La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « doux »

Doux

Variantes Singulier Pluriel
Masculin doux
Féminin douce douces

Définitions de « doux »

Trésor de la Langue Française informatisé

DOUX, DOUCE, adj. et adv.

I.− Adjectif
A.− [En parlant d'un inanimé en gén. concr.] (Quasi-) anton. dur.
1. [En parlant d'une réalité perceptible par tel ou tel sens] Qui n'est ni rude ni âpre, (par ce qu'il) fait sur les sens une impression agréable.
a) Domaine du goût.Qui a une saveur agréable sans être forte ni piquante.
α) Qui a une saveur sucrée et agréable. Amande, patate, pomme douce; fruits doux. (Quasi-)anton. acide, âcre, amer.Le séné d'Italie ou de Provence (...) leur saveur est plutôt douce et muqueuse qu'amère (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog.,t. 2, 1821, p. 662):
1. ... sous la dénomination « sucres » on désigne certains corps qui, extraits des plantes, sont cristallins, solubles dans l'eau et qui communiquent au liquide de dissolution une saveur douce, agréable, dite « saveur sucrée ». Rouberty, Manuel de sucrerie,1922, p. 68.
ŒNOLOGIE. Vin doux
Jus de raisin qui n'a pas encore fermenté et dont la saveur est très sucrée. (Quasi-)synon. moût.La levure de vin (...) ensemence d'elle-même le vin doux et y transforme le glucose en alcool (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 115).Les cépages à vins doux naturels (...) du Roussillon sont également tous de troisième époque. Le plus répandu est le grenache (Levadoux, Vigne,1961, p. 43).P. métaph. Ta bouche, sanguin piment, Douce comme le moût de première cuvée (Moréas, Pèlerin pass.,1891, p. 90).
Vin (blanc) très sucré. (Quasi-)anton. vin sec.Le vin blanc doux est nourrissant et diurétique, mais il donne mal à la tête (Faral, Vie temps St Louis,1942, p. 190).
P. ell. du déterminé, emploi subst. masc. [Gén. en parlant d'une liqueur sucrée p. oppos. à une liqueur forte ou rude] Un verre de doux; préférer le doux. Prendre du sec (du vin sec) plutôt que du doux (Rob.).Pendant que les hommes humaient le marc ou le kirsch, le doux circulait parmi les femmes : vin cuit, cassis, eau-de-coing, angélique ou trois plantes (C. Thouvenot, Le Pain d'autrefois, Paris, André Leson, 1977, p. 107).
β) Qui a une saveur peu relevée sans trop d'assaisonnement. Moutarde douce; piment doux. (Quasi-)anton. épicé, fort, salé.
GASTR. Sauce douce. ,,Sauce faite avec du sucre et du vinaigre`` (Ac. 1798-1932).
Parfois péj. Qui manque de sel ou d'assaisonnement. Plat, potage (trop) doux; salade (trop) douce. Synon. douceâtre, fadasse, (fam.) fade.Ta sauce est un peu douce, il faut la saler davantage (Dub.).
γ) En partic. Eau douce. Eau contenant peu ou pas de sel; eau des rivières, des étangs, des fleuves, etc. Poisson d'eau douce. (Quasi-)anton. eau de mer.Plusieurs espèces [de poissons voyageurs] prennent naissance dans les eaux douces, vont se développer et grandir dans les eaux salées (Code pêche fluv.,1875, p. 45):
2. Les marais salants installés sur les côtes à proximité de l'embouchure d'un fleuve doivent prendre des précautions particulières pour établir leurs prises d'eau de mer sous peine d'avoir des eaux trop douces et un mauvais rendement. Il semble que la salinité des couches profondes soit plus constante que celle des eaux de surface, car les facteurs climatiques ou locaux n'interviennent pas. Stocker, Le Sel,1949, p. 18.
Péj., fam. Marin d'eau douce. Marin qui n'a, en général, navigué que sur rivières ou peu sur mer ou qui n'a navigué qu'en Méditerranée; marin qui n'est pas un vrai marin.
Vx. Médecin d'eau douce. Mauvais médecin; médecin qui soigne de façon peu énergique, prescrit peu de remèdes ou en prescrit d'inefficaces : qui ne prescrit que de l'eau claire.
Rem. Attesté ds Ac. 1835, Besch. 1845, Quillet 1965, Littré, DG, Guérin 1892.
b) Domaine de l'odorat.Qui a une odeur délicate, légère et agréable. (Quasi-)synon. délicat, suave.La douce odeur des roses (Brasillach, Corneille,1938, p. 202):
3. Triste en sa frénésie, Le beau Dionysos pleure la molle Asie; Et ce hardi troupeau, les femmes au sein nu Qui le suivaient naguère au pays inconnu, Folles, aspirant l'air avec ses doux aromes, Ne sont plus à présent que spectres et fantômes. Banville, Les Exilés,L'Exil des Dieux, 1874, p. 9.
c) Domaine de la vue
α) [En parlant d'une source lumineuse, d'une couleur] Qui offre une luminosité, des teintes estompées. Lumière douce; douce clarté. (Quasi-)synon. délicat, tendre.La teinte uniforme et douce des maisons de Berlin (Stendhal, Hist. de la peinture en Italie,t. 1, 1817, p. 47).La douce lumière des abat-jour (Chardonne, Épithal.,1921, p. 189).
β) [En parlant d'une forme] Qui est agréable à voir en raison de sa régularité et de son harmonie. Nanette embellit beaucoup (...) Les lignes sont plus douces, plus fondues (Maupass., Fort comme la mort,1889, p. 147).
En partic. [En parlant d'un élément du relief] Qui n'est pas abrupt, escarpé ni heurté (cf. infra 2 b) :
4. ... le pays de Châtellerault, dont l'aspect verdoyant et les douces collines ménagent une transition aimable vers les raides et secs escarpements du Poitou calcaire. Vidal de La Bl., Tabl. de la géogr. de la France,1908, p. 169.
P. anal. Les cheveux sur les épaules, sur les seins et leur douce ondulation de dunes (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1094).
d) Domaine du toucher.Qui est agréable au toucher par un contact sans aspérités, une surface lisse, une consistance souple, moelleuse. (Quasi-)synon. lisse, tendre.Le séné d'Alexandrie (...) Ses feuilles sont (...) lisses et douces au toucher (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog.,t. 2, 1821, p. 662).Ce doux museau de velours cotonneux [d'une biche] (Colette, La Vagabonde,1910, p. 220):
5. ... il s'aperçut enfin qu'une peau douce et fine, tendue sur une chair ferme et élastique, apanage exclusif de la fraîcheur, suite ordinaire de la jeunesse, lui procurait un toucher plus agréable, en le faisant reposer plus doucement; ... P.-A.-F. Laclos, Éduc. femmes,1803, p. 462.
B.-A. ,,Léger, moelleux, touché, indiqué plutôt que marqué`` (Nouv. Lar. ill.; attesté aussi ds Lar. 19e20e, Besch. 1845). Pinceau doux; touche douce.
Spéc. Taille-douce*.
e) Domaine de l'ouïe.Qui est agréable à l'oreille en raison de son harmonie, de sa faible intensité. (Quasi-) synon. mélodieux, suave.L'orchestre de Milan, admirable dans les choses douces, manque de brio dans les morceaux de force (Stendhal, Rome, Naples et Florence,1817, p. 21).Une musique douce et mélodieuse (Nerval, Sec. Faust,Hélène, 1840, p. 258).Un très joli timbre de voix, doux avec un peu d'acidité dans le haut (Colette, Julie de Carneilhan,1941, p. 184).
Emploi subst. Le doux. Le ton doux (Rob.).(Quasi-) anton. le fort.
PHONÉT. Consonne douce, ou, p. ell. une douce, subst. fém. Consonne dont l'articulation n'exige qu'une faible tension musculaire et dont le son est relativement doux. (Quasi-)synon. consonne sonore; (quasi-)anton. consonne forte ou sourde (cf. adoucissement B spéc. 6 phonét.).
2. P. ext. [En parlant d'une réalité qui affecte l'ensemble de la pers.]
a) [En parlant d'un moyen de locomotion] Qui ne fatigue pas par un rythme suivi, peu saccadé ni cahotique. ,,Cheval doux, monture douce, cheval, monture qui ne fatigue point le cavalier`` (Ac. 1932). (Quasi-)anton. pénible.Il [Denoisel] allait retenir chez un loueur une voiture douce et bonne à ramener un blessé (Goncourt, R. Mauperin,1864, p. 266).
P. méton. Cahot, choc doux; secousses douces. La voiturette filait par les larges avenues, de son train si rapide et si doux (Zola, Travail,t. 2, 1901, p. 258).Le cheval a une allure douce, les allures fort douces, des mouvements doux (Ac.1932) :
6. Au moment de l'embrayage, la garniture, coincée entre le volant et le plateau d'embrayage, aplatit progressivement les plaquettes-ressorts procurant ainsi au véhicule un démarrage beaucoup plus doux. Chapelain, Cours mod. de techn. automob.,1956, p. 69.
b) [En parlant d'un lieu, d'une pente, d'une construction, etc.] Qui n'est pas brusque; qui est facile à gravir; qui reste modéré, sans écart important. (Quasi-)anton. abrupt, escarpé, raide.Escalier doux; montée, pente douce.
P. anal. Qui est peu pénible à supporter. (Quasi-) anton. rigoureux, sévère.C'est un devoir bien doux à remplir (Ac.1835-1932).Ô mathématiques sévères, je ne vous ai pas oubliées, depuis que vos savantes leçons, plus douces que le miel, filtrèrent dans mon cœur, comme une onde rafraîchissante (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 190).
c) [En parlant des conditions atmosphériques] Qui produit une sensation de bien-être. (Quasi-)synon. modéré, tempéré, tiède; (quasi-)anton. aigre (cf. aigre I A 1 e), cinglant, cuisant, glacial.Malte où les nuits sont douces comme le lait (Hugo, Légende,t. 6, 1883, p. 382).La soirée était douce, tiède encore, malgré la saison (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 4):
7. Les vents bruyans ont fait place aux zéphirs, dont la douce haleine respecte le feuillage tendre qui s'abreuve encore de rosée, et qui joue légèrement sur le berceau des enfants du printems;... Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes,1796, préf., p. 146.
P. ell. ,,Faire doux, faire un temps doux. Il fait bien doux`` (Ac. 1798-1878, Lar. 19e, Lar. encyclop., Quillet 1965).
3. [En parlant d'une réalité abstr. ou concr. en rapport avec une certaine gradation, avec une échelle de valeurs] Qui est, reste modéré, sans écart important. La taille (...) doit être un passage lent, insensible et doux entre les deux gloires de la femme, sa poitrine et son ventre (France, Hist. comique,1903, p. 4):
8. Et toujours, et du même pas, avec le même geste, il [le semeur] allait (...) derrière, la herse, sous les claquements du fouet, enterrait les germes, du même train doux et comme réfléchi. Zola, Terre,1887, p. 11.
− Domaines culin. et techn.Feu doux. Feu donnant une chaleur modérée. Chauffer, cuire, faire fondre à feu doux. (Quasi-)anton. feu vif.Auto-cuiseur (...). − Marmite norvégienne pot-au-feu. Récipient entouré d'une forte enveloppe isolante, (...). Il convient spécialement à toutes les cuissons longues à feu doux (bœuf à la mode, pot-au-feu, légumes secs, etc.) (Lar. mén.1926, p. 471):
9. Couvrez parfaitement la marmite de son couvercle, faites bouillir, et après le premier bouillon, laissez sur un feu très doux pour obtenir un mijotement imperceptible pendant trois heures;... Les gdes heures de la cuis. fr., J. Gouffé, 1877, p. 184.
4. Emplois spéc.
a) Domaine écon.Prix doux. (Quasi-)anton. prix fort, élevé.Un architecte de ses amis vint lui demander [à Anatole], de la part d'un curé, un Christ pour une chapelle de couvent « dans les prix doux » (Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 97).
b) MÉTALL. [En parlant d'un métal] Malléable, ductile, dont les parties sont bien liées; non fragile, qui se plie aisément sans se casser. Minerai doux. Un morceau de fer doux (Poincaré, Électr. et opt.,1901, p. 35):
10. ... si le métal s'est rompu, c'est qu'il a pris la trempe et que, par conséquent, on a affaire à un acier dur; si, au contraire, l'éprouvette s'est repliée sur elle-même, c'est que l'acier est de nuance douce non trempante; avec un acier extra-doux, il sera possible d'exécuter un nouveau pliage dans un sens perpendiculaire au premier, sans arriver à la rupture. Barnérias, Manuel des aciéries,1934, p. 154.
c) TECHNOL. Lime douce. Lime dont les dents sont fines, peu saillantes, mordant légèrement et en surface, permettant un travail plus délicat.
Rem. Attesté ds Ac. 1835-1932, Lar. 19e-Lar. encyclop., Besch. 1845, Quillet 1965.
B.− Au fig.
1. [En parlant d'un état de choses, d'une situation, etc.] Qui est agréable en raison de son calme, de sa tranquillité, etc. Un doux repos, une douce tranquillité. Il jeta un dernier regard sur toutes ces richesses qui lui avaient fait la vie si douce et si heureuse depuis son enfance; il regarda encore une fois ces tableaux (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 451):
11. ... ma femme avait souvent l'attention de se promener au soleil et à l'air, à l'heure de midi, en tenant ma fille bien couverte dans ses bras; elle était alors âgée de six mois. Elle jetait souvent des cris dans la chambre, sans doute par le besoin de respirer le grand air; car, dès qu'on l'y portait, elle devenait tranquille, et bientôt elle était saisie d'un sommeil doux et paisible, qui la faisait profiter à vue d'œil. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 157.
Il est doux de (avoir, être, faire, etc.). Il est agréable de... :
12. ... « il m'est doux de dormir, il m'est plus doux d'être de pierre, tant que le malheur et la honte durent. Ne rien voir, ne rien sentir, c'est là mon plus grand bonheur. Ne me réveille pas, de grâce! Parle bas!... » Faure, Hist. de l'art,1914, p. 410.
2. [En parlant d'une personne, d'un trait de son attitude ou de son comportement]
a) [En parlant d'une pers.]
α) Qui agit sans brusquerie, qui a des mouvements, des gestes mesurés, des manières délicates; qui est d'un caractère facile, d'une humeur égale, qui montre de la modération, de la bienveillance envers autrui. Caractère doux. (Quasi-)synon. affable, bon, humain, paisible.Il s'entête, mais quinze jours de régime du bord et des colonies, il deviendra doux comme une gazelle (Sue, Atar Gull,1831, p. 7).Tsilla, l'enfant blond, la fille de ses fils [de Caïn], douce comme l'aurore (Hugo, Légende,t. 1, 1859, p. 49):
13. ... « je vivais en Suisse, commence-t-il, en homme doux et paisible, fuyant le monde, ne me mêlant de rien, ne disputant jamais, ne parlant pas même de mes opinions... » Guéhenno, Jean-Jacques,Grandeur et misère d'un esprit, 1952, p. 206.
Emploi subst.
♦ Domaine de la spiritualité.Les doux. Les débonnaires. [P. réf. à la Bible, Matthieu 5, 4] Heureux les doux. Fût-il [l'abbé Donissan] devenu l'un de ces saints dont l'histoire ressemble à un conte, de ces doux qui possèdent la terre, avec un sourire d'enfant-roi? (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 147).
Fam., péj. Faire le doux/la douce. Affecter une fausse douceur. Il fait le doux mais il est au fond très-irascible (Lar. 19e).
Rem. Attesté aussi ds Guérin 1892, Nouv. Lar. ill.-Lar. 20e.
β) P. anal. [En parlant d'un animal] Qui n'est pas féroce, méchant. Un chien doux et caressant (Rob.).Cet animal est fort doux (Ac.1932).
b) [En parlant d'un trait physique ou moral] Qui exprime un caractère doux. Air doux; douce affabilité, douce bienveillance. À quoi bon chercher tes beautés langoureuses Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton cœur si doux? (Baudel., Fl. du Mal,1857-61, p. 60).La bonne et douce figure du docteur disait un peu de ses inépuisables charités (Goncourt, Journal,1893, p. 452):
14. Mais Lucette avait bonne mine, et l'œil doux, l'œil d'une femme qui n'a pas de femmes à combattre. Colette, Chambre d'hôtel,1940, p. 11.
En partic., littér. Style doux. Style aisé, coulant, facile, sans rudesse. Jaufred, Arnaud Daniel Au style doux comme miel (Moréas, Sylves,1896, p. 178).
c) [En parlant gén. d'un trait ou d'un aspect du comportement] Qui touche agréablement l'esprit, le cœur, l'imagination.
α) Domaine affectif.Douce affection, émotion, gaîté, mélancolie; doux souvenir. La douce égalité et la liberté (Stendhal, H. Brulard,t. 1, 1836, p. 138):
15. Oh! la douce journée que celle d'hier, comme elle a été pleine, comme elle a débordé des plus pures joies! Je l'ai passée presque tout entière avec cet inestimable ami, et vous pouvez juger si la causerie et l'imagination ont été bon train. Guérin, Correspondance,1834, p. 133.
β) Domaine amoureux.Qui est tendre, inspiré par l'amour. Douces paroles, doux propos. Paroles de galanterie, d'amour; propos tendres, galants (attesté ds Ac. 1798-1932, Besch. 1845, Quillet 1965, Lar. 19e). Aurai-je ce soir quand je te quitterai le bonheur de te retrouver dans une douce lettre bien tendre et plus précieuse encore pour ton mari? (Hugo, Lettres fiancée,1822, p. 180).Les arbres pleins de doux ébats (Hugo, Chans. rues et bois,1865, p. 144):
16. Que de larmes me viennent en pensant à vous, à votre petite Marie, à sa mère qui m'a aimée! Combien son amitié m'était chère, et que les témoignages que j'en ai reçus m'allaient profondément au cœur! Rien ne peut les en effacer, non plus que son souvenir. Je me souviendrai toujours d'elle, et que sa belle âme s'était penchée vers moi pour m'aimer. Que je l'aimais aussi et quel bonheur je trouvais dans notre douce correspondance! E. de Guérin, Lettres,1835, p. 81.
Vx, littér. Un doux penchant. Un penchant amoureux (attesté ds Lar. Lang. fr.).
Spéc. Un billet doux. Un billet d'amour, de galanterie. C'est une lettre de Camille, seigneur, de votre fiancée. Maître Blazius. C'est un billet doux à un gardeur de dindons (Musset, On ne badine pas,1834, III, 2, p. 55):
17. Alors, les filles s'en vont avec un baiser sur le cou et un billet doux dans la poche. Zola, Nouveaux contes à Ninon,1874, p. 142.
Loc. fam. Faire les yeux doux/les doux yeux. Chercher à plaire, chercher à gagner les bonnes grâces, regarder amoureusement. Faire les yeux doux à une femme :
18. Le meunier guetta et il aperçut le galant (...) couché dans l'herbe et feignant de dormir. Françoise, de sa chambre, pouvait le voir. La chose était claire, ils avaient dû s'aimer, en se faisant les doux yeux pardessus la roue du moulin. Zola, Les Soirées de Médan,L'Attaque du moulin, 1880, p. 9.
II.− Loc. diverses
A.− Fam., loc. adv.
1. Tout doux
a) Tout doucement, lentement, sans se hâter, se précipiter. Voici qu'un soir, lorsque je marchais tout doux sur les pelouses de Twickenham, apparaît Peltier (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 521).
b) Tranquillement, sans s'emporter. S'éclaircir tout doux d'une affaire.
c) En exclamation. Invitation au calme, à la modération. Il faudrait, dit une vieille, lui jeter de l'eau bénite (...) Tout doux! la vieille (...) le jeune seigneur est aussi vivant (...) que vous et moi (France, Balth.,Ab., 1889, p. 269):
19. clorinde. − Ne peux-tu te hausser à d'autre ambition Qu'à celle de gagner un méchant million? annibal. − Tout doux! les millions sont de bonnes personnes Qui ne méritent pas le nom que tu leur donnes... Augier, L'Aventurière,1848, I, p. 180.
2. En douce. Sans bruit, de façon discrète, dissimulée en cachette, sans se faire remarquer. Faire (qqc.), partir en douce. La destinée l'avait mis [Arzaman], à l'occasion d'un joyeux repas, en face de l'homme qu'il s'agissait de supprimer, comme dit l'argot, « en douce » (L. Daudet, Ciel de feu,1934, p. 251):
20. Trois grosses péniches vides flottaient de toute la hauteur de leur coque brune sur l'eau presque immobile. − « Tu aimerais faire un voyage en péniche? » demanda gaiement Antoine. « Glisser en douce sur les canaux, entre les peupliers,... » Martin du Gard, Les Thibault,Le Pénitencier, 1922, p. 703.
3. À la douce (pop.). Tout doucement, d'une manière douce, modérée; assez bien. Aller (tout) à la douce, faire (qqc.) à la douce :
21. C'étaient en général « M. Schmoll » ou Gaston Pollonais petit israélite malingre et bafouilleur, qui se chargeaient de ces réquisitions à la douce, dont le patron se montrait fier. L. Daudet, Salons et journaux,1917, p. 128.
B.− Loc. verbales fig.
1. Avaler doux comme lait. ,,Être crédule ou sans rancune`` (Guérin 1892).
Rem. Attesté aussi ds Ac. 1798-1932, Besch. 1845, Quillet 1965, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.
2. Filer doux. Se soumettre, obéir humblement, n'opposer aucune résistance à... Elle [Gervaise] filait doux maintenant, elle pliait ses grosses épaules, ayant compris qu'ils [Coupeau et Lantier] s'amusaient à la bousculer (Zola, Assommoir,1877, p. 621).Insolent avec les timides ou les malades, il [La Jeunnesse] était peureux comme une larve et filait doux avec les gens décidés et solides (L. Daudet, Temps Judas,1920, p. 108):
22. Et nous filerons doux nous autres les malins. Et le plus assuré fera le bon apôtre. Et nos derniers soleils seront sur leurs déclins. Et nos bergers seront deux uniques bergères. Et nous filerons doux par devant ces houlettes. Et nous serons menés par des mains plus légères. Péguy, Ève,1913, p. 930.
Prononc. et Orth. : [du], fém. [dus]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1100 France dulce (Rol., éd. J. Bédier, 16); id. dulz païs (ibid., 1861); id. ewes dulces (ibid., 2640); ca 1150 liz... dulz [toucher, contact] (Voyage de Charlemagne, éd. E. Koschwitz, 425); ca 1170 douce fille (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 451); ca 1176 vanz dolz [des éléments] (Id., Cligès, éd. A. Micha, 241); 1531 [éd.] adv. le porter doux (Perceforest, t. IV, fo65 ds Littré); 1603 filler doux (C. de Rubys, Histoire véritable de Lyon, p. 271); 1884 en douce [d'apr. Esn.]. Du lat. class. dulcis « doux » de mêmes emplois que le français. Fréq. abs. littér. : 18 840. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 37 504, b) 32 754; xxes. : a) 24 844, b) 15 626. Bbg. Duch. Beauté. 1960, p. 161. − Gottsch. Redens. 1930, passim.Goug. Mots t. 3 1975, p. 96. − Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Franso, 1972, p. 45, 149, 227, 234, 246, 247. −Mat. Louis-Philippe 1951, p. 199. − Quem. Fichier. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 73.

Wiktionnaire

Adjectif - français

doux \du\

  1. Agréable au toucher.
    • Cette laine est vraiment très douce.
  2. D’une saveur peu prononcée, ni acide, ni amer, ni piquante. Se dit aussi d’une saveur crémeuse et à la texture soyeuse.
    • Puisque vous êtes sensible, je vous conseille cette sauce plus douce.
  3. Agréable à entendre, ni heurté, ni fort.
    • Que cet air de Caccini est doux !
    • Il parle d'une voix plus douce que la première neige et a ce regard tendre et profond des êtres d'exception. — (Anaïs Barbeau-Lavalette, La femme qui fuit, éditions Marchand de feuilles, Montréal, 2015, p. 356)
  4. Pour une eau, à teneur faible en minéraux, en particulier le sel.
    • Cette espèce vit aussi bien dans l’eau douce que dans l’océan.
  5. Sucré, en évoquant une nourriture, ou une boisson.
    • Ce vin est doux et très fruité.
  6. Apportant du réconfort, du bien-être.
    • Je te souhaite une douce nuit.
  7. Qui n’a rien de fatigant.
    • Sur des routes aux doux reliefs, vous prendrez la direction de Champlay, Neuilly et Laduz, où vous pourrez visiter un intéressant musée des Arts et Traditions populaires. — (Balades à vélo en Bourgogne 2009 Petit Futé, p.234)
  8. Qualifie une consonne sonore, qui n’est pas sourde.
    • Il parlait couramment anglais, mais avec un fort accent tudesque, qu’on remarquait spécialement dans la prononciation des lettres v et b ; il adoucissait ses th jusqu’à faire entendre le son dz très doux […] — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 153 de l’édition de 1921)
    • « g » est une consonne douce.
  9. (Figuré) D’un caractère affable et conciliant.
    • Un peuple doux et hospitalier.
  10. (Figuré) Peu pénible, peu difficile à supporter, à endurer, à observer, qui n’est pas imposé ou infligé avec trop de rigueur.
    • C’est une peine trop douce pour ce criminel.
  11. Qui est de température tiède.
    • Chaque période interglaciaire amène un adoucissement du climat, qui prend le type froid et sec ou bien doux et humide. — (Henri Gaussen, Géographie des plantes, Armand Colin, 1933, p. 58)
  12. (Métallurgie) Qui se plie aisément sans se casser.
    • Le fer le plus doux est le plus propre à faire de l’acier.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

DOUX, OUCE. adj.
Dont la saveur est agréable au goût et n'a rien d'aigre, d'amer, d'âpre ou de salé. Le lait, le miel, le sucre sont doux. Orange douce. Amande douce. Huile d'amandes douces. La plupart des vins d'Italie sont doux. Substantivement, L'amer et le doux. Vin doux se dit du Vin qui n'a pas encore cuvé. Sauce douce, Sauce faite avec du sucre et du vinaigre. Eau douce, Eau des rivières, des lacs, des étangs et des fontaines, par opposition à l'eau de la mer, qui est salée. Poisson d'eau douce. Fig., Marin d'eau douce se dit par raillerie de Quelqu'un qui a navigué seulement sur les rivières, ou qui a peu navigué sur mer et qui se donne des allures de loup de mer. Il se dit, par extension, de Tout ce qui fait une impression agréable sur les autres sens et qui n'a rien de rude, d'aigre, de piquant, ou de brusque, de trop vif, de trop éclatant, etc. Cela est doux au toucher, à la vue, à l'odorat, à l'ouïe. Avoir la peau douce. Le poil de cet animal est fort doux. Doux comme du satin. Un jour doux. Une lumière douce. De doux reflets. Un doux éclat. Couleur douce. L'effet de ces couleurs, de ces teintes est très doux à l'œil. Des mouvements, des contours doux et gracieux. Odeur douce. Haleine douce. Doux parfums. Voix douce. Son doux. Un parler doux. Langue douce et harmonieuse. Douce harmonie. Doux ramage. Fig., Une éloquence douce et persuasive. Le doux murmure des eaux. Par extension, Lime douce, Celle dont les aspérités sont fines et peu saillantes. Cheval doux, monture douce, Cheval, monture qui ne fatigue point le cavalier. On dit dans le même sens Ce cheval a une allure douce, les allures fort douces, des mouvements doux. Il se dit aussi d'un Cheval qui n'est ni fringant ni ombrageux. Voiture douce, Voiture bien suspendue, qui ne fatigue point, qui ne fait pas éprouver de secousses, de cahots. Escalier doux, pente, montée douce, Escalier, pente, montée, qui ne sont pas rudes, qu'il est facile de monter, de gravir. On dit, dans un sens analogue, Une descente douce. En termes de Grammaire grecque, Esprit doux, Signe en forme de virgule (') qui se place au-dessus d'une lettre, pour indiquer l'absence d'aspiration, comme dans εστι (il est).

DOUX signifie, en parlant de l'État de l'atmosphère, Qui est d'une température agréable, qui n'est ni trop chaud, ni trop froid, et qui est calme. L'air est doux. Un temps doux. Il fait très doux. Pluie douce, Pluie menue, plus chaude que froide, qui tombe sans orage. Chaleur douce, Chaleur modérée, en parlant de la Température d'un corps quelconque. On dit dans le même sens Un feu doux. Il signifie quelquefois Qui est calme, tranquille. Un doux sommeil. Le doux silence des bois. Un doux repos. De doux loisirs. De douces occupations. Mener une vie douce. Avoir une mort douce. Il signifie aussi figurément Qui est humain, traitable, affable; et alors il est opposé à Rude, cruel, farouche, violent. Un peuple doux et hospitalier. Caractère doux. Humeur douce. Naturel doux. Des mœurs douces. Il est doux comme un agneau. Cet animal est fort doux. Elle est douce et caressante. Un gouvernement doux. En ce sens il peut se dire substantivement. Heureux les doux. Il signifie également Qui est peu pénible, peu difficile à supporter, à endurer, à observer, qui n'est pas imposé ou infligé avec trop de rigueur. Le service est fort doux dans cette maison. C'est, après tout, une condition assez douce. C'est un devoir bien doux à remplir. Des peines douces. Un châtiment doux. C'est un supplice trop doux. Une raillerie douce. Il signifie encore Qui dénote ou semble exprimer une disposition bienveillante, affectueuse, ou la candeur, la sérénité, la bonté habituelle de l'âme. Un doux sourire. De doux regards. Parler d'un ton doux. Une physionomie, une mine douce. Avoir le regard doux et caressant. Un doux maintien. Un air doux et insinuant. Fam., Faire les yeux doux, les doux yeux, Regarder en donnant à ses yeux une expression de tendresse. Faire les yeux doux à une femme. De douces paroles, Des paroles obligeantes, flatteuses, ou Des propos tendres, galants. On dit aussi De doux propos. Billet doux, Billet d'amour, de galanterie. Il signifie encore, au figuré, Qui émeut agréablement, qui flatte ou qui touche agréablement l'esprit, le cœur, l'imagination. Un doux baiser. De doux entretiens. De douces jouissances. De douces illusions. Une douce émotion. De doux transports. De douces larmes. Une douce surprise. Un doux souvenir. Une douce espérance. De doux reproches. De doux liens. Une douce union. Le doux penchant qui l'entraîne. C'est un homme dont le commerce est fort doux. Il n'y a rien de si doux que de vivre avec ses amis. Substantivement, Passer du grave au doux. Il peut signifier encore Qui est peu accentué. Une douce ironie. Une gaieté douce. Une douce mélancolie. Il signifie de même, en parlant des Métaux, Dont les parties sont bien liées, qui se plie aisément sans se casser. Le cuivre fin est doux, mais l'alliage le rend aigre. Le fer le plus doux est le plus propre à faire de l'acier. Il s'emploie adverbialement dans les deux phrases familières et figurées qui suivent : Filer doux, N'opposer aucune résistance à quelqu'un que l'on craint. C'est un homme avec qui il faut filer doux. Quand il comprit à quoi il s'exposait, il fila doux. Il avale cela doux comme lait, se dit de Celui à qui l'on a fait quelque offense et qui n'en témoigne aucun ressentiment. On le dit aussi d'une Personne vaine qui ajoute aisément foi aux flatteries et d'un Homme simple à qui l'on fait accroire les choses les plus éloignées de la vérité.

TOUT DOUX, loc. adv. dont on se sert familièrement pour reprendre quelqu'un qui s'emporte, qui s'échauffe trop. Tout doux, tout doux, s'il vous plaît.

Littré (1872-1877)

DOUX (do-, dou-s' ; l'x se lie : dou-z et poli) adj.
  • 1Dont la saveur est agréable, qui n'a rien de rude. Amande, orange douce. Pomme douce. Contre la maxime de médecine, que toutes les choses douces se tournent en bile, Voiture, Lett. 57.

    Sauce douce, sauce faite avec du sucre et du vinaigre.

    Mets trop doux, mets trop sucré.

    Vin doux, jus de raisin qui n'a pas encore fermenté, et qui est doux au goût.

    Qui manque d'assaisonnement. Une sauce trop douce.

    Qui n'est pas salé. Eau douce, celle des lacs et des rivières, par opposition à celle de la mer.

    Familièrement. Marin d'eau douce, se dit par raillerie d'un homme qui n'a navigué que sur les rivières ou qui a peu navigué.

    Un médecin d'eau douce, s'est dit pour mauvais médecin et qui ne sait que prescrire de l'eau claire.

  • 2 Par extension, qui fait sur les sens une impression agréable. Une chose douce au toucher. Un poil doux comme la soie. Une douce odeur. Doux parfum. Doux accents. Doux murmure. Un doux zéphyr. Air doux. Temps doux. Un doux sommeil. Une contrée fertile, douce, aimable, riante…, Massillon, Car. Salut. Ainsi, dans les dangers qui nous suivent en croupe, Le doux parler ne nuit de rien, La Fontaine, Fabl. III, 12. Oh ! que j'aime bien mieux cet auteur plein d'adresse Qui, sans faire d'abord de si haute promesse, Me dit d'un ton aisé, doux, simple, harmonieux…, Boileau, Art p. III. Chantez le saule et sa douce verdure, Ducis, Othello, V, 2. Il a des vêtements plus doux, un asile mieux défendu contre l'injure des saisons, Raynal, Hist. phil. XVII, 4. Il fait doux [c'est-à-dire la température de l'air est douce, tiède], Sévigné, 605.

    Une douce influence, une influence lente et salutaire.

    Un doux sommeil, un sommeil tranquille.

  • 3Qui n'a rien de difficile, de fatigant. Un escalier doux. Pente douce.

    Voiture douce, voiture qui, bien suspendue, ne secoue pas ceux qui sont dedans.

    Pluie douce, pluie menue, qui n'est pas froide, avec un temps calme.

    Lime douce, lime dont les aspérités sont fines et peu saillantes.

    Vue douce, vue où il y a d'agréables repos, tels que des prés, de petits bois, etc.

    Terme de peinture. L'effet d'un tableau est doux, quand il présente une juste gradation des clairs aux ombres, des couleurs brillantes aux couleurs graves. Doux en ce sens s'oppose à dur.

    Purgation douce, purgatif doux, purgation, purgatif qui agit sans tranchées.

    Chaleur douce, chaleur modérée.

    Feu doux, feu qui, dans les opérations de cuisson, n'est pas poussé vivement.

    Il se dit de certains métaux purs et peu cassants. Cuivre doux. Le fer doux, par opposition au fer aigre qui est cassant.

    Terme de gravure. Se dit d'un métal que le burin coupe aisément et nettement.

    Gravure en taille-douce, ou, simplement, taille-douce, gravure qui se fait avec le burin ou l'eau-forte sur des planches de cuivre, l'art de faire cette gravure.

    Taille-douce, voy. TAILLE.

  • 4 Terme de grammaire. Les consonnes douces sont b, g et d, par opposition aux consonnes fortes qui sont p, k, t.

    Terme de grammaire grecque. Esprit doux, signe en forme de virgule, qui se met sur les voyelles initiales qui ne doivent pas être aspirées.

  • 5 Fig. Qui fait sur l'esprit ou le cœur une impression comparée à celle que font le miel et le sucre sur le goût. Il est doux de vivre en liberté. Vous dire, sans que tant de personnes l'entendent, ce que je sens pour vous, combien votre absence m'est insupportable et votre mémoire m'est douce, Voiture, Lett. 42. Agréable colère ! Digne ressentiment à ma douleur bien doux ! Corneille, Cid, I, 9. L'exemple est la plus douce et la plus forte loi, Corneille, Imit. II, 3. [Les religieux] Parlent peu, dorment peu, se lèvent du matin, Prolongent l'oraison, prolongent la lecture, Et sous ces dures lois font une douce fin, Corneille, ib. I, 25. [devoirs] … que vous êtes doux à mon cœur amoureux, Corneille, Poly. II, 4. Les plus doux de mes vœux enfin sont exaucés, Corneille, Rodog. IV, 2. Et ces grands cœurs, enflés du bruit de leurs combats, Souverains dans l'armée et parmi leurs soldats, Font du commandement une douce habitude, Corneille, Nicom. II, 1. Porte, porte ce cœur à de plus douces chaînes, Corneille, ib. V, 1. Tout ce qui naît de doux en l'amoureux empire, La Fontaine, Adonis. Cet espoir est bien doux à des cœurs offensés, Molière, Don Juan, III, 5. C'est ainsi qu'une femme en doux amusements Sait du temps qui s'envole employer les moments, Boileau, Sat. X. Vous trouverez ailleurs des entretiens plus doux, Racine, Théb. V, 3. Un bonheur si commun n'a pour moi rien de doux, Racine, ib. V, 4. Et tout ingrat qu'il est, il me sera plus doux De mourir avec lui, que de vivre avec vous, Racine, Andr. IV, 3. J'y consens ; porte-lui cette douce nouvelle, Racine, Brit. II, 2. Ce port majestueux, cette douce présence…, Racine, Bérén. I, 5. C'est une vengeance douce à celui qui aime beaucoup de faire, par tout son procédé, d'une personne ingrate une très ingrate, La Bruyère, IV. S'il est doux et naturel de faire du mal à ce que l'on hait, l'est-il moins de faire du bien à ce que l'on aime ? La Bruyère, ib. Ô doux espoir à mon cœur éperdu, Voltaire, Alz. II, 3. Doux bocage, adieu ; je succombe ; Tu m'avertis de mon destin ; De ma mort la feuille qui tombe Est le présage trop certain, Millevoye, la Chute des feuilles. Soleil si doux au déclin de l'automne, Arbres jaunis, je viens vous voir encor, Béranger, Ad. à la camp. Le 23, le quartier impérial était à Borowsk ; cette nuit fut douce pour l'empereur [qui se crut maître de la route de sa retraite hors de Moscou], Ségur, Hist. de Nap. IX, 21. Ils [les clairons] parlaient un langage Connu de mon oreille et doux à mon courage, Delavigne, Paria, I, 1.

    Faire les doux yeux, ou les yeux doux, chercher à plaire. Ne fais point les doux yeux ; je veux être fâché, Molière, le Dép. IV, 4. A Colin toujours alerte, Ne faites pas les yeux doux, Béranger, Mère aveugle.

    Faire les doux yeux à une femme, chercher à gagner ses bonnes grâces.

    Billet doux, billet d'amour, de galanterie.

    Les doux propos, paroles de galanterie, d'amour.

    Familièrement. Entre doux et hagard, c'est-à-dire moitié rude et moitié doux ; et aussi ni bien ni mal, ou encore avec un mécontentement masqué sous une apparence de douceur. Comment l'a-t-il reçu ? entre doux et hagard.

  • 6Qui n'a rien de pénible, de rigoureux, de cruel. Une morale douce. Une douce raillerie. Le service est fort doux dans cette maison. Le supplice est trop doux, Et sans les voir d'un œil trop sévère ou trop doux, Corneille, Cid, I, 1. …Soit que l'issue en soit douce ou funeste, Corneille, Pomp. III, 1. Je n'ai donc pas besoin d'un visage plus doux, Corneille, Nicom. I, 2. Que Rome a des conseils plus justes et plus doux, Corneille, ib. V, 5. La remontrance est douce, obligeante, civile, Corneille, Tois. d'or, I, 1. Durant tout ce temps et dans les tourments inouïs de sa dernière maladie oses maux s'augmentèrent jusqu'aux derniers excès, elle n'a eu à se repentir que d'avoir une seule fois souhaité une mort plus douce, Bossuet, Anne de Gonz. Enfin, tout ce qu'amour a de nœuds plus puissants, Doux reproches, transports sans cesse renaissants, Racine, Bérén. II, 2. Seigneur, de mes malheurs ce sont là les plus doux, Racine, Mithr. I, 2. Il ne faut jamais hasarder la plaisanterie, même la plus douce et la plus permise, qu'avec des gens polis ou qui ont de l'esprit, La Bruyère, V. Dans la Lithuanie plus anciennement réunie, où une administration douce, des faveurs habilement distribuées et une plus longue habitude avaient fait oublier l'indépendance, Ségur, Hist. de Napol. VIII, 1.
  • 7Qui a de la bénignité, de l'indulgence, de l'humanité. Un homme doux. Des mœurs douces. … En ce grand bruit le sort nous est si doux Que nous n'avons encor rien à craindre pour vous, Corneille, Héracl. II, 2. Qu'il [le ciel] vous soit aussi doux que vous m'êtes barbare, Rotrou, Antig. V, 9. Madame fut douce envers la mort, comme elle l'était envers tout le monde, Bossuet, Duch. d'Orl. Le secours De quelque dieu plus doux qui veille sur ses jours, Racine, Iphig. I, 3. Dieux plus doux, vous n'avez demandé que ma vie, Racine, ib. V, 1. Hé ! qui jamais du ciel eut des regards plus doux ? Racine, Esth. II, 1. Les dieux me seraient-ils plus doux ? Voltaire, Œdipe, I, 1. Héros terrible et doux à tous tes ennemis, Voltaire, Triumv. III, 7. Vous qu'un astre plus doux semblait avoir formée, Voltaire, Adélaïde, I, 2. Rendez-vous, je vous prie, un peu plus doux à vivre, Boissy, Sage étourdi, II, 5.

    Doux comme un agneau, se dit d'une personne qui est pleine de bonté, de docilité. Avec Destin seul il était doux comme un agneau, Scarron, Rom. com. I, 5.

    On dit dans le même sens doux comme une fille, et même, avec quelque liberté dans le langage, doux comme une pucelle. Votre petit Allemand paraît extrêmement adroit au bon abbé ; il est beau comme un ange, et doux et honnête comme une pucelle, Sévigné, Lett. 7 oct. 1676. Philosophe comme Spinosa, doux comme une fille, Voltaire, Lett. d'Argental, 22 déc. 1771.

  • 8En parlant des animaux, qui n'est pas méchant. Un cheval doux. Ce chien est doux. Ni loups ni renards n'épiaient La douce et l'innocente proie, La Fontaine, Fabl. VII, 1.
  • 9Doux-amer s'est dit de ce qui a à la fois quelque chose de doux et quelque chose d'amer. Une satire, où d'un œil doux-amer, Tout le monde s'y voit, Régnier, Sat., XI.
  • 10Doux, adv. Doucement. Vos paroles … Résonnent doux à nos oreilles, Régnier, Mac. On va mieux quand on va doux, La Fontaine, Cord.

    Familièrement. Filer doux, demeurer dans la soumission ; ne rien répliquer à une injonction, à une réprimande. Monsieur, n'est-il pas temps ? Et moi de filer doux, Régnier, Sat. X. Il fut contraint de filer doux, Scarron, Rom. com. II, 8. Ce moi qui le seul moi veut être, Ce moi qui m'a fait filer doux, Molière, Amph. II, 1. En vain tu files doux, Molière, ib. II, 3.

    Il a avalé cela doux comme lait, se dit de celui qui ne s'est point ressenti d'un affront qu'on lui a fait ; et aussi d'une personne acceptant avec satisfaction les louanges qui lui sont données ; et, finalement, d'un homme simple à qui l'on fait croire ce qu'on veut.

  • 11Tout doux, loc. interj. familière, dont on se sert pour retenir quelqu'un qui s'emporte, qui s'oublie. Tout doux : et, s'il est vrai que ce soit chose faite, Voulez-vous l'approuver, cette chaîne secrète ? Molière, le Dép. III, 8. Mon Dieu ! tout doux ; vous allez d'abord aux invectives ; est-ce que nous ne pouvons pas raisonner ensemble sans nous emporter ? Molière, Mal. imag. I, 5. J'ai vu, dit-il, un chou plus grand qu'une maison ; Et moi, dit l'autre, un pot aussi grand qu'une église. Le premier se moquant, l'autre reprit : Tout doux ; On le fit pour cuire vos choux, La Fontaine, Fabl. IX, 1.
  • 12 S. m. Ce qui est doux. Passer du grave au doux, du plaisant au sévère, Boileau, Art p. I. C'était la force et la sévérité qui sortait du doux et du clément, Massillon, Or. fun. Dauph. Il [le rossignol] saute du grave à l'aigu, du doux au fort, Chateaubriand, Génie, I, V, 5.

    Familièrement. Faire le doux, la douce, affecter une fausse douceur.

    A la douce, cri des rues de Paris annonçant des cerises douces à vendre.

    Populairement. A la douce, tout doucement, ni bien ni mal. Comment vous portez-vous ? - A la douce.

PROVERBES

Les douces paroles n'écorchent point la bouche, se dit pour reprocher à quelqu'un de ne s'être pas exprimé avec la douceur convenable.

Ce qui est amer à la bouche est doux au cœur, se dit pour inviter les gens à prendre une médecine désagréable ; et, figurément, se soumettre à quelque chose qui déplaît.

HISTORIQUE

XIe s. Li empereres Charles de France dulce, Ch. de Rol. II. Terre de France, mout estes dulz païs, ib. CXXXVIII. Issent de mer, viennent as ewes dulces, ib. CLXXXVII.

XIIe s. Et vers Franzois fu doux et souploiant, ib. p. 38. Beaus douz amis, de moi aiez pitié, ib. p. 92. Moult m'a amors atornée Douce paine et biau labor, Couci, I. Tuit mi penser sont à ma douce amie, ib. II. Et se je truis [trouve] ma dame o le douz nom Pleine d'orgueil et dame sans guerdon…, ib. Se j'en travail [souffre], je n'en sai qui blasmer, Fors ses douz ieus et son simple viaire, ib. Las ! pourquoi l'ai de mes ieuz regardée, La douce rien qui fausse amie a nom ? ib. VI. Quant li estés et la douce saisons Font feuille et flor et les prés raverdir, ib. XII. La douce voiz du loussignol [rossignol] sauvage, ib. XI. Quant je recort la simple courtoisie Et les douz mots dont [elle] seut [a coutume] à moi parler, ib. XXII. Le martir saint Denis, qui [cui, à qui] dulce France apent, Th. le mart. 149. Ez [voici] une espie qui vint de France douce, Que envoia dans Imbers de Peronne, Raoul de C. 229.

XIIIe s. Segnor et dames, ce est la boene feste que nos faison hui ; ce est la feste del douc saint Esperit que Diex envoia à ses aposteles, Serm. de Maurice de Sully, dans Arch. des miss. scientifiques, t. V, p. 154. Cooins sont de diverses manieres : si com douc et aigre ; li douc sont froit et sec, Alebrand, f° 53. Qu'il ne menguce mie viande faite de miel ne nul douc fruit vert, Alebrand, f° 22. A l'issue d'avril un temps dous et joli, Berte, I. Onque si douce chose [que Berte] ne vi ne n'acointai, ib. LVII. Biaus très dous fils, fait-elle, comment osas penser…, ib. III. Lasse ! mais ne verrai ma douce chere mere, ib. XVIII. Li secons biens est DousParlers, Qui a fait à mains bachelers Et à maintes dames secors, la Rose, 2683. Et l'autre plaignoit son douch cuer ; Jamais nus [nul] nen ert de tel fuer [qualité], Lai d'Ignaurès.

XIVe s. A son douch regard et al vis [visage], Jean de Condé, p. 107.

XVe s. Douce parole fraint grant ire, Froissart, Poésies mss. p. 374, dans LACURNE. Le comte, qui est à toutes dames et damoiselles doux et amoureux, en ot pitié, Froissart, H, III, 14. Chez cest avocat d'eau douce, Patelin. Le porter doulz [supporter patiemment], Perceforest, t. IV, f° 65.

XVIe s. Les fleuves doux, et les undes sallées, Marot, II, 58. Une pente doulce et insensible, Montaigne, I, 82. Des routes gazonnées et doux fleurantes, Montaigne, I, 176. Un naturel doulx et traictable, Montaigne, I, 195. Vie doulce et aysée, Montaigne, I, 219. Je fais plus volontiers les doulx yeulx au ciel pour le remercier que pour le requerir, Montaigne, IV, 67. Elle cuida lui avoir fait avaler sa colere aussi douce que sucre, Despériers, Contes, CXXVII. Le barbare estant homme cault et malicieux, parlant tout doulx, le reconfortoit, Amyot, Crass. 42. Il avoit naturellement le visage fort doulx et fort beau, Amyot, Eumènes, 21. Grattant tout doulx le sanglier herissé, Amyot, Comment refrén. la colère, 37. Le second soir, la mer estant plus douce, l'escarmouche fut plus chaude et de plus près, D'Aubigné, Hist. II, 86. Douce est la mort qui vient subite et breve, Ronsard, 6. En grandeur douce fiere, Poesies de LOYS LE CARON, f° 22, dans LACURNE. Doulx grave [doucement grave], Cotgrave Doux inhumain [doucement inhumain], Nicot, Dict. Dardant au ciel sa douce amere peine, Jacques Tahureau, Poésies, f° 179, dans LACURNE. La doux bruyante harpe, Baïf, Œuvres, f° 32, dans LACURNE.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Encyclopédie, 1re édition (1751)

DOUX, (Chimie.) le corps doux est une substance particuliere qui constitue une espece dans la classe des corps que les Chimistes appellent muqueux. Voy. Muqueux.

Ces corps doux sont le miel, la pulpe ou le suc de plusieurs fruits, comme de casse, de certains pruneaux, de raisins, de poires, de pommes, &c. le suc de quelques plantes, des cannes à sucre, de toutes les graminées, de celui de quelques racines, comme des bettes blanches & rouges, des panais, &c. les semences farineuses germées, certains sucs concrets ramassés sur les feuilles de quelques arbres, tels que la manne, le sucre de l’érable, &c. le suc tiré par incision du même arbre, celui du palmier, &c. en un mot, toutes les matieres végétales propres à produire sur l’organe du goût la même saveur qu’excitent celles que nous venons de nommer. Nous disons à dessein végétales, parce que les substances animales, dont le goût est le plus analogue à celui des corps doux végétaux, different pourtant sensiblement de ceux-ci, même par la saveur : le lait, par exemple, dont la douceur est passée en proverbe, ne produit pas la saveur douce exquise ou sans mêlange d’autre saveur ; la saveur du lait participe au contraire de deux autres, la fadeur & le gras ou onctueux, pingue. Voyez Saveur.

D’ailleurs ce n’est pas par la saveur douce que les corps doux des Chimistes sont essentiellement caractérisés, mais par une qualité plus intérieure ; savoir, la propriété d’être éminemment propres à la fermentation spiritueuse ; propriété que ne possede point le lait. Voyez Fermentation & Lait.

La saveur du sel ou sucre de saturne & de quelques autres sels ne sauroit les faire ranger non plus parmi les corps doux, dont ils different à tant d’autres titres.

L’analyse par la violence du feu, qui est la seule qu’on ait employée jusqu’à présent à l’examen de la composition des corps doux, ne nous a rien appris sur leur constitution spécifique ; tous les produits qu’on en a retirés par cette voie, sont presque absolument communs à ces corps & à toutes les especes de la classe. Les phénomenes & les produits de la fermentation nous ont éclairé davantage sur cet état spécifique. Voyez Fermentation & Muqueux. (b)

Doux, terme de Métallurgie & de Docimasie. Mine douce, c’est ainsi qu’on appelle une mine aisée à fondre. La mine qui a la qualité contraire, s’appelle rebelle ou refractaire.

Métal doux, c’est-à-dire malléable, ductile, flexible, non cassant ; le métal qui a la qualité opposée, s’appelle aigre. (b)

Doux, (Diete, matiere médicinale & Pharmacie.) On trouve dans les auteurs de Medecine peu de connoissances composées, exactes, sur les qualités des corps doux considérés comme aliment. Ils ont parlé davantage de quelques-uns de ces corps en particulier, comme du miel, du sucre, des fruits, des vins doux, &c. Voyez les articles particuliers.

Les alimens de ce genre ont été cependant accusés en général d’être échauffans, & même caustiques, épaississans, inviscans, bilieux, ennemis de la rate, propres à engendrer des vers, &c. C’est-là l’opinion que l’on en a assez communément, & c’est celle du plus grand nombre de Medecins.

Toutes ces prétentions sont ou fausses ou gratuites, ou pour le moins mal entendues : premierement, la qualité échauffante n’est établie que sur une prétendue abondance d’esprits acres & ardens, de sels exaltés, déduite, on ne peut pas plus inconséquemment, de la pente des corps doux à la fermentation spiritueuse. Voyez Fermentation, Muqueux, Doux, en Chimie.

Secondement, c’est en abusant de la même maniere de quelques demi-connoissances chimiques, que quelques auteurs ont imaginé la causticité des corps doux, qui fournissent par la distillation, selon ce que ces auteurs ont entendu dire, un esprit très caustique, une espece d’eau-forte ; fait d’abord faux en soi (les corps deux ne donnent par la distillation qu’un flegme acide très-foible) & dont on ne pourroit conclure, quand même il seroit vrai que les corps doux inaltérés pussent agir sur les organes de notre corps par ce principe. Voy. Analyse végétale au mot Végétal. Voy. aussi Sucre, dont quelques auteurs ont dit (ce qu’Hecquet a répété) que gardé pendant trente ans, il devenoit un puissant arsenic.

Troisiemement, les corps doux, comme tels, ou les doux exquis, ne sont absolument qu’alimenteux ou nourrissans, & ils ne sauroient par conséquent opérer que la nutrition dans les secondes voies, & point du tout l’épaississement ou l’inviscation des humeurs. D’ailleurs l’état des humeurs appellées épaisses & visqueuses dans la théorie moderne, n’est assûrément rien moins que déterminé ; & la réalité de cet état dans les cas où cette théorie l’établit, est encore moins démontrée. C’est donc au moins gratuitement que les alimens doux passent pour épaississans & inviscans. Voyez Nourrissant.

Quatriemement : quant à ce qui concerne la prétendue qualité bilieuse des corps doux, elle leur a été accordée par deux raisons ; savoir, parce qu’on les a crus gras ou huileux ; & en second lieu, parce qu’on a regardé la soif & l’épaississement de la salive, que les corps doux pris en abondance occasionnent en effet, comme un signe de la présence de la bile dans l’estomac. Mais premierement les doux ne sont pas huileux : secondement, ce n’est qu’au peuple qu’il est permis d’appeller bile la salive épaisse & gluante. Au reste, on remédie très-efficacement & à coup sûr, à ces legers accidens, je veux dire la soif & l’épaississement de la salive, en bûvant quelques verres d’eau fraîche.

Cinquiemement : ce n’est plus rien pour nous, depuis long-tems, qu’une qualité splénique, ou antisplénique.

Sixiemement : quoiqu’il faille avoüer que l’abus des alimens doux est souvent suivi de différentes affections vermineuses, sur-tout chez les enfans ; il n’est pourtant pas décidé jusqu’à quel point les doux sont dangereux à ce titre, & s’ils sont seuls & par eux-mêmes capables des maux qu’on met sur leur compte ; s’il n’y auroit pas moyen, au contraire, en variant leur administration, d’en faire-pour les enfans la nourriture la plus salutaire, & la plus propre à les préserver des vers. Quelques auteurs ont donné les doux pour des remedes vermifuges. Voyez Vermifuge.

Nous n’établirons qu’avec beaucoup de circonspection, des préceptes diététiques sur l’usage des alimens doux en général. Nous avons déjà observé dans quelques articles particuliers de diete, que nous ne connoissions presqu’aucune qualité absolue des alimens, & que la maniere dont ils affectoient les différens sujets varioit infiniment, ou au moins jusqu’à un point indéterminé. Voyez aussi Digestion. Nous pouvons cependant donner avec confiance pour des vérités d’expérience, les regles suivantes.

1°. Les personnes foibles, délicates, qui menent dans le sein des commodités les plus recherchées, une vie retirée, tranquille, sédentaire, soûmise au plus exact régime, dont l’ame affranchie du joug des passions vulgaires, n’est doucement remuée que par des affections purement intellectuelles ; ces personnes, dis-je, peuvent user sans inconvéniens, & même avec avantage, des alimens doux ; ensorte qu’une façon de parler assez commune, tirée de leur goût pour les sucreries, exprime une observation medicinale très-exacte.

La plûpart des femmes, les gens de lettres, & tous les hommes qui sont éloignés par état des travaux & des exercices du corps, en un mot toutes les personnes de l’un & de l’autre sexe qui n’ont que faire de vigueur, ou même qui perdroient à être vigoureuses, peuvent se livrer à leur goût pour les alimens doux, dès qu’ils auront observé que leur estomac n’en est point incommodé, sans se mettre en peine de leurs prétendus effets plus éloignés, qu’aucune observation ne peut leur faire raisonnablement redouter. La propriété de lâcher le ventre que tous ces alimens possedent, est très-propre à entretenir chez ces personnes une certaine foiblesse de tempérament très-favorable à la délicatesse de la peau, & à l’exercice libre & facile de la faculté de penser. Voyez Régime.

Au reste, ceci ne doit s’entendre que d’un certain excès dans l’usage des alimens doux, de l’habitude d’en manger comme du pain ; car les doux pris en petite quantité à la fin du repas, & après d’autres mets, sont devenus par habitude des alimens à peu-près indifférens.

2°. Les paysans, les manœuvres, les gens destinés à des travaux pénibles, à une vie dure, à des exercices violens, qui ont besoin d’un corps robuste, vigoureux, agile ; ces gens-là ne sauroient s’accommoder des alimens doux. On peut assûrer, malgré l’éloge que les anciens ont donné au miel, à qui ils ont attribué entre autres qualités celle de rendre les hommes, qui s’en nourrissoient, sains & vigoureux, que des paysans qui seroient nourris avec du miel dès leur enfance, seroient bien moins robustes que ceux qui se nourrissent de viandes salées ou fumées, d’un pain lourd & massif, qui boivent des gros vins austeres & tartareux, &c. & que si on donnoit des doux à ceux qui sont accoûtumés à ces derniers alimens, non-seulement on les rendroit bientôt incapables de supporter leurs travaux ordinaires, mais même on procureroit à la plûpart des indigestions, des diarrhées mortelles. Voy. Régime.

3°. Il est facile de conclure des observations précédentes, que toutes les personnes qui sont sujettes à des dévoyemens maladifs, ou qui en sont actuellement attaquées ; que celles chez qui les organes de la digestion sont relâchés, affaissés, embourbés, comme certains vieillards, certains paralytiques, &c. que ces personnes, dis-je, doivent éviter absolument l’usage des alimens doux.

4°. On doit diviser les doux en quatre especes : le doux exquis ou pur, tel que le miel, le sucre, le moût, &c. le doux aigrelet, tel que celui des cerises, des oranges douces, le suc de citron ou groseille assaisonnés avec du sucre, &c. les doux aromatiques, tels que les confitures & les gelées parfumées ; & enfin les doux spiritueux, tels que les vins doux, les ratafia-très-sucrés qu’on appelle gras, les confitures à l’eau-de-vie, &c.

Le doux exquis a éminemment les propriétés dont nous avons parlé jusqu’à présent. Le doux aigrelet & le doux aromatique, & sur-tout le doux aigrelet & aromatique, tel que le cotignac, sont des excellens analeptiques, restaurans, stomachiques, dont se trouvent très-bien les convalescens qui commencent à prendre quelque aliment un peu solide. Il faut observer que les fruits à noyau ont tous une vertu purgative, que l’on peut appeller cachée, c’est-à-dire qu’ils paroissent posséder indépendamment de leur douceur. Cette qualité rend les confitures qu’on en prépare, moins propres que celles des fruits à pepin, à l’usage que nous venons d’assigner aux doux aigrelets & aromatiques. On préférera donc le cotignac, la gelée de groseille, la gelée de pomme bien parfumée, à la marmelade d’abricot, de pêche ou de prune.

Les doux spiritueux sont stomachiques & cordiaux. Leur usage modéré à la fin des repas, est fort utile, du moins fort agréable, & sans inconvénient bien prouvé ; mais c’est la partie spiritueuse dont le doux n’est proprement que le correctif, qui joue ici le principal rôle. Voyez Vin & Esprits ardens.

Galien a reconnu le doux pour l’aliment par excellence, & même pour l’unique aliment. Voy. passim in oper. & sur-tout de simpl. Medic. facult. l. IV. c. xjv. On peut, en aidant un peu au sens littéral de quelques passages d’Hippocrate, trouver aussi la connoissance de cette vérité chez ce pere de la Medecine écrite. Mais ces auteurs ont pris le mot doux dans un sens beaucoup plus général que nous ne venons de le faire, & dans la même extension que nous donnerons au mot muqueux. Voyez Muqueux.

Les doux considérés comme médicamens, sont rangés parmi les purgatifs lubréfians ou lénitifs ; tous les corps doux sont en effet plus ou moins purgatifs, sur-tout pour les sujets qui n’y sont point accoûtumés : mais quelques-uns de ces corps possedent cette vertu en un degré si supérieur aux autres corps de la même classe, qu’on ne sauroit supposer qu’ils purgent comme doux, c’est-à-dire comme lubréfians, comme relâchans, ou même comme altérés dans les premieres voies, à la façon des corps doux en général. Les fruits à noyau, comme nous l’avons déjà observé, sont des corps éminemment purgatifs dans la classe des doux, & le pruneau est l’extrème dans ce genre ; la casse & la manne sont des purgatifs plus efficaces encore ; les figues sont émétiques. Voyez Purgatif.

Les doux sont regardés comme de bons pectoraux, c’est-à-dire des remedes propres à calmer la toux & à guérir les rhûmes appellés de poitrine. Voyez Pectoral. Les prétendus béchiques incrassans ne sont presque que des corps doux. Voy. Incrassant, & ce que nous avons déjà dit dans cet article sur l’épaississement & l’inviscation des humeurs. Nous n’avons pas meilleure opinion d’une certaine faculté adoucissante, attribuée aux doux & à quelques autres remedes, qu’à la vertu béchique incrassante.

La Pharmacie employe très-utilement plusieurs corps doux, pour masquer le goût de plusieurs purgatifs, & sur-tout du séné. La décoction des figues, des raisins secs, des dattes, des jujubes, de la racine du polypode, corrige très-bien le goût de ce dernier purgatif. Voyez Correctif. Cette correction est sur-tout avantageuse pour sauver à un malade le supplice de s’abreuver quatre fois par jour d’une liqueur détestable, lorsqu’on veut soûtenir chez lui des évacuations, en lui donnant plusieurs potions purgatives legeres dans la journée. L’infusion du séné dans la décoction bouillante de ces fruits, fournit un aposème purgatif, qui remplit très-bien cette indication.

Toutes les anciennes compositions officinales purgatives, soit tablettes, soit électuaires, soit sirops, contiennent des corps doux : les pulpes, le miel, la décoction des différens capillaires, &c.

Il est plusieurs façons de parler dans le langage ordinaire de la Medecine, dans lesquelles le mot doux est pris dans un sens figuré. On dit d’une purgation qui évacue sans fatiguer le malade, sans l’affoiblir, sans lui causer des tranchées, qu’elle est douce ; d’un remede qui n’agit pas assez efficacement, qu’il est trop doux, &c.

On dit de la chaleur considérée comme symptome de la fievre, qu’elle est douce, lorsqu’elle est modérée sans sécheresse de la peau, &c. Voyez Chaleur animale & Fievre.

Tout le monde sait ce que c’est qu’un sommeil doux, qu’une peau douce, &c. (b)

Doux, en Musique, est opposé à fort, & s’écrit au-dessus des portées, dans les endroits où l’on veut faire diminuer le bruit, tempérer & radoucir l’éclat & la véhémence du son ; comme dans les échos & dans les parties d’accompagnement. Les Italiens écrivent dolce, & plus communément piano dans le même sens ; mais leurs puristes en Musique prétendent que ces deux mots ne sont pas synonymes, & que c’est par abus que plusieurs auteurs les employent comme tels. Ils disent que piano signifie simplement une modération de son, une diminution de bruit ; mais que dolce indique outre cela une maniere de joüer, piu soave, plus douce, plus agréable, répondant à peu-près au mot louré des François. (S)

Doux, (Maréch.) On dit qu’un cheval a les allures douces, lorsqu’il ne tourmente point son homme. Voyez Allure.

Doux, (à la Monnoie.) se dit d’un métal qui a reçu les préparations nécessaires pour n’être pas facile à se casser, tant en passant par les laminoirs, que par les coupoirs. L’or perd sa douceur, ce que l’on dit en termes de monnoyage perd son doux, lorsqu’on le brasse avec le fer. Voyez Brassoir.

Doux, (venir à) Teinture : on dit qu’une cuve vient à doux, quand elle jette du bleu à la surface.

Doux, (le) Géog. mod. riviere de la Franche-Comté en France : elle prend sa source au mont Jura, & se jette dans la Saone en Bourgogne.

Wikisource - licence Creative Commons attribution partage dans les mêmes conditions 3.0

Étymologie de « doux »

Provenç. dolz, dos, dous ; catal. dols ; espagn. dulce ; portug. doce ; ital. dolce ; du latin dulcis, doux.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Du latin dulcis. (1080) dulz.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « doux »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
doux du

Évolution historique de l’usage du mot « doux »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « doux »

  • Février trop doux, Printemps en courroux. De Proverbe français , 
  • Pleurer est plus doux qu'on ne le croit. De Pétrarque , 
  • Sous le doux miel se cachent de cruels poisons. De Ovide , 
  • Mieux vaut une amère vérité qu’un doux mensonge. De Proverbe russe , 
  • La sympathie est le doux privilège de la médiocrité. De Anatole France , 
  • Une belle femme et le vin font de doux poisons. De Proverbe oriental , 
  • Nos plaisirs les plus doux ne vont pas sans tristesse. De Pierre Corneille , 
  • Le vin doux fait le plus âpre vinaigre. De Proverbe italien , 
  • Si la vérité est amère, ses fruits sont doux. De Hazrat Ali , 
  • Il est doux de croire, même à l'enfer. De Anatole France , 
  • La mort est plus douce que la tyrannie. De Eschyle / Agamemnon , 
  • Rien ne vaut une douce maman. De Léon Tolstoï / Anna Karénine , 
  • Solitude : douce absence de regards. De Milan Kundera / L'immortalité , 
  • La vengeance est plus douce que le miel. De Homère / L'Illiade , 
  • Une lèvre douce vous promet une éternité de baisers. De Ben Jonson , 
  • L'amitié est toujours une douce responsabilité, jamais une opportunité. De Khalil Gibran / Le sable et l'écume , 
  • L'eau douce gouttant sur la pierre dure finit par la percer. De Proverbe brésilien , 
  • Nul ne sait combien douce est la vengeance de celui qui a reçu l'injure. De Etienne Pasquier / Recherche de la France , 
  • Nous vaincrons ou nous mourrons ici, De la douce mort des hommes libres. De Ernst Moritz Arndt / Vaterlandslied , 
  • La deuxième bouchée n’est jamais aussi douce que la première. De Proverbe serbo-croate , 
  • Pas de mer qui ne soit salée, ni de belle-mère qui soit douce. De Jacques Sidvé , 
  • La conscience est cette petite voix douce qui, parfois, résonne trop fort à notre goût. De Bert Murray , 
  • Celle qui est agréable à l'oeil n'est pas nécessairement douce au toucher. De Anonyme , 
  • La mort est douce : elle nous délivre de la pensée de la mort. De Jules Renard / Journal , 
  • Une parole douce peut ouvrir même les portes de fer. De Proverbe bulgare , 
  • Blonde ou sanguine, douce ou amère: l’orange est un des fruits préférés du monde. En tranches ou en jus, son goût sucré acidulé excite nos papilles et vitamine nos matins. Dans l’histoire, ses premières traces remontent en Chine, à près de 2200 ans avant notre ère. On la retrouve plus tard dans l’ancienne Egypte. Ce n’est qu’au XVe siècle que le fruit arrive en Europe. Les grands voyageurs espagnols l’ont introduit dans le Nouveau-Monde, mais ce n’est qu’au XIXe que les orangeraies fleurissent en Floride. Le Temps, Douce ou amère: le monde adore l’orange - Le Temps
  • Lire est doux ; relire est - quelquefois - plus doux encore. De Emile Faguet / L'art de lire , 
  • Qui reste doux reste invincible. De Proverbe chinois , 
  • Une bonne conscience est un doux oreiller. De Proverbe français , 
  • Le succès semble plus doux A qui ne réussit jamais. De Emily Dickinson / Poèmes , 
  • Papillon, ce billet doux plié cherche une adresse de fleur. De Jules Renard , 
  • Le rapport d’étude de marché mondial Matériaux magnétiques doux est une recherche complète qui fournit des informations sur la taille du marché Matériaux magnétiques doux, les tendances, la croissance, la structure des coûts, la capacité, les revenus et les prévisions 2025. Ce rapport comprend également l’étude globale de la part de marché Matériaux magnétiques doux avec tous ses aspects influençant la croissance du marché. Le rapport sur le marché mondial Matériaux magnétiques doux est fourni pour les marchés internationaux ainsi que les tendances de développement, l’analyse du paysage concurrentiel et l’état de développement des régions clés. Les politiques et plans de développement sont discutés ainsi que les processus de fabrication et les structures de coûts sont également analysés. Ce rapport est une analyse quantitative exhaustive de l’industrie Matériaux magnétiques doux et fournit des données pour l’élaboration de stratégies visant à accroître la croissance et l’efficacité du marché Matériaux magnétiques doux. , Analyse, part, taille, croissance, tendances et rapport de recherche 2026 Matériaux magnétiques doux Industrie 2020 Marché Manufacturers – InFamous eSport
  • C’est évident. Les groupes sociaux dont nous venons de parler découvrent que le corps peut être un facteur de distinction. Eux savent éprouver le plaisir de la morsure du soleil, mais aussi comment s’habiller - ou plutôt bien se déshabiller - à la plage. Il y a des textes incroyables dans les magazines des années 30 sur la manière de se déshabiller en public, de regarder le corps de l’autre sans être insistant. C’est un vrai moment d’apprentissage collectif, qui nous deviendra ensuite familier. En réalité, il n’y a rien de plus codifié que ce naturel : il faut que je me pince pour savoir si je vais rentrer dans mon maillot de bain, il faut que je me surveille. Quand on y réfléchit ces, « dictatures douces » sont des constructions sociales très fortes. Mais on ne les voit pas comme des injonctions. L'Obs, Christophe Granger : « Le « summer body » est une dictature douce très ancienne »
  • Sous le doux miel se cachent de cruels poisons. De Ovide , 
  • Mieux vaut une amère vérité qu’un doux mensonge. De Proverbe russe , 
  • La sympathie est le doux privilège de la médiocrité. De Anatole France , 
  • Février trop doux, Printemps en courroux. De Proverbe français , 
  • Pleurer est plus doux qu'on ne le croit. De Pétrarque , 

Images d'illustration du mot « doux »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « doux »

Langue Traduction
Anglais soft
Espagnol suave
Italien dolce
Allemand sanft
Chinois 柔软的
Arabe ناعم
Portugais suave
Russe мягкий
Japonais 柔らかい
Basque biguna
Corse dolce
Source : Google Translate API

Synonymes de « doux »

Source : synonymes de doux sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « doux »

Combien de points fait le mot doux au Scrabble ?

Nombre de points du mot doux au scrabble : 12 points

Doux

Retour au sommaire ➦

Partager