirage d'un texte avant l'impression définitive. La dernière épreuve est dite bon à tirer ou épreuve d'auteur. G. et H. Coston, L'A. B. C. du journ.,1952, p. 194.
2. Subst. masc. ou fém., gén. au plur.
a) Personne bonne, correspondant à un certain code de valeurs morales :
75. La vieille littérature hébraïque n'offre guère d'autre catégorie d'hommes que le bon et le méchant; et dans la littérature indienne, c'est à peine si cette catégorie existe. Tous sont présentés comme à peu près également bons. Nos types si délicats ne se dessinent que bien plus tard. Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 407.
b) Chose bonne, valable :
76. ... si l'on ne considère dans les gouvernements que les principes sur lesquels ils sont fondés, sans s'embarrasser s'ils y conforment ou non leur conduite, il faudrait pour ranger un gouvernement dans la classe des bons ou des mauvais, prononcer sur le mérite et la justesse des principes, et décider quels sont ceux qui sont vrais ou faux. Destutt de Tracy, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu,1807, p. 11.
3. Subst. fém., p. ell., fam. ou arg.
En avoir/dire (etc.) de bonnes/de bien bonnes (pour : de bonnes histoires) :
77. Oh! J'en ai fait, j'en ai fait des farces, dans mon existence. Et on m'en a fait aussi, morbleu! et de bien bonnes. Oui, j'en ai fait, de désopilantes et de terribles. Une de mes victimes est morte des suites. Ce ne fut une perte pour personne. Je dirai cela un jour; mais j'aurai grand mal à le faire avec retenue, car ma farce n'était pas convenable, mais pas du tout, pas du tout. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, La Farce, 1883, p. 1278.
78. − Vous ne direz pas cela, Justin? demanda Renée, qui était devenue pâle. Irrité, Justin se tourna vers elle : − Plaît-il? − Je dis que vous ne pouvez ainsi abandonner Gilbert. − Vous en avez de bonnes! − Je vous en prie, mon père, laissez-moi parler. − Est-ce moi qui l'abandonne, ou lui qui nous rejette? Renée, vous parlez comme une enfant. Arland, L'Ordre,1929, p. 270.
Avoir à la bonne. Avoir de la sympathie pour :
79. Je l'aime bien Slick, je l'ai à la bonne, parce qu'il est fort et qu'il ne pense pas. Sartre, Les Mains sales,1948, 4e tabl., 6, p. 166.
Être en bonne (J. de La Varende, Cadoudal, 1952, p. 197) Être de bonne humeur. Être dans ses bonnes (Balzac, Un Prince de la Bohême, 1840, p. 370). Être de bonne humeur.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [bɔ ̃], fém. [bɔn]. Fouché Prononc. 1959, p. 436 signale qu'en cas de liaison la voyelle nasale devient orale dans l'adj. bon ex. : ,,un bon élève [bɔnelε:v], un bon ami [bɔnami], etc.``; cf. le composé bonhomme [bɔnɔm] et son dér. bonhomie [bɔnɔmi]. Cf. aussi Gramm. Prononc. 1958, p. 134 et Kamm. 1964, p. 236 (cf. encore Fél. 1851 et Littré). Enq. : /bõ, bon/. 2. Homon. et homogr. bon2, bond. 3. Forme graph. Nouv. Lar. ill. et Lar. encyclop. mentionnent la forme bono, pop., pour bon, bien, empruntée au sabir d'Afrique.
ÉTYMOL. ET HIST. I.− Adj. 1. notion de convenance a) 881 « (d'une pers.) qui a les qualités convenables à sa nature » (Eulalie, 1 dans A. Henry, Chrestomathie de la litt. en a. fr., Berne, 1953 : Buona pulcella fuit Eulalia); b) xies. « (id.) qui remplit bien ses obligations » (Alexis, éd. G. Paris, Paris, 1933, p. 340); c) xies. « (d'une chose) qui est de bonne qualité, qui mérite l'estime » (Ibid., p. 611); cf. ca 1100 bons escuz (Roland, éd. Bédier, Paris, 1937, 1262) d'où 1130-60 bon à + inf. (Couronnement Louis, 2073 dans T.-L.); av. 1250 bon pour + inf. (G. le Clerc, Joies N.D., B.N. 19525, fo91 vodans Gdf. Compl.); 1259 boenne foi (A.N. JJ 34, fo30 rodans Gdf. Compl.); 1270 buon sens (A.N. K 33, pièce 19, ibid.); 1282 boien gré (Champ., A. S.-et-O., ibid.); ca 1300 bone volonté (Ronc., p. 198 dans Littré); d) 1172-75 « (d'une chose) agréable » (Chr. de Troyes, Chevalier Charrette, Vat. Chr. 1725, fo21c, ibid.); e) fin xiies.-début xiiies. « qui correspond aux enseignements de la morale » (Guiot de Provins, Bible, 25, ibid.); 2. notion de bonté a) 2emoitié xes. « (d'une pers.) qui fait le bien » (St Léger, 39-40 dans A. Henry, op. cit., p. 10); d'où av. 1544 qualifie un brave homme (Cl. Marot, Complainctes, p. 515 dans Gdf. Compl.); b) xies. « (d'une chose) qui est inspiré par la bonté » (Ep. de S. Est., 1d, ibid. : Par benne entencium); 3. p. ext. notion d'intensité a) ca 1195 « qui atteint largement la mesure exprimée » (Ambroise, Guerre sainte, 7207 dans T.-L.); b) av. 1664 « violent, fort » (D'Ablancourt dans Rich. 1680 : Un bon coup de poing); c) xives. « définitif » une bonne foiz (St Grégoire, octosyllabes, ms. Evreux fr. 8, éd. A. de Montaiglon dans Romania, t. 8, p. 530). II.− Subst. 1. 1130-60 « ce qui fait plaisir, ce que l'on désire » (Couronnement Louis, 1316 dans T.-L.), surtout dans le syntagme fere (+ datif) ses buens, ses bons (Erec et Enide, 523, ibid.); 1576 « ce qui est bon, la bonne partie » (J. A. de Baïf, Mimes, l. 1, fo20 vodans Gdf. Compl.); av. 1695 avoir du bon (La Font., Berc. dans Littré); 2. ca 1225 « personne qui est bonne » (Moniot d'Arras (?) dans Les Chansons Chartelain de Couci, éd. A. Leroud, XXI, 30). III.− Adverbe ca 1165-70 bon « de bonne manière » (B. de Ste-Maure, Troie, 12937 dans T.-L.); 1539 sentir bon (Est.); 1601 tenir bon (Charron, Sag., liv. 3, ch. 14, p. 662 dans Gdf. Compl.); 1852 bono « bien, bon » arg. soldats d'Afrique (d'apr. Esn.); 1863 (A. Camus, Les Bohèmes du chapeau, I, p. 221 dans Sain. Lang. par., p. 161). I du lat. class. bonus. II emploi substantivé de I. III emploi adv. de I; bono d'apr. l'ital. buono.

BON2, subst. masc.

A.− Pièce écrite autorisant à faire quelque chose. Bon de commande, de livraison :
1. Pour faire une blague, pour faire rigoler, pour poser au malin, pour rien, il leur avait donné ce papier. Ils avaient dû en rire longtemps tous les quatre, se taper sur la cuisse. C'était la mode, d'ailleurs, chez les Allemands, de mettre de ces inscriptions-là sur les bons de réquisition ou de logement. Mais peut-être que le lendemain, dessoûlé, Albrecht s'était rappelé et avait éprouvé quelque chose comme un remords. « Bon pour dormir une nuit avec madame... » « Albrecht ». Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 124.
B.− Pièce écrite autorisant à toucher quelque chose (somme d'argent ou objet en nature). Bon à vue; bon du Trésor :
2. ... lorsque vous êtes entré, j'étais en train de faire cinq petits bons; j'en avais déjà signé deux; voulez-vous me permettre de faire les trois autres? − Faites, mon cher baron, faites. Il y eut un instant de silence, pendant lequel on entendit crier la plume du banquier, tandis que Monte-Cristo regardait les moulures dorées du plafond. − Des bons d'Espagne, dit Monte-Cristo, des bons d'Haïti, des bons de Naples? − Non, dit Danglars en riant de son rire suffisant, des bons au porteur, des bons sur la banque de France. Tenez, ajouta-t-il, monsieur le comte, vous qui êtes l'empereur de la finance, comme j'en suis le roi, avez-vous vu beaucoup de chiffons de papier de cette grandeur-là valoir chacun un million? Monte-Cristo prit dans sa main, comme pour les peser, les cinq chiffons de papier que lui présentait orgueilleusement Danglars, et lut : « Plaise à M. le régent de la banque de faire payer à mon ordre, et sur les fonds déposés par moi, la somme d'un million, valeur en compte. « Baron Danglars ». A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 596.
3. Je reconnais avoir reçu de madame Veuve Tresse et Stock la somme de quatre cents francs (dont cent cinquante il y a quelques jours) pour laquelle somme je leur ai remis deux bons de paiement sur la caisse du Gil Blas (cent cinquante plus deux cent cinquante). Au cas où ces deux bons ne seraient pas payés par le Gil Blas, cette somme serait prélevée par eux soit sur les premiers droits à me revenir sur les futures éditions du tribulat Bonhomet, soit sur la prochaine affaire que nous ferons ensemble. Villiers de L'Isle-Adam, Correspondance,1887, p. 171.
4. Une troisième opération à court terme est l'avance sur titres. Un détenteur de titres d'actions, bons d'emprunts, etc., a besoin d'argent liquide mais ne veut pas vendre ses titres. Il demande alors qu'on lui fasse une avance sur ses titres calculée à (...) de la valeur des titres, tels qu'ils sont cotés à la bourse au moment de l'avance. Toutes les banques vendent également à leurs clients des « bons de caisse » de 6 mois ou un an, à intérêt réduit mais cependant intéressant pour ceux qui ne veulent pas prêter leurs capitaux à long terme. J.-A. Lesourd, C. Gérard, Hist. écon., XIXeet XXes.,t. 1, 1968, p. 64.
ÉTYMOL. ET HIST. − Av. 1755 fin « formule écrite autorisant à fournir ou à payer pour le compte de celui qui l'a signée » (St-Sim, VIII, 139 dans DG) Substantivation de bon1* étymol. I.
STAT. − Bon1 et 2. Fréq. abs. littér. : 44 024. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 58 758, b) 83 949; xxes. : a) 64 205, b) 53 493. Bon(-)dieu. Fréq. abs. littér. : 8.
BBG. − Bahners (K.). Zum bon sens bei Boileau. N. Spr. 1969, t. 68, pp. 350-353. − Bastin (J.). Nouv. glanures gramm. Riga, 1907, p. 30. − Burgess (G. S.). Contribution à l'ét. du vocab. pré-courtois. Genève, 1970, pp. 104-113. − Dub. Pol. 1962, pp. 69-70. − Duch. Beauté 1960, p. 156. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 276. − Gougenheim (G.). Variations autour du mot bon. Vie Lang. 1954, pp. 29-31; 305-306. − Guiraud (P.). Le Ch. morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, p. 100. − Heisig (K.). Warum heißt es nfz. bon und mal und nicht buen und mel? Rom. Forsch. 1964, t. 76, pp. 312-333. − Kuhn 1931, passim.Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. Rem. lexicogr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, pp. 361-362. − Rog. 1965, p. 28, 177.

Wiktionnaire

Adjectif - français

bon \bɔ̃\

  1. Qui a des qualités conformes à ce que l’on attendait.
    • C’est un bon outil que tu utilises.
    • Quelle bonne idée !
    • Ce meuble est de bon goût.
    • Il n’y a rien de bon dans ce livre.
    • Jean est un bon marcheur.
  2. Qui est avantageux ; favorable ; utile ; convenable.
    • Les cache-nez masculins et féminins sont d'un goût parfait au Comptoir des Indes, et, à cette époque de fin d’année, il est bon de signaler les dessins les plus séduisants et les plus nouveaux. — (« Revue des magasins », dans Le Moniteur de la mode: journal du grand monde, n° 50 du 14 décembre 1873, Paris : chez Adolphe Goubaud & fils, page 2)
    • Cela ne présage rien de bon.
    • Jouir d’une bonne réputation.
    • Vous arrivez au bon moment.
    • Être de bonne humeur.
  3. Agréable pour pratiquer une activité.
    • Alors l’eau était bonne ?
    • La neige était bonne ?
  4. Généreux, qui fait le bien.
    • Cet homme est très bon avec les autres.
    • Vous êtes trop bon.
  5. Conforme aux normes, à la raison, à la justice, à la morale, au devoir, à l’honnêteté.
    • C’est un bon père.
    • Faire un bon usage de sa fortune.
    • Les bonnes mœurs.
    • Être animé de bons sentiments.
    • Les hommes de bonne société se distinguent par leur éducation, leur politesse, leur bon ton.
  6. D’un goût agréable, gouteux.
    • As-tu jamais mangé quelque chose d’aussi bon ?
  7. D’une certaine intensité ; d'une certaine quantité.
    • Après lui avoir massé le cuir chevelu pendant une bonne minute, elle lui remit la tête sous le jet en s'attachant à ne pas crisper les doigts pendant qu'elle le rinçait. — (Tracy Wolff, Un bonheur inattendu, traduit de l'anglais (USA), Éditions Harlequin, 2013, chap. 15)
    • C’est un long vieillard, mince comme un baliveau, un peu courbé par une bonne septantaine d’ans. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Tout d’abord, dans une bonne partie de la région, la demande intérieure est devenue, beaucoup plus que les exportations, une source prépondérante de croissance. — (La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 1992, FAO, 1993, ISBN 9789252032267, p. 66)
    • La lentille de mon ordiphone braqué sur elle peine à suivre ses exploits lumineux. J’envoie un petit film à mon fils, avec une bonne dizaine d’emojis en prime. — (Christophe Ono-Dit-Biot, Croire au merveilleux, Éditions Gallimard, 2017)
  8. (Très familier) Attirant physiquement. Surtout au féminin.
    • Putain grave comme elle est bonne ! — (madmoizelle.com, « T’es bonne » : analyse du phénomène, 13 mai 2006)
    • Le raisonnement semble logique : « Si je mets une photo de moi avec une meuf bonne, toutes les meufs vont croire que je suis un bogosse irrésistible qui se tape uniquement des meufs bonnes, et vont vouloir me pécho par mimétisme ». — (Steeve Bourdieu, L’Art de la drague 2.0, Éditions Flammarion, 2015)
  9. (Absolument) Je te souhaite un bon … Note : Formule de politesse pour souhaiter quelque chose de bon à l’interlocuteur.
    • Bonne journée !
      — Merci, toi aussi.
    • Bon courage !
  10. (Québec) Être doué, talentueux.
    • J’ai trouvé que cette chanteuse était vraiment bonne.
  11. (Nouvelle-Calédonie) (Familier) Qui va bien.
    • Il est bon ou quoi ?

Adjectif - ancien français

bon \bõn\

  1. Bon.

Nom commun 1 - français

bon \bɔ̃\ masculin singulier

  1. Désigne ce qui est bon.
    • Le beau et le bon.
    • Il y a du bon et du mauvais dans ce projet.
    • Aller et venir ; prendre le bon de l’air, comme nous disons en Provence, d’un air léger et frais qui n’appartient qu’aux Flandres. — (Léon Daudet, Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux/Vingt-neuf mois d’exil, Grasset, réédition Le Livre de Poche, page 452)
  2. Formule qu’on met au bas de certains effets de commerce pour rappeler la somme mentionnée dans le corps de l’écrit.
    • Bon pour accord.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

BON, ONNE. adj.
(Voir pour le comparatif MEILLEUR.) Il se dit, tant au sens physique qu'au sens moral, de Ce qui a les qualités convenables à sa nature, à sa destination, à l'emploi qu'on en doit faire, au résultat qu'on en veut obtenir, etc. Une bonne terre. De bon blé. De bon pain. Cette viande a un très bon goût. Des marchandises de bonne qualité. Ce mur est encore très bon. Ce meuble est de bon goût. De bonne musique. Un bon livre. Il n'y a rien de bon dans cet ouvrage. Il se dit même des Choses nuisibles, mais qui sont propres à produire l'effet qu'on en attend. De bon arsenic. De bonne ciguë. Prov. et fig., À bon vin il ne faut point d'enseigne, ou plus ordinairement, À bon vin, point d'enseigne. Voyez ENSEIGNE. Fam., Faire bonne bouche. Voyez BOUCHE. Trouver tout bon, S'accommoder presque également de tout. On dit de même Tout lui est bon. Fam., Choisir une vie courte et bonne, se dit d'un Homme qui mène joyeuse vie, qui mange sa fortune et ruine sa santé. Fam., Avoir bon temps, se donner du bon temps, prendre du bon temps, Se divertir, se récréer. Fig. et fam., Avoir bon pied, bon œil, Être vigoureux, se porter bien. Il ne se dit guère que d'une Personne qui commence à n'être plus jeune. Cet homme est un peu âgé, mais il a bon pied, bon œil. Cette phrase signifie aussi Être vigilant, se tenir sur ses gardes. Il faut avoir bon pied, bon œil avec cet homme-là. On dit quelquefois par ellipse Bon pied, bon œil, Prenez garde à vous. Jouer bon jeu, bon argent, Jouer sérieusement et avec obligation de payer sur-le-champ. Fig. et fam., Y aller bon jeu, bon argent, Agir tout de bon, sérieusement, sans arrière-pensée. On le dit surtout de personnes qui se battent, qui plaident, qui disputent. J'ai cru d'abord qu'ils plaisantaient, mais ils y vont bon jeu, bon argent. Pour les expressions suivantes : Ce calcul est bon, ce compte est bon. Les bons comptes font les bons amis. C'est un homme de bon compte. Soyez de bon compte. Rendre bon compte de sa conduite. Son compte est bon. À bonnes enseignes, à bon escient. Être de bonne famille. Faire une bonne fin. Être de bonne foi. Cette nouvelle vient de bonne main. En bonnes mains. Avoir une bonne maison. Un bon mot. Savoir une chose de bonne part. Aller de bon pied dans une affaire. Une bonne plaisanterie. Avoir une bonne plume. Tenir une chose de bonne source. Un bon tour. Voyez CALCUL, COMPTE, ENSEIGNE, FAMILLE, FIN, FOI, MAIN, etc. Elliptiq. et fam., La bailler bonne à quelqu'un, Vouloir se jouer de lui, lui en faire accroire. La lui garder bonne, Conserver du ressentiment contre lui, avec dessein de se venger dans l'occasion. Elliptiq. et fam., Il m'en a dit de bonnes, Il m'a dit des choses singulières, extraordinaires, peu vraisemblables. Elliptiq., Bon cela, se dit pour approuver une chose, après en avoir désapprouvé une autre. C'est bon, ou elliptiquement Bon, se dit pour marquer approbation, satisfaction, ou pour mieux exprimer que l'on a compris, entendu. Vous lui avez remis ma lettre? c'est bon. Vous avez fait telle démarche? bon. Bon, j'entends. Bon, bon, cela suffit. On s'en sert quelquefois par antiphrase et pour se plaindre. Vous me refusez une chose si simple? c'est bon, je m'en souviendrai. Par exclamation, Bon! exprime l'étonnement, le doute, l'incrédulité, l'insouciance. Il est parti? bon! vous voulez rire. Vous dites qu'il est fâché contre moi? bon!

BON se dit particulièrement de Ce qui est conforme à la raison, à la justice, à la morale, au devoir, à l'honnêteté. Faire un bon usage de sa fortune. La bonne cause. Le bon droit. Une bonne action. De bonnes œuvres. Les bonnes mœurs. Avoir une bonne conduite. Cet enfant a de bonnes qualités. Être animé de bons sentiments. Il l'a fait à bonne intention. Le calme d'une bonne conscience. En récompense de ses bons et loyaux services. Y aller à la bonne foi, tout à la bonne foi, à la bonne franquette. Voyez FOI, FRANQUETTE.

BON se dit aussi des Personnes qui excellent en quelque chose, en quelque profession. Bon marcheur. Bon nageur. Bon danseur. Bon père. Bonne mère. Bon fils. Bon mari. Bon maître. Bon juge. Bon administrateur. Bon médecin. Bon écrivain. Bon peintre. Bon musicien. Bon acteur. Bon ouvrier. On l'applique, dans une acception analogue, à certains animaux et à certaines choses. Un bon cheval de trait. Un bon chien de chasse. Cette poule est une bonne couveuse. Bonne société, bonne compagnie, Société composée de personnes distinguées par leur éducation, leur politesse, leur bon ton. Il reçoit chez lui très bonne société. Voir la bonne société, la bonne compagnie. On dit dans un sens analogue Un homme de bonne société, de bonne compagnie. Une bonne caution, un bon garant, etc., Une caution sûre, un garant sûr, etc. On dit de même, dans le langage commercial, Ce négociant est bon, cette maison est bonne, Ce négociant, cette maison est en état de faire honneur à ses engagements. Fam., À bon entendeur, salut. Voyez ENTENDEUR. Prov. et fig., À bon chat, bon rat. Voyez CHAT. Par injure ou par plaisanterie, C'est un bon coquin, une bonne pièce, une bonne langue. On dit de même, par exclamation, La bonne pièce! la bonne langue, etc. Faire le bon apôtre. Voyez APÔTRE. Fig., C'est une bonne épée, une bonne lame, C'est un homme habile dans l'art de l'escrime, dans l'art d'écrire.

BON signifie aussi Qui est clément, miséricordieux, et c'est dans ce sens qu'on dit Dieu est bon. Dieu est tout bon, est souverainement bon. Aimer le bon Dieu. Prier le bon Dieu. S'il plaît au bon Dieu. Bon ange, Ange gardien. Se recommander à son bon ange. Fig., Vous serez mon bon ange, Vous me préserverez de malheur. Bon Dieu! se dit par exclamation pour marquer la surprise où l'on est de quelque chose. Bon Dieu! l'aurait-on jamais pu croire? Il signifie également, en parlant des personnes, Qui est humain, qui aime à faire du bien ou Qui est indulgent, affectueux, facile à vivre. Il n'est ni bon ni méchant. Un femme bonne et charitable. Elle n'est pas jolie, mais elle est bonne. C'est une bonne personne, une bonne fille, une bonne femme. Elle est belle et bonne, aimable et bonne. Il faut être bien bon pour souffrir, pour permettre cela. Vous êtes trop bon. Ce fut un prince pieux et bon. Il est bon pour tous. Ce sont de bonnes gens. On dit de même Avoir le cœur bon. Avoir un bon cœur. Avoir un bon caractère. Être d'un bon commerce. Être de bonne composition, etc. Bon homme se dit, par éloge, d'un Homme plein de droiture, de candeur, d'affection. C'est un homme de mérite et un très bon homme. C'est un si bon homme! Au pluriel, il est généralement remplacé par Bonnes gens, qui signifie des Personnes qui ont de la bonté, de la simplicité. Ces bonnes gens nous ont offert tout ce qu'ils avaient. Fig. et fam., Se montrer bon prince, Agir avec condescendance. Fam., C'est un bon compagnon, un bon vivant, un bon enfant, un bon garçon, un bon diable, C'est un homme de bonne humeur, de bon caractère et commode à vivre. Fig. et fam., Il est bon comme le bon pain, comme du bon pain, C'est un homme extrêmement bon et doux. On dit dans le même sens C'est une bonne pâte d'homme, c'est une bonne âme; et parfois C'est une bonne bête. Fam., Il est bien bon de croire cela, Il faut qu'il soit bien crédule pour croire cela. Que vous êtes bon d'ajouter foi à ses paroles, de penser qu'il veut vous servir! Ironiq., Il est bien bon, je le trouve bon de prétendre, de dire, de faire, etc., Il n'a nulle raison, il ne lui sied pas de prétendre, de dire, de faire, etc. Je vous trouve bon de venir me reprocher cette action, vous qui me l'avez conseillée. Mon bon ami, Ma bonne amie, ou simplement Mon bon, Ma bonne, Termes d'amitié ou de bienveillance qu'on emploie surtout entre égaux, ou de supérieur à inférieur. Bon ami et Bonne amie se disent familièrement pour Amant, maîtresse. Elle a un bon ami. Il va voir sa bonne amie.

BON, suivi des prépositions à, pour, signifie Qui est propre à. C'est un homme bon à tout, bon à employer, bon pour le conseil, bon à consulter. Je m'estime heureux de vous être bon à quelque chose. Conscrit bon pour le service. Un cheval bon pour la charrue. Une viande bonne à manger. Du vin bon à boire. Ce bois n'est bon qu'à brûler. À quoi cela est-il bon? Cela n'est bon à rien. Fig. et fam., N'être bon ni à rôtir ni à bouillir, N'être propre à rien. Il se dit des Choses et des Personnes. Fig. et fam., Si un autre avait dit, avait fait cela, il ne serait pas bon à jeter aux chiens, se dit pour faire entendre que ce qui a été bien reçu venant de quelqu'un aurait été très mal reçu venant d'un autre. Prov., Ce qui est bon à prendre est bon à rendre. Manière de s'excuser d'avoir pris une chose sur laquelle on croit avoir des droits, en disant que le pis aller sera de la rendre. On dit aussi Ce qui est bon à prendre est bon à garder. Prov., À quelque chose malheur est bon, Quelquefois une infortune nous procure des avantages que nous n'aurions pas eus sans elle. Par mépris, Cela est bon pour les petites gens, pour les sots, etc., Cela ne peut convenir, ne peut plaire qu'aux petites gens, qu'aux sots, etc. C'est bon à vous, à lui, etc., C'est à vous, à lui qu'il appartient, qu'il convient de faire, de dire cela. Je n'oserai jamais entreprendre cela : c'est bon à vous. Elliptiquement, Bon pour vous de vous divertir, mais pour moi, non! Par ellipse, en termes de Typographie, Bon à tirer, Ce que l'on écrit sur une épreuve pour permettre de tirer la feuille. On en fait très souvent une espèce de nom. L'auteur n'a pas encore donné son bon à tirer. Mettre le bon à tirer. En termes de Commerce, Bon pour telle somme, Formule qu'on met au bas de certains effets de commerce pour rappeler la somme mentionnée dans le corps de l'écrit. Bon pour cinq cents francs, pour mille francs. On écrit, dans un sens analogue, sur certains billets d'entrée, Bon pour une personne, pour deux personnes, etc. Il signifie encore Qui est avantageux, favorable, utile, convenable. Cela est de bon augure. Cela ne présage rien de bon. De bonnes nouvelles. Jouir d'une bonne réputation. Le temps est bon pour semer, pour planter. L'occasion est bonne. Vous arrivez au bon moment. Avoir bon vent. Prendre la bonne route. C'est un bon métier, un bon commerce. C'est une bonne affaire pour vous. J'ai eu ce livre à bon marché. Si j'agis ainsi, je vous prie de le trouver bon. Trouvez bon que je me retire. À quoi bon le lui dire? À quoi bon? Il s'applique, dans une acception analogue, à l'humeur, à la disposition d'esprit, aux manières d'une personne. Être en bonne humeur, de bonne humeur. Il faut profiter de ses bonnes dispositions, de ses bonnes intentions pour vous. J'ai bonne opinion de cet homme-là. Il l'a fait de bonne volonté, de bon gré, de son bon gré, de bon cœur. Il s'y est prêté de bonne grâce. Être dans les bonnes grâces, obtenir, posséder les bonnes grâces de quelqu'un. Faire bon visage à quelqu'un, lui faire bonne mine, bon accueil. Bon plaisir. Voyez PLAISIR. Prov. et fig., Faire bonne mine à mauvais jeu, Dissimuler adroitement et cacher le mécontentement qu'on éprouve ou le mauvais état où l'on est. Fig. et fam., Faire contre mauvaise fortune, contre fortune bon cœur, S'armer de constance dans le malheur. On dit dans un sens analogue Faire bonne contenance devant l'ennemi. Faire quelque chose de bonne grâce, avoir bonne grâce à le faire. Voyez GRÂCE. Interpréter, expliquer, prendre quelque chose en bonne part. Ce mot se prend en bonne part. Voyez PART. Sur Bonne aventure. Bonne fortune. Bonne feuille. Bonne année. Bon an, mal an. Voyez AVENTURE, FORTUNE, FEUILLE, ANNÉE, AN. La journée, la nuit de ce malade a été bonne, Il l'a bien passée. Donner, souhaiter le bon jour, le bon soir à quelqu'un, Le saluer en lui disant Bon jour ou Bon soir, en lui souhaitant une heureuse journée, etc. : dans ces phrases, Bon jour et Bon soir s'écrivent en un seul mot. On dit de même Souhaiter une bonne nuit, un bon voyage. Souhaiter la bonne année à quelqu'un, etc. Voyez NUIT, VOYAGE, ANNÉE, AN. Adverbialement, De bonne heure. De bon matin. Voyez HEURE, MATIN. Bon pied. Voyez PIED. Il signifie aussi Qui est grand, considérable dans son genre, et qui sert à donner plus de valeur et d'énergie aux noms avec lesquels il se joint. Il y a une bonne lieue d'ici là. Marcher d'un bon pas. Il gagne de bonnes journées. Il a fait de bons profits. Il a un fort bon revenu. Nous aurons une bonne récolte. Ayez bon espoir, bon courage. Donner un bon soufflet. Infliger une bonne correction. Avoir une bonne fièvre. Une bonne pluie, une bonne gelée, Une pluie abondante, une forte gelée, dont l'effet est favorable aux productions de la terre. Fam., Une bonne fois, Nettement, catégoriquement, de manière à n'y plus revenir. Au lieu de le bouder, dites-lui une bonne fois ce que vous avez contre lui. Fig., Tout cela est bel et bon. Voyez BEAU. Il se dit encore comme nom masculin de Ce qui est bon. Le beau et le bon. Le bon et l'honnête. Il signifie particulièrement Bonnes qualités, ce qu'il y a de bon dans la personne ou dans la chose dont il s'agit. C'est un homme qui a du bon et du mauvais. Un fils qui n'a pris de son père que le bon. Faire l'extrait d'un livre et en tirer tout le bon, en prendre tout le bon. Prov., Aux derniers les bons, Ce qui reste de quelque chose après que les autres ont choisi est souvent le meilleur. Il signifie aussi Ce qu'il y a d'avantageux, d'important, de principal en quelque chose. Le bon de l'affaire est que... Le bon de l'histoire, le bon du conte, Ce qu'il y a de plaisant dans un conte, dans une histoire. Le bon de l'histoire est qu'il ne s'aperçut de rien. Avoir du bon dans une affaire, dans un traité, Y trouver du gain, du profit. Il se dit encore comme nom, surtout au pluriel, des Gens de bien : on l'oppose souvent à Méchants. Récompenser les bons et punir les méchants.

BON s'emploie aussi adverbialement dans diverses phrases. Sentir bon, Avoir une odeur agréable. Tenir bon, Résister avec fermeté. Coûter bon, Coûter extrêmement cher. Il fait bon marcher, se promener, courir, etc., Le temps est favorable à la marche, à la promenade, etc. On dit quelquefois absolument Il fait bon, La température est douce, agréable. Il fait très bon aujourd'hui. Fig., Il fait bon dans cet endroit, On y est agréablement et à son aise. Il fait bon sous ce berceau pendant la chaleur du jour. Dans le sens contraire, Il n'y fait pas bon, On y est désagréablement, on y est exposé à quelque chose de fâcheux, à quelque danger. J'étais à cette bataille, il n'y faisait pas bon. Fam., Il ne fait pas bon avoir affaire à cet homme, Il y a des désagréments, des dangers à craindre pour ceux qui ont affaire à lui. On dit dans un sens analogue, Il ne fait pas bon s'y frotter. Prov., Il fait bon vivre, on apprend toujours, Les plus habiles, les plus expérimentés ont encore quelque chose à apprendre.

TOUT DE BON, loc. adv. Sérieusement. Jusqu'ici, il ne faisait que plaisanter, mais pour cette fois il a menacé tout de bon.

Littré (1872-1877)

BON (bon, bo-n'. L'n ne se lie pas quand bon n'est pas devant son substantif : il est bon et brave, dites : bon et brave ; mais l'n se lie quand bon est devant son substantif : un bon ami, dites : un bo-n ami ; au pluriel l's se lie : de bons amis, dites : de bon-z amis) adj.
  • 1Qui réunit les qualités de son espèce. Bonne monnaie. Une bonne terre, une terre fertile. Bonne vue. Avoir l'oreille bonne. Cet homme a une bonne constitution. Bon dîner. De bonnes troupes. Bonne mémoire. Bonne réputation. Bon discours. Bon naturel. Avoir une bonne prononciation. Un bon cheval. Un bon chien de chasse. Un bon voilier, en parlant d'un vaisseau. Une bonne armée. Les mânes indignés de tant de bons soldats Contre ma lâcheté ne murmureraient pas, Rotrou, Antig. I, 6. Avoir beaucoup de bons hommes et des terres bien cultivées, Fénelon, Tél. XVIII. Ce roi vit un troupeau qui couvrait tous les champs, Bien broutant, en bon corps, rapportant tous les ans, Grâce aux soins du berger, de très notables sommes, La Fontaine, Fabl. X, 10. …Je suis bonne sœur si vous n'êtes bon frère, Corneille, Pomp. II, 3. Le prince est vertueux, et vous êtes bon père, Corneille, Nicom. II, 1. Il est trop bon mari pour être assez bon père, Corneille, ib. III, 4. Je viens en bon sujet vous rendre le repos, Corneille, ib. V, 10. Souffrez qu'un bon sujet vous fasse souvenir Que vous plaignez beaucoup ce qu'il vous faut punir, Corneille, Hor. V, 2. Mais ou vous n'avez pas la mémoire fort bonne, Ou vous n'y mettez rien de ce qu'on vous ordonne, Corneille, Nicom. III, 6. …J'ai d'assez bons yeux pour voir ce que je fais, Corneille, Sertor. II, 2. Ai-je de bons avis ou de mauvais soupçons ? Corneille, Cinna, V, 1. Et de pareils amis en bonne politique…, Corneille, Nicom. II, 3. Je leur fais bonne guerre et n'en proscris pas un, Corneille, Sert. III, 2. Que si Dieu ne dédaigne pas de juger ce qu'il a créé, et encore ce qu'il a créé capable d'un bon et d'un mauvais choix, Bossuet, Anne de Gonz. Comment ont-ils deviné que tout ce qu'on pense de ce premier être lui soit indifférent, et que toutes les religions qu'on voit sur la terre lui soient également bonnes ? Bossuet, Anne de Gonz. Il y a et il y aura toujours à Paris beaucoup de jeunes gens qui font et qui feront très joliment des vers, mais ce n'est pas assez de les faire bons, il y faut un je ne sais quoi qui force à les retenir par cœur, Voltaire, Lettr. Mme du Deffant, 30 mars 1775.

    Bon compagnon, bon vivant, homme qui est agréable dans les parties de plaisir et qui y prend part volontiers.

    Bon garçon, bon diable, termes familiers qui désignent un homme commode et facile à vivre.

    Faire contre mauvaise fortune bon cœur, bien supporter un revers.

    Faire bonne mine à mauvais jeu, dissimuler le mécontentement qu'on éprouve, le mauvais état où l'on est.

    Familièrement. Le bon temps, le temps passé. Le conte est du bon temps, non du siècle où nous sommes, La Fontaine, Fabl. X, 10.

    Se donner du bon temps, se divertir.

    De bons moments, des moments heureux. J'ai passé avec vous de bons moments.

    Il n'a pas la tête fort bonne, c'est un esprit peu judicieux, et même quelquefois sa raison est dérangée. Je crains que la tête du pape ne soit pas fort bonne, Bossuet, Lettr. Quiét. 136.

    Avoir bon pied, être bon marcheur. Avoir bon pied, bon œil, bien marcher et bien voir, et fig. avoir de l'activité, de la vigilance.

    Ironiquement. Une bonne langue, une personne qui dit du mal d'autrui.

    Faire le bon apôtre, contrefaire l'homme de bien.

    C'est bon, c'est-à-dire j'y consens ; laissons cela. C'est bon, il suffit. C'est bon, j'ai compris. C'est bon, il me le payera ; je m'en vengerai.

    Absolument. Il est bon, cela est bien imaginé. Par ma barbe ! dit l'autre, il est bon, et je loue Les gens bien sensés comme toi, La Fontaine, Fabl. III, 5.

    Terme de marine. Bon frais, vent assez fort, mais favorable. Bon plein, vent arrière qui remplit bien toutes les voiles. Bon bord, celui qui, quand on louvoie, se rapproche le plus de la route à faire. Faire bon bras, brasser les vergues du côté du vent. Faire bonne main, amarrer un cordage roide et sans en rien filer. Le bon bout d'un grelin, celui qui est à bord lorsqu'on toue sur ce grelin ; et fig. le côté favorable d'une chose. Dans cette affaire il a le bon bout. Bonne tenue, fond solide sur lequel l'ancre tient bien.

    Terme de manége. Galoper du bon pied, se dit d'un cheval qui, se mettant au galop, part du pied droit. Mettre un cheval sur le bon pied, le faire partir du pied droit.

    Fig. Mettre quelqu'un sur le bon pied, le réduire à faire ce qu'il doit, et aussi le mettre en une position avantageuse. Être dans le monde sur un bon pied, sur le bon pied, avoir une position avantageuse.

  • 2Strict, exact, rigoureux. Puisqu'on fait bonne garde aux murs et sur le port, Corneille, Cid, II, 7. On vous rendra bon compte et des deux rois et d'elles, Corneille, Attila, III, 1. Exécutez cet ordre et m'en rendez bon compte, Rotrou, Bélis. V, 5.
  • 3Habile. Bon pilote. Bon poëte. Bon architecte. Bon orateur. Apprendre la législation sous un bon maître. Bon général. Bon politique.
  • 4Heureux, favorable. Bonne nouvelle. Bon résultat. Avoir une bonne issue. La bonne fortune. Bon augure. C'est bon signe que… Notre bonne étoile. La bonne aventure. La récolte a été bonne. Ne crains pas de succès qui souille ta mémoire ; Le bon et le mauvais sont égaux pour ta gloire, Corneille, Cinna, I, 3. Madame, toutefois parmi leurs bons succès, Vous montrez un chagrin qui va jusqu'à l'excès, Corneille, Cid, I, 4. Et les nœuds de l'hymen, durant nos bons destins, Corneille, Horace, V, 2. Et quand même l'issue en pourrait être bonne, Corneille, Héracl. II, 7. Ne nous brouillons point avec nos bons destins, Corneille, Sertor. IV, 2. Voyez qu'un bon génie à propos nous l'envoie, Corneille, Hor. I, 1.

    Familièrement. Cela ne dit rien de bon, cela n'est pas de bon augure. Ce portrait ne nous dit rien de bon, Molière, Sgan. 6.

    Prendre les choses en bonne part, les prendre dans un sens favorable.

    Avoir bonne opinion de quelqu'un, en parler favorablement. Ne pensez-vous pas que la bonne opinion de soi-même et la complaisance qu'on a pour ses ouvrages est un des péchés les plus dangereux ? Pascal, Prov. 9.

    Bonne année, année favorable. Souhaiter la bonne année, faire, au 1er janvier, un compliment par lequel on souhaite que l'année qui commence soit heureuse.

    Bonne année, année où les récoltes, les biens de la terre sont abondants.

    Bon an, mal an, en compensant les années improductives par les années productives. Il tire de son exploitation, bon an, mal an, dix mille francs.

  • 5Il se dit des dispositions, des manières, de l'air. Il est en bonne humeur. Vous avez bon visage ce matin. Si je l'entretins hier et lui fis bon visage, Corneille, Hor I, 3.

    Ironiquement. Oh ! la bonne figure ! Parbleu ! le voilà bon avec son habit d'empereur romain ! Molière, D. Juan, III, 6.

  • 6Avantageux, utile, convenable, salutaire. Bonne résolution. Il avait pris le bon parti. Donner un bon conseil. Offrir une rade assez bonne. Bon pour la santé. Bon air, air sain. Bon remède. Eaux très bonnes pour l'estomac. Le quinquina est bon contre la fièvre. Il n'est jamais bon de faire le mal. Il est bon de repasser dans son esprit… Il est bon qu'un mari nous cache quelque chose, Corneille, Poly. I, 3. Il est bon cependant de la faire saisir, Corneille, Héracl. IV, 2.

    Trouver bon, approuver. Trouvez bon qu'avec vous mon cœur s'ose expliquer, Corneille, Pomp. IV, 2. Pour le mieux admirer, trouvez bon, je vous prie, Que j'apprenne de vous les troubles de Syrie, Corneille, Rodog. I, 1. Trouvez bon que je vous assure que…, Sévigné, 4.

    Comme bon vous semble, c'est-à-dire à votre volonté. Pour entrer dedans quand bon vous semblerait, Pascal, Prov. 9. Usez-en comme bon vous semble, Corneille, Agés. IV, 6.

    Bon plaisir, consentement, agrément. Je ne le ferai que si c'est votre bon plaisir.

    Dans un sens défavorable, bon plaisir, volonté absolue, capricieuse ; se dit aussi des gouvernements absolus : le régime du bon plaisir.

    À quoi bon, pourquoi. Éclatez, mes douleurs ; à quoi bon vous contraindre ? Corneille, Hor. IV, 4.

    Molière a dit à quoi bon de. Ah ! j'enrage ! à quoi bon de te cacher de moi ? Molière, Fâch. III, 4. À quoi bon de dissimuler ? Molière, Sicil. 7.

  • 7Propre à. Manteau bon pour toutes les saisons. Terrain bon pour la vigne. Eau bonne à boire. Bon à manger. Moisson bonne à couper. Homme qui est bon à tout. Homme qui n'est bon à rien. Une telle maxime n'est bonne qu'à détruire l'amitié. Toute vérité n'est pas bonne à dire. En vain nous appelons mille gens à notre aide, Plus ils sont, plus il coûte, et je ne les tiens bons Qu'à manger leur part des moutons, La Fontaine, Fabl. XI, 1. Ah ! maudit animal [chien] qui n'es bon qu'à noyer ! Que n'avertissais-tu dès l'abord du carnage ? La Fontaine, ib. II, 3. Quel chagrin pour moi de ne vous être bonne à rien ! Sévigné, 415. Je la trouve bonne contre la tristesse, Sévigné, 226. Et toute médecine à tout mal n'est pas bonne, Régnier, Sat. I. [La richesse] Quand elle vient sans les grandeurs, Est bonne à quelque chose, Béranger, Éloge de la richesse. La vertu même… c'est une bizarrerie d'humeur… un parti bon à quelque chose, quand on n'est plus soi-même bon à rien, Massillon, Profession religieuse, sermon 1.

    Familièrement. Refuser ce qu'on donne est bon à faire aux fous, Molière, Dép. am. I, 2.

    C'est bon à vous d'agir et de parler ainsi, il vous convient particulièrement de, etc.

  • 8Solide ; qui a du crédit, de la fortune ; qui est garanti. Une bonne caution. Il a de bons revenus. Dix bonnes mille livres de rente. Une bonne maison de commerce. Faire une bonne maison, amasser du bien.

    Faire une dette bonne, s'en porter caution. Faire bonne garantie. Être bon pour pouvoir payer. Je prends sur moi sa dette et je vous la fais bonne, Corneille, D. San. I, 3. Vous savez que je suis bon pour cette somme, Hamilton, Gramm. 11. Il [le capitaine garde-côte] se contenterait des gages de la charge pour tout intérêt de la somme, et sans être [sans que nous soyons] tenus de les lui faire bons, au cas qu'ils ne fussent pas payés, Saint-Simon, 304, 224. Substantivement. Vous pouvez compter sur 50 pistoles, je vous en fais bon, Lesage, Diable boiteux, II, 194.

    Fig. Je vous fais bon seulement de mon cœur, et vous réponds d'une sincérité pareille à la vôtre, Guez de Balzac, Liv. V, Lett. 20. Cela donnait mauvaise opinion de son esprit, et son esprit faisait bon sur tout ce que l'on en croyait, Hamilton, Gramm. 9.

    Bon argent, de la monnaie qui est bonne, qui a cours ; et figurément : Quoi ! tu prends pour de bon argent ce que je viens de dire ! Molière, Don Juan, V, 2.

    Jouer bon jeu, bon argent, se dit quand, le jeu étant bon, il faut que l'argent le soit aussi et que l'on paye si l'on perd.

    Fig. À bonnes enseignes, à juste titre, avec toute garantie. Je ne le ferai qu'à bonnes enseignes.

  • 9Grand, considérable. Une bonne provision de livres. Une bonne partie de l'entretien. Une bonne partie de ces contrées. Boire de bons coups. Il a reçu un bon coup. J'ai bonne envie de voir… Je me trouvais avec un bon nombre de voyageurs de différentes nations, Bernardin de Saint-Pierre, Voy. en Silésie.

    Fig. Avoir bon courage, être plein de courage.

  • 10Choisi, distingué, noble, élevé. Bonne famille. Homme de bonne compagnie. Bons sentiments. Les bonnes études. La bonne société. Votre sang est trop bon ; n'en craignez rien de lâche, Corneille, Hor. II, 6. Elle a le cœur trop bon pour se voir avec joie Le rebut d'un tyran dont elle fut la proie, Corneille, Cinna, II, 2. Sachez que j'ai le cœur trop bon pour me parer de quelque chose qui ne soit point à moi, Molière, l'Av. V, 5. Il n'était fils de bonne mère Qui, les payant à qui mieux mieux [les vers], Pour ses ancêtres n'en fît faire, La Fontaine, Fab. I, 14.

    Les bonnes fêtes, les jours de grandes fêtes. Dès qu'il [le chancelier] alla, après la mort de sa femme, à l'institution des pères de l'Oratoire, dans un petit appartement qu'il y avait, où il se retirait les bonnes fêtes…, Saint-Simon, 358, 226. Que d'une serge honnête elle ait son vêtement, Et ne porte le noir qu'aux bons jours seulement, Molière, Éc. des maris, I, 2.

    Un bon bourgeois, un bourgeois honorable, et aussi un simple bourgeois. Son père, un bon bourgeois, lui sans autre mérite, La Fontaine, Fables, I, 14.

    Bonne ville, nom que l'on donnait, dans l'ancienne monarchie, à un certain nombre de villes importantes. Une députation au roi pour le supplier de revenir en sa bonne ville de Paris, Retz, IV, 231.

  • 11Honnête, vertueux, juste, droit, raisonnable, sensé. De bons jeunes gens. Bonnes mœurs. La bonne cause. Tous les moyens de vaincre étaient bons pour lui. Le bon droit. La bonne foi. Ces raisons, bonnes ou mauvaises. Bon sens. De bonnes inclinations. Une bonne doctrine. Il croit récompenser une bonne action, Racine, Esth. III, 1. Quel forfait trouvez-vous en sa bonne conduite ? Corneille, Hor. IV, 2.
  • 12Plaisant, spirituel. Un bon mot. Bonne repartie. Bon conte. Bonne histoire. Bonne farce. [Qui] Glose sur les habits et sur la gentillesse, Se plaît à l'entretien, commente les bons mots, Régnier, Sat. v. Vous dites des bons mots et moi je fais de mauvais contes, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 7 mars 1764. Dans un pays où faire rire c'est presque toujours avoir raison et où les combats littéraires les plus graves se décident le plus souvent à coups de bons mots, Villers, Kant, p. 153.
  • 13Qui a de la bonté. Un bon roi. Auprès d'un homme aussi bon. Femme bonne et enjouée. Bonne mère. Bon père. Bon pour ses parents. Être bon pour quelqu'un. Tu es trop bon pour lui. Vous êtes bien bon, formule de remercîment. Il est trop bon d'avoir cette opinion de moi. Bonnes dispositions envers quelqu'un. Perdre les bonnes grâces de quelqu'un. … Vous êtes si bonne Que vous me conservez la vie et la couronne, Corneille, Pomp. IV, 2. Votre compassion, lui répondit l'arbuste, Part d'un bon naturel, La Fontaine, Fab. I, 22. Vous dites que tous les hommes ne peuvent pas être grands, mais que tous peuvent être bons, Voltaire, Lett. Marmontel, 1er nov. 1769. On a surpris sa bonne foi ; on lui a volé quinze mille francs ; dans le fond, il est trop bon, Lesage, Turc. III, 9. Son mari est bon homme, Sévigné, 507. Qui est janséniste et pourtant fort bon homme, Pascal, Prov. I. Dont il aurait eu horreur, car il est bon homme, Pascal, Prov. 8. Mon fils nous amuse et nous est très bon, Sévigné, 236. L'essentiel est d'être bon aux gens avec qui l'on vit, Rousseau, Ém. I.

    Je suis bon, je suis bien bon de l'écouter, c'est-à-dire je pousse la bonté, la complaisance trop loin en l'écoutant. Ah ! vraiment je suis bonne De leur ouvrir ma porte ; Ils pensent que je suis Fort en peine de ma personne, La Fontaine, Fab. VII, 5.

    Être de bonne composition, être d'une humeur, d'un caractère facile, et aussi n'avoir pas la fermeté ou la probité nécessaire.

    Le bon Dieu, Dieu considéré comme l'être bon par excellence. Un bon Dieu, une image du Christ, ou un crucifix. Combien… De milliers d'autres petits prêtres Qui portent de petits bons Dieux ! Béranger, Infiniment petits.

    Ironiquement et familièrement. Il est bon là, avec les propositions qu'il nous fait, il a tort de nous faire de telles propositions. Je vous trouve bon de parler ainsi.

    Bon cela ! formule d'approbation.

  • 14Simple, crédule. Bon homme, homme simple. Vous êtes trop bons de croire ce que dit chacun. Nos petits enfants nous traiteront de bonnes gens, comme nous traitons nos pères d'imbéciles, Voltaire, Dial. 21. Voilà mille et mille bonnes gens qui n'en voient pas l'importance, Bossuet, Avert. La bonne dupe que M. Turcaret ! Lesage, Turc. IV, 9.
  • 15Souvent il sert uniquement à donner de l'énergie à l'expression par une idée d'augmentation. Il en a augmenté le nombre d'une bonne moitié. J'ai fait quatre bonnes lieues. J'ai attendu un bon quart d'heure. … Fallut deviner et prédire, Mettre à part force bon ducats, La Fontaine, Fab. VII, 15. Hé, la bonne effrontée ! Molière, Sgan. 6. Oses-tu bien paraître devant mes yeux après tes bons déportements ? Molière, Scapin, I, 4. Je saisis cette occasion de lui en parler [à la duchesse d'Orléans] une bonne fois pour toutes, Saint-Simon, 273, 195.

    Bon poids, bonne mesure, poids, mesure qui sont plutôt au delà qu'en deçà du poids, de la mesure exacte.

  • 16Il s'emploie comme terme affectueux. Une bonne vieille. Ma bonne petite. Je ne vous ferai pas plus de compliment que le bon père [jésuite] m'en fit la dernière fois que je le vis, Pascal, Prov. 9.

    Et substantivement, mon bon, ma bonne, terme de caresse et d'amitié. De s'entendre appeler petit cœur ou mon bon, Boileau, Sat. X.

    Ma bonne a aussi quelquefois un sens de dédain ou de supériorité. Payons de hardiesse… je ne vous connais pas, ma bonne, Lesage, Turcaret, V, 9. … Je n'y veux point aller, De peur qu'elle ne vînt encor me quereller ; Que cette bonne femme… - Ah ! certes, c'est dommage Qu'elle ne vous ouît tenir un tel langage ; Elle vous dirait bien qu'elle vous trouve bon, Et qu'elle n'est point d'âge à lui donner ce nom, Molière, Tart. I, 2.

  • 17 Terme de commerce. Bon à payer. Bon pour mille francs.

    Par analogie, billet bon pour une personne, pour deux personnes, billet d'entrée dans un théâtre pour une, pour deux personnes.

  • 18 Terme d'imprimerie. Bon à tirer, mot qu'on écrit sur la dernière épreuve pour indiquer qu'une feuille peut être tirée ; et, substantivement, un bon à tirer, des bons à tirer.

    Bonne feuille, feuille d'un ouvrage tirée sur le papier définitif.

  • 19Bonne au féminin employé dans diverses locutions. La bailler, la donner bonne, tromper quelqu'un, lui faire pièce. Vous me la donnez bonne, La Fontaine, Magn.

    La garder bonne, garder rancune. M. du Maine n'osa répondre une parole [à M. d'Elbœuf] ; sans doute qu'il la lui garda bonne, Saint-Simon, 30, 98.

    En dire de bonnes, en écrire de bonnes, faire des reproches de vive voix ou par écrit. Mme du Châtelet va vous en écrire sur cela de bonnes, Voltaire, Lett. vers, 51. Votre Majesté lui en dirait de bonnes sur l'horreur d'avoir excité une guerre civile, Voltaire, Lettr. à Catherine, 20.

    Courte et bonne, se dit de la vie d'un homme qui l'use rapidement dans les plaisirs.

    À la bonne, naïvement, sans façon.

  • 20À la bonne heure, à propos. Il est arrivé à la bonne heure.

    À la bonne heure est aussi une phrase d'acquiescement. Vous le voulez, à la bonne heure ; que cela se fasse.

  • 21De bonne heure, tôt, par opposition à tard.

PROVERBES

À quelque chose malheur est bon, c'est-à-dire quelque avantage provient d'un accident fâcheux. Quand le malheur ne serait bon Qu'à mettre un sot à la raison, Toujours serait-ce à juste cause Qu'on le dit bon à quelque chose, La Fontaine, Fab. V, 7.

Après bon vin, bon cheval, c'est-à-dire quand on a un peu bu, on est plus hardi.

À tout bon compte revenir, c'est-à-dire on doit toujours être reçu à recommencer un calcul pour s'assurer s'il est exact.

À bon chat, bon rat, c'est-à-dire bien attaqué, bien défendu.

N'être bon ni à rôtir ni à bouillir, n'être propre à rien.

Il n'est pas bon à jeter aux chiens, c'est-à-dire on ne veut pas de lui, on le condamne, on le repousse.

Une bonne fuite vaut mieux qu'une mauvaise attente, c'est-à-dire il vaut encore mieux prendre la fuite, si le cas l'exige, que d'attendre par imprudence ou par opiniâtreté.

Couvrez-vous, la chaleur vous est bonne, se dit à quelqu'un qui fait trop de cérémonies.

Tout cela est bel et bon, mais l'argent vaut mieux, c'est-à-dire nous ne nous laisserons pas amuser à de belles promesses, à de vaines espérances.

Aux derniers les bons, ce qui reste de quelque chose après que les autres ont choisi est souvent le meilleur.

Il fait bon vivre, c'est-à-dire, on apprend toujours ; les plus habiles, les plus expérimentés ont encore quelque chose à apprendre.

Il fait bon battre un glorieux, il ne s'en vante pas.

Ce qui est bon à prendre est bon à rendre, manière de s'excuser : si j'ai pris à tort, je restituerai. En renversant le proverbe : ce qui est bon à prendre est bon à garder, Beaumarchais, Barbier de Sév. IV, 1. ; c'est-à-dire on ne rend pas ce qui est une fois pris, reçu.Bon jour, bonne œuvre, se dit d'une bonne action faite un jour solennel, et, ironiquement, il a volé le jour de Pâques, bon jour, bonne œuvre. La drôlesse un matin s'en vint, bon jour, bonne œuvre, Jusqu'à notre maison porter ce beau chef-d'œuvre, Regnard, Démocr. V, 3.

Aux bonnes fêtes, les bons coups, c'est-à-dire les malfaiteurs profitent des bonnes fêtes pour faire leurs coups.

À bon entendeur salut, c'est-à-dire comprenez et faites votre profit.

Les bons comptes font les bons amis, c'est-à-dire rien n'entretient mieux les bons rapports que de régler exactement les affaires d'intérêt.

À bon vin point d'enseigne, c'est-à-dire il n'est pas nécessaire de vanter ce qui est bon.

Les bons maîtres font les bons valets, c'est-à-dire il faut qu'il y ait de la douceur et de l'amitié réciproques entre les maîtres et les valets.

REMARQUE

1. Le comparatif de bon est meilleur et le superlatif est le meilleur ; et plus bon ou le plus bon sont des barbarismes : il est meilleur que moi ; et non, il est plus bon que moi ; le meilleur des hommes, et non le plus bon des hommes. " Cependant, dit M. Jullien, il suffit souvent de changer la construction de la phrase pour rendre correct ce comparatif composé. Personne n'hésiterait à demander si un vin est plus ou moins bon qu'un autre. Cependant cette phrase se résout analytiquement en plus bon et moins bon. On dirait de même qu'une tisane est plus qu'une autre bonne contre telle maladie, bien qu'on ne pût pas dire qu'elle est plus bonne que cette autre. "

2. Acheter, vendre bon marché est incorrect ; il faut : acheter, vendre à bon marché.

3. Il est arrivé à bonne heure est mauvais, et l'on doit dire : il est arrivé de bonne heure. À bonne heure, fort usité dans certaines provinces, n'a rien d'incorrect en soi (car la préposition à se dit avec heure), mais c'est une grave faute contre l'usage.

4. Faut-il dire : de bons mots ou des bons mots ? La règle est d'employer de sans article quand le substantif est précédé de son adjectif ; par conséquent, de bons mots est la locution correcte ; mais, considérant bon mot comme un terme unique dû à l'usage, on pourra employer des, de même que l'on dit : des jeunes gens.

SYNONYME

1. UN BON HOMME, UN HOMME BON., Le sens change suivant la position de l'adjectif. Un bon homme, c'est un homme qui a de la bonhomie. Un homme bon, c'est un homme qui a de la bonté.

2. DE BON GRÉ, DE BONNE VOLONTÉ, DE BON CŒUR, DE BONNE GRÂCE. Ces quatre termes expriment l'acquiescement, mais non un acquiescement de même nature, puisque gré, volonté, cœur et grâce diffèrent. De bon gré exprime l'absence de contrainte et une détermination volontaire ; c'est l'opposé de malgré : on fait de bon gré ce qu'on ne fait pas malgré soi. De bonne volonté dit quelque chose de plus ; un homme de bonne volonté est un homme que sa volonté porte à faire ce qu'on lui demande ; non-seulement il n'y est pas contraint, mais encore il le veut lui-même. Avec de bon cœur, le cœur intervient, la volonté y est et de plus la cordialité et l'entrain qu'elle donne. Enfin de bonne grâce exprime que la grâce s'y joint : faire une chose de bonne grâce, c'est la faire sans qu'on ait besoin de nous prier et avec une manière qui rehausse le prix de ce qu'on fait.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

BON, adj. (Métaph.) S’il est difficile de fixer l’origine du beau, il ne l’est pas moins de rechercher celle du bon. Il se fait aimer, ainsi que le beau se fait admirer, dans les ouvrages de la nature & dans les productions des arts. Mais quelle est son origine, & quelle est sa nature ? en a-t-on une notion précise, une véritable idée, une exacte définition ? Ce qui embarrasse le plus, ce sont les diverses acceptions qu’il reçoit, selon les diverses circonstances où on l’applique. Il signifie tantôt une bonté d’être, tantôt une bonté animale, tantôt une bonté raisonnée propre à l’être pensant. Essayons de developper ces divers sens.

La bonté d’être consiste dans une certaine convenance d’attributs qui constitue une chose ce qu’elle est. Tous les êtres en ce sens sont nécessairement bons, parce qu’ils ont ce qui les constitue tels qu’ils sont ; & il est même impossible qu’ils ne l’ayent pas. J’ajoûte que tous les êtres sont également bons de ce genre de bonté. Mais outre les rapports intérieurs, qui constituent leur bonté absolue, ils en ont encore d’extérieurs, d’où résulte leur bonté relative. La bonté relative consiste dans l’ordre, l’arrangement, les rapports, les proportions, & la symmétrie que les êtres ont les uns avec les autres. Ici commence cette variété infinie de bonté qui différencie si fort tous les êtres. Ils ne sont pas tous également nobles & parfaits : un corps organisé est sans doute préférable à une masse brute & grossiere. Par la même raison, un corps organisé & en même tems animé, l’emportera sur un corps organisé qui ne l’est pas ; & parmi les êtres animés, qui doute qu’il n’y en ait de plus parfaits les uns que les autres ? On diroit que la nature a ménagé, pour la perfection de cet univers, une espece de gradation qui nous fait monter à des êtres toûjours plus parfaits, à mesure qu’on s’avance dans la sphere qui les comprend tous. Ces nuances, il est vrai, ces passages imperceptibles n’ont plus lieu, quand il est question de passer du monde matériel au monde spirituel. De l’un à l’autre le trajet est immense : mais quand nous sommes une fois parvenus au monde spirituel, qui pourroit exprimer la distance qui sépare l’ame des bêtes, des sublimes intelligences celestes ? Les nuances qui distinguent les différentes especes d’esprits sont imperceptibles, & cependant très-réelles. Rien n’est plus mince que la barriere qui sépare l’instinct d’avec la raison, & cependant ils ne se confondent jamais. Voyez l’article Esprit, où nous avons eu soin d’en caractériser les différentes especes, & d’assigner, autant qu’il est possible, les limites qui séparent les unes des autres.

Tous les êtres qui entrent dans la composition de ce grand tout qu’on appelle l’univers, ne sont donc pas egalement bons, il est même nécessaire qu’ils ne le soient pas. C’est de l’imperfection plus ou moins grande des differens êtres, que résulte la perfection de cet univers. On conçoit qu’il seroit beaucoup moins parfait, s’il ne comprenoit dans sa totalité que des êtres de la même espece, ces êtres fussent-ils les plus nobles de tous ceux qui le composent. La trop grande uniformité déplait à la longue ; du moins elle ne tient pas lieu de la variété, qui compense ce qui manque aux êtres finis. Croit-on qu’un monde, qui ne seroit formé que de purs esprits, fût plus parfait qu’il ne l’est aujourd’hui ? qui ne voit que le monde matériel laisseroit par son absence un grand vuide dans cet univers ? On pourroit étendre cette reflexion jusqu’au mêlange de vertus & de vices, dont nous sommes ici bas le spectacle & les spectateurs tout à la fois. Un monde d’où seroient bannis tous les vices, ne seroit certainement pas si parfait qu’un monde qui les admet. La vertu prise en elle-même, est sans doute préférable au vice, de même que l’esprit est par sa nature plus noble que le corps : mais quand on considere les choses par rapport au grand tout, dont ils sont partie, on s’apperçoit aisément que pour une plus grande perfection, il étoit nécessaire qu’il y eût des imperfections dans le monde physique & dans le monde moral.

Si mala sustulerat, non erat ille bonus.


Voyez l’article Manichéisme, où ce raisonnement est développé dans toute sa force.

Rien n’est sans doute plus admirable que tous ces rapports, que la main du Créateur a ménagés entre les différens êtres. Ils sont plus ou moins immédiats, suivant le plus ou moins de variété de ces êtres. Il en est d’eux comme des vérités, qui tiennent toutes les unes aux autres, moyennant les vérités intermédiaires qui servent à les réunir. La bonté de cet univers consiste dans la gradation des différens êtres qui le composent. Ils ne sont séparés que par des nuances, comme nous l’avons déjà remarqué ; il ne se trouve aucun vuide dans le passage du regne minéral au regne végétal, ni dans le passage de celui-ci au regne animal ; autrement, pour me servir de la pensée de l’illustre Pope, il y auroit un vuide dans la création, où, un degré etant ôté, la grande échelle seroit détruite. Qu’un chaînon soit rompu, la chaine de la nature l’est, & l’est également, soit au dixieme, soit au dix-millieme chaînon. C’est alors qu’on verroit, pour continuer la pensée du poete Anglois, la terre perdre son équilibre & s’écarter de son orbite, les planetes & le soleil courir sans regle au-travers des cieux, un être s’abysmer sur un autre être, un monde sur un autre monde, toute la masse des cieux s’ébranler jusques dans son centre, la nature frémir jusqu’au throne de Dieu, en un mot tout l’ordre de cet univers se détruire & se confondre.

Il faudroit être stupide & insensible, pour ne pas appercevoir la dépendance & la subordination de tous les êtres qui entrent dans la composition de ce tout admirable : mais il faudroit être encore pis que tout cela pour l’attribuer à un hazard aveugle. Voyez Hasard & Épicuréisme. L’esprit ne peut être frappé sans admiration de cette multiplicité de rapports, de ces combinaisons infinies, de cet ordre, de cet arrangement qui lie toutes les parties de l’univers ; & l’on peut dire que plus il saisira de rapports, plus la bonté des êtres se manifestera à lui d’une maniere sensible & frappante. Dieu seul connoît toute la bonté qu’il a mise dans ses ouvrages, parce qu’il est lui seul capable de connoître parfaitement la justesse qui brille dans ses ouvrages, le rapport mutuel qui se trouve entr’eux, l’harmonie qui fait d’eux un tout régulier & sagement ordonné, en un met l’ordre établi pour les conserver. La chaine qui attire & réunit toutes les parties est entre les mains de Dieu, & non entre celles de l’homme. Petites parties de ce tout, comment pourrions-nous le comprendre ? « Tout ce que nous voyons du monde, dit dans son style énergique le sublime Paschal, n’est qu’un trait imperceptible dans l’ample sein de la nature : nulle idée n’approche de l’étendue de ses espaces : nous avons beau enfler nos conceptions, nous n’enfantons que des atomes au prix de la réalité des choses : c’est un cercle infini, dont le centre est par-tout, la circonférence nulle part : enfin, c’est un des plus grands caracteres sensibles de la toute-puissance de Dieu, que notre imagination se perde dans cette pensée..... L’intelligence de l’homme tient, dans l’ordre des choses intelligibles, le même rang que son corps dans l’étendue de la nature : & tout ce qu’elle peut faire, est d’appercevoir quelqu’apparence du milieu des choses, dans un desespoir éternel d’en connoître ni le principe ni la fin. Toutes choses sont sorties du néant, & portées jusqu’à l’infini : qui peut suivre ces étonnantes démarches ? l’auteur de ces merveilles les comprend, nul autre ne le peut faire ». Pensées de Pasch. ch. xxij.

Nous sommes forcés de joindre le témoignage de notre raison, au témoignage aveugle des créatures inanimées & matérielles, dont la beauté, la disposition & l’économie annoncent si hautement la grandeur de celui qui les a faites. Un spectacle digne de Dieu, peut bien être digne de nous. Moyse rapporte que lorsque Dieu eut achévé l’ouvrage des six jours, il considera tous les êtres d’une seule vûe, & que les ayant comparés entr’eux & avec le modele éternel dont ils étoient l’expression, il en trouva la beauté & la perfection excellente. L’univers parut à ses yeux comme un tableau qu’il venoit de finir, & auquel il avoit donné la derniere main. Il trouva que chaque partie avoit son usage, chaque trait sa grace & sa beauté : que chaque figure étoit bien située & faisoit un bel effet : que chaque couleur étoit appliquée à propos, mais sur-tout que l’ensemble en étoit merveilleux : que les ombres mêmes donnoient du relief au reste : que le lointain en s’attendrissant faisoit paroître ce qui étoit plus proche avec une force nouvelle ; & que les objets les plus remarquables, recevoient une nouvelle beauté par le lointain, dont ils n’étoient séparés que par une diminution imperceptible de teintes & de couleurs. Qui considéreroit ce tableau de plus près, pourroit appercevoir dans le plan de la création celui de la rédemption. Si quelques défauts nous frappent dans cet immense tableau, souvenons-nous que ce sont des ombres que la main de l’éternel y a jettées exprès pour en faire sortir les figures ; que leur ordre & leur situation contribuent à lui donner une beauté qu’il n’auroit pas ; & que prendre occasion de ces defauts pour critiquer l’univers & son auteur, ce seroit ressembler à un ciron, dont les yeux seroient fixés sur les ombres d’un tableau, & qui prononceroit que ce tableau est défectueux, qu’il n’y reconnoît aucune ordonnance, ni le vrai ton des couleurs.

La bonté animale est une économie dans les passions, que toute créature sensible & bien constituée reçoit de la nature. C’est en ce sens qu’on dit d’un chien de chasse, qu’il est bon, lorsqu’il n’est ni lâche ni opiniâtre : c’est aussi en ce sens qu’on dit d’un homme, qu’il est bien constitué, lorsqu’il regne dans ses membres la proportion qui s’ajuste le mieux avec les fonctions auxquelles l’a destiné la providence. La bonté animale sera d’autant plus parfaite, que les membres bien proportionnés conspireront d’une façon plus avantageuse à l’accomplissement des fonctions animales. Par une suite des lois que Dieu a établies, il doit s’exciter dans l’ame telles ou telles sensations à l’occasion de telles ou telles impressions qui auront été faites sur les organes de nos sens. Si donc elles ne s’y excitoient pas, il y auroit alors un défaut d’œconomie animale. On en peut voir un exemple bien sensible dans les personnes paralytiques. Le défaut d’œconomie animale se trouve aussi dans ceux qui ont des mouvemens convulsifs, qu’ils ne peuvent arrêter ni suspendre. On peut dire la même chose de ceux qui sont fous & stupides. Les uns ont trop d’idées, & les autres n’en ont pas assez, par un défaut de conformation dans le cerveau. Il est des personnes qui sont nées sans aucun goût pour la Musique, & d’autres pour qui les vers les mieux faits ne sont qu’un vain bruit. Ce défaut d’organes dans ces sortes de personnes est, comme l’on voit, un défaut d’œconomie animale. On peut dire en général, que c’est là le grand défaut de ces esprits stupides & grossiers, dont la portée ne sauroit atteindre au raisonnement le plus simple. Les organes du corps, qui les voile & les enveloppe, sont si épais & si massifs, qu’il ne leur est presque pas possible de déployer leurs facultés ni de faire leurs opérations. Plus les organes sont delicats, plus les sensations qu’ils occasionnent sont vives. Il y a des animaux qui nous surpassent par la délicatesse de leurs organes : le lynx a la vûe plus perçante que nous ; l’aigle fixe le soleil qui nous ébloüit ; le chien a plus de sagacité que nous dans l’odorat ; le toucher de l’araignée est plus subtil que le nôtre, & le sentiment de l’abeille plus exquis & plus sûr que celui que nous éprouvons : mais n’envions point aux animaux l’avantage qu’ils ont sur nous en cette partie. Si nous avions l’œil microscopique du lynx, nous verrions le ciron : mais notre vûe ne pourroit s’etendre jusqu’aux cieux. Si le toucher étoit plus sensible & plus délicat, nous serions blessés par tous les corps environnans ; les douleurs & les maladies s’introduiroient par chaque pore. Si nous avions l’odorat plus vif, nous serions incommodés des parties volatiles d’une rose, & leur action sur le cerveau en ébranleroit trop violemment les fibres. Avec une oreille plus fine, la nature se feroit toûjours entendre à nous avec un bruit de tonnerre, & nous nous trouverions étourdis par le plus leger souffle de vent. Croyons que les organes, dont la nature nous a doüés, sont proportionnés au rang que nous tenons dans l’univers. S’ils étoient plus grossiers ou plus délicats, nous ne nous trouverions plus si propres aux fonctions animales, qui sont une suite de notre constitution. Après qu’on a pesé toutes les choses dans la balance de la raison, on est forcé de reconnoitre la bonté & la sagesse de la providence également & dans ce qu’elle donne & dans ce qu’elle refuse, & de convenir avec Pope, en dépit de l’orgueil & de la raison qui s’égare, de cette vérité évidente, que tout ce qui est, est bien. Nous nous regardons comme dégradés, parce qu’il a plû à l’auteur de notre être de nous assujettir aux organes d’un corps : mais il pourroit se trouver, en approfondissant la matiere, que cette influence de l’union de l’ame avec le corps, s’exerce peut-être plus au profit qu’aux dépens de nos facultés intellectuelles. Voyez les articles Esprit & Résurrection, où cette question est agitée.

La bonté raisonnée, qualité propre à l’être pensant, consiste dans les rapports des mœurs avec l’ordre essentiel, éternel, immuable, regle & modele de toutes les actions réfléchies : elle est la même que la vertu. Voyez cet article.

Jusqu’ici nous h’avons considéré le bon, que par les rapports qu’il a avec notre esprit. Pris en ce sens, il rentre dans l’idée du beau, qui n’est autre chose que la perception des rapports ; voyez cet article : mais il y a un autre bon, dont les rapports sont plus immédiats avec nous, parce qu’ils touchent notre cœur de plus près. La bonté qui résulte de ces rapports, est plus intimement liée avec notre être, plus proportionnée à nos intérêts : il n’y a qu’elle qui ait de l’ascendant sur notre cœur, & qui l’ouvre au sentiment. L’autre bonté nous est, pour ainsi dire, étrangere ; elle ne nous touche presque pas : si elle a des charmes, ce n’est que pour notre esprit. Nous admirons les êtres en qui paroît cette premiere bonté : mais nous n’aimons que ceux qui participent à cette autre bonté ; & l’amour que nous leur portons se mesure sur les différens degrés de cette bonté relative. Le bon, pris dans ce secord sens, se confond avec l’utile ; de sorte que tous les êtres qui nous sont utiles, renferment cette bonté qui intéresse le cœur, ainsi que cette autre bonté qui plaît à l’esprit, est l’apanage de tous les êtres qui sont beaux.

Le bon a donc deux branches, dont l’une est le bon qui est beau, & l’autre le bon qui est utile. Le premier ne plaît qu’à l’esprit, & le second intéresse le cœur : l’un n’obtient de nous que des sentimens d’estime & d’admiration, tandis que nous réservons pour l’autre toute notre tendresse. Un être qui ne seroit que beau pour nous, se feroit seulement estimer & admirer de nous. Dieu, tout Dieu qu’il est, auroit beau déployer à notre esprit toutes les perfections qui le rendent infini, il ne trouveroit jamais le chemin de notre cœur, s’il ne se montroit à nous comme bienfaisant. Sa bonté pour nous est le seul attribut qui puisse nous arracher l’hommage de notre cœur. Et que nous serviroit le spectacle de sa divinité, s’il ne nous rendoit heureux ?

On voit par-là combien s’abusent de pieux visionnaires, qui follement amoureux d’une perfection chimérique, s’imaginent qu’ils peuvent aimer dans Dieu autre chose que sa bonté bienfaisante. Quel désintéressement ! ils veulent que leur amour pour Dieu soit si pur, si généreux, si gratuit, si indépendant de toutes vûes intéressées, que même à l’égard de Dieu on se contente du plaisir de l’aimer, sans rien attendre & sans rien espérer de lui. Ce n’est pas ici le lieu de combattre ces excès impies, qui sont contraires à la loi naturelle, & qui deshonorent la Religion, sous la vaine apparence d’une perfection chimérique qui en détruit les fondemens. Voyez les articles Charité & Quiétisme, où sont refutées ces absurdités, aussi impies qu’insensées ; mais qui sont les suites nécessaires d’un desintéressement absolu.

Un être peut nous être utile de deux manieres ; ou par lui-même, ou par quelque chose qui soit distingué de lui. Ce qui ne nous est utile que comme moyen, nous ne l’aimons pas pour lui-même, mais seulement pour la chose à laquelle il nous fait parvenir : ainsi nous n’aimons pas les richesses pour elles-mêmes, mais bien pour les plaisirs que nous achetons à leurs dépens ; j’excepte pourtant les avares, pour qui la possession des richesses est un véritable bien : ceux-ci sont heureux par la vûe de l’or, & les autres ne le sont que par l’usage qu’ils en font. Mais un être nous est-il utile par lui-même ? c’est alors que nous l’aimons pour lui-même & que notre cœur s’y attache : ou cet être nous satisfait du côté de la conscience & de la raison, ce qui est un bien durable, solide, & qui n’est point sujet à de fâcheux revers ; & alors on lui donne le nom de bien honnête : ou bien cet être ne nous satisfait que du côté de la cupidité, & se trouve par conséquent exposé au dégoût & à l’inquiétude ; & alors on lui donne simplement le nom de bien agréable entant qu’opposé à l’honnêteté.

Après avoir considéré le bon dans les êtres naturels, il est naturel de l’examiner dans ceux qu’on appelle artificiels : ils ont été inventés sur le modele de la nature ; d’où je conclus que leur perfection dépend plus ou moins de leur imitation de la nature. Mais de même que dans les ouvrages de la nature il y a un bon & un beau, qui ne dépendent ni du hasard ni du caprice, ainsi dans les productions des arts il y a des lois immuables qui nous guident dans nos connoissances & dans nos goûts ; & on ne peut en aucune façon violer ces lois tracées avec tant d’éclat dans les ouvrages de la nature, que l’esprit & le goût n’en soient révoltés.

Il se trouve, avons-nous dit, dans les ouvrages de la nature deux sortes de bontés, l’une, qui rentre dans la même signification que la beauté, & qui pour cette raison ne flatte que l’esprit ; & l’autre, qui retient le nom de bonté, & qui intéresse notre cœur. Quand un objet réunit en soi ces deux genres de bonté, c’est-à-dire qu’il étend & perfectionne nos idées d’une part, & que de l’autre il nous présente des intérêts qui nous sont chers, qui tiennent à la conservation ou à la perfection de notre être, qui nous font sentir agréablement notre propre existence, nous prononçons que cet objet est bon ; & il l’est d’autant plus, qu’il possede ces avantages dans un plus haut degré. Pareillement une production de l’art, où le bon se réunissant avec le beau, renfermera toutes les qualités dont elle a besoin pour exercer & perfectionner à la fois notre esprit & notre cœur, sera d’autant plus parfaite, qu’elle attachera plus agréablement notre esprit, & qu’elle intéressera plus vivement notre cœur.

Parmi les ouvrages de la nature, il y en a qui ne sont que beaux, & qui ne plaisent qu’à l’esprit. La même chose se trouve dans les productions des arts : ainsi un théoreme de Géométrie, difficile, mais sans usage, n’est qu’un beau théoreme. Voyez Beau. Mais de même qu’il y a des ouvrages de la nature qui sont bons & beaux en même tems, parce qu’ils contiennent en soi de quoi réveiller des idées qui nous attachent & nous intéressent, il y en a aussi parmi les productions des arts qui produisent en nous le même effet, mais toûjours d’une maniere subordonnée à la nature, parce que la nature en tout surpasse l’art : in omni re procul dubio vincit imitationem veritas. Le cœur n’est touché des objets que selon le rapport qu’ils ont avec son avantage propre ; c’est ce qui regle son amour ou sa haine : or le cœur a plus d’avantage à attendre des objets naturels que des objets artificiels. Ce que l’art présente au cœur n’est qu’un phantôme, qu’une apparence ; & ainsi il ne peut lui apporter rien de réel. Ce qu’il y a de plus touchant pour nous, c’est l’image des passions & des actions des hommes, parce qu’elles sont comme des miroirs où nous voyons les autres, avec des rapports de différence ou de conformité. Il y auroit ici un beau problème à résoudre, savoir qui de Corneille ou de Racine a mieux peint les passions ; le premier, en nous élevant au-dessus de l’homme ; le second, en nous rendant à nos foiblesses naturelles. Voyez Tragédie. (X)

Bon, (en terme de Pratique.) est un terme par lequel on ratifie une promesse, une cellule ; faire bon, c’est promettre de payer pour soi ou pour autrui. (H)

* Bon, (Hist. mod.) c’est le nom d’une fête que les Japonois célebrent tous les ans en l’honneur des morts ; on allume ce jour-là à chaque porte grand nombre de lumieres, & chacun s’empresse de courir aux tombeaux de ceux qui leur ont autrefois appartenu, avec des mets bien choisis qui sont destinés à la nourriture des morts.

Bon, terme d’honneur dont on se sert dans le commerce pour désigner un marchand riche & solvable. Vous pouvez confier votre marchandise à M. N. je vous garantis qu’il est bon.

Bon d’aunage. Voyez Aunage, & Bénéfice d’aunage.

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Étymologie de « bon »

(Siècle à préciser) Du moyen français bon, de l’ancien français bon, forme proclitique atone qui a remplacé la forme tonique diphtonguée buen, (Cantilène de sainte Eulalie) buona (« bonne ») (880), du latin bŏnus.
(XVIIIe siècle) Sens de « document ayant une valeur confirmée », dérivé de l’usage d’écrire bon à (payer), bon pour (accord) sur les documents commerciaux.
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Phonétique du mot « bon »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
bon bɔ̃

Évolution historique de l’usage du mot « bon »

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Citations contenant le mot « bon »

  • Pour faire un bon vainqueur il faut être bon perdant. De Mika Hakkinen / Malaisie - Octobre 2000 , 
  • Terre noire fait bon blé. De Proverbe auvergnat , 
  • Il est toujours bon d'être bon. De Victor Hugo / Philosophie prose , 
  • Chez les végétariens, un bon rire vaut un bon tofu ! De Michèle Bernier / Le Petit Livre de Michèle Bernier , 
  • On estime beaucoup les femmes bonnes, mais sans esprit, […] mais on finit par bâiller auprès d'elles. Henri Frédéric Amiel, Journal intime, 12 juillet 1866
  • Un sot n'a pas assez d'étoffe pour être bon. François, duc de La Rochefoucauld, Maximes
  • Dans ce monde, il faut être un peu trop bon pour l'être assez. Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, Le Jeu de l'amour et du hasard, I, 2
  • Les hommes ne sont ni généralement bons ni généralement mauvais, mais ils possèdent et exercent tout ce qu'il y a de bon et de mauvais ici-bas. Napoléon Ier, Cité par Las Cases dans le Mémorial de Sainte-Hélène
  • J'ai toujours cru que le beau n'était que le bon mis en action, que l'un tenait intimement à l'autre, et qu'ils avaient tous deux une source commune dans la nature bien ordonnée. Jean-Jacques Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse
  • Véritablement bon est l'homme rare qui jamais ne blâme les gens des maux qui leur arrivent. Paul Valéry, Choses tues, Gallimard
  • C'est n'être bon à rien de n'être bon qu'à soi. François Marie Arouet, dit Voltaire, Mélanges, Sur la vraie vertu
  • Les leçons de la vie nous enseignent que, parfois, pour être bon, il faut cesser d'être honnête. Jacinto Benavente, El hijo de Polichinela
  • Le diable est diable parce qu'il se croit bon. Ramiro de Maeztu, La crisis del humanismo, I, La herejía alemana
  • Rien n'est bon ni mauvais en soi, tout dépend de ce que l'on en pense. William Shakespeare, Hamlet, II, 2, Hamlet
  • Bon menteur, bon vendeur. De Proverbe québécois , 
  • Un bon livre est un bon ami. De Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre / Paul et Virginie , 
  • Conseil : cadeau bon marché. De Tristan Bernard / Mots-croisés , 
  • Ce qui est bon à prendre est bon à rendre. De Proverbe français , 
  • Ce qui est bref et bon est deux fois bon. De Baltasar Gracian y Morales , 
  • Après les lunettes et la crème solaire, le badge de télépéage pourrait bien devenir l’accessoire indispensable de l’été. Ce petit dispositif, qui permet de circuler sur l’ensemble du réseau autoroutier sans s’arrêter au péage pour payer ou prendre un ticket, a déjà séduit 11,2 millions d’abonnés, selon l’Association des sociétés françaises d’autoroutes (Ansa). Mieux : le télépéage représente aujourd’hui 57% des transactions, soit plus d’un automobiliste sur deux converti à la présence du petit boitier gris dans son habitacle. Capital.fr,  Les badges de télépéages sont-ils un bon plan pour cet été ? - Capital.fr
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  • Pour faire un bon vainqueur il faut être bon perdant. De Mika Hakkinen / Malaisie - Octobre 2000 , 
  • Terre noire fait bon blé. De Proverbe auvergnat , 
  • Il est toujours bon d'être bon. De Victor Hugo / Philosophie prose , 
  • Chez les végétariens, un bon rire vaut un bon tofu ! De Michèle Bernier / Le Petit Livre de Michèle Bernier , 
  • On estime beaucoup les femmes bonnes, mais sans esprit, […] mais on finit par bâiller auprès d'elles. Henri Frédéric Amiel, Journal intime, 12 juillet 1866

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Traductions du mot « bon »

Langue Traduction
Anglais good
Espagnol bueno
Italien buono
Allemand gut
Portugais bom
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Synonymes de « bon »

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Antonymes de « bon »

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Nombre de points du mot bon au scrabble : 5 points

Bon

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