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M

Définitions de « m »

Trésor de la Langue Française informatisé

M, m, subst. masc.

La treizième lettre de l'alphabet; un spécimen de cette lettre:
1. Je connais quelqu'un qui voudrait vous parler, un soir, à dix heures, sous le peuplier d'Italie, près de la haie d'épines (...). C'est un très beau jeune homme dont le nom commence par un M... Duhamel, Suzanne, 1941, p. 228.
[m, désigné en tant que tel, renvoie cependant à un nom, un mot dont il est l'initiale, en l'occurr., respectivement, Marguerite, monarchie] :
2. ... la fille d'un bonnetier des environs vint faire emplette de deux couplets pour la fête d'une Marguerite; le moderne Pellegrin les tira d'un carton marqué de la lettre M [it. ds le texte]. Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 79.
3. Le ciel s'est ouvert devant lui: il a contemplé les âmes des justes (...) formant, de leurs splendeurs groupées ensemble, ces mots écrits en lettres de feu, comme la loi fondamentale des cités politiques: diligite justitiam, qui judicatis terram. Puis, la lettre M reste seule et couronnée d'une auréole flamboyante, initiale et symbole de la monarchie. Ozanam, Philos. Dante, 1838, p. 183.
[Le rapport de m avec des mots dont il est l'initiale est conçu comme un rapport d'engendrement graph. et phon.] Sa lèvre est l'M où renaît le mois de mai dès la première moue (Aragon, Crève-coeur, 1941, p. 31).
[L'attention porte alternativement sur le signe graph. et sur sa valeur phon.] :
4. Un orientaliste de votre érudition, Monsieur, aurait (...) pu deviner que les deux M [it. ds le texte] de Salammbô sont mis exprès pour faire prononcer Salam et non Salan... Flaub., Corresp., 1863, p. 78.
Rem. Nous disons [-l bo], malgré la précaution destinée à faire prononcer [-lambo], avec un m consonne.
[L'attention porte plus partic. sur la valeur expressive de la majuscule] Nous devions, plus tard, habiter la Maison (grand M) toute l'année (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 16).
[P. anal. avec le graphisme du caractère] Je traversai un large jardin ras. Dans les parterres bordés de buis, de courtes plantes grasses dessinaient des coeurs ou des M (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 189).
[m épelé en tant qu'abrév., élément de sigle, etc.]
M abrév. de meridiem dans a. m., ante meridiem; p. m., post meridiem. Partis à 14 h. 55, les bagages expédiés directement à Rome. Arrivés à Gênes un peu avant 6 h. p. m. [heures post meridiem] (Larbaud, Journal, 1932, p. 259).
M. R. P., emme-erre-pé ou, par substitution des termes en cause, Mouvement républicain populaire. Né trop tard pour s'engager dans les zouaves pontificaux, mort trop tôt pour connaître les saints triomphes du M. R. P. (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 18).
M. L. F., emme-elle-effe, Mouvement de libération des femmes. Le misogyne a soin de nous parler d'associations féminines secrètes (cf. le M.L.A.C. [Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception], le M.L.F.), de franc-maçonneries redoutables (B. Groult,Ainsi soit-elle,Paris, Le Livre de poche, 1975, p. 202).
[Sans épellation; avec, oralement, substitution du mot abrégé: monsieur] M. le curé est un saint homme bien sûr (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p. 63).
MÉTROL. ,,m est le symbole du mètre; m2, du mètre carré; m3du mètre cube. M est le symbole du préfixe milli. M est le symbole du maxwell; il est aussi le symbole de méga`` (Lar. encyclop.). Les hautes altitudes sont l'équivalent des déserts. À 5000 m, la pression de la colonne d'air a déjà diminué de moitié (Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum.,1921, p. 23).
[Attribution arbitraire de la lettre comme nom d'un objet, M, ou comme expr. d'une quantité (indéterminée), m] Soit m jours ou heures, pendant 3 m sur 4 je ne vaux pas un sou. Reste m sur 4. Ce quart d'm se répartit ainsi: ... (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1894, p. 224).Soit M le point de l'espace occupé à l'instant (...) par ce corps (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p. 105).
[Attribution motivée de m] Une trajectoire (...) dessinée par un mobile m dans l'espace (Bergson, Essai donn. imm., 1889, p. 149).
Rem. Sous l'épellation traditionnelle, et sous les transcr. orth. emme, ème, m est fém.: Ac., Fér. 1768, Fér. Crit. t. 2 1787, Besch. 1845 (qui imprime par erreur emm pour emme), Lar. 19e. Sous les transcr. èm', èm aussi, généralement: Littré, Guérin 1892, DG, Nouv. Lar. ill. Sous la transcr. API, il est masc. et fém. ds Davau-Cohen 1972, masc. ds Lar. Lang. fr., Lexis 1975. Sous l'appellation me, ds Ac. 1762-1878, etc., il est partout masculin.
Prononc. et Orth.: [ m]. Transcr. orth. sous les formes emme (Ac. dep. 1694, Besch. 1845), ème (Fér. 1768, Fér. Crit. t. 2 1787, Lar. 19e). Ds Fér. 1768 mise en garde rel. à la transcr. emme: ,,prononcez ème (...), et non pas enme``. À rapprocher du procédé mis en oeuvre, sans succès, par Flaubert supra ex. 4. Les formes èm' (Littré, Guérin 1892, DG, Nouv. Lar. ill., Rob.) ou emm' (Quillet 1965), et èm (Lar. 20e), appartiennent au processus d'élaboration d'une écriture phonique. On dit selon les cas l'm (supra Aragon et Valéry) ou le m (,,lorsque le m est redoublé``, Besch. 1845 s.v. m). Sous la forme me (Ac. 1762-1878, Besch. 1845, Littré, Lar. 19e-20e, DG, Rob., Quillet 1965) il s'agit à l'[ ] près de la désignation par la valeur phonique. Fréq. abs. littér.: 5548. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 11621, b) 8891; xxes.: a) 6961, b) 4726.

M, m, subst. masc.

La treizième lettre de l'alphabet; un spécimen de cette lettre:
1. Je connais quelqu'un qui voudrait vous parler, un soir, à dix heures, sous le peuplier d'Italie, près de la haie d'épines (...). C'est un très beau jeune homme dont le nom commence par un M... Duhamel, Suzanne, 1941, p. 228.
[m, désigné en tant que tel, renvoie cependant à un nom, un mot dont il est l'initiale, en l'occurr., respectivement, Marguerite, monarchie] :
2. ... la fille d'un bonnetier des environs vint faire emplette de deux couplets pour la fête d'une Marguerite; le moderne Pellegrin les tira d'un carton marqué de la lettre M [it. ds le texte]. Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 79.
3. Le ciel s'est ouvert devant lui: il a contemplé les âmes des justes (...) formant, de leurs splendeurs groupées ensemble, ces mots écrits en lettres de feu, comme la loi fondamentale des cités politiques: diligite justitiam, qui judicatis terram. Puis, la lettre M reste seule et couronnée d'une auréole flamboyante, initiale et symbole de la monarchie. Ozanam, Philos. Dante, 1838, p. 183.
[Le rapport de m avec des mots dont il est l'initiale est conçu comme un rapport d'engendrement graph. et phon.] Sa lèvre est l'M où renaît le mois de mai dès la première moue (Aragon, Crève-coeur, 1941, p. 31).
[L'attention porte alternativement sur le signe graph. et sur sa valeur phon.] :
4. Un orientaliste de votre érudition, Monsieur, aurait (...) pu deviner que les deux M [it. ds le texte] de Salammbô sont mis exprès pour faire prononcer Salam et non Salan... Flaub., Corresp., 1863, p. 78.
Rem. Nous disons [-l bo], malgré la précaution destinée à faire prononcer [-lambo], avec un m consonne.
[L'attention porte plus partic. sur la valeur expressive de la majuscule] Nous devions, plus tard, habiter la Maison (grand M) toute l'année (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 16).
[P. anal. avec le graphisme du caractère] Je traversai un large jardin ras. Dans les parterres bordés de buis, de courtes plantes grasses dessinaient des coeurs ou des M (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 189).
[m épelé en tant qu'abrév., élément de sigle, etc.]
M abrév. de meridiem dans a. m., ante meridiem; p. m., post meridiem. Partis à 14 h. 55, les bagages expédiés directement à Rome. Arrivés à Gênes un peu avant 6 h. p. m. [heures post meridiem] (Larbaud, Journal, 1932, p. 259).
M. R. P., emme-erre-pé ou, par substitution des termes en cause, Mouvement républicain populaire. Né trop tard pour s'engager dans les zouaves pontificaux, mort trop tôt pour connaître les saints triomphes du M. R. P. (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 18).
M. L. F., emme-elle-effe, Mouvement de libération des femmes. Le misogyne a soin de nous parler d'associations féminines secrètes (cf. le M.L.A.C. [Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception], le M.L.F.), de franc-maçonneries redoutables (B. Groult,Ainsi soit-elle,Paris, Le Livre de poche, 1975, p. 202).
[Sans épellation; avec, oralement, substitution du mot abrégé: monsieur] M. le curé est un saint homme bien sûr (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p. 63).
MÉTROL. ,,m est le symbole du mètre; m2, du mètre carré; m3du mètre cube. M est le symbole du préfixe milli. M est le symbole du maxwell; il est aussi le symbole de méga`` (Lar. encyclop.). Les hautes altitudes sont l'équivalent des déserts. À 5000 m, la pression de la colonne d'air a déjà diminué de moitié (Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum.,1921, p. 23).
[Attribution arbitraire de la lettre comme nom d'un objet, M, ou comme expr. d'une quantité (indéterminée), m] Soit m jours ou heures, pendant 3 m sur 4 je ne vaux pas un sou. Reste m sur 4. Ce quart d'm se répartit ainsi: ... (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1894, p. 224).Soit M le point de l'espace occupé à l'instant (...) par ce corps (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p. 105).
[Attribution motivée de m] Une trajectoire (...) dessinée par un mobile m dans l'espace (Bergson, Essai donn. imm., 1889, p. 149).
Rem. Sous l'épellation traditionnelle, et sous les transcr. orth. emme, ème, m est fém.: Ac., Fér. 1768, Fér. Crit. t. 2 1787, Besch. 1845 (qui imprime par erreur emm pour emme), Lar. 19e. Sous les transcr. èm', èm aussi, généralement: Littré, Guérin 1892, DG, Nouv. Lar. ill. Sous la transcr. API, il est masc. et fém. ds Davau-Cohen 1972, masc. ds Lar. Lang. fr., Lexis 1975. Sous l'appellation me, ds Ac. 1762-1878, etc., il est partout masculin.
Prononc. et Orth.: [ m]. Transcr. orth. sous les formes emme (Ac. dep. 1694, Besch. 1845), ème (Fér. 1768, Fér. Crit. t. 2 1787, Lar. 19e). Ds Fér. 1768 mise en garde rel. à la transcr. emme: ,,prononcez ème (...), et non pas enme``. À rapprocher du procédé mis en oeuvre, sans succès, par Flaubert supra ex. 4. Les formes èm' (Littré, Guérin 1892, DG, Nouv. Lar. ill., Rob.) ou emm' (Quillet 1965), et èm (Lar. 20e), appartiennent au processus d'élaboration d'une écriture phonique. On dit selon les cas l'm (supra Aragon et Valéry) ou le m (,,lorsque le m est redoublé``, Besch. 1845 s.v. m). Sous la forme me (Ac. 1762-1878, Besch. 1845, Littré, Lar. 19e-20e, DG, Rob., Quillet 1965) il s'agit à l'[ ] près de la désignation par la valeur phonique. Fréq. abs. littér.: 5548. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 11621, b) 8891; xxes.: a) 6961, b) 4726.

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

M. (On prononce EMME.) n. f.
Une M. La treizième lettre de l'alphabet. Elle représente une des consonnes. Quand M est précédée de A, E I ou Y, O, U, elle forme souvent avec cette lettre une voyelle nasale, et, par suite, ne se prononce pas, comme dans Champ, Chambre, Temple, Sembler, Faim, Timbre, Thym, Bombe, Dompter, Ombre, Parfum. Elle ne se prononce pas non plus dans Damné, Automne. Elle se prononce, au contraire, dans certains mots d'origine latine ou étrangère, comme Album, Ultimatum, Pensum, Abraham, Jérusalem, Éphraïm, Stockholm. Quand l'M est redoublée, après A, E I ou Y, O, U, tantôt la seconde m seule se prononce, comme dans Gramme, Femme, Homme, Somme, tantôt les deux M se prononcent, comme dans Grammaire, Immédiatement, Immense, Comminatoire. Lorsque cette lettre est redoublée dans les mots composés de la préposition En, la première m se prononce comme n. Ainsi on prononce Emmener, Emmailloter, etc., comme si on écrivait Enmener, Enmailloter. Elle se prononce également dans certains mots où cette lettre est suivie de l'n comme Amnistie, Somnifère, Memnon.

Littré (1872-1877)

M (è-m') s. f.
  • 1La treizième lettre de notre alphabet. Une M majuscule. Pour le B, la lèvre supérieure prend son appui au-dessous de l'inférieure ; et pour l'M les deux lèvres, d'un mouvement égal, ne font que s'unir et se détacher, Marmontel, Élém. litt. Œuv. t. VIII, p. 504, dans POUGENS. Ici l'M à son tour sur ses trois pieds se dresse, De Piis, Harmon. imit. I.
  • 2Suivant l'épellation nouvelle, M se nomme me et est masculin : un me majuscule.
  • 3M, devant un nom propre, signifie monsieur ; MM signifie messieurs ; Mme signifie madame ; et Mlle signifie mademoiselle.
  • 4Dans les chiffres romains, M est le signe numérique de 1000. CM veut dire 900.

    Surmontée d'une ligne horizontale, cette lettre vaut mille fois 1000, ou un million.

  • 5M est la marque des anciennes monnaies françaises qui ont été frappées à Toulouse. M M. celles des monnaies fabriquées à Marseille.
  • 6Les médecins, dans leurs ordonnances, se servent de la lettre M pour signifier une mesure qui se nomme manipule ; et pour le mot latin misce, qui signifie mêlez, ou mixtio, mélange (f. m. s. a. : fiat mixtio secundum artem).

HISTORIQUE

XIIIe s. La bone loi nous vint par m, Qui des lettres est dame et geme ; M a trois piés en sa figure, Senefiance de l'ABC, dans JUBINAL, t. II, p. 280.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)


M, Subs. fém. (Gram.) c’est la treizieme lettre & la dixieme consonne de notre alphabet : nous la nommons emme ; les Grecs la nommoient mu, μῦ, & les Hébreux men. La facilité de l’épellation demande qu’on la prononce me avec un e muet ; & ce nom alors n’est plus féminin, mais masculin.

L’articulation représentée par la lettre M est labiale & nasale : labiale, parce qu’elle exige l’approximation des deux levres, de la même maniere que pour l’articulation B ; nasale, parce que l’effort des levres ainsi rapprochées, fait refluer par le nez une partie de l’air sonore que l’articulation modifie, comme on le remarque dans les personnes fort enrhumées qui prononcent b pour m, parce que le canal du nez est embarrassé, & que l’articulation alors est totalement orale.

Comme labiale, elle est commuable avec toutes les autres labiales b, p, v, f ; c’est ainsi que scabellum vient de scamnum, selon le témoignage de Quintilien ; que fors vient de μόρος, que pulvinar vient de pluma : cette lettre attire aussi les deux labiales b & p, qui sont comme elle produites par la réunion des deux lettres ; ainsi voit-on le b attiré par m dans tombeau dérivé de tumulus, dans flambeau formé de flamme, dans ambigo composé de am & ago ; & p est introduit de même dans promptus formé de promotus, dans sumpsi & sumptum qui viennent de sumo.

Comme nasale, la lettre ou articulation M se change aussi avec N : c’est ainsi que signum vient de σιγμὴ, nappe de mappa, & natte de matta, en changeant m en n ; au contraire amphora vient de ἀναφέρω, amplus de ἀναπλεος, abstemius d’abstineo, sommeil de somnus, en changeant n en m.

M obscurum in extremitate, dit Priscien (lib. I. de accid. litt.) ut templum : apertum in principio, ut magnus : mediocre in mediis, ut umbra. Il nous est difficile de bien distinguer aujourd’hui ces trois prononciations différentes de m, marquées par Priscien : mais nous ne pouvons guere douter qu’outre sa valeur naturelle, telle que nous la démêlons dans manie, mœurs, &c. elle n’ait encore servi, à peu-près comme parmi nous, à indiquer la nasalité de la voyelle finale d’un mot ; & c’est peut-être dans cet état que Priscien dit, M obscurum in extremitate, parce qu’en effet on n’y entendoit pas plus distinctement l’articulation m, que nous ne l’entendons dans nos mots françois nom, faim. Ce qui confirme ce raisonnement, c’est que dans les vers toute voyelle finale, accompagnée de la lettre m, étoit sujette à l’élision, si le mot suivant commençoit par une voyelle :

Divisum imperium cum Jove Cæsar habet :

dans ce tems-là même, si l’on en croit Quintilien, Inst. IX. 4. ce n’est pas que la lettre m fût muette, mais c’est qu’elle avoit un son obscur : adeo ut penè cujusdam novæ litteræ sonum reddat ; neque enim eximitur, sed obscuratur. C’est bien là le langage de Priscien.

« On ne sauroit nier, dit M. Harduin, Rem. div. sur la prononc. p. 40. que le son nasal n’ait été connu des anciens. Nicod assûre, d’après Nigidius Figulus, auteur contemporain & ami de Cicéron, que les Grecs employoient des sons de ce genre devant les consonnes y, x ». Mais Cicéron lui-même & Quintilien nous donnent assez à entendre que m à la fin étoit le signe de la nasalité. Voici comme parle le premier, Orat. XXII. p. 156. Quid ? illud non det unde sit, quod dicitur cum illis, cum autem nobis non dicitur, sed nobiscum ? Quia si ita diceretur, obscænius concurrerent litteræ, ut etiam modò, nisi autem inter posuissem, concurrissent. Quintilien, Instit. VIII. 3. s’exprime ainsi dans les mêmes vûes, & d’après le même principe : Vitanda est junctura deformiter sonans, ut si cum hominibus notis loqui nos dicimus, nisi hoc ipsum hominibus medium sit, in κακόφατον videmur incidere : quia ultima prioris syllabæ littera (c’est la lettre m de cum) quæ exprimi nisi labris coëuntibus non potest, aut ut intersistere nos indecentissimè cogit, aut continuata cùm N insequente in naturam ejus corrumpitur. Cette derniere observation est remarquable. si on la compare avec une autre remarque de M. Harduin : ibid. « Le même Nigidius, dit-il, donne à entendre que chez les Latins n rendoit aussi la voyelle nasale dans anguis, increpat, & autres mots semblables : in his, dit-il, non verum n, sed adulterinum ponitur ; nam si ea littera esset, lingua palatum tangeret ». Si donc on avoit mis de suite cum nobis ou cum notis, il auroit fallu s’arrêter entre deux, ce qui étoit, selon la remarque de Quintilien, de très-mauvaise grace ; ou, en prononçant les deux mots de suite, vu que le premier étoit nasal, on auroit entendu la même chose que dans le mot obscène, cunno, où la premiere étoit apparemment nasale conformément à ce que nous venons d’apprendre de Nigidius.

Qu’il me soit permis, à cette occasion, de justifier notre ortographe usuelle, qui représente les voyelles nasales par la voyelle ordinaire suivie de l’une des consonnes m ou n. J’ai prouvé, article H, qu’il est de l’essence de toute articulation de précéder le son qu’elle modifie ; c’est donc la même chose de toute consonne à l’égard de la voyelle. Donc une consonne à la fin d’un mot doit ou y être muette, ou y être suivie d’une voyelle prononcée, quoique non écrite : & c’est ainsi que nous prononçons le latin même dominos, crepat, nequit, comme s’il y avoit dominose, crepate, nequite avec l’e muet françois ; au contraire, nous prononçons il bat, il promet, il fit, il crut, sabot, &c. comme s’il y avoit il ba, il promè, il fi, il cru, sabo sans t. Il a donc pu être aussi raisonnable de placer m ou n à la fin d’une syllabe, pour y être des signes muets par rapport au mouvement explosif qu’ils représentent naturellement, mais sans cesser d’indiquer l’émission nasale de l’air qui est essentielle à ces articulations. Je dis plus : il étoit plus naturel de marquer la nasalité par un de ces caracteres à qui elle est essentielle, que d’introduire des voyelles nasales diversement caractérisées : le méchanisme de la parole m’en paroît mieux analysé ; & l’on vient de voir, en effet, que les anciens Grecs & Latins ont adopté ce moyen suggéré en quelque sorte par la nature.

Quoi qu’il en soit, la lettre m à la fin du mot est en françois un simple signe de la nasalité de la voyelle précedente ; comme dans nom, pronom, faim, thim, &c. il faut excepter l’interjection hem, & les noms propres étrangers, où l’m finale conserve sa véritable prononciation ; comme Sem, Cham, Jérusalem, Krim, Stokolm, Salm, Surinam, Amsterdam, Rotterdam, Postdam, &c. Il y en a cependant quelques-uns où cette lettre n’est qu’un signe de nasalité, comme Adam, Absalom : & c’est de l’usage qu’il faut apprendre ces différences, puisque c’est l’usage seul qui les établit sans égard pour aucune analogie.

M au milieu des mots, mais à la fin d’une syllabe, est encore un signe de nasalité, quand cette lettre est suivie de l’une des trois lettres m, b, p ; comme dans emmener, combler, comparer. On en excepte quelques mots qui commencent par imm, comme immodeste, immodestie, immodestement, immaculée conception, immédiat, immédiatement, immatriculé, immatriculation, immense, immensité, immodéré, immunité, &c. on y fait sentir la réduplication de l’articulation m.

On prononce aussi l’articulation m dans les mots où elle est suivie de n, comme indemniser, indemnité, amnistie, Agamemnon, Memnon, Mnémosine, &c. excepté damner, solemnel, & leurs dérivés où la lettre m est un signe de nasalité.

Elle l’est encore dans comte venu de comitis, dans compte venu de computum, dans prompt venu de promptus, & dans leurs dérivés.

M. l’abbé Regnier, Gramm. franç. in-12. p. 37. propose un doute sur quatre mots, contemptible, qui n’est, dit-il, plus guere en usage, exemption, rédemption & rédempteur, dans lesquels il semble que le son entier de m se fasse entendre. A quoi il répond : « Peut-être aussi que ce n’est qu’une illusion que fait à l’oreille le son voisin du p rendu plus dur par le t suivant. Quoi qu’il en soit, la différence n’est pas assez distinctement marquée pour donner lieu de décider là-dessus ». Il me semble qu’aujourd’hui l’usage est très-décidé sur ces mots : on prononce avec le son nasal exemt, exemption, exemtes sans p ; & plusieurs même l’écrivent ainsi, & entre autres le rédacteur qui a rendu portatif le dictionnaire de Richelet ; le son nasal est suivi distinctement du p dans la prononciation & dans l’orthographe des mots contempteur, contemptible, rédemption, rédempteur.

M en chiffres romains signifient mille ; une ligne horisontale au-dessus lui donne une valeur mille fois plus grande, M vaut mille fois mille ou un million.

M, dans les ordonnances des Médecins, veut dire misce, mêlez, ou manipulus, une poignée ; les circonstances décident entre ces deux sens.

M, sur nos monnoies, indique celles qui sont frappées à Toulouse.

M, (Ecriture.) dans sa forme italienne, ce sont trois droites & trois courbes ; la premiere est un I, sans courbe ; la seconde est un I parfait, en le regardant du côté de sa courbe ; la troisieme est la premiere, la huitieme, la troisieme, la quatrieme & la cinquieme partie de l’O. L’m coulée est faite de trois i liés ensemble. Il en est de même de l’m ronde.

Ces trois m se forment du mouvement composé des doigts & du poignet. Voyez les Planches d’Ecriture.

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Étymologie de « m »

Lat. m (dit em suivant Priscien) ; grec μῦ ; du phénicien mim.

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Phonétique du mot « m »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
m m

Citations contenant le mot « m »

  • La nostalgie m’est étrangère. De Demis Roussos / Paru Vendu, 28 janvier 2010 , 
  • Je ne m'ennuie jamais. Mais tout m'ennuie. De Jacques Sternberg / Toi ma nuit , 
  • Après m'avoir appris à parler, mes parents m'ont appris à me taire. De Proverbe sioux , 
  • Ce qui m'intéresse n'est pas toujours ce qui m'importe. De Paul Valéry , 
  • Blâmer m'ennuie. De André Pieyre de Mandiargues , 
  • Moi, la musique m’a convertie, elle m’a sauvée. De Hélène Grimaud / Variations sauvages , 
  • Je m'indigne, donc je suis. De Gyorgy Balint , 
  • Je vais où je m'ignore. De Jean Cayrol , 
  • Les films m’ennuient. Particulièrement les miens. De Robert Mitchum , 
  • Qui paie mes dettes m'enrichit. De Proverbe québécois , 
  • Qui m'aime, aime mon chien. De Henri IV , 
  • Le bonheur ne m’ennuie jamais. De Henry de Montherlant / Le mépris , 
  • - Vous êtes marié ? - Ca m'arrive.
  • Qui m'aime me suive. De Philippe VI de Valois / 20 Août 1328 , 
  • Et si le redressement judiciaire n'était pas un couperet mais une renaissance ? La crise sanitaire augure une grave crise économique. Pour éviter les dépôts de bilan en nombre, il est possible d'agir en amont. Le redressement judiciaire peut être une solution, à condition de saisir la justice à temps. C'est le message que souhaite faire passer Aïda M'Dalla, créatrice du groupe Allure Coiffure, en redressement depuis le 5 mars 2019 : « Tel le malade qui vient consulter son médecin pour qu'il lui prescrive un remède, une entreprise en mauvaise santé peut trouver des solutions pour sauver ses emplois avec un administrateur ». Un administrateur qu'elle nomme son tuteur, tellement son aide a été précieuse. Cette quadragénaire a su mettre son égo de côté pour demander de l'aide. « C'est vrai que pour un chef d'entreprise, c'est très dur à accepter. Mais une fois que le premier pas est fait, c'est la délivrance ! Je n'étais plus seule. Ensemble, nous avons trouvé des solutions pour préserver tous les emplois... La Tribune, Aïda M'Dalla : du quartier dijonnais des Grésilles à la création cosmétique
  • Ce fut un moment hors du temps, inoubliable : le 18 juillet 2010, à l’occasion de son premier festival vécu de bout en bout, Peter-André L’hôte, 10 ans, est monté sur scène aux côtés de son idole, Matthieu Chedid. Pas n’importe où : devant un pré de Kerampuilh noir de monde, le petit gars n’a pas eu le temps d’avoir le trac, il a empoigné la guitare de -M- sur le tube « Amssétou » après avoir été repéré dans le public. Pas un hasard, car l’écolier, dont la maman avait dû jouer des coudes pour l’accompagner au pied de l’immense scène Glenmor, arborait la coupe si spéciale de l’artiste. Puis, dans les coulisses, il a pleuré toutes les larmes de son petit corps de rocker. Le Telegramme, Souvenirs en live : le petit -M- des Vieilles Charrues a bien grandi [Vidéo] - Souvenirs en live - Le Télégramme
  • Le pèlerinage "M de Marie" est arrivé dans l'Yonne en ce début de semaine. Une calèche tirée par un cheval de trait transporte une statue de la Sainte Vierge. Elle était à Vézelay ce mardi. Elle est attendue en fin de semaine à Auxerre puis à Sens. France Bleu, Le pèlerinage "M de Marie" dans l'Yonne jusqu'à la fin du mois
  • Log in and share your information (24/7). Actusnews Wire, A.S.T. GROUPE - AST Groupe : Activité du 1er semestre 2020 : 81 M EUR - 21/07/2020 - 18H10 - Actusnews Wire
  • Connectez-vous et diffusez vos informations (24/7). Actusnews Wire, ROCHE BOBOIS - CHIFFRE D'AFFAIRES S1 2020 : 109,6 M EUR - UN RATTRAPAGE COMMERCIAL CONFIRMÉ - 21/07/2020 - 17H45 - Actusnews Wire
  • Travail illégal : comment le Covid-19 a mis au jour le lourd secret de Leicester Le Monde.fr, « Bambini Parade », de I Sanremini  : l’album qui m’a fait aimer… les disques pour enfants
  • La cour administrative d’appel de Nantes a rejeté un recours déposé par les sociétés MMA Iard Assurances Mutuelles et MMA Iard, qui contestaient un premier jugement qui les condamnait à verser plus d’1,5 million d’euros à la communauté d’agglomération Quimper Bretagne Occidentale pour des « désordres » à la station d’épuration du Corniguel. Le Telegramme, Un dédommagement de 1,5 M€ pour l’agglomération de Quimper - Bretagne - Le Télégramme
  • Votre demande a été prise en compte. lemoniteur.fr, Un contrat routier de 183 M€ pour Vinci au Canada
  • 85% de notre financement provient des dons de nos auditeurs Radio Notre Dame, « M de Marie » : la ferveur d’un pèlerinage sur les 5 lieux d’apparition de la Vierge – Radio Notre Dame
  • « L’impact total de la crise sur le cash-flow net courant (CFNC) part du groupe devrait être compris entre -45 M€ et -55 M€, dont 80% seront décalés sur 2021, avance Icade dans un communiqué. L’impact de la crise sur le CFNC est principalement dû à l’effet « mécanique » de l’arrêt des chantiers (estimé à 3,5 mois sur l’ensemble de l’année 2020) sur le chiffre d’affaires à l’avancement de la promotion et, dans une moindre mesure, à la livraison décalée des immeubles en développement des Foncières tertiaire et santé. Une moindre indexation des loyers est également anticipée. Business Immo - Le site de l'immobilier d'entreprise, Icade chiffre entre 45 M€ et 55 M€ l'impact de la crise sur son cash-flow net courant - Business Immo

Traductions du mot « m »

Langue Traduction
Anglais m
Espagnol metro
Italien m
Allemand m
Chinois
Arabe م
Portugais m
Russe м
Japonais メートル
Basque m
Corse m
Source : Google Translate API

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Nombre de points du mot m au scrabble : 3 points

M

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