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Fable

Variantes Singulier Pluriel
Féminin fable fables

Définitions de « fable »

Trésor de la Langue Française informatisé

FABLE, subst. fém.

A.− Ce qui sert de matière, de sujet à un récit.
1. [En parlant d'un ouvrage littér.] Ensemble des faits constituant le fond d'une œuvre. Il y a de la monotonie dans la fable de toutes ces histoires [les Histoires extraordinaires d'Edgar Poe] (Delacroix, Journal,1856, p. 451).Comme moi, vous avez lu ce livre grandiose et sévère, Salammbô, et comme moi, vous en avez goûté et admiré le style rythmé, (...) et par dessus tout, la fable si simple et si terrible (Verlaine, Œuvres posth.,t. 2, Crit. et conf., 1896, p. 322):
1. ... de toutes mes pièces, « La Jeune Fille Violaine » est celle que je considère en même temps comme la plus pénétrée de poésie et la plus imparfaite. La fable et l'action en sont puériles, des parties entières comme les divagations architecturales de Pierre De Craon sont à supprimer... Claudel, Corresp.[avec Gide], 1899-1926, p. 98.
2. Sujet de conversations, de propos souvent ironiques ou défavorables concernant les faits et gestes d'une personne. Être la fable de la ville. Et s'il aime, en tous lieux sa faiblesse exposée Sert aux jeunes beautés de fable et de risée (Chénier, Élégies,1794, p. 135).Il était devenu la fable du faubourg, et il dut changer souvent de carrosse à cause du menu peuple (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 116):
2. Non, reprit MmeVerdurin, (...) vous ne devez pas souffrir davantage cette promiscuité honteuse avec un personnage flétri, qui n'est reçu nulle part, (...) oubliant qu'elle le recevait presque chaque jour. Vous êtes la fable du Conservatoire, ajouta-t-elle, sentant que c'était l'argument qui porterait le plus... Proust, Prisonn.,1922, p. 310.
B.− Récit, le plus souvent symbolique, dans lequel l'imagination intervient pour une grande part.
1. Légende relative aux origines des religions, à l'histoire des peuples, etc. Toute religion n'a jamais été crue qu'à moitié et a eu ses athées et ses sceptiques. Mais les sages ont gardé leurs doutes dans leur cœur et ont respecté la fable sociale reçue généralement et adoptée du plus grand nombre (Vigny, Journal poète,1840, p. 1130).Les hommes aiment les fables et qu'on les fasse les héros de fausses et belles histoires (Guéhenno, Journal« Révol. », 1938, p. 201):
3. Les mythologies ne sont plus pour nous des séries de fables absurdes et parfois ridicules, mais de grands poèmes divins, où les nations primitives ont déposé leurs rêves sur le monde suprasensible. Renan, Avenir sc.,1890, p. 266.
4. ... dans tous les coins du monde où la culture, où la pensée, ont quelque autorité, un même mouvement soulève la conscience humaine, un même courant de réflexion et d'incrédulité rejette les fables des églises, un même geste d'affranchissement repousse la tutelle dogmatique de tous les dieux. Martin du G., J. Barois,1913, p. 441.
Spéc. Récit ayant trait à l'Antiquité, relatant notamment les hauts faits des dieux et des héros de la mythologie. Elles [les tapisseries] représentent des fables grecques, et rien ne m'amusait plus que d'en reconnaître les sujets (Flaub., Tentation,1849, p. 292).La signification de la fable d'Apollon et de Daphné m'est brusquement apparue : heureux, ai-je pensé, qui peut saisir dans une seule étreinte le laurier et l'objet même de son amour (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1003).
La Fable. L'ensemble de ces récits. Les dieux de la Fable (cf. dieu ex. 4).Il gémissait sous des masses énormes, et telles que la fable en imagina pour armer les Titans conjurés contre le ciel (Dusaulx, Voy. Barège,t. 2, 1796, p. 119).C'est là qu'il étale son érudition, et qu'il montre très pertinemment que Fénelon ne savoit ni l'histoire, ni la fable, ni la géographie (Chateaubr., Martyrs,t. 1, 1810, p. 65).
2. Court récit allégorique, le plus souvent en vers, qui sert d'illustration à une vérité morale. Les Fables de La Fontaine, réciter une fable, la morale d'une fable. Synon. apologue, parabole.C'est l'histoire du baudet de la fable qui portant des reliques s'imaginait qu'on l'adorait (Tocqueville, Corresp.[avec Reeve], 1844, p. 82).J'étais revenu des vaines déclamations jusqu'à la patience d'Ésope et jusqu'à l'esprit de ses fables (Alain, Propos,1921, p. 234):
5. Je me souviens moi-même qu'étant enfant, les fables de La Fontaine m'amusaient beaucoup, parce que leurs images naïves vont au cœur, comme celles de la nature, et que je connaissais les mœurs de quelques animaux; mais leur application m'ennuyait, parce que j'ignorais celles des hommes : je lisais la fable, et je laissais là la morale... Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 283.
6. ... un beau soleil, ce jour-là, projecteur d'Europe, projetait sur ces bêtes de petits défauts, de petites qualités qui ne me rendaient qu'à une douce et enfantine humanité. Tous les animaux des fables étaient là... Giraudoux, Suzanne,1921, p. 105.
SYNT. Les Fables d'Ésope, de Phèdre, de Florian; apprendre une fable; l'âne, le lion, le loup, le renard de la fable.
Fable-express. Court récit humoristique, en vers, se terminant par un calembour en guise de moralité (cf. Alleau 1964).
C.− Allégation fausse, récit mensonger. Une fable absurde, grossière, ingénieuse; faire courir, répandre des fables. Synon. invention.Vous avez eu raison de ne pas ajouter foi à toutes les fables qu'il a plu aux journaux de débiter sur mon compte (Lamennais, Lettres Cottu,1837, p. 293).Toutes les fois qu'il y eut au Conseil Supérieur de l'Instruction Publique une affaire embarrassante, c'est-à-dire une affaire où il fallait prendre ses responsabilités, M. Lavisse était malade et au Nouvion. C'était une fable. On le vit dans vingt affaires (Péguy, Argent,1913, p. 1268):
7. ... où avez-vous travaillé, mon garçon? Il apprit à mentir : il venait d'Aix où il avait fait des écritures, dans une grosse brasserie... Et votre certificat? La fois suivante, la fable s'allongea; en arrivant à Paris, Armand s'était fait détrousser de ses papiers, il avait écrit à Aix, il recevrait le double du certificat. Aragon, Beaux quart.,1936, p. 386.
Rem. On rencontre a) Chez Saint-Martin (Homme désir, 1790, p. 377) fabulaire, adj. au sens de « qui relève de la fable, qui est créé par l'imagination » : C'est après que la poésie prophétique s'est perdue pour eux, qu'ils [les poètes européens] ont eu recours à la poésie fictive et fabulaire. b) Ds la docum. fabuliser, verbe trans., au sens de « transformer des faits réels en récits fabuleux ». Quand on a des vérités dures à émettre en présence de l'autorité irascible, il faut les Fabuliser : voilà le secret du sage, et l'art d'un écrivain (S. Mercier, Néologie, t. 1, 1801, p. 253). Naturellement la vision que j'ai d'Oxford se forme en couleur et en relief dans l'appareil magnifiant que chacun de nous porte en soi et qui, avec le recul, fabulise (Cocteau, Poés. crit. II, 1960, p. 184).
Prononc. et Orth. : [fɑ:bl̥]. [ɑ] ds la majorité des dict. sauf Dub. et Littré qui, parce que le mot a perdu son accent circonflexe, juge la prononc. avec [ɑ] vieillie. Cf. -able. Dans les dér. où le a n'est plus sous l'accent, la tendance est à prononcer [a]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1155 « récit imaginaire, histoire » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 9752); 2. ca 1160 « récit mensonger » (Eneas, éd. Salverda de Grave, 7405); 3. ca 1180 « petit récit moralisant illustré à l'aide d'animaux » (M. de France, Fables, éd. K Warnke, Prologue, 19). Empr. au lat. class. fabula « propos, paroles » d'où « récit fictif, pièce de théâtre, narration, conte, apologue » attesté notamment au sens 3 par Phèdre (TLL s.v. 27, 31). Fréq. abs. littér. : 1 325. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 219, b) 1 230; xxes. : a) 1 399, b) 1 386. Bbg. Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, no3, p. 129. − Orr (J.). Mod. Lang. R. 1958, t. 53, pp. 257-258. − Pabst (W.). La Fontaines Narziss und Moses. Kleine Beiträge zur Prüfung des Begriffs fable. Rom. Jahrb. 1971, t. 22, pp. 123-124.

Wiktionnaire

Nom commun - français

fable \fabl\, \fɑbl\ féminin

  1. (Sens propre) (Rare) (Vieilli) Ce que l’on dit, ce que l’on raconte.
    • Vilquin, dont le désespoir le rendait la fable du Havre, venait de proposer une jolie habitation en toute propriété à Dumay, qui de nouveau refusa. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
  2. Sujet de malins récits.
    • Être la fable du peuple, la fable de tout le monde, la fable de la ville : être le sujet des propos, des risées populaires.
    • Si la science pauvre, affreuse et mesprisée
      Sert au peuple de fable, aux plus grands de risée.
      — (Mathurin Régnier, Épistres : Discours au Roy, I)
    • Il me laisse au milieu d’une terre étrangère,
      La fable de son peuple et la haine du mien.
      — (Pierre Corneille, Médée, I, 5)
    • Gardez-vous de l’homme malicieux, qui est toujours appliqué à faire le mal, de peur qu’il ne vous rende pour jamais la fable du monde. — (Louis-Isaac Lemaistre de Sacy, Bible, Ecclésiastique, II, 35)
    • Nous allons servir de fable et de risée à tout le monde. — (Molière, Les Précieuses ridicules, scène 19)
    • Un prince sera la fable de toute l’Europe, et lui seul n’en saura rien. — (Blaise Pascal, Pensées, Première Partie, Article V : Vanité de l’homme, effets de l’amour-propre, VIII)
    • Suis-je, sans le savoir, la fable de l’armée ? — (Jean Racine, Iphigénie, II, 7)
    • Dieu me préserve de faire le jaloux, ce personnage est odieux ; mais aussi je ne prétends pas qu’une patience ridicule me rende la fable de la ville. — (Antoine Hamilton, Mémoires de la vie du Chevalier de Grammont, 8)
    • Par vous la piété devient la fable du monde, le jouet des impies […] — (Jean-Baptiste Massillon, Sermon […] sur l’injustice du Monde envers les gens de bien, Deuxième Partie)
    • Non, ça ne peut pas durer ainsi, je n’entends pas que nous redevenions la fable de la ville entière, avec tes histoires… — (Émile Zola, Le Docteur Pascal, G. Charpentier, 1893, chapitre VI)
    • Sa liaison sans maire ni curé était la fable de la ville. — (Daniel Boulanger, Le chemin des caracoles, Laffont, 1966, réédition Le Livre de Poche, page 61)
  3. Récit imaginaire, c’est-à-dire d’imagination.
    • […] Si fortune s’en mocque, et s’on ne peut avoir
      Ny honneur, ny crédit, non plus que si nos peines
      Estoient fables du peuple inutiles et vaines.
      — (Mathurin Régnier, Satires, 1608, Satire IV : La Poésie toujours pauvre : À M. Motin)
    • Et si l’enfer est fable au centre de la terre, Il est vrai dans mon sein. — (François de Malherbe, V, 21)
    • Après y avoir bien pensé, il m’a semblé que cela sent extrêmement sa fable et qu’il n'est pas possible qu’il y ait au monde un homme si petit ni si galant. — (Vincent Voiture, Les Œuvres de Monsieur de Voiture : Lettres, 28)
    • En une saison où l’histoire est si brouillée, j'ai cru que je vous pouvais envoyer des fables, et qu’en un lieu où vous ne songez qu’à vous délasser l’esprit, vous pourriez accorder à l’entretien d’Amadis quelques-unes de ces heures que vous donnez aux gentilshommes de votre province. — (Vincent Voiture, Les Œuvres de Monsieur de Voiture : Lettres, 3)
    • Tu ne trouveras plus ici, Alexandre, de fables ridicules à conter pour te vanter d’être le fils de Jupiter. — (François de Salignac de La Mothe-Fénelon, tome XIX, p. 238)
  4. (Par extension) Fausseté ; mensonge ; chose controuvée.
    • Je me suis amusé à rechercher comment, tel journaliste sérieux et compétent, tel historien, tel psychologue, avaient pu reprendre à leur compte la fable du 80 %; chacun en fait la répétait pour l'avoir trop souvent lue. — (Albert Jacquard, Inventer l'homme, éditions Complexe, 1991, page 139)
    • Cette aventure est vraie, ce n’est point une fable.
    • Tu veux rendre, Asdrubal, par une pure fable, Le coupable innocent et l’innocent coupable. — (Jean de Mairet, Mort d’Asdrubal, II, 3)
    • Sa mort est trop certaine et fut trop remarquable
      Pour craindre un grand effort d’une si vaine fable.
      — (Pierre Corneille, Héraclius empereur d’Orient, I, 2)
    • [Pharnace] […] me troublant par des fables,
      Grossit, pour se sauver, le nombre des coupables.
      — (Jean Racine, Mithridate, III, 4)
  5. (Religion) Récit ayant un caractère mythologique quelconque.
    • Rien n’est beau que le vrai : le vrai seul est aimable ;
      Il doit régner partout, et même dans la fable :
      De toute fiction l’adroite fausseté
      Ne tend qu’à faire aux yeux briller la vérité.
      — (Nicolas Boileau-Despréaux, Épitres, IX : Au Marquis de Seignelai)
    • Le récit que fait Hérodote des premiers commencements de Cyrus a bien plus l’air d’une fable, que d’une histoire. — (Charles Rollin, Traité des Études, III, 2)
    • Les fables sont l’histoire des temps grossiers. — (Voltaire, Mœurs, CXIX)
    • Le pic tenait le premier rang dans les auspices ; son histoire, ou plutôt sa fable, mêlée à la mythologie des anciens héros du Latium, présente un être mystérieux et augural. — (Georges Louis Leclerc, Comte de Buffon, Histoire naturelle des oiseaux, tome XIII, p. 14, dans Pougens)
  6. (Antiquité, Religion) Récit relatif aux divinités du paganisme.
    • Euripide a laissé entendre dans son théâtre qu’il ne faut pas croire aux mensonges de la fable et trahit parfois dans ses vers un agnosticisme complet. — (Louis Rougier, Histoire d’une faillite philosophique : la Scolastique, 1966)
  7. Les fables du paganisme, de l’antiquité païenne : Se prend, dans un sens collectif, pour toutes les fables de l’antiquité païenne.
    • Les dieux, les divinités de la fable.
    • Dictionnaire de la fable.
  8. (Poésie) En poésie épique et dramatique, la suite des faits qui forment une pièce, en tant qu’elle est un travail d’imagination. Sujet d’un poème épique, d’un poème dramatique, d’un roman.
  9. (Littérature) Apologue, récit en prose ou en vers dans lequel on exprime une vérité, une moralité sous le voile de quelque fiction. Petit récit qui cache une moralité sous le voile d’une fiction et dans lequel d’ordinaire les animaux sont les personnages.
    • Les fables d’Ésope, de Phèdre, de La Fontaine.
    • La fable du Loup et de l’Agneau.
    • Le Chêne et le Roseau, fable.
    • La moralité d’une fable.
    • L’apologue est composé de deux parties, dont on peut appeler l’une le corps, l’autre l’âme ; le corps est la fable ; l’âme, la moralité. — (Jean de la Fontaine, Fables : Préface)
    • Aristote n’admet dans la fable que les animaux. — (Jean de la Fontaine, Fables : Préface)
    • Les fables ne sont pas ce qu’elles semblent être ;
      Le plus simple animal nous y tient lieu de maître.
      — (Jean de la Fontaine, Fables : Préface, VI, 1)
    • On doute que les fables d’Ésope, telles que nous les avons, soient toutes de lui, du moins pour l’expression ; on en attribue une grande partie à Planude, qui a écrit sa vie, et qui vivait dans le XIVe siècle. — (Charles Rollin, Histoire ancienne, tome II, p. 626, dans Pougens)
    • Dans la plupart de ses fables il [la Fontaine] est infiniment au-dessus de tous ceux qui ont écrit avant et après lui, en quelque langue que ce puisse être. — (Voltaire, Louis XIV, Écrivains)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

FABLE. n. f.
Apologue, récit en prose ou en vers dans lequel on exprime une vérité, une moralité sous le voile de quelque fiction. Les fables d'Ésope, de Phèdre, de La Fontaine. La fable du Loup et de l'Agneau. Le Chêne et le Roseau, fable. La moralité d'une fable. Il s'est dit du Sujet d'un poème épique, d'un poème dramatique, d'un roman. Il se dit aussi de Choses imaginaires. L'histoire de ce peuple est mêlée de beaucoup de fables. Il signifie par extension Fausseté, chose controuvée. Je tiens cela pour une fable. Fables que tout cela. Fable extravagante, absurde. Cette aventure est vraie, ce n'est point une fable. Être la fable du peuple, la fable de tout le monde, la fable de la ville, Être le sujet des propos, des risées populaires. Il signifie encore Récit relatif aux divinités du paganisme. Les fables du paganisme, de l'antiquité païenne. Il se prend, dans un sens collectif, pour Toutes les fables de l'antiquité païenne. Les dieux, les divinités de la Fable. Dictionnaire de la Fable.

Littré (1872-1877)

FABLE (fa-bl') s. f.
  • 1Ce que l'on dit, ce que l'on raconte. Inusité en ce sens, qui est le propre.
  • 2Sujet de malins récits. La science… Sert au peuple de fable, aux plus grands de risée, Régnier, Sat. III. Il me laisse au milieu d'une terre étrangère, La fable de son peuple et la haine du mien, Corneille, Médée, I, 5. Gardez-vous de l'homme malicieux, qui est toujours appliqué à faire le mal, de peur qu'il ne vous rende pour jamais la fable du monde, Sacy, Bible, Ecclésiastique, II, 35. Nous allons servir de fable et de risée à tout le monde, Molière, Préc. sc. 19. Un prince sera la fable de toute l'Europe et n'en saura rien, Pascal, Am.-propre, 1. Suis-je, sans le savoir, la fable de l'armée ? Racine, Iph. II, 7. Je ne prétends pas qu'une patience ridicule me rende la fable de la ville, Hamilton, Gramm. 8. Par vous la piété devient la fable du monde, le jouet des impies, Massillon, Carême, Injust.
  • 3Récit imaginaire, c'est-à-dire d'imagination. Non plus que si nos peines Étaient fables du peuple inutiles et vaines, Régnier, Sat. IV. Et si l'enfer est fable au centre de la terre, Il est vrai dans mon sein, Malherbe, V, 21. Après y avoir bien pensé, il m'a semblé que cela sent extrêmement sa fable et qu'il n'est pas possible qu'il y ait au monde un homme si petit ni si galant, Voiture, Lett. 28. En une saison où l'histoire est si brouillée, j'ai cru que je vous pouvais envoyer des fables, et qu'en un lieu où vous ne songez qu'à vous délasser l'esprit, vous pourriez accorder à l'entretien d'Amadis quelques-unes de ces heures que vous donnez aux gentilshommes de votre province, Voiture, Lett. 3. Tu ne trouveras plus ici, Alexandre, de fables ridicules à conter pour te vanter d'être le fils de Jupiter, Fénelon, t. XIX, p. 238.
  • 4Récits mythologiques relatifs au polythéisme. Les dieux de la Fable. La Fable offre à l'esprit mille agréments divers, Boileau, Art p. III. Mais dans une profane et riante peinture De n'oser de la Fable employer la figure, C'est d'un scrupule vain s'alarmer sottement, Boileau, ib. Là [en Grèce], l'histoire ou la Fable ont semé leurs grands noms Sur des débris sacrés, sur les mers, sur les monts, Lamartine, Harold, X.

    En ce sens il s'écrit avec majuscule, et ne se dit qu'au singulier.

    Il se dit aussi au singulier sans majuscule et au pluriel, pour exprimer tout récit ayant un caractère mythologique quelconque. Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable ; Il doit régner partout, et même dans la fable, Boileau, Épit. IX. Le récit que fait Hérodote des premiers commencements de Cyrus a bien plus l'air d'une fable, que d'une histoire, Rollin, Trait. des Ét. v, III, 2. Les fables sont l'histoire des temps grossiers, Voltaire, Mœurs, CXIX. Le pic tenait le premier rang dans les auspices ; son histoire, ou plutôt sa fable, mêlée à la mythologie des anciens héros du Latium, présente un être mystérieux et augural, Buffon, Ois. t. XIII, p. 14, dans POUGENS.

  • 5 Terme de poésie épique et dramatique. La suite des faits qui forment une pièce dramatique ou épique, en tant qu'elle est un travail d'imagination.
  • 6Petit récit qui cache une moralité sous le voile d'une fiction et dans lequel d'ordinaire les animaux sont les personnages. L'apologue est composé de deux parties, dont on peut appeler l'une le corps, l'autre l'âme ; le corps est la fable ; l'âme, la moralité, La Fontaine, Fabl. Préface. Aristote n'admet dans la fable que les animaux, La Fontaine, ib. Les fables ne sont pas ce qu'elles semblent être ; Le plus simple animal nous y tient lieu de maître, La Fontaine, ib. VI, 1. On doute que les fables d'Ésope, telles que nous les avons, soient toutes de lui, du moins pour l'expression ; on en attribue une grande partie à Planude, qui a écrit sa vie, et qui vivait dans le XIVe siècle, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. II, p. 626, dans POUGENS. Dans la plupart de ses fables il [la Fontaine] est infiniment au-dessus de tous ceux qui ont écrit avant et après lui, en quelque langue que ce puisse être, Voltaire, Louis XIV, Écrivains.
  • 7Mensonge, chose controuvée. Tu veux rendre, Asdrubal, par une pure fable, Le coupable innocent et l'innocent coupable, Mairet, Mort d'Asdrubal, II, 3. Sa mort est trop certaine et fut trop remarquable Pour craindre un grand effort d'une si vaine fable, Corneille, Héracl. I, 2. [Pharnace]… me troublant par des fables, Grossit, pour se sauver, le nombre des coupables, Racine, Mithr. III, 4.

REMARQUE

Il est probable qu'au commencement du XVIIe siècle beaucoup prononçaient fâble ; car on fait un reproche de mettre à la rime périssable et fable. Ceux qui soutenoient que c'étoient autant de fautes en faisoient de bien moins supportables, car ils faisoient rimer périssable avec fable, étoffer avec enfer, Francion, l. v, p. 189. Au reste, aujourd'hui aussi, quelques personnes prononcent fâble.

HISTORIQUE

XIIe s. Junst [soit à jeun, s'abstienne] li oroille [l'oreille] de flaves et de novales et de totes teles choses, c'oiseuses sont, Saint Bernard, ms. p. 302, dans LACURNE. E quant levez estoit li sainz huem de la table, N'aveit cure à oïr de chançun ne de fable Ne de nule altre chose, s'ele ne fust verable, Th. le mart. 102.

XIIIe s. Ne vous tenrai jà longue fable [discours] Du leu plesant et delitable, la Rose, 1419. Fable est uns contes que l'om dit des choses qui ne sont pas voires [vraies] ne voiresemblables, si comme la fable de la nef qui vola parmi l'air longuement, Latini, Trésor, p. 518.

XVe s. Il ne le tint à fable, mais s'appareilla, et monta tantost à cheval, et partit, Froissart, liv. II, p. 409, dans LACURNE. Clemence grant et magnanimité, Cela avez ; mais vous passez, sans fable, Ung droit Cesar en liberalité, Orléans, Rondeau de Robertet. Mal osas le ladre huchier, Et à nos gens dire tels fauve, la Pass. de N. S.

XVIe s. Servir de fable au peuple, Montaigne, Il, 35.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

FABLE, s. f. (la) Myth. nom collectif sans pluriel, qui renferme l’histoire théologique, l’histoire fabuleuse, l’histoire poétique, & pour le dire en un mot, toutes les fables de la théologie payenne.

Quoiqu’elles soient très-nombreuses, on est parvenu à les rapporter toutes à six ou sept classes, à indiquer leurs différentes sources, & à remonter à leur origine. Comme M. l’abbé Banier est un des mythologistes qui a jetté sur ce sujet le plus d’ordre & de netteté, voici le précis de ses recherches.

Il divise la fable, prise collectivement, en fables historiques, philosophiques, allégoriques, morales, mixtes, & fables inventées à plaisir.

Les fables historiques en grand nombre, sont des histoires vraies, mêlées de plusieurs fictions : telles sont celles qui parlent des principaux dieux & des héros, Jupiter, Apollon, Bacchus, Hercule, Jason, Achille. Le fond de leur histoire est pris dans la vérité. Les fables philosophiques sont celles que les Poëtes ont inventées pour déguiser les mysteres de la philosophie ; comme quand ils ont dit que l’Océan est le pere des fleuves ; que la Lune épousa l’air, & devint mere de la rosée. Les fables allégoriques sont des especes de paraboles, renfermant un sens mystique ; comme celle qui est dans Platon, de Porus & de Pénie, ou des richesses & de la pauvreté, d’où naquit l’Amour. Les fables morales répondent aux apologues : telle est celle qui dit que Jupiter envoye pendant le jour les étoiles sur la terre, pour s’informer des actions des hommes. Les fables mixtes sont celles qui sont mêlées d’allégorie & de morale, & qui n’ont rien d’historique ; ou qui avec un fond historique, font cependant des allusions manifestes à la Morale ou à la Physique. Les fables inventées à plaisir, n’ont d’autre but que d’amuser : telle est la fable de Psyché, & celles qu’on nommoit milésiennes & sybaritides.

Les fables historiques se distinguent aisément, parce qu’elles parlent de gens qu’on connoît d’ailleurs. Celles qui sont inventées à plaisir, se découvrent par les contes qu’elles font de personnes inconnues. Les fables morales, & quelquefois les allégoriques, s’expliquent sans peine : les philosophiques sont remplies de prosopopées qui animent la nature ; l’air & la terre y paroissent sous les noms de Jupiter, de Junon, &c.

En général, il y a peu de fables dans les anciens poëtes qui ne renferment quelques traits d’histoire ; mais ceux qui les ont suivis, y ont ajoûté mille circonstances de leur imagination. Quand Homere, par exemple, raconte qu’Eole avoit donné les vents à Ulysse enfermés dans une outre, d’où ses compagnons les laisserent échapper ; cette histoire enveloppée nous apprend que ce prince avoit prédit à Ulysse le vent qui devoit souffler pendant quelques jours, & qu’il ne fit naufrage que pour n’avoir pas suivi ses conseils : mais quand Virgile nous dit que le même Eole, à la priere de Junon, excita cette terrible tempête qui jetta la flote d’Enée sur les côtes d’Afrique, c’est une pure fiction, fondée sur ce qu’Eole étoit regardé comme le dieu des vents. Les fables mêmes que nous avons appellées philosophiques, étoient d’abord historiques, & ce n’est qu’après coup qu’on y a jetté l’idée des choses naturelles : de-là ces fables mixtes, qui renferment un fait historique & un trait de physique, comme celle de Myrrha & de Leucothoé changée en l’arbre qui porte l’encens, & celle de Clytie en tournesol.

Venons aux diverses sources de la fable.

1°. On ne peut s’empêcher de regarder la vanité comme la 1ere source des fables payennes. Les hommes ont cru que pour rendre la vérité plus recommandable, il falloit l’habiller du brillant cortége du merveilleux : ainsi ceux qui ont raconté les premiers les actions de leurs héros, y ont mêlé mille fictions.

2°. Une seconde source des fables du Paganisme est le défaut des caractères ou de l’écriture. Avant que l’usage des lettres eût été introduit dans la Grece, les évenemens & les actions n’avoient guere d’autres monumens que la mémoire des hommes. L’on se servit dans la suite de cette tradition confuse & défigurée ; & l’on a ainsi rendu les fables éternelles, en les faisant passer de la mémoire des hommes qui en étoient les dépositaires, dans des monumens qui devoient durer tant de siecles.

3°. La fausse éloquence des orateurs & la vanité des historiens, a dû produire une infinité de narrations fabuleuses. Les premiers se donnerent une entiere liberté de feindre & d’inventer ; & l’historien lui-même se plut à transcrire de belles choses, dont il n’étoit garant que sur la foi des panégyristes.

4°. Les relations des voyageurs ont encore introduit un grand nombre de fables. Ces sortes de gens souvent ignorans & presque toûjours menteurs, ont pû aisément tromper les autres, après avoir été trompés eux-mêmes. C’est apparemment sur leur relation que les Poëtes établirent les Champs élysées dans le charmant pays de la Bétique ; c’est de-là que nous sont venus ces fables, qui placent des monstres dans certains pays, des harpies dans d’autres, ici des peuples qui n’ont qu’un œil, là des hommes qui ont la taille des géans.

5°. On peut regarder comme une autre source des fables du Paganisme, les Poëtes, le Théatre, les Sculpteurs, & les Peintres. Comme les Poëtes ont toûjours cherché à plaire, ils ont préféré une ingénieuse fausseté à une vérité commune ; le succès justifiant leur témérité, ils n’employerent plus que la fiction ; les bergeres devinrent des nymphes ou des nayades ; les bergers, des satyres ou des faunes ; ceux qui aimoient la musique, des Apollons ; les belles voix, des muses ; les belles femmes, des Vénus ; les oranges, des pommes d’or ; les fleches & les dards, des foudres & des carreaux. Ils allerent plus loin : ils s’attacherent à contredire la vérité, de peur de se rencontrer avec les historiens. Homere a fait d’une femme infidele, une vertueuse Pénélope ; & Virgile a fait d’un traître à sa patrie, un héros plein de piété. Ils ont tous conspiré à faire passer Tantale pour un avare, & l’ont mis de leur chef en enfer, lui qui a été un prince très-sage & très-honnête homme. Rien ne se fait chez eux que par machine. Lisez leurs poésies.

Là pour nous enchanter tout est mis en usage,
Tout prend un corps, une ame, un esprit, un visage,
Chaque vertu devient une divinité,
Minerve est la prudence, & Vénus la beauté

Leurs fables passerent des poëmes dans les histoires, & des histoires dans la théologie ; on forma un système de religion sur les idées d’Hésiode & d’Homere ; on érigea des temples, & on offrit des victimes à des divinités qui tenoient leur existence de deux poëtes.

Il faut dire encore que la fable monta sur le théatre comme sur son throne, & ajoûter que les Peintres & les Sculpteurs travaillant d’après leur imagination, ont aussi donné cours aux histoires fabuleuses, en les consacrant par les chefs-d’œuvre de leur art. On a tâché de surprendre le peuple de toutes manieres : les Poëtes dans leurs écrits, le théatre dans ses représentations, les Sculpteurs dans leurs statues, & les Peintres dans leurs tableaux ; ils y ont tous concouru.

6°. Une sixieme source des fables est la pluralité ou l’unité des noms. La pluralité des noms étant fort commune parmi les Orientaux, on a partagé entre plusieurs les actions & les voyages d’un seul : de-là vient ce nombre prodigieux de Jupiters, de Mercures, &c. On a quelquefois fait tout le contraire ; & quand il est arrivé que plusieurs personnes ont porté le même nom, on a attribué à un seul ce qui devoit être partagé entre plusieurs : telle est l’histoire de Jupiter fils de Saturne, dans laquelle on a rassemblé les avantures de divers rois de Crete qui ont porté ce nom, aussi commun dans ce pays-là, que l’a été celui de Ptolemée en Egypte.

7°. Une 7e source des fables fut l’établissement des colonies, & l’invention des arts. Les étrangers égyptiens ou phéniciens qui aborderent en Grece, en policerent les habitans, leur firent part de leurs coûtumes, de leurs lois, de leurs manieres de s’habiller & de se nourrir : on regarda ces hommes comme des dieux, & on leur offrit des sacrifices : tels furent sans doute les premiers dieux des Grecs ; telle est, par exemple, l’origine de la fable de Promethée ; de même, parce qu’Apollon cultivoit la Musique & la Medecine, il fut nommé le dieu de ces arts ; Mercure fut celui de l’Eloquence, Cérès la déesse du blé, Minerve celle des manufactures de laine ; ainsi des autres.

8°. Une 8e source des fables doit sa naissance aux cérémonies de la religion. Les prêtres changerent un culte stérile en un autre qui fut lucratif, par mille histoires fabuleuses qu’ils inventerent ; on n’a jamais été trop scrupuleux sur cet article. On découvroit tous les jours quelque nouvelle divinité, à laquelle il falloit élever de nouveaux autels ; de-là ce système monstrueux que nous offre la théologie payenne. Ajoûtez ici la manie des grands d’avoir des dieux pour ancêtres ; il falloit trouver à chacun, suivant sa condition, un dieu pour premiere tige de sa race, & vraissemblablement on ne manquoit pas alors de généalogistes, aussi complaisans qu’ils le sont aujourd’hui.

Nous ne donnerons point pour une source des fables, l’abus que les Poëtes ont pû faire de l’ancien Testament, comme tant de gens pleins de savoir se le sont persuadés ; les Juifs étoient une nation trop méprisée de ses voisins, & trop peu connue des peuples éloignés, d’ailleurs trop jalouse de sa loi & de ses cérémonies, qu’elle cachoit aux étrangers, pour qu’il y ait quelque rapport entre les héros de la bible & ceux de la fable.

9°. Mais une source réellement féconde des fables payennes, c’est l’ignorance de l’Histoire & de la Chronologie. Comme on ne commença que fort tard, surtout dans la Grece, à avoir l’usage de l’écriture, il se passa plusieurs siecles pendant lesquels le souvenir des évenemens remarquables ne fut conservé que par tradition. Après qu’on avoit remonté jusqu’à trois ou quatre générations, on se trouvoit dans le labyrinthe de l’histoire des dieux, où l’on rencontroit toûjours Jupiter, Saturne, le Ciel & la Terre. Cependant comme les Grecs remplis de vanité, ainsi que les autres peuples, vouloient passer pour anciens, ils se forgerent une chronique fabuleuse de rois imaginaires, de dieux, & de héros, qui ne furent jamais. Ils transférerent dans leur histoire la plûpart des évenemens de celle d’Egypte ; & lorsqu’ils voulurent remonter plus haut, ils ne firent que substituer des fables à la vérité. Ils étoient de vrais enfans, comme le reprochoit à Solon un prêtre d’Egypte, lorsqu’il s’agissoit de parler des tems éloignés ; ils se persuadoient que leurs colonies avoient peuplé tous les autres pays, & ils tiroient leurs noms de ceux de leurs héros.

10°. L’ignorance de la Physique est une 10e source de quantité de fables payennes. On vint à rapporter à des causes animées, des effets dont on ignoroit les principes ; on prit les vents pour des divinités fougueuses, qui causent tant de ravages sur terre & sur mer. Falloit-il parler de l’arc-en-ciel dont on ignoroit la nature, on en fit une divinité. Chez les Payens,

Ce n’est pas la vapeur qui produit le tonnerre,
C’est Jupiter armé pour effrayer la terre ;
Un orage terrible aux yeux des matelots,
C’est Neptune en courroux qui gourmande les flots ;
Echo n’est pas un son qui dans l’air retentisse,
C’est une nymphe en pleurs qui se plaint de Narcisse.


Ainsi furent formées plusieurs divinités physiques, & tant de fables astronomiques, qui eurent cours dans le monde.

11°. L’ignorance des langues, sur-tout de la phénicienne, doit être regardée comme une onzieme source des plus fécondes d’une infinité de fables du Paganisme. Il est sûr que les colonies sorties de Phénicie, allerent peupler plusieurs contrées de la Grece ; & comme la langue phénicienne a plusieurs mots équivoques, les Grecs les expliquerent selon le sens qui étoit le plus de leur génie : par exemple, le mot Ilpha dans la langue phénicienne, signifie également un taureau, ou un navire. Les Grecs amateurs du merveilleux, au lieu de dire qu’Europe avoit été portée sur un vaisseau, publierent que Jupiter changé en taureau l’avoit enlevée. Du mot mon qui veut dire vice, ils firent le dieu Momus censeur des défauts des hommes ; & sans citer d’autres exemples, il suffit de renvoyer le lecteur aux ouvrages de Bochart sur cette matiere.

12°. Non-seulement les équivoques des langues orientales ont donné lieu à quantité de fables payennes, mais même les mots équivoques de la langue greque en ont produit un grand nombre : ainsi Vénus est sortie de l’écume de la mer, parce que Aphrodite qui étoit le nom qu’ils donnoient à cette déesse, signifioit l’écume. Ainsi le premier temple de Delphes avoit été construit par le secours des ailes d’abeilles, qu’Apollon avoit fait venir des pays hyperboréens ; parce que Pteras dont le nom veut dire une aile de plume, en avoit été l’architecte.

13°. On-a prouvé par des exemples incontestables, que la plûpart des fables des Grecs venoient d’Egypte & de Phénicie. Les Grecs en apprenant la religion des Egyptiens, changerent & les noms & les cérémonies des dieux de l’Orient, pour faire croire qu’ils étoient nés dans leur pays ; comme nous le voyons dans l’exemple d’Isis, & dans une infinité d’autres. Le culte de Bacchus fut formé sur celui d’Osiris : Diodore le dit expressément. Une regle générale qui peut servir à juger de l’origine d’un grand nombre de fables du Paganisme, c’est de voir seulement les noms des choses, pour décider s’ils sont phéniciens, grecs, ou latins ; l’on découvrira par ce seul examen, le pays natal, ou le transport de quantité de fables.

En quatorzieme lieu, il ne faut point douter que l’ignorance de la navigation n’ait fait naître une infinité de fables. On ne parla, par exemple, de l’Océan que comme d’un pays couvert de ténebres, où le soleil alloit se coucher tous les soirs avec beaucoup de fracas, dans le palais de Thétis. On ne parla des rochers qui composent le détroit de Scylla & de Charybde, que comme de deux monstres qui engloutissoient les vaisseaux. Si quelqu’un alloit dans le golfe de Perse, on publioit qu’il étoit allé jusqu’au fond de l’Orient, & au pays où l’aurore ouvre la barriere du jour ; & parce que Persée eut la hardiesse de sortir du détroit de Gibraltar pour se rendre aux îles Orcades, on lui donna le cheval Pégase, avec l’équipage de Pluton & de Mercure, comme s’il avoit été impossible de faire un si long voyage sans quelque secours surnaturel. Concluons que l’ignorance des anciens peuples, soit dans l’Histoire, soit dans la Chronologie, soit dans les Langues, soit dans la Physique, soit dans la Géographie, soit dans la Navigation, a fait germer des fables innombrables.

Quinziemement, il est encore vraissemblable que plusieurs fables tirent leur source du prétendu commerce des dieux, imaginé à dessein de sauver l’honneur des dames qui avoient eû des foiblesses pour leurs amans ; on appelloit au secours de leur réputation quelque divinité favorable ; c’étoit un dieu métamorphosé qui avoit triomphé de l’insensibilité de la belle. La fable de Rhéa Sylvia mere de Remus & de Romulus, en est une preuve bien connue. Amulius son oncle, armé de toutes pieces, & sous la figure de Mars, entra dans sa cellule ; & Numitor fit courir le bruit que les deux enfans qu’elle mit au monde, avoient pour pere le dieu de la guerre. Souvent même les prêtres étant amoureux de quelque femme, lui annonçoient qu’elle étoit aimée du dieu qu’ils servoient : à cette nouvelle, elle se préparoit à aller coucher dans le temple du dieu, & les parens l’y conduisoient en cérémonie. Si nous en croyons Hérodote (liv. I. ch. xviij.), il y avoit une dame de Babylone, de celles que Jupiter Belus avoit fait choisir par son premier pontife, qui ne manquoit jamais de se rendre toutes les nuits dans son temple : de-là ce grand nombre de fils qu’on donne aux dieux. Voyez Fils des Dieux.

Enfin, pour ne rien laisser à desirer, s’il est possible, sur les sources des fables, on doit ajoûter ici que presque toutes celles qui se trouvent dans les métamorphoses d’Ovide, d’Hyginus, & d’Antonius Liberalis, ne sont fondées que sur des manieres de s’exprimer figurées & métaphoriques : ce sont ordinairement de véritables faits, auxquels on a ajoûté quelque circonstance surnaturelle pour les parer. La cruauté de Lycaon qui condamnoit à mort les étrangers, l’a fait métamorphoser en loup. La stupidité de Mydas, ou peut-être l’excellence de son ouie, lui a fait donner des oreilles d’âne. Cérès avoit aimé Jasion, parce qu’il avoit perfectionné l’agriculture dont cette déesse, suivant l’imagination des Poëtes, avoit appris l’usage à la Grece. Dans d’autres occasions, les métamorphoses qu’on attribue à Jupiter & aux autres dieux, étoient des symboles qui marquoient les moyens, que les princes qui portoient ces noms, avoient mis en œuvre pour séduire leurs maîtresses. Ainsi l’or dont se servit Pretus pour tromper Danaé, fit dire qu’il s’étoit changé en pluie d’or ; ou bien, comme le remarque Eustathius, ces prétendues métamorphoses n’étoient que des médailles d’or, sur lesquelles on les voyoit gravées, & que les amans donnoient à leurs maitresses ; présent plus propre par la rareté du métal & la finesse de la gravure, à rendre sensibles les belles, que de véritables métamorphoses. Tel est le fondement des fables dont on vient de parler ; & si l’on n’en trouve pas le dénoüement dans les sources qu’on vient d’indiquer, on les découvrira dans les métaphores.

Ce seroit présentement le lieu de discuter en quel tems ont commencé les fables : mais il est impossible d’en fixer l’époque. Il suffit de savoir que nous les trouvons déjà établies dans les écrits les plus anciens qui nous restent de l’antiquité profane ; il suffit encore de ne pas ignorer que les premiers berceaux des fables sont l’Egypte & la Phénicie, d’où elles se répandirent avec les colonies en Occident, & surtout dans la Grece, où elles trouverent un sol propre à leur multiplication. Ensuite, de la Grece elles passerent en Italie, & dans les autres contrées voisines. Il est certain qu’en suivant un peu l’ancienne tradition, on découvre aisément que c’est-là le chemin de l’idolatrie & des fables, qui ont toûjours marché de compagnie. Qu’on ne dise donc point qu’Hésiode & Homere en sont les inventeurs, ils n’en parlent pas eux-mêmes sur ce ton ; elles existoient avant leur naissance dans les ouvrages des poëtes qui les précéderent ; ils ne firent que les embellir.

Mais il faut convenir que le siecle le plus fécond en fables & en héroïsme, a été celui de la guerre de Troye. On sait que cette célebre ville fut prise deux fois ; la premiere par Hercule, l’an du monde 2760 ; & la seconde, une quarantaine d’années après, par l’armée des Grecs, sous la conduite d’Agamemnon. Au tems de la premiere prise, on vit paroître Thélamon, Hercule, Thésée, Jason, Orphée, Castor, Pollux, & tous les autres héros de la toison d’or. A la seconde prise parurent leurs fils ou leurs petits-fils, Agamemnon, Ménélaüs, Achille, Diomede, Ajax, Hector, Enée, &c. Environ le même tems se fit la guerre de Thebes, où brillerent Adraste, Œdipe, Ethéocle, Polinice, Capanée, & tant d’autres héros, sujets éternels des poëmes épiques & tragiques. Aussi les théatres de la Grece ont-ils retenti mille fois de ces noms illustres ; & depuis ce tems tous les théatres du monde ont cru devoir les faire reparoître sur la scene.

Voilà pourquoi la connoissance, du moins une connoissance superficielle de la fable, est si générale. Nos spectacles, nos pieces lyriques & dramatiques, & nos poésies en tout genre, y font de perpétuelles allusions ; les estampes, les peintures, les statues qui décorent nos cabinets, nos galeries, nos plafonds, nos jardins, sont presque toûjours tirées de la fable : enfin elle est d’un si grand usage dans tous nos écrits, nos romans, nos brochures, & même dans nos discours ordinaires, qu’il n’est pas possible de l’ignorer à un certain point, sans avoir à rougir de ce manque d’éducation ; mais de porter sa curiosité jusqu’à tenter de percer les divers sens, ou les mysteres de la fable, entendre les différens systèmes de la théologie, connoître les cultes des divinités du Paganisme, c’est une science reservée pour un petit nombre de savans ; & cette science qui fait une partie très-vaste des Belles-Lettres, & qui est absolument nécessaire pour avoir l’intelligence des monumens de l’antiquité, est ce qu’on nomme la Mythologie. Voy. Mythologie. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

Fable apologue, (Belles-Lettres.) instruction déguisée sous l’allégorie d’une action. C’est ainsi que la Mothe l’a définie : il ajoûte ; c’est un petit poëme épique, qui ne le cede au grand que par l’étendue. Idée du P. le Bossu, qui devient chimérique dès qu’on la presse.

Les savans font remonter l’origine de la fable, à l’invention des caracteres symboliques & du style figuré, c’est-à-dire à l’invention de l’allégorie dont la fable est une espece. Mais l’allégorie ainsi réduite à une action simple, à une moralité précise, est communément attribuée à Esope, comme à son premier inventeur. Quelques-uns l’attribuent à Hésiode & à Archiloque ; d’autres prétendent que les fables connues sous le nom d’Esope, ont été composées par Socrate. Ces opinions à discuter sont heureusement plus curieuses qu’utiles. Qu’importe après tout pour le progrès d’un art, que son inventeur ait eu nom Esope, Hésiode, Archiloque, &c. l’auteur n’est pour nous qu’un mot ; & Pope a très-bien observé que cette existence idéale qui divise en sectes les vivans sur les qualités personnelles des morts, se réduit à quatre ou cinq lettres.

On a fait consister l’artifice de la fable, à citer les hommes au tribunal des animaux. C’est comme si on prétendoit en général que la comédie citât les spectateurs au tribunal de ses personnages, les hypocrites au tribunal de Tartufe, les avares au tribunal d’Arpagon, &c. Dans l’apologue, les animaux sont quelquefois les précepteurs des hommes, Lafontaine l’a dit : mais ce n’est que dans le cas où ils sont représentés meilleurs & plus sages que nous.

Dans le discours que la Mothe a mis à la tête de ses fables, il démêle en philosophe l’artifice caché dans ce genre de fiction : il en a bien vû le principe & la fin ; les moyens seuls lui ont échappé. Il traite, en bon critique, de la justesse & de l’unité de l’allégorie, de la vraissemblance des mœurs & des caracteres, du choix de la moralité & des images qui l’enveloppent : mais toutes ces qualités réunies ne font qu’une fable réguliere ; & un poëme qui n’est que régulier, est bien loin d’être un bon poëme.

C’est peu que dans la fable une vérité utile & peu commune, se déguise sous le voile d’une allégorie ingénieuse ; que cette allégorie, par la justesse & l’unité de ses rapports, conduise directement au sens moral qu’elle se propose ; que les personnages qu’on y employe, remplissent l’idée qu’on a d’eux. La Mothe a observé toutes ces regles dans quelques-unes de ses fables ; il reproche, avec raison, à Lafontaine de les avoir négligées dans quelques-unes des siennes. D’où vient donc que les plus défectueuses de Lafontaine ont un charme & un intérêt, que n’ont pas les plus régulieres de la Mothe ?

Ce charme & cet intérêt prennent leur source non-seulement dans le tour naturel & facile des vers, dans le coloris de l’imagination, dans le contraste & la vérité des caracteres, dans la justesse & la précision du dialogue, dans la variété, la force, & la rapidité des peintures, en un mot dans le génie poétique, don précieux & rare, auquel tout l’excellent esprit de la Mothe n’a jamais pû suppléer ; mais encore dans la naïveté du récit & du style, caractere dominant du génie de Lafontaine.

On a dit : le style de la fable doit être simple, familier, riant, gracieux, naturel, & même naïf. Il falloit dire, & sur-tout naïf.

Essayons de rendre sensible l’idée que nous attachons à ce mot naïveté, qu’on a si souvent employé sans l’entendre.

La Mothe distingue le naïf du naturel ; mais il fait consister le naïf dans l’expression fidele, & non refléchie, de ce qu’on sent ; & d’après cette idée vague, il appelle naïf le qu’il mourût du vieil Horace. Il nous semble qu’il faut aller plus loin, pour trouver le vrai caractere de naïveté qui est essentiel & propre à la fable.

La vérité de caractere a plusieurs nuances qui la distinguent d’elle-même : ou elle observe les ménagemens qu’on se doit & qu’on doit aux autres, & on l’appelle sincérité ; ou elle franchit dès qu’on la presse, la barriere des égards, & on la nomme franchise ; ou elle n’attend pas même pour se montrer à découvert, que les circonstances l’y engagent & que les décences l’y autorisent, & elle devient imprudence, indiscrétion, témérité, suivant qu’elle est plus ou moins offensante ou dangereuse. Si elle découle de l’ame par un penchant naturel & non refléchi, elle est simplicité ; si la simplicité prend sa source dans cette pureté de mœurs qui n’a rien à dissimuler ni à feindre, elle est candeur ; si à la candeur se joint une innocence peu éclairée, qui croit que tout ce qui est naturel est bien, c’est ingénuité ; si l’ingénuité se caractérise par des traits qu’on auroit eu soi-même intérêt à déguiser, & qui nous donnent quelque avantage sur celui auquel ils échappent, on la nomme naïveté, ou ingénuité naïve. Ainsi la simplicité ingénue est un caractere absolu & indépendant des circonstances ; au lieu que la naïveté est relative.

Hors les puces qui m’ont la nuit inquiétée,


ne seroit dans Agnès qu’un trait de simplicité, si elle parloit à ses compagnes.

Jamais je ne m’ennuie,


ne seroit qu’ingénu, si elle ne faisoit pas cet aveu à un homme qui doit s’en offenser. Il en est de même de

L’argent qu’en ont reçu notre Alain & Georgette,
&c.


Par conséquent ce qui est compatible avec le caractere naïf dans tel tems, dans tel lieu, dans tel état, ne le seroit pas dans tel autre. Georgette est naïve autrement qu’Agnès ; Agnès autrement que ne doit l’être une jeune fille élevée à la cour, ou dans le monde : celle-ci peut dire & penser ingénuement des choses que l’éducation lui a rendues familieres, & qui paroîtroient refléchies & recherchées dans la premiere. Cela posé, voyons ce qui constitue la naïveté dans la fable, & l’effet qu’elle y produit.

La Mothe a observé que le succès constant & universel de la fable, venoit de ce que l’allégorie y ménageoit & flatoit l’amour-propre : rien n’est plus vrai, ni mieux senti ; mais cet art de ménager & de flater l’amour propre, au lieu de le blesser, n’est autre chose que l’éloquence naïve, l’éloquence d’Esope chez les anciens, & de Lafontaine chez les modernes.

De toutes les prétentions des hommes, la plus générale & la plus décidée regarde la sagesse & les mœurs : rien n’est donc plus capable de les indisposer, que des préceptes de morale & de sagesse présentés directement. Nous ne parlerons point de la satyre ; le succès en est assûré : si elle en blesse un, elle en flate mille. Nous parlons d’une philosophie sévere, mais honnête, sans amertume & sans poison, qui n’insulte personne, & qui s’adresse à tous : c’est précisément de celle-là qu’on s’offense. Les Poëtes l’ont déguisée au théatre & dans l’épopée, sous l’allégorie d’une action, & ce ménagement l’a fait recevoir sans révolte : mais toute vérité ne peut pas avoir au théatre son tableau particulier ; chaque piece ne peut aboutir qu’à une moralité principale ; & les traits accessoires répandus dans le cours de l’action, passent trop rapidement pour ne pas s’effacer l’un l’autre : l’intérêt même les absorbe, & ne nous laisse pas la liberté d’y refléchir. D’ailleurs l’instruction théatrale exige un appareil qui n’est ni de tous les lieux, ni de tous les tems ; c’est un miroir public qu’on n’éleve qu’à grands frais & à force de machines. Il en est à-peu-près de même de l’épopée. On a donc voulu nous donner des glaces portatives aussi fideles & plus commodes, où chaque vérité isolée eût son image distincte ; & de-là l’invention des petits poëmes allégoriques.

Dans ces tableaux, on pouvoit nous peindre à nos yeux sous trois symboles différens ; ou sous les traits de nos semblables, comme dans la fable du Savetier & du Financier, dans celle du Berger & du Roi, dans celle du Meunier & son fils, &c. ou sous le nom des êtres surnaturels & allégoriques, comme dans la fable d’Apollon & Borée, dans celle de la Discorde, dans les contes orientaux, & dans nos contes de fées ; ou sous la figure des animaux & des êtres matériels, que le poëte fait agir & parler à notre maniere : c’est le genre le plus étendu, & peut-être le seul vrai genre de la fable, par la raison même qu’il est le plus dépourvû de vraissemblance à notre égard.

Il s’agit de ménager la répugnance que chacun sent à être corrigé par son égal. On s’apprivoise aux leçons des morts, parce qu’on n’a rien à démêler avec eux, & qu’ils ne se prévaudront jamais de l’avantage qu’on leur donne : on se plie même aux maximes outrées des fanatiques & des enthousiastes, parce que l’imagination étonnée ou éblouie en fait une espece d’hommes à part. Mais le sage qui vit simplement & familierement avec nous, & qui sans chaleur & sans violence ne nous parle que le langage de la vérité & de la vertu, nous laisse toutes nos prétentions à l’égalité : c’est donc à lui à nous persuader par une illusion passagere qu’il est, non pas au-dessus de nous (il y auroit de l’imprudence à le tenter), mais au contraire si fort au-dessous, qu’on ne daigne pas même se piquer d’émulation à son égard, & qu’on reçoive les vérités qui semblent lui échapper, comme autant de traits de naïveté sans conséquence.

Si cette observation est fondée, voilà le prestige de la fable rendu sensible, & l’art réduit à un point déterminé. Or nous allons voir que tout ce qui concourt à nous persuader la simplicité & la crédulité du poëte, rend la fable plus intéressante ; au lieu que tout ce qui nous fait douter de la bonne-foi de son récit, en affoiblit l’intérêt.

Quintilien pensoit que les fables avoient surtout du pouvoir sur les esprits bruts & ignorans ; il parloit sans doute des fables où la vérité se cache sous une enveloppe grossiere : mais le goût, le sentiment & les graces que Lafontaine y a répandus, en ont fait la nourriture & les délices des esprits les plus délicats, les plus cultivés, & les plus profonds.

Or l’intérêt qu’ils y prennent, n’est certainement pas le vain plaisir d’en pénétrer le sens. La beauté de cette allégorie est d’être simple & transparente, & il n’y a guere que les sots qui puissent s’applaudir d’en avoir percé le voile.

Le mérite de prévoir la moralité que la Mothe veut qu’on ménage aux lecteurs, parmi lesquels il compte les sages eux-mêmes, se réduit donc à bien peu de chose : aussi Lafontaine, à l’exemple des anciens, ne s’est-il guere mis en peine de la donner à deviner ; il l’a placée tantôt au commencement, tantôt à la fin de la fable ; ce qui ne lui auroit pas été indifférent, s’il eût regardé la fable comme une énigme.

Quelle est donc l’espece d’illusion qui rend la fable si séduisante ? On croit entendre un homme assez simple & assez crédule, pour repéter sérieusement les contes puérils qu’on lui a faits ; & c’est dans cet air de bonne-foi que consiste la naïveté du récit & du style.

On reconnoît la bonne-foi d’un historien, à l’attention qu’il a de saisir & de marquer les circonstances, aux réflexions qu’il y mêle, à l’éloquence qu’il employe à exprimer ce qu’il sent ; c’est-là sur-tout ce qui met Lafontaine au-dessus de ses modeles. Esope raconte simplement, mais en peu de mots ; il semble repéter fidelement ce qu’on lui a dit : Phedre y met plus de délicatesse & d’élégance, mais aussi moins de vérité. On croiroit en effet que rien ne dût mieux caractériser la naïveté, qu’un style dénué d’ornemens ; cependant Lafontaine a répandu dans le sien tous les thrésors de la Poésie, & il n’en est que plus naïf. Ces couleurs si variées & si brillantes sont elles-mêmes les traits dont la nature se peint dans les écrits de ce poëte, avec une simplicité merveilleuse. Ce prestige de l’art paroît d’abord inconcevable ; mais dès qu’on remonte à la cause, on n’est plus surpris de l’effet.

Non-seulement Lafontaine a oüi dire ce qu’il raconte, mais il l’a vû ; il croit le voir encore. Ce n’est pas un poëte qui imagine, ce n’est pas un conteur qui plaisante ; c’est un témoin présent à l’action, & qui veut vous y rendre présent vous-même. Son érudition, son éloquence, sa philosophie, sa politique, tout ce qu’il a d’imagination, de mémoire, & de sentiment, il met tout en œuvre de la meilleure foi du monde pour vous persuader ; & ce sont tous ces efforts, c’est le sérieux avec lequel il mêle les plus grandes choses avec les plus petites, c’est l’importance qu’il attache à des jeux d’enfans, c’est l’intérêt qu’il prend au procès pour un lapin & une belette, qui font qu’on est tenté de s’écrier à chaque instant, le bon homme ! On le disoit de lui dans la société, son caractere n’a fait que passer dans ses fables. C’est du fond de ce caractere que sont émanés ces tours si naturels, ces expressions si naïves, ces images si fideles ; & quand la Mothe a dit, du fond de sa cervelle un trait naïf s’arrache, ce n’est certainement pas le travail de Lafontaine qu’il a peint.

S’il raconte la guerre des vautours, son génie s’éleve. Il plut du sang ; cette image lui paroît encore foible. Il ajoûte pour exprimer la dépopulation :

Et sur son roc Promethée espéra
De voir bien-tôt une fin à sa peine.


La querelle de deux coqs pour une poule, lui rappelle ce que l’amour a produit de plus funeste :

Amour tu perdis Troye.


Deux chevres se rencontrent sur un pont trop étroit pour y passer ensemble ; aucune des deux ne veut reculer : il s’imagine voir

Avec Louis le Grand,
Philippe quatre qui s’avance
Dans l’île de la Conférence.


Un renard est entré la nuit dans un poulailler :

Les marques de sa cruauté
Parurent avec l’aube. On vit un étalage
De corps sanglans & de carnage ;
Peu s’en fallut que le soleil
Ne rebroussât d’horreur vers le manoir liquide, &c.

La Mothe a fait à notre avis une étrange méprise, en employant à tout propos, pour avoir l’air naturel, des expressions populaires & proverbiales : tantôt c’est Morphée qui fait litiere de pavots ; tantôt c’est la Lune qui est empêchée par les charmes d’une magicienne ; ici le lynx attendant le gibier, prépare ses dents à l’ouvrage ; là le jeune Achille est fort bien moriginé par Chiron. La Mothe avoit dit lui-même, mais prenons garde à la bassesse, trop voisine du familier. Qu’étoit-ce donc à son avis que faire litiere de pavots ? Lafontaine a toûjours le style de la chose :

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre.
. . . . . . . . . . . . .
Les tourterelles se fuyoient ;
Plus d’amour, partant plus de joie.

Ce n’est jamais la qualité des personnages qui le décide. Jupiter n’est qu’un homme dans les choses familieres ; le moucheron est un héros lorsqu’il combat le lion : rien de plus philosophique & en même tems rien de plus naïf, que ces contrastes. Lafontaine est peut-être celui de tous les Poëtes qui passe d’un extrème à l’autre avec le plus de justesse & de rapidité. La Mothe a pris ces passages pour de la gaîté philosophique, & il les regarde comme une source du riant : mais Lafontaine n’a pas dessein qu’on imagine qu’il s’égaye à rapprocher le grand du petit ; il veut que l’on pense, au contraire, que le sérieux qu’il met aux petites choses, les lui fait mêler & confondre de bonne-foi avec les grandes ; & il réussit en effet à produire cette illusion. Par-là son style ne se soûtient jamais, ni dans le familier, ni dans l’héroïque. Si ses réflexions & ses peintures l’emportent vers l’un, ses sujets le ramenent à l’autre, & toûjours si à-propos, que le lecteur n’a pas le tems de desirer qu’il prenne l’essor, ou qu’il se modere. En lui, chaque idée réveille soudain l’image & le sentiment qui lui est propre ; on le voit dans ses peintures, dans son dialogue, dans ses harangues. Qu’on lise, pour ses peintures, la fable d’Apollon & de Borée, celle du Chêne & du Roseau ; pour le dialogue, celle de l’Agneau & du Loup, celle des compagnons d’Ulysse ; pour les monologues & les harangues, celle du Loup & des Bergers, celle du Berger & du Roi, celle de l’Homme & de la Couleuvre : modeles à-la-fois de philosophie & de poésie. On a dit souvent que l’une nuisoit à l’autre ; qu’on nous cite, ou parmi les anciens, ou parmi les modernes, quelque poëte plus riant, plus fécond, plus varié, plus gracieux & plus sublime, quelque philosophe plus profond & plus sage.

Mais ni sa philosophie, ni sa poésie ne nuisent à sa naïveté : au contraire, plus il met de l’une & de l’autre dans ses récits, dans ses réflexions, dans ses peintures ; plus il semble persuadé, pénétré de ce qu’il raconte, & plus par conséquent il nous paroît simple & crédule.

Le premier soin du fabuliste doit donc être de paroître persuadé ; le second, de rendre sa persuasion amusante ; le troisieme, de rendre cet amusement utile.

Pueris dant frustula blandi
Doctores, elementa velint ut discere prima. Horat.

Nous venons de voir de quel artifice Lafontaine s’est servi pour paroître persuadé ; & nous n’avons plus que quelques réflexions à ajoûter sur ce qui détruit ou favorise cette espece d’illusion.

Tous les caracteres d’esprit se concilient avec la naïveté, hors la finesse & l’affectation. D’où vient que Janot Lapin, Robin Mouton, Carpillon Fretin, la Gent-Trote-Menu, &c. ont tant de grace & de naturel ? d’où vient que don Jugement, dame Mémoire, & demoiselle Imagination, quoique très-bien caractérisés, sont si déplacés dans la fable ? Ceux-là sont du bon homme ; ceux-ci de l’homme d’esprit.

On peut supposer tel pays ou tel siecle, dans lequel ces figures se concilieroient avec la naïveté : par exemple, si on avoit élevé des autels au Jugement, à l’Imagination, à la Mémoire, comme à la Paix, à la Sagesse, à la Justice, &c. les attributs de ces divinités seroient des idées populaires, & il n’y auroit aucune finesse, aucune affectation à dire, le dieu Jugement, la déesse Mémoire, la nymphe Imagination ; mais le premier qui s’avise de réaliser, de caractériser ces abstractions par des épithetes recherchées, paroît trop fin pour être naïf. Qu’on refléchisse à ces dénominations, don, dame, demoiselle ; il est certain que la premiere peint la lenteur, la gravité, le recueillement, la méditation, qui caractérisent le Jugement : que la seconde exprime la pompe, le faste & l’orgueil, qu’aime à étaler la Mémoire : que la troisieme réunit en un seul mot la vivacité, la legereté, le coloris, les graces, & si l’on veut le caprice & les écarts de l’imagination. Or peut-on se persuader que ce soit un homme naïf qui le premier ait vû & senti ces rapports & ces nuances ?

Si Lafontaine employe des personnages allégoriques, ce n’est pas lui qui les invente : on est déjà familiarisé avec eux. La fortune, la mort, le tems, tout cela est reçû. Si quelquefois il en introduit de sa façon, c’est toûjours en homme simple ; c’est que-sique-non, frere de la Discorde ; c’est tien-&-mien, son pere, &c.

La Mothe, au contraire, met toute la finesse qu’il peut à personnifier des êtres moraux & métaphysiques : Personnifions, dit-il, les vertus & les vices : animons, selon nos besoins, tous les êtres ; & d’après cette licence, il introduit la vertu, le talent, & la réputation, pour faire faire à celle-ci un jeu de mots à la fin de la fable. C’est encore pis, lorsque l’ignorance grosse d’enfant, accouche d’admiration, de demoiselle opinion, & qu’on fait venir l’orgueil & la paresse pour nommer l’enfant, qu’ils appellent la vérité. La Mothe a beau dire qu’il se trace un nouveau chemin ; ce chemin l’éloigne du but.

Encore une fois le poëte doit joüer dans la fable le rôle d’un homme simple & crédule ; & celui qui personnifie des abstractions métaphysiques avec tant de subtilité, n’est pas le même qui nous dit sérieusement que Jean Lapin plaidant contre dame Belette, allégua la coûtume & l’usage.

Mais comme la crédulité du poëte n’est jamais plus naive, ni par conséquent plus amusante que dans des sujets dépourvûs de vraissemblance à notre égard, ces sujets vont beaucoup plus droit au but de l’apologue, que ceux qui sont naturels & dans l’ordre des possibles. La Mothe après avoir dit,

Nous pouvons, s’il nous plaît, donner pour véritables
Les chimeres des tems passés,


ajoûte :

Mais quoi ? des vérités modernes
Ne pouvons-nous user aussi dans nos besoins ?
Qui peut le plus, ne peut-il pas le moins ?

Ce raisonnement du plus au moins n’est pas concevable dans un homme qui avoit l’esprit juste, & qui avoit long-tems refléchi sur la nature de l’apologue. La fable des deux Amis, le Paysan du Danube, Philemon & Baucis, ont leur charme & leur intérêt particulier : mais qu’on y prenne garde, ce n’est là ni le charme ni l’intérêt de l’apologue. Ce n’est point ce doux soûrire, cette complaisance intérieure qu’excite en nous Janot Lapin, la mouche du coche, &c. Dans les premieres, la simplicité du poëte n’est qu’ingénue & n’a rien de ridicule : dans les dernieres, elle est naïve & nous amuse à ses dépens. C’est ce qui nous a fait avancer au commencement de cet article, que les fables, où les animaux, les plantes, les êtres inanimés parlent & agissent à notre maniere, sont peut-être les seules qui méritent le nom de fables.

Ce n’est pas que dans ces sujets même il n’y ait une sorte de vraissemblance à garder, mais elle est relative au poëte. Son caractere de naïveté une fois établi, nous devons trouver possible qu’il ajoûte foi à ce qu’il raconte ; & de-là vient la regle de suivre les mœurs ou réelles ou supposées. Son dessein n’est pas de nous persuader que le lion, l’âne & le renard ont parlé, mais d’en paroître persuadé lui-même ; & pour cela il faut qu’il observe les convenances, c’est-à-dire qu’il fasse parler & agir le lion, l’âne & le renard, chacun suivant le caractere & les intérêts qu’il est supposé leur attribuer : ainsi la regle de suivre les mœurs dans la fable, est une suite de ce principe, que tout y doit concourir à nous persuader la crédulité du poëte. Mais il faut que cette crédulité soit amusante, & c’est encore un des points où la Mothe s’est trompé ; on voit que dans ses fables il vise à être plaisant, & rien n’est si contraire au génie de ce poëme :

Un homme avoit perdu sa femme ;
Il veut avoir un perroquet.
Se console qui peut : plein de la bonne dame,
Il veut du moins chez lui remplacer son caquet.

Lafontaine évite avec soin tout ce qui a l’air de la plaisanterie ; s’il lui en échappe quelque trait, il a grand soin de l’émousser :

A ces mots l’animal pervers,
C’est le serpent que je veux dire.


Voilà une excellente épigramme, & le poëte s’en seroit tenu là, s’il avoit voulu être fin ; mais il vouloit être, ou plûtôt il étoit naïf : il a donc achevé,

C’est le serpent que je veux dire,
Et non l’homme : on pourroit aisément s’y tromper.

De même dans ces vers qui terminent la fable du rat solitaire,

Qui désignai-je, à votre avis,
Par ce rat si peu secourable ?
Un moine ? non ; mais un dervis,


il ajoûte :

Je suppose qu’un moine est toûjours charitable.

La finesse du style consiste à se laisser deviner ; la naïveté, à dire tout ce qu’on pense.

Lafontaine nous fait rire, mais à ses dépens, & c’est sur lui-même qu’il fait tomber le ridicule. Quand pour rendre raison de la maigreur d’une belette, il observe qu’elle sortoit de maladie : quand pour expliquer comment un cerf ignoroit une maxime de Salomon, il nous avertit que ce cerf n’étoit pas accoûtumé de lire : quand pour nous prouver l’expérience d’un vieux rat, & les dangers qu’il avoit courus, il remarque qu’il avoit même perdu sa queue à la bataille : quand pour nous peindre la bonne intelligence des chiens & des chats, il nous dit :

Ces animaux vivoient entr’eux comme cousins ;
Cette union si douce, & presque fraternelle,
Edifioit tous les voisins,


nous rions, mais de la naïveté du poëte, & c’est à ce piége si délicat que se prend notre vanité.

L’oracle de Delphes avoit, dit-on, conseillé à Esope de prouver des vérités importantes par des contes ridicules. Esope auroit mal entendu l’oracle, si au lieu d’être risible il s’étoit piqué d’être plaisant.

Cependant comme ce n’est pas uniquement à nous amuser, mais sur-tout à nous instruire, que la fable est destinée, l’illusion doit se terminer au développement de quelque vérité utile : nous disons au développement, & non pas à la preuve ; car il faut bien observer que la fable ne prouve rien. Quelque bien adapté que soit l’exemple à la moralité, l’exemple est un fait particulier, la moralité une maxime générale ; & l’on sait que du particulier au général il n’y a rien à conclure. Il faut donc que la moralité soit une vérité connue par elle-même, & à laquelle on n’ait besoin que de réfléchir pour en être persuadé. L’exemple contenu dans la fable, en est l’indication & non la preuve ; son but est d’avertir, & non de convaincre ; de diriger l’attention, & non d’entraîner le consentement ; de rendre enfin sensible à l’imagination ce qui est évident à la raison : mais pour cela il faut que l’exemple mene droit à la moralité, sans diversion, sans équivoque ; & c’est ce que les plus grands maîtres semblent avoir oublié quelquefois :

La vérité doit naître de la fable.


La Mothe l’a dit & l’a pratiqué, il ne le cede même à personne dans cette partie : comme elle dépend de la justesse & de la sagacité de l’esprit, & que la Mothe avoit supérieurement l’une & l’autre, le sens moral de ses fables est presque toûjours bien saisi, bien déduit, bien préparé. Nous en exceptons quelques-unes, comme celle de l’estomac, celle de l’araignée & du pelican. L’estomac patit de ses fautes, mais s’ensuit-il que chacun soit puni des siennes ? Le même auteur a fait voir le contraire dans la fable du chat & du rat. Entre le pélican & l’araignée, entre Codrus & Néron l’alternative est-elle si pressante qu’hésiter ce fût choisir ? & à la question, lequel des deux voulez-vous imiter ? n’est-on pas fondé à répondre, ni l’un ni l’autre ? Dans ces deux fables la moralité n’est vraie que par les circonstances, elle est fausse dès qu’on la donne pour un principe général.

La Fontaine s’est plus négligé que la Mothe sur le choix de la moralité ; il semble quelquefois la chercher après avoir composé sa fable, soit qu’il affecte cette incertitude pour cacher jusqu’au bout le dessein qu’il avoit d’instruire ; soit qu’en effet il se soit livré d’abord à l’attrait d’un tableau favorable à peindre, bien sûr que d’un sujet moral il est facile de tirer une réflexion morale. Cependant sa conclusion n’est pas toûjours également heureuse ; le plus souvent profonde, lumineuse, intéressante, & amenée par un chemin de fleurs ; mais quelquefois aussi commune, fausse ou mal déduite. Par exemple, de ce qu’un gland, & non pas une citrouille, tombe sur le nez de Garo, s’ensuit-il que tout soit bien ?

Jupin pour chaque état mit deux tables au monde ;
L’adroit, le vigilant & le fort sont assis
A la premiere, & les petits
Mangent leur reste à la seconde.


Rien n’est plus vrai ; mais cela ne suit point de l’exemple de l’araignée & de l’hirondelle : car l’araignée, quoiqu’adroite & vigilante, ne laisse pas de mourir de faim. Ne seroit-ce point pour déguiser ce défaut de justesse, que dans les vers que nous avons cités, Lafontaine n’oppose que les petits à l’adroit, au vigilant & au fort ? S’il eût dit le foible, le négligent & le mal-adroit, on eût senti que les deux dernieres de ces qualités ne conviennent point à l’araignée. Dans la fable des poissons & du berger, il conseille aux rois d’user de violence : dans celle du loup déguisé en berger, il conclut,

Quiconque est loup, agisse en loup.

Si ce sont-là des vérités, elles ne sont rien moins qu’utiles aux mœurs. En général, le respect de Lafontaine pour les anciens, ne lui a pas laissé la liberté du choix dans les sujets qu’il en a pris ; presque toutes ses beautés sont de lui, presque tous ses défauts sont des autres. Ajoûtons que ses défauts sont rares, & tous faciles à éviter, & que ses beautés sans nombre sont peut-être inimitables.

Nous aurions beaucoup à dire sur sa versification, où les pédans n’ont sû relever que des négligences, & dont les beautés ravissent d’admiration les hommes de l’art les plus exercés, & les hommes de gout les plus délicats ; mais pour développer cette partie avec quelqu’étendue, nous renvoyons à l’article Vers.

Du reste, sans aucun dessein de loüer ni de critiquer, ayant à rendre sensibles par des exemples les perfections & les défauts de l’art, nous croyons devoir puiser ces exemples dans les auteurs les plus estimables, pour deux raisons, leur célébrité & leur autorité, sans toutefois manquer dans nos critiques aux égards que nous leur devons ; & ces égards consistent à parler de leurs ouvrages avec une impartialité sérieuse & décente, sans fiel & sans dérision ; méprisables recours des esprits vuides & des ames basses. Nous avons reconnu dans la Mothe une invention ingénieuse, une composition réguliere, beaucoup de justesse & de sagacité. Nous avons profité de quelques-unes de ses réflexions sur la fable, & nous renvoyons encore le lecteur à son discours, comme à un morceau de poétique excellent à beaucoup d’égards. Mais avec la même sincérité nous avons crû devoir observer ses erreurs dans la théorie, & ses fautes dans la pratique, ou du moins ce qui nous a paru tel ; c’est au lecteur à nous juger.

Comme Lafontaine a pris d’Esope, de Phedre, de Pilpay, &c. ce qu’ils ont de plus remarquable, & que deux exemples nous suffisoient pour développer nos principes, nous nous en sommes tenus aux deux fabulistes françois. Si l’on veut connoître plus particulierement les anciens qui se sont distingués dans ce genre de poésie, on peut consulter l’article Fabuliste. Article de M. Marmontel.

Fable, (Belles-Lettr.) fiction morale. Voyez Fiction.

Dans les poëmes épique & dramatique, la fable, l’action, le sujet, sont communément pris pour synonymes ; mais dans une acception plus étroite, le sujet du poëme est l’idée substantielle de l’action : l’action par conséquent est le développement du sujet, l’intrigue est cette même disposition considérée du côté des incidens qui nouent & dénouent l’action.

Tantôt la fable renferme une vérité cachée, comme dans l’Iliade ; tantôt elle présente directement des exemples personnels & des vérités toutes nues, comme dans le Télémaque & dans la plûpart de nos tragédies. Il n’est donc pas de l’essence de la fable d’être allégorique, il suffit qu’elle soit morale, & c’est ce que le P. le Bossu n’a pas assez distingué.

Comme le but de la Poésie est de rendre, s’il est possible, les hommes meilleurs & plus heureux, un poëte doit sans doute avoir égard dans le choix de son action, à l’influence qu’elle peut avoir sur les mœurs ; &, suivant ce principe, on n’auroit jamais dû nous présenter le tableau qui entraîne Œdipe dans le crime, ni celui d’Electre criant au parricide Oreste : frappe, frappe, elle a tué notre pere.

Mais cette attention générale à éviter les exemples qui favorisent les méchans, & à choisir ceux qui peuvent encourager les bons, n’a rien de commun avec la regle chimérique de n’inventer la fable & les personnages d’un poëme qu’après la moralité ; méthode servile & impraticable, si ce n’est dans de petits poëmes, comme l’apologue, où l’on n’a ni les grands ressorts du pathétique à mouvoir, ni une longue suite de tableaux à peindre, ni le tissu d’une intrigue vaste à former. Voyez Epopée.

Il est certain que l’Iliade renferme la même vérité que l’une des fables d’Esope, & que l’action qui conduit au développement de cette vérité, est la même au fond dans l’une & dans l’autre ; mais qu’Homere, ainsi qu’Esope, ait commencé par se proposer cette vérité ; qu’ensuite il ait choisi une action & des personnages convenables, & qu’il n’ait jetté les yeux sur la circonstance de la guerre de Troye, qu’après s’être décidé sur les caracteres fictifs d’Agamemnon, d’Achille, d’Hector, &c. c’est ce qui n’a pû tomber que dans l’idée d’un spéculateur qui veut mener, s’il est permis de le dire, le génie à la lisiere. Un sculpteur détermine d’abord l’expression qu’il veut rendre, puis il dessine sa figure, & choisit enfin le marbre propre à l’exécuter ; mais les évenemens historiques ou fabuleux, qui sont la matiere du poëme héroïque, ne se taillent point comme le marbre : chacun d’eux a sa forme essentielle qu’il n’est permis que d’embellir ; & c’est par le plus ou le moins de beautés qu’elle présente ou dont elle est susceptible ; que se décide le choix du poëte : Homere lui-même en est un exemple.

L’action de l’Odyssée prouve, si l’on veut, qu’un état ou qu’une famille souffre de l’absence de son chef ; mais elle prouve encore mieux qu’il ne faut point abandonner ses intérêts domestiques pour se mêler des intérêts publics, ce qu’Homere certainement n’a pas eu dessein de faire voir.

De même on peut conclure de l’action de l’Enéïde, que la valeur & la piété réunies sont capables des plus grandes choses ; mais on peut conclure aussi qu’on fait quelquefois sagement d’abandonner une femme après l’avoir séduite, & de s’emparer du bien d’autrui quand on le trouve à sa bienséance ; maximes que Virgile étoit bien éloigné de vouloir établir.

Si Homere & Virgile n’avoient inventé la fable de leurs poëmes qu’en vûe de la moralité, toute l’action n’aboutiroit qu’à un seul point ; le dénouement seroit comme un foyer où se réuniroient tous les traits de lumiere répandus dans le poëme, ce qui n’est pas : ainsi l’opinion du pere le Bossu est démentie par les exemples mêmes dont il prétend l’autoriser.

La fable doit avoir différentes qualités, les unes particulieres à certains genres, les autres communes à la Poésie en général. Voyez pour les qualités communes, les articles Fiction, Intérêt, Intrigue, Unité, &c. Voyez pour les qualités particulieres, les divers genres de Poésie, à leurs articles.

Sur-tout comme il y a une vraissemblance absolue & une vraissemblance hypothétique ou de convention, & que toutes sortes de poëmes ne sont pas indifféremment susceptibles de l’une & de l’autre, voyez, pour les distinguer, les articles Fiction, Merveilleux & Tragédie. Article de M. Marmontel.

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Étymologie de « fable »

Bourguign. faule ; wallon, fâve ; du lat. fabula, récit, fable, de fari, parler ; grec, φάναι, dire, parler.

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(1155) Du moyen français fable, de l’ancien français fable, du latin fabŭla (« récit, fable »).
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Phonétique du mot « fable »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
fable fabl

Évolution historique de l’usage du mot « fable »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « fable »

  • Qu'il y ait simulacre, imitation et fable, et que plusieurs prennent plaisir, non seulement à jouer, mais à regarder et à s'étonner : le théâtre se définit par là tout entier. De Michel Deutsch , 
  • Les amis tels que nous les désirons sont des rêves et des fables. De Ralph Waldo Emerson / L'amitié , 
  • Je croirais plutôt toutes les fables des légendes et le Talmud et le Coran que cette création universelle n'ait pas de créateur. De Francis Bacon / Les Essais , 
  • Ceux qui ont embrassé science et littérature Ont récité leur fable et se sont endormis. De Omar Khayyâm / Rubâ’iyât , 
  • Qu’est ce l’histoire, sinon une fable sur laquelle tout le monde est d’accord ? De Napoléon Bonaparte , 
  • La Poésie n’était au premier âge qu’une Théologie allégorique, pour faire entrer au cerveau des hommes grossiers par fables plaisantes et colorées les secrets qu’ils ne pouvaient comprendre. De Pierre de Ronsard / Abrégé de l'art poétique français , 
  • La politique est comme le sphinx de la fable : elle dévore tous ceux qui n’expliquent pas ses énigmes. De Antoine de Rivarol / L’esprit de Rivarol , 
  • Lorsqu’on fait une fable il est avant tout préférable d’avoir quelque chose à y raconter ! De Francis Blanche / Mon oursin et moi , 
  • Il y a bien de la différence entre détruire le principal fondement d'une fable, et en altérer quelques incidents. De Jean Racine / Andromaque , 
  • Les fables de La Fontaine sont plutôt la philosophie dure, froide et égoïste d'un vieillard que la philosophie aimante, généreuse, naïve et bonne d'un enfant. C'est du fiel. Alphonse de Prât de Lamartine, Les Méditations, préface
  • […] La vie en changeant fait des réalités avec nos fables. Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, la Prisonnière , Gallimard
  • La Fable est le ciel de l'Histoire. Paul Raynal, Napoléon unique, Stock
  • On fait apprendre les fables de La Fontaine à tous les enfants, et il n'y en a pas un seul qui les entende. Quand ils les entendraient, ce serait encore pis ; car la morale en est tellement mêlée et si disproportionnée à leur âge, qu'elle les porterait plus au vice qu'à la vertu. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou De l'éducation
  • La vérité historique est souvent une fable convenue. De Napoléon Bonaparte , 
  • La fable est la soeur aînée de l'histoire. De Voltaire / Dictionnaire philosophique , 
  • Une fable est un pont qui conduit à la vérité. De Antoine-Isaac Sylvestre de Sacy / Chrestomathie arabe , 
  • On ne raconte pas de fable à des enfants endormis. De Proverbe rundi , 
  • Remake du célèbre film "Les oiseaux" d’Alfred Hitchcock, où des étourneaux semaient la panique, une jeune corneille s’est amusée dimanche midi à recréer un début de psychose pendant le déjeuner d’anniversaire de Laurent, fidèle lecteur de notre quotidien. Espiègle jusqu’au bout, le jeune volatile s’est attaché à rappeler aux plus petits la fable de "la Corneille et la paëlla" et pour la plus grande joie de tous s’est mise à table avec eux. Déjeuner qui visiblement lui a plu puisqu’à la surprise générale, une fois rassasiée et baignée pour se rafraîchir, elle a adopté une nouvelle famille et a décidé de vivre avec eux. L’histoire ne dit pas si elle aime le fromage ? ladepeche.fr, Villeneuve-sur-Lot. La corneille et la paëlla, une fable locale - ladepeche.fr
  • Stanislas Guérini dénonce la "fable" d'un "pseudo front anti-écolo", reproché au gouvernement par Europe Ecologie Les verts. Challenges, Municipales: Guerini dénonce la fable d'un front anti-ecolo - Challenges
  • J'aurais bien aimez une suite, mais sa n'arrivera jamais, le créateur du jeu à l'époque à dit que Fable 4 serait le derniers de la saga, et ce n'est pas à cause de la fermeture du studio, donc sa restera de la rumeur. Faut dire que Mr Molyneux à bâclé sont jeu avec trop d'années d'écart entre ces jeux. S'il c'était tenue à 50 années max entre eux, ils aurait pu faire plein de suites, mais non, Fable 4 est arrivez trop vite et trop loin dans le temps, résultat la technologie à pris le pas sur la magie (plu d'école de Héros) et des mages qui se compte sur une main, résultat un jeu fable sans magie, je voit pas l'intérêt. Jeuxvideo.com, Fable IV : Ce que l’on sait du potentiel nouvel épisode de la série - Actualités - jeuxvideo.com
  • Après le Club de lecture, l'académie de Besançon lance en partenariat avec maCommune.info l'opération "Un livre pour les vacances". Ce lundi 6 juillet 2020, on continue avec la lecture d'une deuxième fable par deux élèves Lou et Kyo : "Le loup et l'agneau". macommune.info, Un livre pour les vacances : Le loup et l’agneau • macommune.info
  • Malgré le titre affiché, ce n’est pas de l’une des fables de La Fontaine qu’il s’agit. Mais d’une sinistre et malheureuse aventure qui englobe, outre la célèbre fable, la légende symbolisée par les moutons de Panurge. L'Orient-Le Jour, Le loup et l’agneau - L'Orient-Le Jour
  • Délicieusement pomponnée, elle est discrète : silhouette poudrée au rose-chaux, romantisme un brin désuet. C’est la maison en ço de Cadaous. Pas celle des catalogues, ni "du clef en main" standard. Pas celle du style-cube des années cinquante "qu’on faisait lever" pour avoir des chambres à la place des sacs de blé dans lesquels nèfles et pommes finissaient de mûrir. Ni celle "façon Le Corbusier" après suppression des encadrements en marbre de Lourdes. Celle des trois petits cochons-architectes de la fable des maternelles. nrpyrenees.fr, Aujourd’hui comme à trois cents ans - nrpyrenees.fr
  • Du coq à l’âne, du renard au lion, du lion à la panthère, aujourd'hui un auteur sans œuvres, des fables sans auteur, Esope ce célèbre inconnu.., lu et traduit par Antoine Biscéré et Julien Bardot. France Culture,  Ésope, toute une fable
  • Ce jeudi 4 juin, la romancière publie, aux éditions Robert Laffont, son nouveau livre: un corpus de fables sur ces “atrocités” que nous nous livrons, les hommes et les femmes, au lit, pendant un rencard ou sur les applications de rencontres. Des histoires tantôt personnelles, qu’elle a aussi glanées ici et là. Le HuffPost, Vous êtes du genre à "ghoster"? Cette fable est faite pour vous | Le HuffPost
  • « Votre monde est encore plus fou que le mien, et il pourrait m’inspirer une nouvelle fable » me souffla le poète. « Savez-vous que dans une lointaine contrée d’Extrême Orient, une chauve-souris et un pangolin ont été vendus aux marchés des animaux esclaves. Avant d’être consommés comme chair tendre ou destinés à être transformés en produit de beauté, ils laissèrent en cadeau à leur propriétaire leur élixir de vie… « un virus étrange » que le maître apprenti sorcier s’appropria et baptisa « coronavirus ». Bien mal lui en prit, car rapidement il subit une forte fièvre, une terrible toux, et il eut bien des difficultés à respirer ! Enfin, cher lecteur, vous avez lu les journaux et vous connaissez la suite… » , Lot. Un habitant de Cahors compose une fable inspirée du confinement, avec une morale, tel Jean de Lafontaine | Actu Lot
  • En outre, dans la sélection de  fables qui vous est proposée aujourd’hui, un animal règne en maître : le lion, tantôt cruel, tantôt rusé, que l'auteur ne cesse d'associer à Louis XIV. Et si La Fontaine est un excellent moraliste, il n’entend  pas faire la morale, mais raconter de bonnes histoires, faire sourire, séduire par des traits d’esprit... Le Roi peut donc être l'ultime destinataire de ses fables. Et si au passage il contribue à l’édification morale du prince, et à révéler les brûlures du pouvoir, alors pourquoi s’en  priver? France Culture,  "Fables" de Jean de La Fontaine : le verbe en majesté
  • Le rapport de l’Observatoire vient contredire la fable de «l’immigration de masse» entretenue par les eurosceptiques. De 2013 à 2018, l’immigration nette en provenance des États de l’Union européenne a chuté de 55 pourcent. Depuis lors, elle est restée légèrement supérieure à 30’000 personnes. , La libre circulation des personnes favorise les entreprises | Agefi.com
  • J’ai hésité, mais ai fini par considérer qu’il serait intéressant de vous présenter cette fable à l’origine incertaine et que j’ai découverte lors de ma lecture de l’ouvrage de Pierre Robert présenté récemment, Fâché comme un Français avec l’économie. Contrepoints, La fable de la bière | Contrepoints
  • Pour bien comprendre les fables, il faut s’intéresser au genre littéraire. "Le mot à caser, c’est ‘apologue’, conseille Virginie Desnoues. Un apologue, c’est un court récit à visée morale. Cela peut être un conte philosophique, ou une fable." Plus précisément, l’intérêt d’une fable, c’est de "raconter une histoire par les sentiments : l’émotion et le suspens permettent de capter l’attention et donc de faire passer le message plus facilement", explique l'enseignante. , Comment présenter les "Fables" de La Fontaine à l’oral de français du bac ? - L'Etudiant
  • On en trouve la première trace écrite dès le chapitre 3 de la Genèse: Adam, incité naturellement par Eve, commet un péché originel. Il est exclu du Paradis terrestre, condamné à travailler tandis que Eve accouchera dans la douleur. Ils lègueront leur tare à toute leur descendance. Cette fable moyen-orientale a créé puis maintenu un biais psychologique chez l’homme occidental: il est un raté de l’évolution par sa propre faute. , Nous ne sommes absolument pas coupables de la pandémie | Agefi.com
  • « La bibliothèque est située au début du parcours du public dans le château. Il ne faut pas accabler les visiteurs d'entrée. Il faut de la légèreté, adaptée bien sûr au prestige des lieux. Les fables sont un sujet idéal, plein de fraîcheur et adapté à tous les membres de la famille », résume Marie-Pierre Dion, conservateur général des bibliothèques. leparisien.fr, L’incroyable histoire de la fable défile à Chantilly - Le Parisien
  • Depuis le début du confinement, l’acteur a pris l’habitude de déclamer des fables sur les réseaux sociaux. Cette fois, il a décidé d’ajouter du piquant à cette pratique.  Valeurs actuelles, [Vidéo] Fabrice Luchini récite une fable de La Fontaine... en verlan | Valeurs actuelles
  • Nathalie Mémoire, directrice du Muséum de Bordeaux, aime surprendre, stimuler la curiosité. Avant de guider l'internaute dans les coins et recoins son institution au cours d'une émission vidéo d'une demi-heure ce vendredi 22 mai à 18h - en partenariat avec Le Figaro, Facebook France, le réseau CLIC.France des initiatives numériques dans les musées, et le magazine Connaissance des arts, elle dévoile un premier motif d'étonnement : un minuscule mulot au pied d'un éléphant. Ce clin d'œil à Jean de La Fontaine et à ses fables tant aimé des zoologistes est fait dès l'entrée du Muséum, par la présence de deux spécimens naturalisés. Nathalie Mémoire déambulera ensuite de vitrines en installations, à la découverte de quantité d'autres preuves que la nature est merveilleuse (ici, entre les murs crémeux de cet Hôtel de Lisleferme récemment restaurés, sur un million des spécimens conservés 3500 sont exposées par roulement). Le Figaro.fr, Trésors des musées de province : à Bordeaux la fable des animaux
  • Jean de La Fontaine aurait pu nous régaler d’une fable sur la comédie des hommes. CharenteLibre.fr, La fable des masques [le point de vue de CL] - Charente Libre.fr
  • Belles et moins belles périodes de notre humanité ont inspiré les poètes de tout temps… Voici une fable de notre époque, du confinement 2020, pleine d’enseignements pour notre société, pour chacun de nous. C’est Simone Mallaret, d’ordinaire canconnaise auprès de ses enfants durant les beaux jours qui en est l’auteure. ladepeche.fr, Cancon. Le Covid-19 a inspiré une fable à Simone Mallaret - ladepeche.fr
  • Il était clair dès le début que le confinement était impossible à Madagascar à cause des gens qui vivaient au jour le jour. Là où il aurait fallu faire preuve de génie pour inventer des solutions permettant de « vivre avec » le virus, les choix stratégiques et tactiques sont allés d’erreurs en erreurs. La plus grande pitrerie était le cinéma d’État autour de la pseudo-prophétesse brésilienne Johanna pour maladroitement préparer les esprits à l’arrivée du Covid Organics (CVO). Sont également venus pêle-mêle les attroupements non respectueux de la distanciation sociale ; le choix de distribuer l’aide à certaines catégories professionnelles (chauffeurs de taxi et taxibe, receveurs, prostituées etc.) sans prendre en compte l’ensemble de la population active ; les déplacements imprudents de certaines « personnalités » peu conscientes que leur coutumière impunité ne s’étendait pas au coronavirus ; et surtout la fable du CVO : un remède à l’efficacité thérapeutique si peu démontrée qu’il ne figure même pas dans le protocole officiel de traitement des malades de la Covid-19 à Madagascar ! Or, sa promotion tapageuse a fait baisser la garde et entretenu l’illusion d’un pays bien protégé et aux méthodes efficaces, alors que l’épidémie en était encore au début. Sur les médias sociaux, des personnes témoignent en avoir bu et être en bonne santé, mais il y existe également des témoignages de Malgaches quand même tombés malades après en avoir pris. Madagascar-Tribune.com, Stop aux conneries-virus - Madagascar-Tribune.com
  • Monsieur de La Fontaine, proposait dans la fable Lyon Capitale, Lyon : un élu écrit une fable contre l'Anneau des Sciences et cite Tolkien |
  • Comme dans la fable qui va suivre : courte et admirablement ciselée, elle est lue avec malice par le comédien Micha Lescot.  France Culture,  Avec La Fontaine, le rat philosophe
  • Cette observation, lancée par Éric Lambin, professeur à l’UCL et à Stanford, m’amène à deux conclusions. La première est optimiste : quand nous ressentirons le risque climatique comme une menace directe (air irrespirable, montée des eaux, destruction d’écosystème, etc.), l’humanité sera capable de réagir en quelques semaines. L’autre, moins optimiste, veut que si la fable de la grenouille se réalise, il sera peut-être trop tard quand nous réagirons. , La fable de la grenouille et du Covid-19 - La Libre
  • J’adore fable, j’aime xbox mais franchement j’espère vraiment de nouvelles ip maintenant. Faut être réaliste on a pas vraiment de grand jeu solo exclusif du niveau de tlou uncharted ou horizon dawn. Je demande pas les japonaiseries de sony, mais de grandes aventures qui marquent, bref de la nouveauté et de la prise de risque. Xboxygen,  Xbox fait une référence à Fable dans un tweet avec un poulet | Xbox One - Xboxygen
  • En Lot-et-Garonne, la chambre d'agriculture adore réviser ses classiques. Oublié "Pierre et le Loup", ce conte pour enfants qui voit un garçonnet mobiliser à plusieurs reprises tout un village en faisant croire à l'arrivée du loup. Jusqu'au jour où la bête pointe bien le bout de son nez et finit par le dévorer car personne n'a cru, cette fois, à son alerte. Vendredi dernier à Cocumont, c'est une autre fable qui s'est jouée, bien plus heureuse celle-là, "Pierre et les Garonnaises", sous les bons auspices de la chambre. ladepeche.fr, "Pierre et les Garonnaises", la nouvelle fable de Cocumont ! - ladepeche.fr
  • Même si le fameux RPG n’est pas un fable. Si ils développent un titre avec cette direction artistique ça donnera très envie Xboxygen,  Des artworks qui colleraient à un jeu Fable publiés par Conar Cross (Playground Games) | Xbox One - Xboxygen
  • Pour lancer cette première fable, rendez-vous dans l'une des tavernes du jeu, esquivez la tenancière qui cherchera sans nul doute à vous alcooliser et votez sur le tonneau qui se trouve à droite de l'Homme Mystérieux.  Jeux-vidéo, Sea of Thieves - Fable du flibustier : The Shroudbreaker - Jeux-vidéo
  • Et si ce n’était pas un Fable ? Les premières images me font penser en effet à un fable avec un univers fantastique à l’ère « médiévale » , mais les images suivantes me font douter ! En attendant même si ce n’est pas un fable ce jeu va nous en envoyer plein les yeux ! Cela fait déjà plusieurs années qu’ils sont dessus, ce sera sans doute un des jeux dans le lineup de la prochaine génération de console (sauf preuve du contraire) ! Xboxygen,  Ces artworks d’un artiste Playground Games font beaucoup penser à Fable | Xbox One - Xboxygen
  • En entrevue, Antonine Maillet dit qu’elle avait commencé ce livre il y a quelques années, l’a mis de côté, puis l’a repris l’an dernier. «J’avais écrit spontanément les premières phrases. Je me suis aperçue qu’il y avait un rythme, un mouvement, de la musique, on dirait. Je savais que j’étais en train d’écrire quelque chose comme une fable, et que je m’adressais à des enfants, et pourtant, je parle à des adultes, bien entendu.»  Le Journal de Québec, «Fabliau des Temps Nouveaux» d'Antonine Maillet: une fable à portée politique et écologique | JDQ
  • L'opposition entre Europe du Sud et Europe du Nord est donc en réalité celle du franc et de la lire faibles face au mark fort. Elle recouvre des ressentiments d'autant plus vifs qu'ils sont niés par cette fable de la cigale et de la fourmi. Ainsi, rares doivent être les Allemands jugeant légitime le rang de la France et prêts à financer, même indirectement, une puissance nucléaire que Paris refuserait de partager. Mais la France et l'Allemagne restent dans une contradiction qu'on ne peut éluder. D'un côté, l'euro interdit toute dévaluation à même de résorber la dette et le déficit commercial français ; de l'autre, la monnaie unique ne peut durer longtemps sans une véritable coopération budgétaire, prélude au fédéralisme. Le coronavirus sonnera-t-il le glas de l'Europe des nations?" lejdd.fr, TRIBUNE. Daniel Diatkine : "Les cigales et les fourmis, une fable européenne"
  • Prenant comme prétexte cette aventure qui en dit long sur le ridicule des services de l’État français et leur inefficacité courtelinesque, le réalisateur est revenu pendant plusieurs années dans le village pour montrer comment ce groupe de marginaux folklo et irréductibles menait des combats politico-écologiques souvent justes et, surtout, maintenait un semblant de vie sociale et solidaire dans une de ces régions françaises touchées par la désertification (Blondeau tient également l’antenne locale du Secours populaire). Sans avoir la puissance farcesque du pamphlétaire Merci Patron ! de François Ruffin, auquel Azam a collaboré en tant que chef opérateur, cette fable perpétue une quasi-tradition française, la comédie documentaire engagée, qu’on pourrait associer aux désopilantes gestes épicuriennes de Jean-Henri Meunier sur la ville de Najac (Aveyron), autre havre de marginalité bon enfant. Ce film-fleuron réhabilite les vertus de la camaraderie post-soixante-huitarde dans un monde envahi par la bureaucratie et la montée du sectarisme, effet pervers inévitable d’une société où l’esprit de partage a été complètement laminé par la consommation égoïste. Sans oublier le plaidoyer pour l’interventionnisme citoyen prôné par Blondeau et ses amis, en alerte sur tous les fronts municipaux, que ça soit celui de la propreté urbaine ou de l’écologie. Voir leur croisade contre un parc d’éoliennes implanté non loin de Saint-Pons. Combat donquichottesque mais justifié contre ces moulins à vent, faux amis de l’environnement, dont on connaît notamment l’influence nocive sur certains cheptels bovins et leur production laitière. L'Humanité, Une fable d’Olivier Azam. Une joyeuse bande de villageois, tendance anarcho-libertaire-coco, pris pour des terroristes | L'Humanité
  • A l'origine de cette fable, il y a un projet très sérieux baptisé Anita (pour Antarctic Impulsive Transient Antenna), financé en partie par la Nasa, l'agence spatiale américaine. A plusieurs reprises depuis 2006, un ballon bardé d'antennes radio a survolé l'Antarctique à la recherche de particules venant de très loin dans l'espace et pouvant renseigner sur l'origine de rayons cosmiques. leparisien.fr, Un univers parallèle détecté en Antarctique ? Itinéraire d’une fable un peu trop belle... - Le Parisien
  • Au théâtre de la Colline, la metteuse en scène Emma Dante s’inspire librement du conte de Hans Christian Andersen pour monter une fable à la fois triste et gaie, franchement réjouissante. À partir de 8 ans. Télérama, Spectacle pour enfants : “Fable pour un adieu”, une “Petite Sirène” tragi-comique
  • Philippe Cochet (LR) a visiblement décidé de dresser un commentaire politique à chaque début de conseil métropolitain. Après avoir moqué le duel Collomb/Kimelfeld et le ralliement d'ancien LR au maire de Lyon le mois passé, le maire de Caluire a ce lundi proposé un conte de Noël. Une fable qui mêle création de la métropole en 2014, maires de droite de l'Ouest Lyonnais qui soutiennent Gérard Collomb, ainsi que le difficile retour à Lyon de l’ancien ministre après son passage à l'Intérieur. On y croise des “rois”, “anciens rois”, “lutins”, “un chef de la Police et des bourgades”, un “aubergiste’, mais aussi Alexandre Benalla, qualifié de “fou du roi”. Lyon Capitale, Collomb, Kimelfeld et les maires de droite : la fable de Philippe Cochet
  • C’est l’œuvre d’une Valtinoise confinée qui a décidé de prendre sa plume. Pour écrire une jolie histoire sur le Valtin, mais aussi qu’on oublie pas sa commune en ces temps si particuliers. La fable porte déjà un joli titre : « conversation dans le silence ». , Edition Remiremont - Gérardmer | Une jolie fable pour ne pas oublier Le Valtin confiné dans le silence
  • S’il profite, depuis fin 2018, de sa retraite de prêtre à Liesse-Notre-Dame, Henri Gandon n’a jamais oublié le sud de l’Aisne où il a longtemps exercé son ministère. Toujours proche des gens, comme il l’était au quotidien dans ses paroisses, Henri Gandon met ainsi à profit sa page Facebook pour proposer quotidiennement un petit jeu autour de Jean de La Fontaine, en faisant deviner, photo à l’appui, la fable et la commune du jour. Journal L'Union, Aisne : Henri Gandon, un homme à fables
  • Cette fable "bien française" s'inscrit dans une histoire mondiale. Le Pr Raoult est le symbole du caillou non prévu... Heureusement qu'il est là, et beaucoup d'autres. Une vidéo remarquable pour comprendre ce qui se passe. https://www.youtube.com/watch?v=MgWp5jooJXQ Les Français vont-ils enfin se réveiller? Valeurs actuelles, Le médecin, la chloroquine et le bureaucrate : une fable (bien) française | Valeurs actuelles
  • J'ai écrit une fable issue d'une cosmogonie très spécifique qui provient des forêts de Mangrove des Sundarbans, entre le Bangladesh et l'Inde.[...]C'est un livre pour enfant, qui m'a procuré un grand bonheur, originellement je l'ai écrit comme le scénario d'un solo dansé. Il s'agit d'une fable écologique qui s'ancre dans les croyance des Forêts de Mangrove des Sundarbans où il y a une écologie extrêmement fragile et merveilleuse de six saisons...  Ces six saisons existent au Bangladesh, il y a, par exemple, deux automnes. Cela est lié aux changements visuels, ces six saisons ponctuent la vie culturelle.    France Culture,  Karthika Naïr : "J'ai écrit une fable issue d'une cosmogonie très spécifique des forêts de Mangrove des Sundarbans, entre le Bangladesh et l'Inde" - Ép. 5/10 - La Nuit de l’Inde
  • Commissaire de l’exposition « Chagall, du noir et blanc à la couleur » à l’Hôtel de Caumont d’Aix-en-Provence il y a deux ans et chargée de recherches au Comité Marc Chagall à Paris, Ambre Gauthier connaît son artiste russe sur le bout des doigts et se pose ici sur ses illustrations des fables de La Fontaine. Connaissance des Arts, Les Fables de La Fontaine illustrées par Marc Chagall | Connaissance des Arts
  • Pour la Cie Arnica, elle est aussi le point de départ d’un cycle consacré à la fable contemporaine. Afin de continuer d’interroger « les liens, les relations humaines, animales avec leur environnement au sens large », Émilie Flacher a en effet créé des formes marionnettiques courtes à partir de textes commandés à des auteurs contemporains : Anaïs Vaugelade pour L’Agneau a menti, Julie Aminthe pour Les Acrobates, et bientôt Gwendoline Soublin pour une pièce dont le titre est encore inconnu. La famille de Buffles est déjà nombreuse, et a toutes les chances de s’agrandir encore. Sceneweb, / critique / Buffles : Fable pour animaux très humains
  • Ce premier album de Charlotte Lemaire, fable écologique aux décors foisonnants et luxuriants, est paru aux éditions Biscoto, basées à Angoulême, avec le soutien du CNL. Centre National du Livre, Une fable écologique pour les enfants | Centre National du Livre
  • Face aux abus de pouvoir que s’octroient les élus et l’administration, il est bon de relire la fable du Loup et du Chien. Pour méditer sur la dignité de l’Homme. Contrepoints, Le loup et le chien : la fable de la démocratie | Contrepoints
  • Adulé par le public, le film de Roberto Benigni met pourtant le feu aux poudres. Les critiques s’emballent, le traitent de révisionniste, de mafieux, de menteur. Benigni réplique qu’il ne nie pas l’Holocauste et que son film est une fable mettant en avant l’amour, la famille, tout en dénonçant des faits historiques qui n’auraient jamais dû avoir lieu. rts.ch, "La vie est belle", une fable burlesque sur la Shoah - rts.ch - Cinéma
  • DGM a fait appel à l’artiste Charlotte Gerald pour décorer les portes et murs extérieurs des 19 classes. L’artiste peintre a réalisé pour chaque salle une fresque inspirée d’une fable de La Fontaine, qui constitue tout à la fois une signalétique immédiatement reconnaissable et un appel à l’imaginaire des enfants. Chroniques d‘architecture, Ecole Jean-de-la-Fontaine à Saint-Ouen, signée DGM. Une fable ?
  • Stargirl, adaptation du roman éponyme de Jerry Spinelli (éd. Flammarion), réalisé par Julia Hart, est disponible sur la plateforme Disney+. Une fable bienveillante, feel good, qui coche plutôt habilement toutes les cases des productions Disney. Télérama, “Stargirl” sur Disney+, une jolie fable sur l’acceptation de soi
  • Emmanuel Macron et Angela Merkel ont déclenché une vague d’euphorie chez les europhiles de tout poil en annonçant un grand plan de relance à 500 milliards d’euros. Mais cette fable — qui n’a de toute façon aucune chance de voir le jour — coûterait à la France beaucoup plus qu’elle ne lui rapporterait, rappelle le politologue Guillaume Bigot. Valeurs actuelles, Un plan de relance européen à 500 milliards, cette fable qui risque de coûter très cher à la France | Valeurs actuelles
  • Peter ! Reviens nous créer ton jeux pendant les interview ça nous manque ! Sans déconner autant j’ai détesté le 3, autant fable 1 et 2 sont pour moi des oeuvres d’art avec une direction artistique original et un humour absurde dont je ne me lassais pas ! Jeuxvideo.com, Fable Fortune : les serveurs s'éteindront en mars - Actualités - jeuxvideo.com

Images d'illustration du mot « fable »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « fable »

Langue Traduction
Anglais fable
Espagnol fábula
Italien favola
Allemand fabel
Chinois 寓言
Arabe حكاية
Portugais fábula
Russe басня
Japonais 寓話
Basque fabula
Corse fabula
Source : Google Translate API

Synonymes de « fable »

Source : synonymes de fable sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « fable »

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Fable

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