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Louche

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin louche louches

Définitions de « louche »

Trésor de la Langue Française informatisé

LOUCHE1, adj. et subst.

I. − Vieilli. [En parlant d'un animé] Dont les yeux sont atteints d'un défaut de parallélisme. Synon. bigle.J'aime que l'on voie avec ses yeux, fût-on louche ou myope (Vigny,Journal poète,1835, p. 1031).Elle était (...) un peu louche, il est vrai; mais cela ne l'empêchait pas (...) d'avoir le plus doux regard et les plus jolis yeux (Sand,Hist. vie,t. 3, 1855, p. 365):
1. ... M. de Cambremer se mettait à regarder la victime en riant. Comme le marquis était louche (...) l'effet de ce rire était de ramener un peu de pupille sur le blanc, sans cela complet, de l'œil (...). Le monocle protégeait, du reste, comme un verre sur un tableau précieux, cette opération délicate. Proust, Sodome,1922, p. 978.
Emploi subst. Personne atteinte de ce défaut. Les imbéciles le font [le pèlerinage] comme les héros, les tortus comme les bossus, les louches comme les aveugles, les myrmidons comme les géants (Flaub.,1reÉduc. sent.,1845, p. 213).Le petit louche prit le couvercle, pour inviter la famille à faire les derniers adieux (Zola,Assommoir,1877, p. 666).
[P. méton., en parlant des yeux, de la vue, du regard] Atteint d'un défaut de parallélisme. La condition première du beau, c'est l'unité dans la variété, voilà le principe. − «Cependant, dit Bouvard, deux yeux louches sont plus variés que deux yeux droits et produisent moins bon effet, − ordinairement» (Flaub.,Bouvard, t. 2, 1880, p. 17).
Louche de + compl. de l'adj.Une tête de vache apparaissait, l'œil louche d'inquiétude et d'ahurissement (Courteline,Train 8 h 47,1888, 2epart., 1, p. 90).
Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Un Oriental à la barbe rousse, ressemblant vaguement à un Théophile Gautier qui aurait du louche dans le regard (Goncourt, Journal,1882, p. 192).
II.
A. − [Notamment en parlant d'un liquide] Qui a quelque chose de terne; qui n'est pas clair, mais troublé par de fines particules en suspension. Moût (de bière) louche. Ce vin est louche (Ac. 1835-1935). Le liquide auquel on donne issue n'est pas séreux, mais nettement louche et puriforme, c'est-à-dire formé de leucocytes vivants dont le noyau est intact (Teissier, Duvoir dsNouv. Traité Méd. fasc. 2 1928, p. 849).Le fleuve louche gonfle ses vagues boueuses (Vercel,Cap. Conan,1934, p. 17).Bercé encore dans un demi-sommeil sur l'eau louche souillée de débris de légumes, j'avais respiré l'odeur juteuse et entêtante des pastèques (Gracq,Syrtes,1951, p. 260).
Emploi subst. masc., CHIM. ,,Léger précipité plus ou moins opaque flottant dans un liquide`` (Duval 1959).
BIOCHIM. Observer un louche très net, peu abondant, un léger louche. Si la culture n'est pas assez abondante pour obtenir le louche désirable, on peut en prélever une anse de platine et l'émulsionner dans chaque tube (Dopter dsNouv. Traité Méd. fasc. 1 1926, p. 405).
CHIM. ALIM. Entre 49oet 27o(...) un séjour [du moût] de trente minutes sous forte agitation entraîne la floculation de tout le fin précipité qui occasionne le louche (Boullanger, Malt., brass.,1934, p. 364).
B. −
1. [En parlant d'une couleur, p. méton. d'un objet considéré du point de vue de sa couleur] Qui n'est pas d'un ton franc. Teinte louche. La poudre, abandonnée en partie par son agglutinant, prend un aspect terne, louche (Moreau-Vauthier,Peint.,1933, p. 128).Il a eu de la peine de voir que son blé dont il était si fier (...) avait perdu toute sa couleur et qu'il paraissait blême et louche par rapport à l'éclat environnant de tout le gel (Giono,Que ma joie demeure,1935, p. 72).
[En parlant de la peint. sur verre et sur émail] Ton louche (Littré). Ton noirâtre qui obscurcit les couleurs et leur ôte leur vivacité.
2. Littér., dans le domaine visuel.[En parlant de la lueur du jour] Lueur louche; ciel, crépuscule, jour louche; reflets louches. Le soleil pâlit au milieu de son cours et l'azur du ciel, traversé de bandes verdâtres, semble se décomposer dans une lumière louche et troublée (Chateaubr., Martyrs, t. 3, 1810, p. 116).La nuit tombait; le ciel, couvert depuis le matin, avait d'étranges reflets jaunes qui éclairaient la ville d'une clarté louche, pareille à ces lueurs cuivrées des temps d'orage (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 294).
3. Littér., dans le domaine olfactif, gustatif.Qui est équivoque. Une odeur aigre d'arbres morts et de sciure, et puis un louche goût sucré qui mettait de la pourriture sur la langue (Giono,Gd troupeau,1931, p. 99):
2. Louches : voilà ce qu'ils étaient, les sons, les parfums, les goûts. Quand ils vous filaient rapidement sous le nez, comme des lièvres débusqués, (...) on pouvait les croire tout simples et rassurants, on pouvait croire qu'il y avait au monde du vrai bleu, (...) une vraie odeur d'amande ou de violette. Mais dès qu'on les retenait un instant, ce sentiment de confort et de sécurité cédait la place à un profond malaise: les couleurs, les saveurs, les odeurs n'étaient jamais vraies, jamais tout bonnement elles-mêmes et rien qu'elles-mêmes. Sartre, Nausée,1938, p. 166.
C. − Au fig., vieilli. Dont le sens n'est pas clair; qui peut prêter à un faux sens. Synon. ambigu.Tu as ajouté à ma lettre beaucoup trop de sens. Elle te supplie de pardonner à son langage maladroit et louche qui t'a conduite en une méprise dont je ne ferais que rire si elle ne t'avait été douloureuse (M. de Guérin,Corresp.,1836, p. 240).
GRAMM. ANC. ,,Qui paroît d'abord annoncer un sens, et qui finit par en déterminer un autre tout différent. (...) notamment en parlant des phrases, dont la construction a un certain tour amphibologique (...). Ce qui rend une phrase louche, vient donc de la disposition particulière des mots qui la composent, lorsqu'ils semblent au premier aspect avoir un certain raport, quoique véritablement ils en ayent un autre`` (Gramm. t. 4 1789).
III. − [En parlant de ce qui a trait au comportement de la pers., de ses attributs, son activité, son milieu social, son environnement] Qui, manquant de netteté, paraît étrange, bizarre et éveille les soupçons ou la méfiance. C'est louche; tout cela paraît, semble louche; voilà qui est louche; le fait est que c'est fort louche. L'Europe avec ses petites maisons, (...) avec ses musées, ses cathédrales, sa politique louche et violente, sa grandeur et ses bassesses, qu'elle est loin d'ici [New York] et peu comprise! (Green,Journal, t. 3, 1933, p. 168):
3. ... qui sait si la lettre de ce prêteur, de ce Muller ne recelait pas quelque combinaison frauduleuse ? Comment le débrouiller ? Il en était bien incapable, ignorant tout du monde de l'argent, hors que s'y brassaient d'obscures affaires, souvent louches, toujours compliquées. Châteaubriant, Lourdines,1911, p. 73.
SYNT. Conduite, démarche, intrigue, entreprise, besogne, combinaison, manoeuvre louche; commerce, trafic louche; aventure, histoire louche; fréquentations louches; activités, menées louches.
Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Jeter du/beaucoup de louche sur qqc.; il y a du louche dans/en ce que fait une pers. Il y a du louche dans la conduite de cet homme (Ac. 1835-1935). On nous a reproché (...) de souligner l'ignominie humaine, de montrer partout le sordide, le louche, le visqueux (Sartre,Existent.,1946, p. 10):
4. Toute l'absence de virilité chez Sainte-Beuve, tout le féminin de son talent, tout le tortueux, tout le louche, tout le misérable de son caractère, un mot vous l'expliquera. Il était... non, il n'était pas impuissant, (...) mais la gymnastique de l'amour, chez lui, s'exécutait avec (...) un tel embarras (...) que c'était tout de même. Goncourt,Journal,1873, p. 929.
[P. méton., en parlant d'une pers.] Ce que je pouvais appréhender ne se réalise point; elle ne me demande pas de la sortir, (...) ne me réclame aucune prébende, n'exige aucune compromission d'aventurière plus ou moins louche (Huysmans,Là-bas,t. 2, 1891, p. 95).Des entraîneuses de boîte de nuit, des filles et leurs louches protecteurs formaient la clientèle de la maison (Carco,Montmartre,1938, p. 263).
Louche + coll.Milieu, monde louche; population louche. Luc, le coeur saignant, le cerveau assombri des plus noires prévisions, se remit à errer au milieu de la cohue louche et menaçante (Zola,Travail,t. 1, 1901, p. 29).
SYNT. Conspirateur, créature, inconnu, individu louche; air, allure, apparence, aspect, attitude, caractère, mine, mise louche; gens louches.
[P. méton., en parlant des établissements et lieux fréquentés par des personnes louches] Bistro, cabaret, établissement, taverne louche; quartier louche; garni, hôtel, maison louche; rues louches. Cette guinguette était un endroit louche et de mauvais renom, où les débauchés de Sarlande faisaient leurs parties fines (...) jamais je ne lui avais trouvé une physionomie aussi sinistre que ce jour-là (A. Daudet,Pt Chose,1868, p. 131).Le triste aspect d'ensemble subsiste. Pareillement quelques immeubles neufs, confortables, décorent çà et là les rues avoisinant l'école, mais ils n'enlèvent pas au quartier des Plâtriers sa dégaine louche et crasseuse (Frapié,Maternelle,1904, p. 144).
REM.
Louchissime, adj.,hapax. Très louche. L'auteur de cette lettre [au grand chancelier de la Légion d'honneur] déclarait qu'il fallait en finir avec «le louchissime M. Pasquier» et lui retirer cette croix qu'il avait gagnée, d'ailleurs, dans des conditions fort obscures (Duhamel,Combat ombres,1939, p. 246).
Prononc. et Orth.: [luʃ]. Ac. 1694, 1718 lousche; dep. 1740 -che. Étymol. et Hist. A. 1. 1181-90 lois adj. masc. «qui ne voit pas bien» (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, p. 816); ca 1200 lousche adj. masc. «id.» (Escoufle, éd. Fr. Sweetser, 6702); 2. a) ca 1300 «qui ne regardent pas dans la même direction (des yeux)» (Guillaume de St Pathus, Mir. de St Louis, éd. P.-B. Fay, p. 67, 123); b) fin xives. «id. (d'une personne)» (Roques t. 2, 11837: strabo: louchez, qui a les yeux de travers). B. 1. a) 1611 lousche «trouble (du vin)» (Cotgr.); b) 1676 terme d'émaillerie (Félibien, p. 422: émaux louches, c'est-à-dire qu'il y a un certain noir, comme une fumée qui obscurcit la couleur de l'émail); 2. fig. a) 1647 «qui n'est pas clair, qui est ambigu» (Vaug., p. 113: construction louche); b) 1740-55 «qui est trouble, suspect» (Saint-Simon, Mémoires, 56, 189 ds Littré: L'affaire [du quiétisme] ... reprit couleur, couleur qui commença à devenir fort louche pour M. de Cambrai); 1740-55 subst. (Id., ibid., 256, 196 ds Littré: le louche qui s'était mis entre le duc d'Orléans et lui); 1784 il y a du louche (Beaumarchais, Mariage de Figaro, III, 5). Généralisation de la forme fém. losche (1188, Partenopeus de Blois, éd. J. Gildea, 6282), du lat. lusca, fém. de luscus «qui ne voit pas bien» qui a donné lois en a. fr. Luscus a dû subir une ext. de sens en lat. pop. (cf. les dér. lusciosus, luscitiosus «qui voit mal») et signifier «qui a la vue faible; qui louche» (cf. au sens de «myope» le sarde luscu, et l'esp. lusco et au sens de «qui est atteint de strabisme, qui louche» losc dans les dial. de l'extrême nord de l'Italie; ainsi que l'asturien llisgu et le galicien lisco, lisgo). Louche (lois), qui se dit presque exclusivement en parlant d'une personne en a. fr., signifie d'une manière générale, bien que le sens ne soit pas toujours très net, «qui ne voit pas bien». Fréq. abs. littér.: 526. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 214, b) 1 032; xxes.: a) 1 236, b) 748. Bbg. Gohin 1903, p. 230.

LOUCHE2, subst. fém.

A. − Ustensile de cuisine et de table à cuilleron demi-sphérique et à long manche utilisé en particulier pour servir le potage. Louche en bois; louche d'argent; à pleine louche; plonger la louche dans la soupière; puiser dans une marmite avec une louche. La louche creuse et polie comme une calotte d'évêque (Renard,Journal, 1896, p. 361).
Loc. adv. À la louche. [À propos d'aliments habituellement servis en petite quantité] En abondance. Une nuée de serviteurs en blanc distribuent à la louche le caviar d'Iran, les crevettes roses et un saumon miraculeusement frais (J.-L. de Vilallonga, À pleines dents, Paris, éd. J'ai lu, 1974 [1973], p. 239).
P. méton. Contenu d'une louche. Synon. louchée (infra dér.).On recevait une louche d'eau grasse où flottaient des ronds de betterave et un bout de viande bouillie (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p. 362).
B. − P. anal.
1. TECHNOLOGIE
a) AGRIC., vx. ,,Grande écuelle en bois fixée au bout d'un long bâton et servant à verser les engrais liquides`` (Fén. 1970).
b) TOURNAGE. ,,Outil creux, conique et à bords tranchants qui sert à agrandir les trous déjà commencés`` (Chesn. 1857-58).
2. Arg. et pop.
a) Cuiller à potage. (Ds Bruant 1901, p. 137).
b) Main. Elle amorça un cri (...). D'une louche tremblante, elle reposa la bouteille de fine sur un plateau (Le Breton,Rififi,1953, p. 101).
Loc. Serrer la louche à qqn, se serrer la louche. Serrer la main à quelqu'un, se serrer la main. Il devait juste sortir du trou (...). La correction aurait voulu que j'aille lui serrer la louche (Simonin,Touchez pas au grisbi,1953, p. 229).
Prononc. et Orth.: [luʃ]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. Mil. xiiies. «grande cuiller» (Du Vallet, p. 299, 164 ds T.-L.); 2. 1455 «main» (Procès des Coquillards ds Sain. Sources Arg. t. 1, p. 98: ferme à la louche «qui a une forte poigne»); 1889 serrer la louche (Larch. Nouv. Suppl., p. 140); 3. techn. a) fin xiiies. [ms.] loche «bêche» (Garin le Lorrain, ms. de Berne 113, fo16d); b) 1464 loce «vrille pour percer les tonneaux» (Doc. ds Joubert, Ét. sur la vie privée au XVes., p. 96); c) 1803 tournage «mèche conique pour agrandir les trous» (Boiste); d) 1809 agric. (Thouin, Nouv. cours compl. d'agric., t. 8, p. 57). Forme normanno-pic. (encore considérée comme pic. par Nicot 1606 et Cotgr. 1611), de l'a. fr. louce, loce (lousse dans les dial. de l'Ouest; cf. FEW t. 16, p. 483 a); lui-même de l'a. b. frq. *lôtja «grande cuiller», que l'on suppose d'apr. le m. néerl. loete, loet «nom donné à différents instruments en forme de cuiller à long manche pour puiser ou creuser». Les sens techn. s'expliquent par une anal. de forme. Fréq. abs. littér.: 33.
DÉR.
Louchée, subst. fém.Contenu d'une louche. Une louchée de soupe. La maîtresse (...) allait (...) de l'âtre à la table, avec sa grande louche (...). Elle savait l'ordre des choses: une louchée pour le patron, une pour Saturnin, une pour moi (Giono,Baumugnes,1929, p. 68).Le chevreau s'était gardé entier malgré les louchées de jus que Jourdan lui avait fait entonner par toutes les ouvertures de sa peau (Giono,Que ma joie demeure,1935, p. 168). [luʃe]. 1resattest. a) 1273 «mesure à céréales» (Doc. ds C. Brunel, Recueil des actes des comtes de Pontieu, p. 621); b) xves. [ms.] lochié «contenu d'une louche » (Songe de Pestilence, fol. 202 vods G. Tilander, Glanures lexicographiques, p. 158), rare avant 1822 (Mézière, Jargon ds Esn.); mot essentiellement pic. et flam. (wallon) à l'origine (cf. FEW t. 16, p. 483a), de louche2, suff. -ée (v. ).
BBG.Sain. Arg. 1972 [1907], p. 93.

Wiktionnaire

Nom commun 1 - français

louche \luʃ\ masculin

  1. Quelque chose de suspect.
    • Il y a du louche dans cette affaire, dans la conduite de cet homme.
  2. Personne qui louche.
    • Mais montrez-nous d’abord un louche, un bègue, puis opérez-les, et rendez-nous ensuite témoins des résultats de vos opérations sur ce bègue, sur ce louche ; alors, si vous réussissez, il ne pourra plus rester de doute ; les plus incrédules seront forcés de rendre les armes et de constater vos succès. — (Note du docteur J. A. Henroz au compte-rendu de séance de l’Académie des Sciences du 15 février 1841, L’expérience : journal de médecine et de chirurgie, numéro 190, 18 février 1841)
  3. (Chimie) Précipité un suspension dans un liquide.
    • Un louche ou un précipité blanchâtre révèle la présence de Ca++ — (C. Garcia, P. Parigot, Boues de forage, 1968)

Nom commun - ancien français

louche \Prononciation ?\ féminin

  1. Pelle, bèche.
    • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
  2. Louche, grande cuiller.
    • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)

Nom commun 2 - français

louche \luʃ\ féminin

  1. Ustensile de cuisine et de table à cuilleron demi-sphérique et à long manche utilisé en particulier pour servir le potage.
    • Louche en bois ; louche d’argent.
    • La louche creuse et polie comme une calotte d’évêque. — (Jules Renard, Journal, 1896)
    • Sans interruption, Castillon et moi, nous jetons par dessus bord des louches à potage pleines de sable. Vous ne vous attendiez par à voir la louche en cette affaire. Eh bien, c'est par excellence la mesure du lest en ballon et j'en revendique, avec mon ami Castillon, la première application. — (L'Aérophile, Henry de La Vaulx, De France en Russie en ballon, janvier 1900)
    • Chaque canonnier était à sa place : l'un tenait une longue louche, un autre un boutefeu en bois et une grande bougie incandescente, prêt à allumer la poudre, […]. — (C.-J. Sansom, Corruption, Place Des Éditeurs, 2011)
  2. (Argot) Main.
    • Ségolène Royal, qui a accompagné Emmanuel Macron à l’Assemblée générale de l’ONU à New York, s’est montrée, le 20 septembre sur Twitter, posant comme une midinette avec le chanteur Will.i.am ou serrant la louche à Bill Clinton, Barack Obama… — (Jérôme Canard, Vite dit !, Le Canard Enchaîné, 27 septembre 2017, page 8)
    • Un an plus tard, le parlementaire s’agace encore de la polémique suscitée par cette sortie : «Le rôle de représentant territorial est plus important que d’aller serrer des louches sur les marchés. Je travaille avec les associations, les relais d’opinion. […]» — (Maïté Darnault, Grand débat : le député Bonnell à l'école de l'avis, Libération, liberation.fr, 13 mars 2019)

Adjectif - français

louche \luʃ\ masculin et féminin identiques

  1. (Vieilli) Dont les yeux ont une direction différente.
    • Un gentilhomme s’étant présenté pour entrer au service de la Dauphine, femme de Monseigneur, fils de Louis XIV, fut refusé parce qu’il était louche et que l’on craignait de présenter de pareils objets à la Princesse qui était grosse. Quelque temps après, ce pauvre diable ayant appris qu’on ne refusait pas les borgnes, pourvu qu’ils n’eussent rien de dégoûtant, s’avisa de se mettre un emplâtre sur l’œil droit, et obtint, en qualité de borgne, ce qu’on lui avait refusé lorsqu’il était louche. — (Pierre-David Lemazurier, La récolte de l’hermite, ou Choix de morceaux d’histoire peu connus ; rassemblés par un solitaire qui vit plus avec les livres qu’avec les hommes, 1813)
    • Cependant ces douleurs durèrent peu ; et le traitement fut donc encore continué deux mois ; après quoi, comme elle était louche, et qu’elle se refusait opiniâtrement à une opération que l’on voulait lui faire pour son strabisme, M. Guérin la renvoya.— (Joseph-François Malgaigne, Mémoire sur la valeur réelle de l’orthopédie et spécialement de la myotomie rachidienne dans le traitement des déviations latérales de l’épine, précédé d’un mémoire sur l’abus et le danger des sections tendineuses et musculaires dans le traitement de certaines difformités, 1845)
    • Il avait un teint rembruni, profondément sillonné par la petite vérole ; des yeux assez doux, mais un peu louches et toujours couverts par des sourcils qui se joignaient au milieu du front. — (Alfred de Vigny, Cinq-Mars, Michel Lévy frères, 1863)
    • […] le fils avait ouï-dire qu’elle était louche et bossue , mais l’honneur de joindre ses armes et ses quartiers aux siens, le fit passer sur tous les désagréments du reste.— (L'abbé Janvier, Vie de M. Dupont, 1882)
  2. (Par extension) Se dit des yeux mêmes et du regard.
    • Quant à l’acuité visuelle des yeux louches ou strabiques, il est à remarquer qu’elle est généralement mauvaise, surtout dans le strabisme permanent, vrai, et qu’elle tend à diminuer d’autant plus que l’on retarde davantage l’opération.— (Alfred Audibert, Du Strabisme, contribution à l’étude de la valeur comparative du traitement médical et chirurgical, 1892)
  3. (Par analogie) Trouble. Qui n’est pas clair, net, transparent.
    • Le soleil pâlit au milieu de son cours, et l’azur du ciel, traversé de bandes verdâtres, semble se décomposer dans une lumière louche et troublée. — (François-René de Chateaubriand, Les Martyrs, livre dix-neuvième, volume 2, éd. Le Normant, 1809, page 239)
    • Ce vin est louche.
  4. (Figuré) Suspect, équivoque.
    • On voyait aussi, chez les Rougon, un personnage aux mains humides, aux regards louches, le sieur Vuillet, un libraire qui fournissait d’images saintes et de chapelets toutes les dévotes de la ville. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, ch. III ; réédition 1879, page 93)
    • Mais tout de même, procréer à son âge lui paraissait louche et, bien qu’un tel résultat flattât sa vanité de vieux coq, la crainte d’avoir été aidé dans cette œuvre par des collaborateurs bénévoles autant qu’inconnus le retenait hésitant au bord du fossé conjugal. — (Louis Pergaud, La Vengeance du père Jourgeot, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • C’est elle, plus tard, qui me conduisit dans ces bals de faubourg, ces bars louches où je connus Jésus-la-Caille, le Milord, Bouve, Fernande et provoquai leurs confidences… ces ruelles, ces hôtels meublés, ces fortifs à l’herbe rase. — (Francis Carco raconté par lui-même, Éditions Sansot, Paris, 2e édition, 1921, p. 21-22)
    • Cette action est louche, l’intention en est équivoque.
    • Un individu louche, un individu suspect.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

LOUCHE. adj. des deux genres
. Dont les yeux ont une direction différente. Il est louche. Cette femme est louche. Il est vieux. Il se dit, par extension, des Yeux mêmes et du regard. Avoir les yeux louches, le regard louche. Il signifie, par analogie, Qui n'est pas clair net, transparent. Ce vin est louche. Fig., Cette action est louche, L'intention en est équivoque. Un individu louche, Un individu suspect. Substantivement, Il y a du louche dans cette affaire, dans la conduite de cet homme.

Littré (1872-1877)

LOUCHE (lou-ch') adj.
  • 1Dont les deux yeux n'ont pas la même direction. Cet enfant est louche.

    Fig. La peur blême et louche est leur dieu, Chénier, Iambes.

    L'envie est louche, se dit parce qu'elle ne voit jamais que de travers les actions et les choses d'autrui.

    Il se dit aussi de l'œil et du regard. Petit de taille, noir, le regard un peu louche, Corneille, Œdipe, IV, 4. Lors, me semble, il ouvrit la bouche, Et, me regardant d'un œil louche, Scarron, Virg. II. C'est l'inégalité de portée de vue dans les yeux qui produit le regard louche, Buffon, De la vue. Je ne prétends pas que l'inégalité de force dans les yeux soit la seule cause du regard louche, il peut y avoir d'autres causes de ce défaut, Buffon, ib.

    Substantivement. Un louche. Cette observation est générale pour tous les louches, ainsi il est sûr qu'ils ne voient que d'un œil, Buffon, De la vue.

  • 2 Fig. Qui n'est pas transparent, qui est troublé par des corps légers tenus en suspension. Ce vin est louche. Ces perles ont un œil louche.

    Se dit des couleurs qui ne sont pas pures de ton.

    Terme de peinture en émail. Ton louche, ton noirâtre qui obscurcit les couleurs et leur ôte leur vivacité.

  • 3 Fig. Suspect, peu clair. Une conduite louche. L'affaire [du quiétisme], qui dormait un peu à la congrégation du saint-office, reprit couleur, et couleur qui commença à devenir fort louche pour M. de Cambrai, Saint-Simon, 56, 189. Je n'entends guère parler de gouvernements sans trouver qu'on remonte à des principes qui me paraissent faux ou louches, Rousseau, Pologne, 6.

    Substantivement. Il y a du louche dans cette affaire. Nancré crut ou sut que je n'ignorais pas le louche qui s'était mis entre le duc d'Orléans et lui, Saint-Simon, 256, 196. Pourquoi faut-il qu'il y ait toujours du louche en ce que tu fais ? Beaumarchais, Mar. de Fig. III, 5.

  • 4Fig. Terme de grammaire. Qui n'a pas la netteté, la clarté requise. Un trouble qui a du pouvoir sur des larmes, cela est louche et mal exprimé, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Horace, I, 1. On est toujours étonné de cette foule d'impropriétés, de cet amas de phrases louches, irrégulières, incohérentes, obscures, et de mots qui ne sont point faits pour se trouver ensemble, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Pertharite, I, 1.

    Sens louche, sens qui n'est pas clair, ou qui prête à un faux sens.

    Construction louche, voy. CONSTRUCTION.

    Substantivement. Il y a du louche dans cette phrase.

SYNONYME

CONSTRUCTION LOUCHE, CONSTRUCTION ÉQUIVOQUE. Une construction louche est une construction dont le sens n'est pas suffisamment clair. Une construction équivoque est celle qui se prête à plusieurs sens.

HISTORIQUE

XIIIe s. Tout entor lui oste les mousques [mouches], Plusours en fait et clos [boiteux] et lousques, Du Cange, luscus. Ainçois que il encoreust ledit perill, il avoit les ieuz droiz et biax, et après il les a toz jors eu louches et tors, Miracles saint Loys, p. 144.

XVe s. Mais quant il vient une fort mouche à la toile, cil [l'araignée ou le juge] fait le louche, Qui la deüst prandre et happer…, Deschamps, Miroir de mariage, p. 83.

XVIe s. Je sçai que tu scez qu'elle est louche, Mais je te veux dire comment, Marot, III, 94.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. LOUCHE. - HIST. XIIIe s. Ajoutez : Uns chevaliers, Belchis li lois, Qui a le front plus noir que pois, Meraugis, p. 160. (lois représente le latin luscus).
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Étymologie de « louche »

Wallon, lus' ; namur. lusk ; provenç. losc ; catal. llusco ; du lat. luscus, borgne. Le changement de sens ne peut faire ici difficulté ; déjà de luscus, borgne, le latin avait formé lusciosus, louche, ainsi le changement de sens était déjà opéré.

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(Adjectif) (Date à préciser) Généralisation de la forme féminine losche de l’ancien français lois, dérivé du latin luscus (« qui ne voit pas bien »).
(Nom commun 1) (Date à préciser) Substantivation de l’adjectif.
(Nom commun 2) (Date à préciser) Du picard, de l’ancien français louce, loce, de l’ancien bas francique *lōtia « grande cuiller » (cf. néerlandais loet).
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Phonétique du mot « louche »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
louche luʃ

Citations contenant le mot « louche »

  • A la louche, crâne bien plein. De Proverbe bulgare , 
  • On dit que la fortune est aveugle. C'est exagéré, souvent elle est simplement louche. De Anonyme , 
  • Mieux vaut loucher que d’être aveugle. De Proverbe indien , 
  • Proverbe borgne : Il faut être deux pour loucher. De Roland Dubillard / Les diablogues , 
  • Ne tombez jamais amoureux d’une femme borgne, vous finiriez par loucher. De Pierre Doris , 
  • Une femme peut fort bien aimer deux hommes à la fois. On dirait que, toutes petites, elles ont appris à loucher du coeur. De Paul-Jean Toulet / Les trois Impostures , 
  • Sortie contée à Boves : Ch’baveux en r’met une louche 2020-07-26 14:30:00 – 2020-07-26 16:30:00 Boves Somme Boves Unidivers, Sortie contée à Boves : Ch’baveux en r’met une louche Boves dimanche 26 juillet 2020
  • Si vous devez rédiger un article payé au mot il faudrait étoffer un peu. :-) Je pensais que la Sécu avait ses serveurs, ben, ça semble sous-traité à qui dit le moins (pas assez cher = louche, c'est nous le produit). L'Obs, Nos données de santé sont-elles bien protégées ?
  • Le rapport de recherche sur le marché mondial du marché louche Furance 2020 se concentre sur la taille du marché, la part, la croissance, les fabricants et les prévisions jusqu’en 2026. Son vaste référentiel fournit des statistiques et des données analytiques importantes pour donner une compréhension complète du marché. Le rapport est bénéfique pour les stratèges et les acteurs de l’industrie pour planifier leurs futures stratégies commerciales. Le rapport d’étude de marché de louche Furance se base principalement sur les facteurs sur lesquels les entreprises se positionnent sur le marché et sur ce facteur utile à l’entreprise. De plus, le rapport présente des graphiques, des chiffres et des tableaux sportifs qui offrent un point de vue transparent sur le marché des cartes commerciales / d’entreprise. , Analyse, part, taille, croissance, tendances et rapport de recherche 2026 louche Furance Industrie 2020 Marché Manufacturers – MillauJournal
  • La manipulation de masse dans toute sa splendeur. Les médias de masse, main dans la main avec les instituts de sondage pour mieux asservir la masse, viennent de nous surprendre une nouvelle fois avec un sondage sorti de nulle part. Il ne s’agit en aucun cas de remettre en cause la crédibilité de ce sondage. Toutefois, sa publication, alors que le nouveau gouvernement vient à peine de prendre ses marques, est assez louche quand même. Le courrier du soir, Castex apprécié par 55% des Français : la manipulation des instituts de sondage est encore déclenchée - Le courrier du soir
  • A la louche, crâne bien plein. De Proverbe bulgare , 
  • On dit que la fortune est aveugle. C'est exagéré, souvent elle est simplement louche. De Anonyme , 
  • Mieux vaut loucher que d’être aveugle. De Proverbe indien , 
  • Proverbe borgne : Il faut être deux pour loucher. De Roland Dubillard / Les diablogues , 
  • Ne tombez jamais amoureux d’une femme borgne, vous finiriez par loucher. De Pierre Doris , 

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Traductions du mot « louche »

Langue Traduction
Anglais ladle
Espagnol cucharón
Italien mestolo
Allemand kelle
Chinois 钢包
Arabe مغرفة
Portugais concha
Russe черпак
Japonais おたま
Basque burruntzalia
Corse ladle
Source : Google Translate API

Synonymes de « louche »

Source : synonymes de louche sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « louche »

Combien de points fait le mot louche au Scrabble ?

Nombre de points du mot louche au scrabble : 11 points

Louche

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