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Être dans les bras de Morphée : définition et origine de l'expression

Nous aimerions vous dire que cet article s’adresse à tous les solitaires de la couette, aux délaissés du cœur et du corps, à ceux qui n’ont personne à étreindre la nuit tombée… Mais, en réalité, l’expression française « être dans les bras de Morphée » concerne surtout les indomptables insomniaques autant que les amoureux du sommeil rompus à l’exercice de la grasse matinée.

C'est à nouveau vers la mythologie qu’il faut se tourner pour comprendre qui est « Morphée » à qui nous confions roupillons, siestes ou léthargie profonde. Nous vous expliquons tout dans cet article – et vous invitons chaleureusement à utiliser cette expression qui n’est pas sans cachet. Bonne lecture !

Définition de l’expression « être dans les bras de Morphée »

L’expression « être dans les bras de Morphée » est une locution verbale signifiant que l’on est dans un profond sommeil. L’expression s’utilise aussi avec d’autres verbes, selon l’état dans lequel la personne se trouve, mais toujours en rapport avec l’action de dormir. Ainsi, on dira « tomber dans les bras de Morphée » pour exprimer l’action de s’endormir et « sortir des bras de Morphée » lorsqu’il s’agit du réveil. Libre à vous sinon, et à votre inspiration lyrique, de varier les verbes selon le sens que vous voulez donner à l’expression, du moment que vous gardez le principal : « les bras de Morphée ».


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En effet, le segment syntaxique « les bras de Morphée » est tout à la fois une image, une métaphore, une métonymie – qui, nous le rappelons pour les néophytes, consiste à désigner un concept par l’intermédiaire d’un autre avec lequel il entretient un lien logique – mais aussi une personnification. Car, vous l’aurez deviné, le sommeil est ici associé à une personne : Morphée. 

Origine de l’expression « être dans les bras de Morphée »

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Pour commencer, grand scoop, Morphée n’est pas une femme. C’est un dieu grec. Dans la mythologie antique, Morphée, fils d’Hypnos (le sommeil) et de Nys (la nuit) est le dieu des rêves prophétiques. Il apparaît dans les Métamorphoses d’Ovide. Il est considéré comme un messager des dieux, envoyé par ces derniers aux humains sous forme humaine (d’où son nom, Morphée, hérité du grec μορφή, la forme) durant leur sommeil. Dans les représentations qu’on en a fait, il tient souvent un miroir d’une main et des graines de pavot de l’autre (connues pour leurs bienfaits analgésiques et calmants). Il est d’ailleurs raconté qu’il donne le sommeil aux humains en les touchant avec ses pavots. 

Jean-Bernard Restout, Le sommeil de Morphée

Si l’expression est aujourd’hui bien entrée dans le langage courant, il reste pourtant difficile de dater de façon exacte son apparition dans la langue. Dans les archives de la Bnf, on trouve une attestation de l’expression « bras de Morphée » dans Le Mercure galant, un périodique français, dans une édition datant de 1678

Pour aller plus loin : Morphée a toujours sa petite heure de gloire chez les contemporains, puisqu’il survit, non seulement dans cette expression, mais qu’il a aussi donné son nom à un médicament : la morphine. Par ailleurs, les « pavots de Morphée » font référence aux qualités soporifiques de la graine de pavot tout en faisant allusion, par extension, au sommeil lui-même. Si l’on en croit le Cnrtl, l’expression « pavots de Morphée » est essentiellement utilisée dans le domaine de la littérature et de la poésie. (Exemple : « Morphée, seul éveillé, répand des pavots / Sur les dieux endormis », Hector Crémieux, Orphée aux Enfers, 1858). Preuve en est que, si vous vous sentez l’âme d’un versificateur, Morphée – et, de manière générale, ses congénères dieux et déesses grecs – vous ouvrira un large champ de métaphores diverses et variées. 

Exemples d’usage de l’expression « être dans les bras de Morphée »

Malgré les somnifères, il me devenait très difficile de tomber dans les bras de Morphée à la suite de son appel quotidien de 23 heures.

Jean-Yves Boyer, Survivre au traumatisme: Témoignage d’une reconstruction, 2010

Ainsi, tous les petits matins, mon coude calé sur le comptoir d'un bar sans nom, j'appréciais ma solitude en musique d'ambiance. Ensuite, je rentrais chez moi complètement déchiré et me terminais à la bière avant de sombrer dans les bras de Morphée.

Philippe Isard, Dialogues de morts

Quand cet excellent homme est mort, le mois dernier, Natacha a vécu une semaine d'insomnie. Je l'ai guérie avec un enregistrement du Beau Danube. Aux premières notes, elle tombe dans les bras de Morphée. C'est radical.

Michel Déon, Taisez-vous… j'entends venir un ange

— Je crois qu'elle met de l’argent de côté pour suivre une formation professionnelle.
— Elle ferait pourtant une bonne épouse...
Sur cette parole qui aurait indigné une suffragette, elle retomba de nouveau dans les bras de Morphée.

Betty Neels, Amoureuse d'un grand patron

Il est totalement dans les bras de Morphée, c'en est presque obscène. Je suis jaloux d'un tel abandon. Il se réveille en sursaut.

Tonino Benacquista, La maldonne des sleepings

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