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Ouvrir

Définitions de « ouvrir »

Trésor de la Langue Française informatisé

OUVRIR, verbe trans.

I. − [Le verbe exprime la mise en communication d'un espace clos (ou inaccessible) avec l'extérieur; aux indices correspondent respectivement: l'agent du procès (1); l'objet mobile séparant l'espace clos de l'extérieur (2); l'espace clos ou un de ses éléments (3); le moyen ou l'instrument (4); le bénéficiaire du procès (5)]
A. − [Le suj. désigne l'agent]
1. [Le compl. désigne la partie mobile qui ferme l'espace clos] Déplacer ce qui ferme un espace de manière à ce que l'intérieur de cet espace communique avec l'extérieur. Anton. fermer, verrouiller.
a)
α) Qqn1ouvre qqc.2de qqc.3Ouvrir la porte de la cuisine; ouvrir le couvercle d'une boîte. Péniblement Meaulnes ouvrit la portière de la vieille guimbarde (Alain-Fournier,Meaulnes,1913, p.119).Juliette vit les persiennes de la cuisine fermées. Elle les ouvrit d'un geste brusque (Aymé,Jument,1933, p.252).
Loc. Ouvrir grand* (qqc.2). V. grand III B 1 a.
En partic. Ouvrir le robinet* du gaz.
β) Qqn1ouvre qqc.2de qqc.3avec qqc.4
[Dans un cont. métaph.] Je réussis à m'imposer de ne lire cette lettre que dans ma chambre, plus tard, quand je serais bien calme. Mes mains tremblaient. On n'ouvre pas la porte de son nouveau destin avec des mains qui tremblent (Duhamel,Confess. min.,1920, p.125).
γ) Qqn1ouvre qqc.2de qqc.3à qqn5.Les agents de l'électeur de Saxe viennent ouvrir la porte des couvents aux religieuses (Staël,Allemagne, t.3, 1810, p.133).
[Dans un cont. métaph.] Je mets une sorte d'amour-propre à ce que vous vous distinguiez dans la carrière dont j'ai été si heureux de vous ouvrir la porte (Tocqueville,Corresp. [avec Gobineau], 1851, p.158).
b)
α) Qqn1ouvre qqc.2Ouvrir une barrière, une fenêtre; ouvrir un guichet, un robinet. Ouvrir une serrure (Ac. 1835, 1878). Tous deux coquetaient avec le mal qu'ils ne faisaient pas, s'arrêtant court si quelqu'un ouvrait la porte (Montherl.,Bestiaires,1926, p.504).Il tourna le dos à sa victime, ouvrit les persiennes (Bernanos,Crime,1935, p.809).
En partic. Ouvrir un tiroir. Faire sortir partiellement un tiroir de son logement. Panard, atterré, errait par sa chambre, ouvrant les tiroirs, visitant les coins obscurs, cherchant au fond des meubles (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Voy. santé, 1886, p.552).
Au fig. Sans doute Cézanne ouvre une porte (Cocteau,Poés. crit.I,1959, p.114).
En partic. Ouvrir les guillemets*. Ouvrir la/une parenthèse*.
β) Qqn1ouvre qqc.2avec/par/de qqc.4Il (...) se leva d'un bond, et d'un coup de poing ouvrit un volet et une fenêtre (Karr,Sous tilleuls,1832, p.255).Ils remontèrent, ouvrirent la porte avec la fausse clé, et furent dans le chemin de ronde (Van der Meersch,Invas. 14,1935, p.293).
γ) Qqn1ouvre qqc.2à qqn5.Tu savais les projets du chevalier contre ton honneur, et cela ne t'a pas empêché (...) de lui ouvrir la porte à deux battants (Dumas père, Mariage sous Louis XV,1841, iv, 2, p.181).
Au fig. Ouvrir la/une porte à qqc. Favoriser l'apparition ou la diffusion de quelque chose. Ouvrir la porte aux abus. Ce que ces messieurs ont fait a été d'ouvrir la porte à la violence et à toutes les atrocités démocratiques (Gobineau,Corresp. [avec Tocqueville], 1856, p.273).
P.ell. Qqn1ouvre à qqn5.Il fait froid, il s'enrhume, ouvrez-lui donc! (Borel,Champavert,1833, p.165).Je me suis levée pour ouvrir à mon amant (Louys,Aphrodite,1896, p.179).
δ) Empl. abs. Qqn ouvre.Ouvrez donc, au nom de la loi!... Caporal, faites enfoncer la porte! (Borel,Champavert,1833p.32):
1. Hier soir, à minuit, on sonne chez moi. Par hasard, il n'y avait plus personne à la maison. Je vais ouvrir en robe de chambre. Je trouve Rodrigue, figé devant la porte... Vailland,Drôle de jeu,1945, p.79.
2. P.méton.; [le compl. désigne l'espace clos ou inaccessible] Faire qu'un espace clos ou inaccessible communique avec l'extérieur en déplaçant ce qui l'en empêchait ou ce qui en fermait l'accès.
a)
α) Qqn1ouvre qqc.3Ouvrir une autoroute. Ouvrir une armoire (Ac.). Malgré la défense de ma mère, j'ouvris le buffet de la salle à manger (A. France,Pt Pierre,1918, p.44):
2. ... Madame prit dans son porte-monnaie une toute petite, une toute mignonne clé d'or, et (...) ouvrit l'écrin de velours rouge, que le douanier lui présentait... Mirbeau,Journal femme ch.,1900, p.114.
Au fig. Ouvrir sa bourse*.
β) Qqn1ouvre qqc.3avec qqc.4Il tira de sa poche un portefeuille à serrure, qu'il ouvrit avec une petite clé qu'il portait au cou (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.622).Il donnait des conseils pratiques sur la manière d'ouvrir les boîtes de singe avec un fort couteau (Benjamin,Gaspard,1915, p.39).
γ) Qqn1ouvre qqc.3à qqn5.Il trouva naturellement Bernier qui lui ouvrit son appartement (G. Leroux, Parfum,1908, p.82).
b) En partic.
α) Ouvrir + subst. désignant un (type d')établissement.V. infra V.
β) Ouvrir + subst. désignant un contenant.Déballer, défaire quelque chose pour en extraire le contenu. Ouvrir une caisse, un paquet (Ac. 1835-1935). Faites-moi un bouillon au Liebig et ouvrez une boîte de conserves (Verlaine,OEuvres compl., t.4, L. Leclercq, 1886, p.148).
γ) Ouvrir une lettre (ou subst. de même paradigme). Décacheter une lettre pour en extraire le contenu. Frédéric rejeta la lettre sans la finir, et en ouvrit une autre, un billet de Deslauriers (Flaub.,Éduc. sent., t.2, 1869, p.96).Il y avait un papier sous la porte, j'ouvris l'enveloppe qui ne portait aucun nom (Jouve,Scène capit.,1935, p.245).
δ) En partic.
Ouvrir la radio, la télévision. Mettre en position de fonctionnement le dispositif (bouton, manette, interrupteur) assurant la mise en marche de l'appareil. Synon. allumer; anton. fermer, arrêter.Il posa sur la table de nuit une pile de magazines et il ouvrit la radio (Beauvoir,Mandarins,1954, p.511).
Ouvrir l'eau, le gaz, l'électricité. Mettre en position de fonctionnement le dispositif (robinet, vanne, interrupteur) assurant la venue ou la mise en circulation de ces fluides.
c) Au fig.
α) Rendre accessible à quelqu'un ou à quelque chose quelque chose qui ne l'était pas. Anton. fermer.
Qqn1ouvre qqc.3à qqn5.L'amour m'ouvrit ses paradis (Cros,Coffret santal,1873, p.106).Il suffit à Bach d'une voix et d'une flûte pour nous ouvrir le ciel (Green,Journal, 1955, p.108).
Qqn1ouvre qqc.3Catherine (...) ne quittait pas Etienne de ses grands yeux clairs, lorsqu'il se récriait, disant sa foi, ouvrant l'avenir enchanté de son rêve social (Zola,Germinal,1885, p.1278).
Qqn1ouvre qqc.3à qqc.5Ne valait-il pas mieux ouvrir cette industrie à la concurrence (...)? (Davout,Réorg. milit.,1871, p.40).
β) En partic. [Le compl. désigne qqc. qui était réfractaire à qqc. (un sentiment, une idée)] Faire s'établir une large intercommunication entre une capacité cognitive, intellectuelle ou perceptive et le monde extérieur, duquel elle était coupée. Anton. fermer.Ouvrir les sens. Il (...) a cherché (...) une occasion (...) d'ouvrir son imagination, de célébrer une patrie et une cause qu'il aime (Sainte-Beuve,Prem. lundis, t.1, 1828, p.289).
Locutions
Ouvrir le coeur à qqn. Rendre quelqu'un sensible à quelque chose. Je lui ai ouvert le coeur par cette confidence (Barb. d'Aurev.,Memor. pour l'A... B...,1864, p.434).
Ouvrir son coeur (à qqn). Exprimer à quelqu'un ses sentiments, ou ses pensées intimes. Puisque tu prends enfin le parti de m'ouvrir ton coeur, il faut que je t'ouvre le mien aussi (Sand,Consuelo, t.1, 1842-43, p.161).[P.méton.] Empl. pronom. réfl. Qqn1s'ouvre (à qqn5) de/sur qqc.3Faire part à quelqu'un de quelque chose. «Je ne puis vous parler», lui dis-je, «si vous ne vous ouvrez sur ce point...» (Restif de La Bret.,M. Nicolas,1796, p.221).Elle s'ouvrit à Mamie de ses inquiétudes (Sartre,Mots,1964, p.57).Qqn1s'ouvre à qqn5.Synon. de se confier à.Par quelle raison ne pas s'ouvrir à moi? (Musset,Confess. enf. s.,1836, p.292).Barnave, après le retour de Varennes, ne tarda pas à s'ouvrir à Malouet (Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t.11, 1868, p.332).
S'ouvrir l'appétit (avec qqc./en + verbe).Mmede Boisrosé s'ouvrit l'appétit en vidant une boîte de chocolats (Morand,Homme pressé,1941, p.55).
d) Spécialement
DR. Ouvrir une succession. Faire que les héritiers puissent avoir leur part dans une succession. Anton. bloquer.
Ouvrir une souscription. Permettre à des personnes de souscrire. Synon. lancer; anton. clore.En manière de conclusion, il annonça qu'il ouvrait une souscription afin de construire des appareils nécessaires à la navigation aérienne (A. France,Vie fleur,1922, p.352).
BANQUE, FIN.
Ouvrir un compte. Effectuer les démarches nécessaires pour devenir titulaire d'un compte. Et qui me prêtera quatre sous ou m'ouvrira un compte, me l'allongera plutôt, sur la garantie de ton avenir? (Arnoux,Roi,1956, p.45).Voir aussi infra V.
Ouvrir un emprunt (auprès de qqn). Se déclarer emprunteur (auprès de quelqu'un). Présentation d'un projet de loi autorisant le département du Calvados à ouvrir un emprunt de trois cent mille francs (Zola,E. Rougon,1876, p.37).
Ouvrir un crédit (à qqn). Faire que quelqu'un puisse bénéficier d'un crédit. Le baron a ouvert un crédit à Chandelier, pour que la tombe de son neveu soit décemment entretenue (Montherl.,Célibataires,1934, p.913).
Au part. passé. Les crédits ouverts par un budget extraordinaire peuvent être également complétés par des crédits additionnels (Lidderdale,Parlement fr.,1954, p.225).
B. − [Le suj. désigne le moyen de l'instrument]
1. [Le compl. désigne la partie mobile qui ferme l'espace clos] Permettre à ce qui ferme (l'accès à) un espace de se déplacer de manière à ce que l'intérieur de cet espace communique avec l'extérieur. Anton. fermer, verrouiller.
a) Qqc.4ouvre qqc.2de qqc.3Aussitôt il entendit tirer à plusieurs reprises la corde qui, du haut de l'observatoire, ouvrait le loquet de la porte du clocher (Stendhal,Chartreuse,1839, p.151).
b) Au fig. Rendre accessible. Anton. fermer.Cette vision épouvantable, promettant d'ouvrir la porte radieuse du ciel et ouvrant la porte horrible du tombeau! (Hugo,Misér., t.1, 1862, p.556).Le diplôme ouvre la porte des professions, le grade est une reconnaissance d'un niveau (B. Schwartz, Réflex. prospectives,1969, p.19).
2. [P.méton.; le compl. désigne l'espace clos ou inaccessible] Permettre à un espace clos de communiquer avec l'extérieur. Anton. fermer.
a) Qqc.4ouvre qqc.3Voici, dit-il, la mignonne clé qui ouvre le manoir paternel (Theuriet,Mariage Gérard,1875, p.19).C'est une boîte qu'ouvrent toutes les clés (Sartre,Mains sales,1948, 7etabl., p.246).
b) Au fig.
α) Qqc.4ouvre qqc.3(à qqn5).Ouvrir un horizon, une possibilité, un champ (à qqn). Cette alliance, par la main gauche, vous ouvre un avenir magnifique (Balzac,Illus. perdues,1843, p.584).Avoir un gendre comte (...) lui ouvrait un monde fermé jusque-là (Zola,Vérité,1902, p.97).
En partic. [Correspond à supra I A 2 c β] Ouvrir le coeur à qqn. Cette parole m'ouvrit l'esprit; je compris et je pleurai (A. France,Pt Pierre,1918, p.193).
[Sans expr. de bénéficiaire] Rien n'est meilleur pour ouvrir les idées qu'un verre de bon vin (Mérimée,Jacquerie,1828, p.130).
Loc. [Correspond à supra I A 2 c β] Ouvrir l'appétit. Faire venir l'appétit. Voulez-vous un verre d'eau sucrée avec du cognac? ça ouvre l'appétit (Zola,Pot-Bouille,1882, p.112).[Un vin blanc] tue le ver ou ouvre l'appétit au choix, incomparablement (Arnoux,Zulma,1960, p.248).
β) Qqc.4ouvre qqc.3à qqc.5Ouvrir le pays au progrès. L'amour le plus honnête ouvre l'âme aux petites passions (Chamfort,Max. et pens.,1794, p.62).Transaction mensongère, qui ouvrait à tous les crimes une carrière sans bornes! (Constant,Princ. pol.,1815, p.15).
[Sans expr. du bénéficiaire] Cette dernière question ouvre un champ de spéculations intéressantes (Renouvier,Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p.54).
γ) Qqc.4ouvre qqn3à qqc.5La hifi ouvre les foules à la musique.
C. − [Le suj. désigne l'espace clos ou inaccessible]
1. [Le compl. désigne une partie du référent du suj.] Devenir accessible (à quelqu'un ou quelque chose). Anton. fermer.
a)
α) Qqc.3ouvre qqc.2à qqn5.Les Prussiens étaient en Lorraine, les Autrichiens en Alsace; Haguenau venait de leur ouvrir ses portes (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t.2, 1870, p.274).
[Dans un cont. métaph.] L'Opéra-Comique leur ouvre ses portes toutes grandes [aux jeunes compositeurs] (P.Lalo,Mus.,1899, p.54):
3. Le théâtre de Picasso n'est pas un théâtre populaire. Un jour ou l'autre les théâtres les plus fermés ouvrent leurs portes: je n'imagine pas que le sien puisse les entrouvrir. Cocteau,Poés. crit.I,1959, p.101.
β) Qqc.3ouvre qqc.2à qqc.5[Dans un cont. métaph.] Ma vie ouvrait toutes ses portes au souffle de l'éternité (Milosz,Amour. initiation,1910, p.228).
b) Empl. pronom. Anton. se fermer.
α) Qqc.3s'ouvre à qqn5/pour qqn5.Au fig. Le voilà servi à souhait: une belle carrière s'ouvre pour lui (Fourier,Nouv. monde industr.,1830, p.82).Pour la bourgeoisie (...) s'ouvraient l'enseignement secondaire, l'enseignement supérieur (Zola,Vérité,1902, p.331).
β) Qqc.3s'ouvre à qqc.5
Au fig. Si ton coeur s'ouvre à l'amour des femmes (Nodier,Fée Miettes,1831, p.84).Mais dans l'intervalle un assez vaste domaine s'ouvre à des possibilités que l'homme a largement mises à profit (Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum.,1921, p.138).Notre économie s'ouvrira à l'Europe (L'OEuvre,13 mars 1941).
γ) Qqn3s'ouvre à qqc.5Avec le développement du spectacle télévisé (...). Un public nouveau s'est ouvert à un monde artistique nouveau où les chefs-d'oeuvre côtoient les créations les plus médiocres (Dumazedier, Ripert,Loisir et cult.,1966, p.300).
δ) [Sans spécification du destinataire] Le mardi, les théâtres s'ouvrent à dix heures du matin (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.527).Une fois le fort emporté, les Anglais délogèrent et Toulon s'ouvrit (Hugo,Fr. et Belg.,1885, p.187).
Au fig., DR. [Correspond à supra I A 2 d] La succession Minoret, de laquelle on parla pendant dix jours, s'ouvrit alors, et fut constatée avec la rigueur des formalités judiciaires (Balzac,U. Mirouët,1841, p.190).
2. Empl. intrans. [Avec un compl. de temps] Qqc.3ouvre.Être accessible (à quelqu'un). Je m'informai de l'heure à laquelle ouvrait la bibliothèque (Nerval,Filles feu, Angélique, 1854, p.525).Le théâtre de la chambre ouvrait à onze heures du soir (Cocteau,Enfants,1929, p.81).
3. Empl. pronom. passif. Se laisser ouvrir. Anton. se fermer.
En partic. Marton: Oh les lettres (...) cela s'ouvre toujours tout seul (Dumas père, Mariage sous Louis XV,1841, i, 5, p.111).
D. − [Le suj. désigne la partie mobile]
1. Être susceptible d'être déplacé de manière à mettre en communication l'intérieur d'un espace avec l'extérieur. Anton. fermer.Cette porte n'ouvre jamais (Ac.1798-1878).
2. Empl. pronom. passif. (Pouvoir) être déplacé de manière à mettre en communication l'intérieur d'un espace avec l'extérieur. Anton. se fermer.Le couvercle ne s'ouvre pas.
a) Qqc.2(de qqc.3) s'ouvre.La personne (...) se place à la porte d'un cabinet qui puisse s'ouvrir et se fermer facilement (D'Allemagne,Récr. et passe-temps,1904, p.199).Il heurta la double porte du garage qui tourna sur ses gonds, s'ouvrit toute grande (Bernanos,Joie,1929, p.654).
Au fig. La France n'était plus une prison, les frontières s'ouvraient, la vie ne devait plus être une prison (Beauvoir,Mandarins,1954, p.11).
b) Qqc.2(de qqc.3) s'ouvre à/sur qqn5.Bien rarement la porte s'ouvre A celui que le haillon couvre (Barbier,Ïambes,1840, p.229).Aristide, après une assez longue attente, vit la porte du boudoir s'ouvrir sur un visage impénétrable (Vogüé,Morts,1899, p.314).À chaque instant, la porte s'ouvrait sur de nouveaux clients que le patron accueillait avec un mot jovial (Dabit,Hôtel Nord,1929, p.164).
c) Qqc.2(de qqc.3) s'ouvre à/dans qqc.Il fut réveillé par le grincement d'une porte qui s'ouvrait à quelque mansarde du fond du corridor (Hugo,Misér., t.1, 1862, p.532).
II. − [Le verbe exprime la disposition relative qu'entretient une ouverture (située dans un espace) par rapport à un espace extérieur; aux indices correspondent respectivement: l'ouverture, l'interface (2); l'espace pourvu de l'ouverture (3); l'espace extérieur (5)]
A. − [Le suj. désigne l'ouverture]
1. Être un moyen de communication orienté vers tel ou tel espace et/ou un moyen d'accès à tel ou tel espace.
a) Qqc.2(de qqc.3) ouvre sur qqc.5Synon. donner sur, regarder sur.Cette porte ouvre sur le jardin, sur la cour (Ac.1878).Une des fenêtres (...) ouvrait sur les plaines de Villeneuve-Saint-Georges, dans la direction de Paris (A. Daudet, Pte paroisse,1895, p.40).Entre les deux lits, une porte ouvrait sur un cabinet de toilette-cuisine (Cocteau,Enfants,1929, p.28).
En partic. [Avec un compl. désignant une partie du référent du suj.] De l'autre côté de la rue, les fenêtres béantes de l'ancien hôtel Duvillard ouvraient des trous sur le chantier, où les ouvriers s'agitaient (Zola,Bonh. dames,1883, p.601).
Empl. pronom. Qqc.2s'ouvre sur qqc.5Synon. donner sur, regarder sur.Après le repas nous causâmes à une fenêtre qui s'ouvrait sur la Tamise (Chateaubr.,Mém., t.3, 1848, p.126).J'ai déjà dit que cette balustrade s'ouvrait largement sur le désert (Benoit,Atlant.,1919, p.309).L'unique fenêtre de la ridicule petite maison s'ouvrait sur l'abîme (Bernanos,Crime,1935, p.848).
b) Rare
α) Qqc.2(de qqc.3) s'ouvre en qqc.5Ses porches [de la cathédrale] s'ouvraient en des cavernes pleines de nuit (Huysmans,Cathédr.,1898, p.219).
β) Qqc.5s'ouvre dans qqc.3La place Saint-Georges sur laquelle elle donnait s'ouvrait dans des maisons anciennes dont le crépi était devenu rose en vieillissant (Giono,Bonh. fou,1957, p.95).
2. [Avec un compl. indiquant le lieu où se situe l'ouverture] Être une ouverture, un accès situé à tel ou tel endroit. Synon. donner.La porte des caves de W. N. Balcombe and company ouvrait dans ce tunnel de soixante mètres où six vagabonds habillés d'aumônes mangeaient des rognures (Hamp,Champagne,1909, p.214).C'était (...) cette encoignure que formait (...) une porte condamnée qui ouvrait autrefois sous la voûte d'entrée (Gide,Faux-monn.,1925, p.1242).
B. − [P.méton., le suj. désigne l'ensemble spatial pourvu d'une ouverture] Avoir une ouverture, une interface orientée sur ou donnant accès à un espace tel ou tel. Synon. donner sur, regarder sur.
1.
a) Qqc.3ouvre sur qqc.5Elle traverse le salon de musique (...) pour reconnaître le salon de réception ouvrant sur un jardin d'hiver tropical (Mallarmé,Dern. mode,1874, p.837).
Empl. pronom. L'unique auberge est située sur l'unique place, laquelle est d'autant plus vaste qu'elle s'ouvre sur la campagne (Sand,Péché de M. Antoine, t.1, 1845, p.5).
b) Qqc.3ouvre sur qqc.5par qqc.2Ce cabinet (...) était au fond du jardin, ouvrant de plain-pied sur le baobab par une porte vitrée (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p.2).Des trois chambrettes du second de la maison (...) il a été fait deux pièces dont la moins spacieuse ouvre sur la grande, par une baie qui lui donne l'aspect d'un petit théâtre (Goncourt,Journal,1894, p.682).
c) Qqc.3ouvre + subst. exprimant une direction.Je passai dans le cabinet de toilette qui ouvre au nord, du côté du perron (Mauriac,Noeud vip.,1932, p.175).
2.
a) En partic. [Avec un compl. désignant une partie du référent du suj.] Les caves ouvrant au ras du trottoir leur grille ouvragée ne contenaient que des échantillons dédouanés (Hamp,Champagne,1909, p.212).
b) Empl. pronom. Qqc.3s'ouvre.La grange s'ouvre au bout de la cour de la ferme (Barbusse,Feu,1916, p.187).À droite près de la fenêtre s'ouvrait la chambre de Mario Giuseppe Pandolfini (Jouve,Paulina,1925, p.57).
III. − [Le verbe exprime la création ou l'existence d'un évidement, d'un passage (pouvant assurer une certaine fonction) dans un espace plein; aux indices correspondent respectivement: l'agent du procès (1); le passage, l'évidement (2); l'espace plein (3); le moyen ou l'instrument (4); le bénéficiaire du procès (5)]
A. − [Le verbe exprime la création d'un évidement]
1. [Le compl. désigne l'évidement, le passage]
a) [Le suj. désigne l'agent] Pratiquer, à des fins diverses, un évidement, une trouée dans un espace plein (au moyen de quelque chose). Synon. percer; anton. boucher, colmater, obstruer, occlure.
α) Qqn1ouvre qqc.2dans/à travers qqc.3On a ouvert beaucoup de chemins, de routes dans cette forêt, dans ce bois (Ac. 1835-1935). On a ouvert une porte, une fenêtre dans ce mur (Ac. 1835-1935). Le répareur ouvre et découpe (...) les jours [dans la pâte] (Al. Brongniart, Arts céram., t.1, 1844, p.162).Les architectes ont ouvert à travers Paris des avenues larges et rectilignes (Hourticq,Hist. art,Fr., 1914, p.385).
Au part. passé:
4. C'est ainsi qu'était protégée la porte papale, ouverte exprès dans le mur de l'enceinte de l'abbaye de Saint-Germain-des-Près, à Paris, en 1163, lorsque le pape Alexandre III consacra l'église. Lenoir,Archit. monast.,1852, p.77.
Au fig. [Poussin et Lesueur] ont ouvert dans l'avenir une carrière toute nouvelle (Delacroix,Journal,1853, p.29).
β) Qqn1ouvre qqc.2Ouvrir une fosse, une galerie, un souterrain. Ce passage, très-fréquenté (...) le deviendra bien plus encore lorsqu'on aura ouvert un canal de communication entre ces deux rivières (Crèvecoeur,Voyage, t.2, 1801, p.145).
Au part. passé. Les deux grotesques ogives (...) ont été ouvertes (...) par une sorte de maçon nommé Peyra (Hugo,Choses vues,1885, p.112).
Au fig. Ce n'est pas Wagner qui a ouvert une voie nouvelle: le drame wagnérien est une impasse (Mauriac,Journal 2,1937, p.142).
γ) Qqn1ouvre qqc.2(dans qqc.3) de/à/avec qqc.4Ouvrir une tranchée au bulldozer. V. ex. 5.
δ) [Avec un compl. désignant le bénéficiaire]
Qqn1ouvre qqc.2dans qqc.3à qqn5:
5. Lentement, d'une pesée de l'épaule, Jos-Mari avait ouvert un passage à Kate dans la foule des badauds... Peyré, Matterhorn, 1939, p.132.
Empl. pronom. réfl. indir. Le directeur quelques instants plus tard, s'ouvrit un autre chemin violent parmi les torses pressés (Céline,Voyage,1932, p.178).
Qqn1ouvre qqc.2à qqn5(avec/à qqc.4).Paul et Gontran (...) écartèrent les curieux en les bousculant, et (...) ouvrirent une route à Christiane et à son père (Maupass.,Mt-Oriol,1887, p.37).Il avançait, du même pas emporté, et la foule lui ouvrait un chemin jusqu'à l'église (Camus,Exil et Roy.,1957, p.1682).
Au fig. Il lui a ouvert l'accès aux dignités (Ac.1835-1935).
Empl. pronom. réfl. indir. Il lui fallait [à la grande compagnie] (...) s'ouvrir partout un passage le fer à la main (Mérimée,Don Pèdre Ier,1848, p.438).La Guillaumette et Croquebol durent s'ouvrir un passage de force (Courteline,Train 8 h 47,1888, 2epart., p.187).
[Dans un cont. métaph.] Nous étions trois frères, et notre mère avait de l'orgueil pour nous (...). L'aîné s'est ouvert la route à coups de hache (Zola,Renée,1887, i, 7, p.338).
ε) Au fig. Qqn1ouvre qqc.2à qqc.5Permettre à quelque chose d'avoir un accès ou une issue. Anton. fermer.Il avait ouvert le chemin à la vérité, je la laissai partir (Vigny,Serv. et grand. milit.,1835, p.177).Depuis ses plus anciens poètes l'humanité a toujours confondu la volupté et la mort pour ouvrir une issue au désir infini (Mauriac,Du côté de chez Proust,1947, p.161).
Au part. passé. La voie entièrement nouvelle ouverte (...) par Archimède à l'esprit mathématique (Comte,Philos. posit., t.5, 1839-42, p.203).
b) [Le suj. désigne le moyen ou l'instrument favorisant ou causant le procès] Réaliser une ouverture, un passage, un usage tel ou tel, dans un espace plein. Anton. boucher, colmater.
α) Qqc.4ouvre qqc.2dans qqc.3Sa chute entraîna un des paravents, qui s'abattit sous elle (...) ouvrant dans l'enceinte une blessure intime de ville bombardée, faisant de la chambre secrète un théâtre ouvert aux spectateurs (Cocteau,Enfants,1929, p.189).
Au fig. D'étonnants abats-jour ornés de loups de velours noir apportaient à l'ensemble une note funambulesque. Par la fente des yeux, une lumière rousse ouvrait comme des regards dans l'épaisseur des masques (Carco,Vérotchka,1923, p.195).
β) Qqc.4ouvre qqc.2Les charrues réalisées avec les appareils de culture mécanique (...) sont munies de plusieurs corps et ouvrent par conséquent plusieurs raies à chaque passage (Passelègue,Mach. agric.,1930, p.70).
Au fig. Il y a un certain roman d'elle qui ouvre vers l'avenir des perspectives très-larges (Sand,Hist. vie, t.2, 1855, p.270).
Au part. passé. De Rimbaud à Mallarmé et à Valéry, la poésie française n'a plus dévié de la route ouverte par les Fleurs du mal (Mauriac,Mém. intér.,1959, p.55).
γ) Qqc.4ouvre qqc.2à qqn5.
Au fig. Comme la psychologie de Molière paraît courte auprès des perspectives que nous ouvre l'Évangile (Bremond,Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.290).L'art ici [Saint Grégoire et le Purgatoire de Crespi] devient une vision et semble nous ouvrir une fenêtre sur l'autre monde (Mâle,Art relig.,1932, p.64).
Empl. pronom. réfl. indir. Ils sont six [monstres marins]; leurs nageoires sont vigoureuses, et s'ouvent un passage, à travers les vagues soulevées (Lautréam.,Chants Maldoror,1869, p.209).
δ) Au fig. Qqc.4ouvre qqc.2à qqc.5Fournir un accès ou une issue à quelque chose. Anton. barrer, fermer.La distinction des races humaines est trop inférieure en consistance à la distinction spécifique pour ouvrir à l'induction philosophique des voies assez sûres et assez larges (Cournot,Fond. connaiss.,1851, p.129).
Loc. Ouvrir la voie à qqc. L'automobile et le vélomoteur ouvrent la voie à un individualisme effréné (Fourastié,Gd espoir du XXes.,1969, p.353).
2. [Le compl. désigne un espace plein]
a) [Le suj. désigne l'agent] Faire qu'un espace plein comporte un évidement, une ouverture, un passage. Synon. percer; anton. boucher, colmater, fermer.
α) Qqn1ouvre qqc.3Ouvrir une forêt, un mur, un bois (Ac. 1835-1935). Le laboureur ouvre le sein de la terre, il y jette le blé (Saint-Martin,Homme désir,1790, p.198).[Ces gens] chassent à travers nos blés avec leurs chiens et leurs chevaux, ouvrent nos haies (Courier,Pamphlets pol., Disc. souscr. acquis. de Chambord, 1821, p.80):
6. Lorsqu'on (...) établissait [un monastère] dans la campagne, (...) rien n'était plus facile que d'ouvrir l'enceinte à l'occident pour que la porte se trouvât placée vis-à-vis la façade de l'église. Lenoir,Archit. monast.,1852, p.95.
Spécialement
MÉD., CHIR. Ouvrir un abcès, un phlegmon (ou mot du même parad.). Percer l'abcès, le phlegmon, etc., afin d'en faire sortir les substances infectieuses. Synon. débrider, inciser, percer.Rieux attendait les vaccins et ouvrait les bubons (Camus,Peste,1947, p.1265):
7. ... ni Dupuytren allant ouvrir un abcès à travers une couche épaisse d'encéphale; ni Gensoul, quand il fit la première ablation de maxillaire supérieur, n'avaient (...) l'intellect aussi tendu que M. Bovary quand il approcha d'Hippolyte... Flaub.,MmeBovary, t.2, 1857, p.13.
MARÉCHALERIE, vx. Ouvrir les talons d'un cheval. Percer le pied d'un cheval. Il faut ouvrir les talons d'un cheval à plat, et non en creusant (Ac.1835).
β) P.anal. [L'agent est une force naturelle]
Au part. passé. Il désignait, au loin (...) des taillis ouverts par un coup de vent (Huysmans,En mén.,1881, p.49).
γ) En partic. [Le compl. désigne une partie du corps ou un organe; avec un pron. indiquant le possesseur]
Qqn1ouvre qqc.3à qqn5.Pour vérifier davantage la sensibilité de la surface cérébrale il faudrait lui ouvrir la tête (Janet,Obsess. et psychasth.,1903, p.402).C'est moi qui lui ai fendu la poitrine, C'est moi qui lui ai ouvert la côte (Claudel,Père humil.,1920, iv, 2, p.557).
Au fig. Il inclinerait vers le jansénisme authentique? (...) Ne faudrait-il pas ouvrir les chairs, atteindre jusqu'aux dernières racines d'un mal peut-être bénin, peut-être mortel? (Bremond,Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.452).
Empl. pronom. réfl. indir. S'ouvrir le ventre, le crâne. V. infra ex. de Sue.
Empl. abs. Il faut ouvrir. Synon. opérer. (Dict. xxes.).
[Avec un compl. désignant le moyen ou l'instrument] Qqn1ouvre qqc.3à qqn5avec/de qqc.4La panthère, au passage, lui avait ouvert le ventre d'un coup de patte (Maran,Batouala,1921, p.178).
Emploi pronom. réfl. indir. Après un mûr examen, il s'aperçut que le malheureux s'était ouvert les veines du bras... avec ses dents!!! (Sue,Atar-Gull,1831, p.16).
b) [Le suj. désigne le moyen ou l'instrument] Être ce qui crée un évidement, une ouverture dans un espace plein. Anton. boucher, colmater.
Qqc.4ouvre qqc.3Je reçus (...) une carafe réactionnaire lancée à toute volée (...) qui m'ouvrit proprement la jambe (Fargue,Piéton Paris,1939, p.164).
[Dans un cont. métaph.] L'éperon du navire Ouvre nos champs d'azur (Gautier,Poés.,1872, p.299).
3. [Le suj. désigne l'évidement]
a) Se former en tant qu'évidement, ouverture dans quelque chose, au sein de quelque chose. Anton. se boucher.
α) Empl. pronom.
Qqc.2s'ouvre dans qqc.3
Au fig. Une trouée de lumière s'ouvrait dans la vie sombre de ces pauvres gens (Zola,Germinal,1885, p.1278).
Qqc.2s'ouvre.En passant, nous voyions ces longues rues droites, immenses, s'ouvrir l'une après l'autre sur ce ciel qui blanchissait (Loti,Mon frère Yves,1883, p.45).Des rues s'ouvraient, sinistres, charbonneuses (Arnoux,Gentilsh. ceinture,1928, p.55).
β) Au fig. Qqc.2s'ouvre à qqn5Se présenter en tant qu'ouverture. Une issue meilleure s'ouvrait à lui: il allait se tuer! (Châteaubriant,Lourdines,1911, p.266).Des abîmes s'ouvraient à moi (Arnoux,Algorithme,1948, p.301).
b) Empl. pronom. passif. Se creuser (au moyen de quelque chose). Les tranchées s'ouvrent à la pelleteuse, à la pioche.
4. Empl. pronom. [Le suj. désigne l'espace plein] Devenir troué, se percer. Mais lorsque l'abcès s'ouvre et que le pus en découle, c'est un ulcère (Geoffroy,Méd. prat.,1800, p.251).J'ai recousu mes gants, qui s'ouvraient de tous les côtés (Zola,Conquête Plassans,1874, p.1067).Je venais de le rejoindre, quand les branches s'ouvrent et nous apercevons Philippe, votre ordonnance, qui nous avait surpris (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Ordonnance, 1887, p.1081).
B. − [Le verbe exprime l'existence d'un évidement, d'un passage]
1. [Le suj. désigne l'évidement, le passage ou l'orifice du passage] Constituer un passage, un évidement, de nature telle ou telle, dans un espace plein. Synon. percer, partager.
a) Qqc.2ouvre qqc.3Un landau de louage les emportait (...) par les splendides avenues (...) qui ouvrent la forêt comme un parc de Versailles (A. Daudet, Rois en exil,1879, p.388).Sa figure semblait celle d'un garçon coiffeur, car une raie soignée ouvrait sa chevelure en deux parties égales (Maupass.,Bel-Ami,1885, p.16).Vers le zénith, un clair immense ouvrait les nuages, piqué d'étoiles (Genevoix,Raboliot,1925, p.265).
b) [Le compl. désigne une partie du référent du suj.] L'escalier, les couloirs, ouvraient leurs gueules sombres (Dabit,Hôtel Nord,1929, p.241).Un chemin ouvre sa bouche au ras de la route (Giono,Regain,1930, p.21):
8. ... toute une couture avait cédé (...) vrai entonnoir à un courant d'air ouvrant sur la cuisse du soldat le bâillement d'une poche grotesque. Courteline,Train 8 h 47,1888, 2epart., p.149.
[Avec un compl. désignant le bénéficiaire] Je rode autour de ce cercle [de roches] insurmontable, jusqu'à ce qu'une brèche m'ait ouvert un passage (Dusaulx,Voy. Barège, t.1, 1796, p.139).Le boulevard St-Michel, le boulevard St-Germain m'ouvrent des vides désespérants, que ma mémoire s'exténue à combler (Arnoux,Algorithme,1948, p.7).
c) En partic., empl. pronom.
α) Qqc.2s'ouvre (à/dans qqc.3).Synon. béer.Cyrus Smith (...) s'approchait de ce puits sombre (...) dont l'orifice s'ouvrait au fond du magasin (Verne,Île myst.,1874, p.205).Après Volx, on passe devant une barrière de collines. À un certain endroit s'ouvre l'étroite fente d'un vallon noir de pins (Giono,Solit. pitié,1932, p.74).
β) Qqc.3s'ouvre.Des petits lacs d'un vert glauque s'ouvraient ça et là, glissants et traîtres (A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p.236).Devant eux s'ouvrait un souterrain (Samain,Chariot,1900, p.199).
2. [Le suj. désigne l'espace plein]
a) [Le compl. désigne une partie du référent du suj.] Avoir une ouverture, un évidement (d'une nature ou d'un type tel ou tel). Un pont par où se rue une foule en démence. Arc-en-ciel de carnage, ouvre sa courbe immense (Gautier,Poés.,1872, p.245).L'immense monument [l'Arc-de-Triomphe de l'Étoile] au bout de la longue avenue, ouvrait dans un ciel rouge son arche colossale (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Inutile beauté, 1890, p.1146):
9. ... vous voyez une forêt nouvelle s'étendre sous l'autre, ouvrir ses avenues profondes pénétrées d'une lumière verte et mystérieuse... A. Daudet, Nabab,1877, p.67.
[P.métaph.] Ce sont des églises grasses (...) qui ouvrent à ras de la rizière des bouches plissées, serrant des saints patrons entre leurs lèvres (Giono,Voy. Ital.,1953, p.33).
b) Empl. pronom. Qqc.3s'ouvre.Avoir une ouverture, un évidement (à tel ou tel endroit). Elle affecte la forme d'une enceinte carrée ou rectangulaire s'ouvrant par la grange, enserrant une cour, une habitation et des écuries (Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum., 1921, p.180).
IV. − [Le verbe exprime la relation entre deux ou plusieurs choses envisagée du point de vue de leur déploiement ou de leur écartement; aux indices correspondent respectivement: l'agent ou ce qui en tient lieu (1); l'objet du processus (2)]
A. − [Le verbe exprime un processus de déploiement (de qqc.) ou un processus d'écartement (séparation de diverses choses semblables normalement jointives)]
1. [Le déploiement ne va pas jusqu'à la division de l'objet en parties distinctes]
a)
α) Qqn1/qqc.1ouvre qqc.2Synon. déplier, déployer; anton. fermer, plier, replier.Ouvrir un couteau, un col, un parapluie; ouvrir un livre; ouvrir sa veste, son gilet. Silencieux à son banc, complètement délaissé, le grand Meaulnes avait ouvert son cahier de brouillon (Alain-Fournier,Meaulnes,1913, p.144):
10. Elle ouvrit son vieux manteau que maintenait fermé une broche de verroterie et découvrit ses épaules maigres, bleuies de coups. Dabit,Hôtel Nord,1929, p.132.
Ne jamais ouvrir un livre (p.méton.). Lire peu ou pas du tout. C'est que leurs femmes ouvrent rarement un bouquin. Nous autres, Arméniennes, nous lisons (Farrère,Homme qui assass.,1907, p.176).
En partic. [Le compl. désigne deux choses semblables] Synon. écarter; anton. fermer.La morte (...) ne reprit pas son souffle. Simonin (...) ouvrit avec deux doigts les lèvres blanches de la bouche et souffla délicatement à l'intérieur (Jouve,Scène capit.,1935, p.130).
Loc. Ouvrir les draps. En l'écartant du drap du dessous, rabattre sur le dessus du lit le coin supérieur du drap du dessus pour faciliter l'accès au lit. Il plaçait les allumettes, le bougeoir, un livre, disposait sa camisole, ouvrait les draps (Flaub.,MmeBovary, t.2, 1857, p.117).Reculant, malgré le froid, le moment de se coucher, elle retenait la bonne venue dans sa chambre pour ouvrir les draps (Huysmans,En mén.,1881, p.69).
β) Au fig. [Qqc.2est une idée, un point de vue] J'ai de la peine à t'ouvrir les idées, mais je ne désespère pas (Augier,Contagion,1866, p.403).
Au part. passé. Il laissait courir son imagination sur les larges horizons ouverts par Joseph (Vogüé,Morts,1899, p.364).
γ) Spécialement
ÉLECTR. Ouvrir un circuit. Couper le flux électrique dans un circuit. (Dict. xxes.).
LING., MUS. Ouvrir une voyelle. Prononcer une voyelle en maintenant écartés les organes phonatoires plus qu'il n'est nécessaire. Le chanteur aura soin d'ouvrir ces voyelles un peu plus que ne le comporte la prononciation parlée (Garcia,Art chant,1840, p.50).
LITURG. CATH. Ouvrir la bouche aux cardinaux. Donner pour la première fois la parole à un cardinal dans un consistoire. Le Pape a ouvert la bouche aux cardinaux nouvellement créés (Ac.1835-1935).
MAR. Ouvrir une voile. ,,Disposer une voile de manière qu'elle reçoive le plus de vent sous le plus grand angle`` (Littré). Ouvrir une rade, une baie. S'approcher d'une rade, d'une baie de manière à en voir s'élargir de plus en plus l'ouverture ou l'entrée (d'apr. Soé-Dup. 1906; ds Bonn.-Paris 1859, Gruss 1978). Ouvrir deux amers. Se diriger de manière qu'on voit séparés deux repères dont les images coïncidaient auparavant (d'apr. Will. 1831; ds Bonn.-Paris 1859, Gruss 1978).
ART MILIT. Ouvrir les rangs, les files d'un bataillon (Ac. 1835, 1878). Desserrer les rangs (dans le sens longitudinal).
SPORTS
Sports de ballon. Ouvrir sur qqn. Passer le ballon à un partenaire mieux placé pour l'attaque (d'apr. Petiot 1982). Il reçut la balle de Verriest et, sans la stopper, ouvrit sur Langiller. Cette ouverture inattendue prit la défense espagnole à contre pied (Match,29 janv. 1935, p.10 ds Grubb Sports 1937, p.53).Ils auraient dû ouvrir sur les ailes (L'Auto,1937).
Boxe, escr. Ouvrir sa garde. Relâcher sa garde. (Dict. xixeet xxes.).
TANN. Ouvrir les peaux. Rendre les peaux souples et maniables (d'apr. Littré).
b) [Le compl. désigne une partie du référent du suj.]
α) Qqn1ouvre qqc.2Ouvrir la bouche. Le lion (...) ouvrit une gueule immense et poussa vers Tartarin un formidable rugissement (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p.31).
En partic. [Le compl. désigne deux objets semblables formant unité] Synon. écarter; anton. fermer.Au-dessus des portes (...) des oiseaux bourrés de crin, ouvrant pour un vol immobile leurs ailes couleur de feu (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.565).Le sonneur allait, un bâton à la main, ouvrant et refermant avec régularité ses jambes maigres (Arnoux,Abisag,1919, p.158):
11. «Mais agite tes membres pelviens! agite-les!» Bouvard ouvrait les cuisses, se tordait les flancs... Flaub.,Bouvard, t.1, 1880, p.67.
Loc. Ouvrir les bras à qqn. Il alla prendre Hortense et la baisa au front. Il ouvrit ses bras à son fils, qui s'y jeta désespérément (Balzac,Cous. Bette,1846, p.317).
Au fig. Accueillir quelqu'un (généralement) avec chaleur. Ô mon parent! dites-moi quelque chose, ouvrez-moi les bras (Montherl.,Malatesta,1946, iv, 9, p.536).
[Le compl. désigne un organe des sens]
Qqn1ouvre qqc.2La petite restait en extase devant l'allée aux fleurs (...) c'est une moisson odorante (...) Cadine ouvrait son nez rose avec des sensualités de chatte (Zola,Ventre Paris,1873, p.768).Le vicaire ouvrit les yeux (Bernanos,Soleil Satan,1926, p.132).
Qqn1ouvre qqc.2sur qqn/qqc.Les filles d'ici, sur leur porte, ouvraient sur nous de grands yeux (Michelet,Journal,1858, p.408).
Qqn1ouvre qqc.2à qqc.Ouvrez votre narine aux superbes nausées! (Rimbaud,Poés.,1871, p.103).
Locutions.
Ouvrir l'oeil. Faire attention à ce qui se passe. Synon. se tenir sur ses gardes*.Ça vient toujours du côté qu'on ne surveille pas. Pensez bien à tout; ouvrez l'oeil (Giono,Colline,1929, p.72).Le peuple juif avait la tête dure, sans quoi il aurait compris qu'un Dieu fait homme, réalisant la perfection de l'homme, risquait de passer inaperçu, qu'il fallait ouvrir l'oeil (Bernanos,Journal curé camp.,1936, p.1193).
Ouvrir les yeux à qqn sur qqc. Attirer l'attention de quelqu'un sur quelque chose qu'il n'avait pas remarqué. C'est justement à la faveur de cette épreuve que je compte leur ouvrir les yeux (Aymé,Vogue,1944, p.113).
Ouvrir l'oreille/les oreilles (à qqc.). Écouter, prendre en considération (quelque chose). Il a ouvert les oreilles, l'oreille à ce que je lui ai proposé (Ac.1935).Ils feignirent d'ouvrir l'oreille aux propositions d'aller à Dresde (Sand,Consuelo, t.2, 1842-43, p.326).
Ouvrir la bouche. Parler, prendre la parole. Anton. se taire.Si Paolo Mercanti a l'audace d'ouvrir la bouche, déclara Olivier Laurent, je lui enfonce un tison de fer rouge dans le ventre (Miomandre,Écrit sur eau,1908, p.152).Dès que Malraux ouvre la bouche, son magnétisme faiblit (Mauriac,Journal 2,1937, p.201).
Ouvrir sa gueule (pop.). Parler, exprimer un avis (généralement haut et fort). (Ds France 1907).
Arg. L'ouvrir. Parler, exprimer un avis (généralement haut et fort). Tu comprends donc pas qu'faut jamais l'ouvrir devant les naves? (Bruant1901, p.91).Il ne faut pas bouger, pas l'ouvrir, sans quoi c'est le mitard (Dussort,Journal,1930, p.2).
β) Qqc.1ouvre qqc.2Messagères d'avril, petites hirondelles Mes vierges vous prendront dans un pli de leur robe (...). Le lotus ouvrira son coeur pour vous cacher (Gautier,Comédie mort,1838, p.7).
Qqc.1ouvre qqc.2à qqc./qqn.Quelques asters (...) ouvraient à un air sans soleil leurs fleurs d'un violet triste (Karr,Sous tilleuls,1832, p.205).
c) En partic., empl. pronom. Anton. se fermer.
α) Qqc.2s'ouvre.Les fleurs s'ouvrent. Dès qu'il s'agit d'argent, ses yeux s'enflamment, ses mains s'ouvrent pour recevoir, ou deviennent crochues pour retenir (Sénac de Meilhan,Émigré,1797, p.1598).Elle avait des froideurs de teint (...) des yeux qui s'ouvraient mal comme au sortir du sommeil (Fromentin,Dominique,1863, p.70).Étrange printemps de la Saint-Martin où pointent les bourgeons qui n'auront pas le temps de s'ouvrir (Mauriac,Bloc-Notes,1958, p.89).
En partic. [Le compl. désigne deux choses semblables formant unité] Les paupières [de ma grand'mère mourante] étaient closes et c'est parce qu'elles fermaient mal plutôt que parce qu'elles s'ouvraient qu'elles laissaient voir un coin de prunelle, voilé, chassieux (Proust,Guermantes 2,1921, p.336).Les jambes unies en axe [des danseuses] font tourner le corps, puis s'ouvrent, l'une pour l'action, l'autre pour l'équilibre (Morand,Rococo,1933, p.6).
β) Qqc.2de qqc.1s'ouvre.Ah! n'est-il pas levé, l'astre qui fait s'ouvrir la fleur tardive du safran! (Moréas,Pèlerin pass.,1891, p.88).Les feuilles nouvelles des marronniers s'ouvraient et se dépliaient (Carco,Équipe,1919, p.116).
γ) [Le suj. est sing.] Dans les appareils Lartigue (...) le signal s'ouvre automatiquement aussitôt qu'il est dévérouillé [sic] (Bricka,Cours ch. de fer, t.1, 1894, p.496).
d) Empl. abs. Qqc.2ouvre.Me voyant dans le lit rouge comme une pivoine qui va ouvrir, le médecin vint à moi (Malot,Sans fam.,1878, p.226).
2. [Le déploiement va ou est perçu comme allant jusqu'à la division de l'objet en parties distinctes]
a) [Le suj. désigne l'agent]
α) Qqn1ouvre qqc.2Ouvrir des huîtres. Ouvrir un pâté, un melon, une pomme (Ac. 1835-1935). Avant d'en venir au point d'être obligé d'ouvrir le corps de ces instruments (Maigne, Maugin,Nouv. manuel luthier,1929 [1869], p.128).Quand vos pères avaient de la rente française, Ils ouvraient des melons dans la salle à manger (Jammes,Prem. livre quatrains,1923, p.46).
[Dans un cont. métaph.] L'homme d'autrefois, celui qui l'avait déflorée à peine pubère, il pesait sur elle à cet instant, il l'ouvrait comme un fruit vert et rebelle au couteau (Arnoux,Rossignol napol.,1937, p.83).
β) Qqn1ouvre qqc.2à qqn.Nous nous mîmes, tous deux, à manger des moules. La marchande nous les ouvrait et nous dégustions (G. Leroux, Parfum,1908, p.24).
b) Empl. pronom. [Le suj. désigne qqc. conçu comme une masse]
α) Qqn1s'ouvre.Synon. se diviser.La foule s'ouvrit pour lui laisser faire les cent pas qui le séparaient de la porte de la salle (Stendhal,L. Leuwen, t.3, 1835, p.179).
[Avec indication d'un bénéficiaire] La foule s'ouvrait devant eux avec un empressement mêlé de terreur (Mérimée,Chron. règne Charles IX,1829, p.71).Le petit gendarme avait abordé un groupe assez pacifique d'aspect, et qui de bonne grâce s'ouvrit devant lui (Toulet,J. fille verte,1918, p.293).
β) Qqc.1s'ouvre.Synon. se fendre.Wespasiano (...) se prit à sangloter d'une telle violence que sa poitrine semblait s'ouvrir à chaque coup (Feuillet,Onesta,1848, pp.403-404).Les tourbillons de poussière s'ouvrirent, et les premières files de musiciens débouchèrent dans l'immeuse arène (Gautier,Rom. momie,1858, p.215).Elle avait sous les yeux (...) le ciel d'hiver qui tardait à s'ouvrir (Colette,Pays connu,1949, p.77):
12. Ils étaient criblés de projectiles: sacs troués, gamelles crevées, −l'air en feu, la terre tremblant et s'ouvrant sous leurs pieds. Benjamin,Gaspard,1915, p.66.
Qqc.1s'ouvre en qqc.:
13. ... tout navire qui avait rencontré l'une [de ces mines] s'était ouvert en deux morceaux qui n'avaient pas flotté longtemps. Maurois,Silence Bramble,1918, p.105.
c) Empl. pronom. passif. Être séparable (en tant de parties). Les noix s'ouvrent au casse-noix.
B. − [Le verbe indique que la position relative de deux (plusieurs) choses ou la disposition d'une chose est présentée comme si elle résultait d'un écartement, d'un déploiement]
1. [Le compl. désigne une partie ou un aspect du référent du suj.]
a) [Le compl. désigne des parties du suj.] Qqc.1ouvre qqc.2Synon. déployer, présenter.Des bananiers ouvrent des feuilles qui couvriraient un enfant de douze ans (Taine,Notes Anglet.,1872, p.29).Les croix blanches ou noires ouvraient leurs bras lamentables, leurs bras de fer, de marbre ou de bois, sur le peuple disparu des morts (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Ordonnance, 1887, p.1079).Des glacis (...) ouvraient de tous les côtés des rangées de tuiles en branche d'éventail (Giono,Hussard,1951, p.110).
b) En partic. [Le compl. désigne la forme ou la dimension du suj.] Sur les parois des murs, le globe symbolique ouvrait son envergure démesurée (Gautier,Rom. momie,1858, p.175).Une longue allée d'ormes centenaires ouvrait sa nef étirée (Arnoux,Gentilsh. ceinture,1928, p.170).
2. Empl. pronom. Qqc.2s'ouvre
a) Se présenter sur une (large) portion d'espace dans toute son étendue. Synon. se déployer, s'étaler.Sous leurs yeux une place s'ouvrait, qu'arrondissait en demi-lune une chaîne de becs de gaz tire-bouchonnant dans le pavé (Courteline,Train 8 h 47,1888, 2epart., p.116).Au-delà s'ouvre le pays définitivement enseveli sous l'ombre des dieux (Giono,Eau vive,1941, p.29).Derrière la dame du comptoir qui étageait des chiffres s'ouvrait toute une panoplie d'apéritifs (Morand,Homme pressé,1941, p.10):
14. ... ils regardaient s'ouvrir devant eux la vaste mer métropolitaine, avec ses hautes lames de maisons se succédant à perte de vue. Larbaud, Amants, 1923, p.36.
[Avec un compl. indiquant la manière dont l'espace est occupé] Qqc.2s'ouvre en qqc.Un bouquet de lilas, peint et découpé, qui s'ouvrait en éventail (Goncourt,Soeur Philom.,1861, p.35).Vous considériez d'un coeur sec ces villes assises dans leur plaine, au centre de leurs routes qui s'ouvrent en étoile (Saint-Exup.,Terre hommes,1939, p.180).
b) Cesser d'être ou de paraître étroit, resserré, paraître s'élargir. Synon. s'élargir; anton. se rétrécir, se resserrer.
α) Qqc.2s'ouvre.Si je vois (...) de doux vallons s'ouvrant pour embrasser la mer, je passe (Lamart.,Voy. Orient, t.2, 1835, p.136).L'homme a pullulé de bonne heure sur l'alluvion (...) que le Nil (...) dépose dans la longue vallée qui s'ouvre à partir d'Assouan (Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum.,1921, p.51).Devant eux la forêt et la montagne s'ouvraient sur la plaine (Giono,Chant monde,1934, p.199).
β) Qqc.2s'ouvre vers/sur qqc.Les Pyrénées s'ouvrent vers Bagnères et permettent à l'imagination de placer tout ce qu'elle veut entre ces formidables décorations (Michelet,Journal,1835, p.194).
V. − [Le verbe exprime une relation se rapportant à un processus (ou qqc. qu'on tient comme tel); aux indices correspondent respectivement: l'agent du processus (1); le processus (2); l'entame du processus, sa partie initiale (3)]
A. − [Le suj. désigne l'agent] Entamer, mettre en train un processus. Synon. commencer, débuter; anton. clore, finir, terminer.
1.
a) Qqn1ouvre qqc.2Ouvrir des négociations, une campagne, un chantier. Ouvrir une session parlementaire (Ac. 1935). Thomas (...) ouvrit l'attaque en prenant l'offensive (Cladel,Ompdrailles,1879, p.194).C'est M. Barrachin (R.P.F.) qui a ouvert la discussion dès que M. Edgar Faure eut terminé la lecture de la déclaration ministérielle (Le Monde,19 janv. 1952, p.5, col. 1):
15. ... l'on eut beau ne pas faire d'autopsie et ne pas ouvrir d'enquête, après avoir escamoté les papiers du mort, il subsista des doutes... Clemenceau,Vers réparation,1899, p.205.
Au part. passé. La consultation ouverte par les socialistes français auprès des socialistes italiens, et la réponse de ceux-ci prouvent que cette confiance était juste (Jaurès,Paix menacée,1914, p.18).
b) En partic. [Le compl. désigne un (type d')établissement où se pratique une activité dont bénéficie un public] Mettre en exploitation. Ouvrir un commerce, un restaurant, un cinéma, une école. Je vais ouvrir une maison de banque à Paris pour l'Amérique du Nord (Balzac,Mmede la Chanterie,1850, p.290).La veuve de Claude Bernard, pour réparer les crimes de la physiologie expérimentale, a ouvert un asile de chiens (Ménard,Rêv. païen,1876, p.211).
Ouvrir boutique (v. boutique A 2 a).
[P.méton.] L'hôtel venait d'ouvrir quatre nouveaux appartements en face du Jardin des Tuileries (Fargue,Piéton Paris,1939, p.203).
Qqc.2s'ouvre.Avez-vous visité Florence? On m'assure qu'il s'y est ouvert depuis peu de très beaux magasins, qui sont éclairés le soir (A. France,Lys rouge,1894, p.138).
c) Locutions
Ouvrir le bal*; ouvrir le ban (v. ban1I A 1 b).
Ouvrir la séance. Déclarer qu'une séance est commencée. Le 6, dimanche. −J'ai ouvert la séance à neuf heures (Maine de Biran,Journal,1816, p.220).
d) Spécialement
ART MILIT. Ouvrir le feu. Tirer avec une arme ou une bouche à feu. Des chasseurs à pied (...) par erreur avaient ouvert le feu sur sa compagnie (Céline,Voyage,1932, p.54).
Au fig. V. feu1III B 1.
SPORTS (de ballon). Ouvrir la marque. Inscrire le (les) premier(s) point(s) pour une équipe. Nemès ouvre la marque (L'Auto,11 janv. 1937).
SKI. Ouvrir la/une piste. Parcourir une piste à skis pour en vérifier l'état avant d'en permettre l'accès aux coureurs (d'apr. Petiot 1982).
JEUX DE CARTES
Ouvrir la partie, le jeu. Faire la première vade (Ac. 1798-1878).
Belote, tarot. Ouvrir à + nom de couleur.Faire l'ouverture dans telle ou telle couleur. Ouvrir à trèfle.
Poker. Lancer les enchères et écarter le premier lorsqu'on a la combinaison requise pour faire l'ouverture. Et puis François, il y a toujours le poker... −Une culotte? −Oui, hier soir... un pot de cinq sacs... j'ouvre avec deux as, la dernière à parler... rentrent trois valets... je fonce (Vailland,Drôle de jeu,1945, p.31).V. ouverture B 2 ex. de Alleau 1964.
2. Qqn1ouvre qqc.2par qqc.3Ouvrir la campagne par un siège (Ac.).Sacha Guitry ouvre la saison par deux pièces inédites (Colette,Jumelle,1938, p.7).
B. − [Le suj. désigne la partie initiale du processus] Constituer la première phase d'un processus, être le premier terme de quelque chose. Synon. initier (littér.); anton. clore, terminer.Son nom ouvre la liste (Ac.1835-1935).Deux hommes ouvrent la philosophie au dix-septième siècle et la constituent, Bacon et Descartes (Cousin,Hist. philos. XVIIIes., t.1, 1829, p.226).Le baron du Guénic baisse! Cette phrase ouvrait les conversations dans tous les ménages (Balzac,Béatrix,1839, p.47).M. Larisse déclare (...) que la question d'Alsace-Lorraine pour la France ouvre la question allemande pour la France et pour le monde (Péguy,Argent,1913, p.1302).
Loc. Ouvrir la marche. Être en tête d'un cortège. Les aînés, comme il sied, ouvrirent la marche (Verlaine,OEuvres compl., t.5, Biogr. (Léon Vanier), 1896, p.371).
C. − [Le suj. désigne le processus] Emploi pronom. Commencer, débuter. Anton. se finir, se terminer.
1. Qqc.2s'ouvre.Une guerre, un bal qui s'ouvre. Une drôle d'époque va s'ouvrir (Colette,Pays connu,1949, p.99).Le procès de M. Lambert s'ouvrit à Lille à la fin du mois de mai (Beauvoir,Mandarins,1954, p.289):
16. ... comme le carnaval s'ouvrait le lendemain, il était fort important qu'Albert lançât son prospectus avant cette ouverture. Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.472.
2. Qqc.2s'ouvre par qqc.3L'Évangile s'ouvre admirablement par le tableau de deux ménages où l'on trouve toutes les vertus les plus pures (Dupanloup,Journal,1866, p.276).L'histoire de Port-Royal s'ouvre par un accident, n'est qu'un accident (Bremond,Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.422).Ce morceau s'ouvre par un adagio plein de charme (Prod'homme,Symph. Beethoven,1921, p.460).Le lendemain s'ouvrit par une de ces matinées enchanteresses, telles qu'en offre le printemps (Estaunié,MmeClapain,1932, p.103).
REM.
Ouvrable, adj.,rare. Qu'on peut ouvrir. Synon. ouvrant.Écrin «Gillette» avec contre peigne ouvrable (Catal. jouets [B.H.V.], 1936).
Prononc. et Orth.: [uvʀi:ʀ], (il) ouvre [u:vʀ ̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Fin xes. obrir «faire que ce qui était fermé ne le soit plus» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 324); ca 1100 «déplacer ce qui empêche le libre passage» (Roland, éd. J. Bédier, 2258: De pareïs li seit la porte uverte!); 1remoitié xiiies. «donner accès à» (Guillaume de Palerne, 5091 ds T.-L.: la fenestre..., Qui desor le vergier ouvroit); ca 1485 «rendre accessible» (Myst. du V. Testament, éd. J. de Rothschild, 17684: nous avons boutique ouverte); id. (ibid., 18301: A tous universellement Ouvre les biens de son hostel); b) fig. 1275-80 «découvrir» (Rose, éd. F. Lecoy, 7148); 1461 «rendre capable de pénétration» (Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 95: Travail... M'ouvrist plus que tous les commens d'Averroys sur Aristote); xives. [date ms.] ouvrir la voie (Jean de Meun, Test., Vat. Chr. 367, fo3a ds Gdf. Compl.); 2. ca 1100 «rendre accessible en écartant les éléments» (Roland, 2285: (Uvrit les oilz); 1280 donner a borse overte «donner sans compter» (Clef d'amour, éd. A. Doutrepont, 1485); 1280 d'une lettre (ibid., 697); 1306 «desserrer les rangs d'un groupe» (Guillaume Guiart, Royaux Lignages, éd. de Wailly et Delisle, 14169); 3. ca 1100 «faire une ouverture (d'un corps)» (Roland, 2964: uvrir); 4. 1376 «commencer, introduire» (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, 1, 36: Ces deux cloent et ouvrent l'us Des dames et des damoiselles); fin xves. «mettre en train, commencer (une guerre)» (Froissart, Chron., 2erédaction, éd. Kervyn de Lettenhove, t.2, p.483: que la guerre feust ouverte); 1928 rugby (Miroir des Sports, XVIII, 73b ds R. Ling. rom. t.39, p.209). B. Ca 1210 part. passé adj. «manifeste évident» (Dolopathos, éd. Ch. Brunet et A. de Montaiglon, 9946); 1587 à force ouverte (Lanoue, Discours pol. et militaires, p.259); 1671 faire guerre ouverte à qqn (Pomey); b) 1588 «sincère, franc» (Montaigne, Essais, éd. P.Villey, I, chap. 24, t.1, p.131). D'un lat. pop. *operire «ouvrir» (cf. L'a. prov. obrir xiies. ds Rayn., s.v. apertio, le cat. obrir 1391 ds Alc.-Moll, l'ital. obrire xiiies. ds DEI et différents dial. ital.: v. REW3515), altération du lat. class. aperire «ouvrir; découvrir au sens physique et moral; creuser; dévoiler», prob. sous l'infl. de son anton. cooperire «couvrir» qui a supplanté le verbe simple operire. Fréq. abs. littér.: 20833. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 25544, b) 33135; xxes.: a) 32258, b) 29648. Bbg. Becker 1970, p.234, 326. _Bruneau (Ch.). Romania. 1927, t.53, p.234. _Chautard Vie étrange Argot 1931, p.677. _Quem. DDL t.5, 10.

Wiktionnaire

Verbe - ancien français

ouvrir \Prononciation ?\ transitif (voir la conjugaison)

  1. Ouvrir.
  2. Découvrir.
  3. Énoncer.

Verbe - français

ouvrir \u.vʁiʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’ouvrir)

  1. Faire que ce qui était clos, fermé, ne le soit plus.
    • Les ouvriers ouvrirent la voiture et commencèrent à en tirer toutes les parties constitutives de la guillotine qu’on devait ériger, ici même […] — (Ivan Tourgueniev, L’Exécution de Troppmann, avril 1870, traduction française de Isaac Pavlovsky, publiée dans ses Souvenirs sur Tourguéneff, Savine, 1887)
    • Longtemps, Bert resta assis, seul dans un coin de la cabine de Kurt, ne bougeant pas, ne s’aventurant même pas à ouvrir la porte. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 173 de l’édition de 1921)
    • Elle tenta d’entraîner François et, comme celui-ci l'envoyait paître, elle l’abandonna, ouvrit la porte et la referma violemment. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 49)
    • Ruisselant de sueur, Jimmy tourna la clef dans la serrure, ouvrit la porte, fit entrer Jim et la referma derrière lui. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • La veille de ce mercredi 12 juin, mon ami Maurice Andin, […] avait été arrêté à son domicile et la police y avait laissé un inspecteur. C’est lui qui m’ouvrit la porte lorsque je tombai dans la souricière. — (Henri Alleg, La Question, 1957)
    • (Absolument)Ne m’avez-vous pas dit qu’un instant avant que nous arrivassions, un homme sans chapeau […] était venu frapper à la porte, et qu’on lui avait ouvert ? — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre VIII)
    • (Intransitif) Cette porte n’ouvre jamais. — Ce magasin n’ouvre pas le dimanche.
  2. Donner accès — Note d’usage : Il est alors suivi d’un adverbe de lieu.
    • Cette porte ouvre sur le jardin, sur la cour.
  3. (Figuré) Accueillir dans, recevoir dans.
    • Ouvrir sa maison à quelqu’un. — Elle lui ouvrit son lit.
  4. Écarter ce qui est replié, ce qui est joint ; déployer.
    • Le uhlan mettait pied à terre, ouvrait tranquillement une carte ou un calepin, prenait des notes. — (Paul et Victor Margueritte, Le Désastre, Plon-Nourrit & Cie, 86e édition, page 184)
    • Elle ouvrit chaque lame, passa le doigt sur le fil et les referma lentement. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  5. Entamer, fendre, couper, percer quelque chose.
    • Avec la serpette, elle fend en quatre l’extrémité d’un brin qu’elle engage ensuite dans le fendoir. Un coup de manivelle et le brin s’ouvre en quatre comme une corolle de fleur. — (François Gardi, L’Atelier du vannier, Éditions de Borée, 2004, page 383)
    • Ouvrir un abcès, la veine, le ventre.
  6. Pratiquer une ouverture, une percée.
    • Au XVe siècle, une fenêtre à meneaux fut ouverte dans cette abside, à travers la maçonnerie visigothe. — (Eugène Viollet-le-Duc, La Cité de Carcassonne, 1888)
    • Il avait fait ouvrir une vue sur son voisin, on la lui a fait boucher.
    • On a ouvert beaucoup de chemins, de routes dans cette forêt, dans ce bois.
    • Ouvrir un mur, ouvrir une forêt, un bois.
  7. Commencer à creuser, à fouiller.
    • Ouvrir la tranchée, la terre pour faire un fossé.
    • Ouvrir un canal, une mine, une carrière.
  8. (Sens propre) ou (Figuré) Rendre une chose accessible, en faciliter l’abord, le passage, l’occupation.
    • Ouvrir les ports, les mers, les chemins.
    • Il lui a ouvert l’accès aux dignités.
    • Il m’a ouvert la route de la fortune.
    • Il lui a ouvert la carrière de l’administration.
    • Une belle carrière s’ouvre devant vous.
  9. (Figuré) Commencer ; mettre en route ; débuter.
    • On ouvrit la séance par un sacrifice à Cérès. Des prêtres immolèrent un jeune cochon, et de son sang purifièrent l'enceinte. — (E.-F. Lantier, Voyages d’Anténor en Grèce et en Asie, Paris : chez Belin & chez Bernard, 2e édition revue, an VI, tome 1er, page 5)
    • En ouvrant la séance, M. Hibon, président sortant, adresse ses remerciements pour le grand honneur, qui, dit-il, fut fait à un amateur de présider les travaux de la Société en 1936, puis il prie M. Allorge de lui succéder au fauteuil présidentiel. — (Bulletin de la Société botanique de France, tome 84, séance du 8 janvier 1937, page 1)
    • Ouvrir la campagne par un siège, par une bataille.
    • La succession est ouverte.
    • Ouvrir le scrutin, un cours de médecine.
    • Ouvrir la dispute. — Son nom ouvre la liste.
    • Ouvrir le bal, une exposition, une foire.
    • Ouvrir un magasin, une banque, de nouvelles écoles, une boutique.
  10. (Pronominal) Se confier à quelqu’un, lui déclarer ce qu’on pense sur quelque chose.
    • Il ne s’était jamais ouvert de cela à personne.
    • « Vous écrivez, cela devait être. Que vous en fassiez un secret pour ceux qui vous entourent, c’est une timidité que je comprends, et je vous sais d’autant plus gré de vous ouvrir à moi. » — (Eugène Fromentin, Dominique, L. Hachette et Cie, 1863, réédition Gründ, page 96)
    • Madame de Matefelon ne se tint pas de s’en ouvrir à M. l’abbé Puce, curé de Montsoreau. — (René Boylesve, La leçon d’amour dans un parc, Calmann-Lévy, 1920, collection Le Livre de Poche, page 30)
    • L’acharnement de Monique risquait de troubler le cours paisible de l’existence de Me Valfroicourt qui résolut d’aller s’ouvrir de ses soucis à sa femme. — (Charles Exbrayat, Au « Trois cassoulets », Le Masque, Librairie des Champs-Élysées, 1971, page 12)
    • Pour ne m'en être ouvert à personne, même à Bertille, faute de preuve, je m'en doutais depuis longtemps. — (Hervé Bazin, Cri de la chouette, Grasset, 1972, réédition Le Livre de Poche, page 237)
  11. (Pronominal) Devenir ou être ouvert.
    • À cet instant, la porte de la rue s’ouvrit et un homme encore jeune, visiblement saoul, entra. C’était le comique du quartier. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • Dans l’intérieur, qui paraissait impraticable, des routes se sont miraculeusement ouvertes, parcourues aussitôt par des automobiles. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
  12. (Parfois) Avoir son issue ou son débouché.
    • Les ravins dont la réunion forme la vallée de la Bresle qui s'ouvre dans la Manche, au-dessous de la ville d’Eu , commencent par des plis de terrain dans les bois de Formerie et à Secqueville , dépendance contiguë de Bouvresse : […]. — (Louis Graves, Essai sur la topographie géognostique du département de l'Oise, Beauvais : chez Achille Desjardins, 1847, page 117)
  13. (Pronominal) Se blesser.
    • S’ouvrir le bras.
  14. (Pronominal) Éclore, en parlant d'une fleur ou d'un bourgeon.
    • Le platycodon, que l'on connaît peu, appartient à la famille des campanulacées. Ses boutons bien ronds donnent en s'ouvrant de magnifiques fleurs bleues et sucrées. — (Alice Caron Lambert et ‎Jacques Denarnaud, La cuisine des fleurs: les recettes d'Alice, ACR Édition, 1995, page 12)
  15. (Sylviculture) Diminuer le couvert et, ce faisant, augmenter la quantité de lumière atteignant le sol et les troncs.
    • Suivre les référentiels en nombre de tiges conduirait alors à ouvrir excessivement les peuplements sans l’effet espéré sur le diamètre et, probablement, à favoriser l’apparition de gourmands et de branches basses sur la bille de pied. — (Thierry Sardin, Chênaies continentales, Office national des forêts, 2008, ISBN 978-2-84207-321-3 → lire en ligne)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

OUVRIR. (J'ouvre; nous ouvrons. J'ouvrais. J'ouvris. J'ouvrirai. J'ouvrirais. Ouvre. Que j'ouvre. Que j'ouvrisse. Ouvert.) v. tr.
Faire que ce qui était clos, fermé, ne le soit plus. Ouvrir une chambre. Ouvrir une armoire, un coffre. Ouvrir une caisse, un paquet. Ouvrir une lettre. Ouvrir une porte, une fenêtre, une grille, une barrière. Cette clef ouvre plusieurs serrures. Ouvrir le robinet d'une fontaine. Ouvrir des écluses. Ouvrez les rideaux. Ouvrir sa boutique. Cette porte s'ouvre mal. Absolument, Ouvrir à quelqu'un. Ouvrez, c'est moi. Les marchands n'ouvrent pas les jours de fête. Intransitivement, Cette porte n'ouvre jamais. Ce magasin n'ouvre pas le dimanche. Cette porte ouvre sur le jardin, sur la cour, Elle donne accès dans le jardin, dans la cour. Fig., Ouvrir sa maison à quelqu'un, L'accueillir, le recevoir chez soi. Fig., Ma porte vous est ouverte, Vous pouvez me voir quand vous voudrez. Fig., Ouvrir sa bourse à quelqu'un, Lui offrir de l'argent. Fig., Ouvrir la porte aux abus, aux désordres, etc., Donner lieu, donner occasion aux abus, aux désordres.

OUVRIR signifie aussi Écarter ce qui est replié, ce qui est joint. Ouvrir des noix. Ouvrir des huîtres. Les fleurs s'ouvrent. Ouvrir un livre. Ouvrir les rangs. Ouvrir la bouche, les yeux. Ouvrir les bras, les mains. Fig., Ouvrir les bras à quelqu'un, L'accueillir avec empressement. Je l'ai reçu à bras ouverts. Fig., Ouvrir la bouche, Parler. Il n'ose pas ouvrir la bouche. Fig., J'avais la bouche ouverte pour vous le dire, J'allais vous en parler. Le pape ouvre la bouche aux cardinaux nouvellement créés se dit en parlant de la Cérémonie par laquelle le pape donne aux cardinaux le droit de parler dans les consistoires. Fig., Ouvrir les yeux, Regarder en redoublant d'attention. Ouvrez bien les yeux, et vous verrez que cette nuance est plus claire que l'autre. Il signifie aussi Voir, découvrir des choses qu'on n'avait pas remarquées auparavant. Il a ouvert les yeux sur les défauts de son fils. Fig. et fam., Ouvrir de grands yeux, Voir, regarder avec surprise avec curiosité. Fig., Ouvrir les yeux, faire ouvrir les yeux à quelqu'un sur quelque chose, Lui faire apercevoir certains aspects d'une chose, certains traits ou certains détails qui lui avaient échappé. Ce que je lui ai dit lui a ouvert les yeux, lui a fait ouvrir les yeux. Fig., Ouvrir l'œil, Prendre garde. Fig., Dormir les yeux ouverts, Dormir à moitié, somnoler. Il signifie aussi Rester en éveil. Fig., Ouvrir les oreilles, l'oreille, Écouter attentivement. Ouvrez bien vos oreilles, Je vais vous raconter quelque chose d'intéressant. Il signifie encore Écouter favorablement une proposition par quelque motif d'intérêt. Il a ouvert les oreilles, l'oreille à ce que je lui ai proposé. Fig. et fam., Ouvrir ses oreilles toutes grandes, Écouter avec étonnement, avec curiosité, avec une attention extrême. Par extension et fig., Ouvrir l'esprit, Le rendre plus capable de connaître, de comprendre, de penser. Deux ou trois ans d'étude lui ont bien ouvert l'esprit. L'usage du monde et les voyages ouvrent l'esprit. Fig., Ce mets ouvre l'appétit, Il donne de l'appétit, il excite l'appétit.

OUVRIR signifie aussi Entamer fendre, couper, percer quelque chose. Ouvrir un pâté. Ouvrir un melon. Ouvrir une pomme. Ouvrir un abcès. Ouvrir la veine. Ouvrir le ventre. Il signifie aussi Pratiquer une ouverture une percée. On a ouvert une porte, une fenêtre dans ce mur. Il avait fait ouvrir une vue sur son voisin, on la lui a fait boucher. On a ouvert beaucoup de chemins, de routes dans cette forêt, dans ce bois. On dit dans le même sens Ouvrir un mur, ouvrir une forêt, un bois. ouvriR signifie aussi Commencer à creuser, à fouiller. Ouvrir la tranchée. Ouvrir la terre pour faire un fossé. Ouvrir un canal. Ouvrir une mine. Ouvrir une carrière.

OUVRIR signifie aussi, tant au propre qu'au figuré, Rendre une chose accessible, en faciliter l'abord, le passage, l'occupation. Ouvrir les ports, les mers, les chemins. Ouvrir à quelqu'un le chemin des honneurs. Il lui a ouvert l'accès aux dignités. Il m'a ouvert la route de la fortune. Il lui a ouvert la carrière de l'administration. Une belle carrière s'ouvre devant vous. Rade ouverte, Celle qui n'est entourée qu'en partie par des terres élevées et qui est battue par la mer et les vents venant du large. Pays ouvert, Celui que ne protège aucune défense naturelle. Ville ouverte, Ville qui n'est pas fortifiée. Tenir table ouverte, Avoir sa table toujours prête à recevoir des convives qui arrivent inopinément. Fig., S'ouvrir à quelqu'un, Lui confier, lui déclarer ce qu'on pense sur quelque chose. Il ne s'était jamais ouvert de cela à personne. Il s'en ouvrit à son ami. Fig., Ouvrir son cœur, son âme à quelqu'un, Lui confier ses sentiments. Ouvrir son cœur, son âme à quelque chose, La laisser entrer dans son cœur, dans son âme. Ouvrir son cœur à l'espérance. Fig., Parler à cœur ouvert, Parler franchement, sincèrement. On dit dans le même sens Caractère ouvert. Visage ouvert. Physionomie ouverte. Guerre ouverte, Guerre déclarée.

OUVRIR signifie encore, figurément, Commencer, mettre en train. Ouvrir la campagne par un siège, par une bataille. Ouvrir une session parlementaire. La séance est ouverte. La succession est ouverte. Ouvrir le scrutin. Ouvrir un cours de médecine. Ouvrir le jubilé. Ouvrir la dispute. Son nom ouvre la liste. Ouvrir le bal. Ouvrir une exposition, une foire. Ouvrir un magasin. Ouvrir une banque. Ouvrir de nouvelles écoles. Ouvrir boutique. Fig., Les paris sont ouverts se dit à propos d'une Affaire incertaine, sur laquelle il y a des opinions différentes et qui doit se décider à bref délai. Ouvrir le feu, Commencer à tirer avec des armes à feu. Il signifie figurément Prendre le premier la parole dans une discussion. La chasse est ouverte se dit de l'Époque où il est permis de chasser. Intransitivement, La chasse ouvrira de bonne heure. Fig., Ouvrir sa maison, Commencer ou recommencer à recevoir. Ouvrir un avis, Être le premier à proposer un avis. Ce fut tel conseiller qui ouvrit cet avis. Quand on eut ouvert cet avis, tout le monde s'y rangea. En termes de Commerce, Ouvrir un compte à quelqu'un, Porter sur ses livres le nom d'une personne avec qui on entre en relations d'affaires. Ouvrir un crédit à quelqu'un, L'autoriser à prendre à une caisse jusqu'à concurrence d'une certaine somme. On lui a ouvert un crédit de cent mille francs sur le Trésor. Il m'a ouvert chez son banquier un crédit illimité. On dit de même Avoir un crédit ouvert.

À CŒUR OUVERT, loc. adv. Sans déguisement, avec abandon. Il m'a parlé à cœur ouvert.

À BRAS OUVERTS, loc. adv. Avec empressement, avec cordialité. Il m'a reçu à bras ouverts.

À LIVRE OUVERT, loc. adv. Sans préparation, sans étude préalable. Chanter, accompagner à livre ouvert. Expliquer un auteur à livre ouvert.

À BUREAUX OUVERTS, loc. adv. T. de Finance et de Commerce. Le caissier paie à bureaux ouverts, Dès qu'on se présente. Par extension, en termes de Théâtre, Représentation à bureaux ouverts se dit d'une Représentation pour laquelle on peut louer des places, par opposition à Représentation à bureaux fermés.

Littré (1872-1877)

OUVRIR (ou-vrir), j'ouvre, tu ouvres, il ouvre, nous ouvrons, vous ouvrez, ils ouvrent ; j'ouvrais ; j'ouvris ; j'ouvrirai ; j'ouvrirais ; ouvre, ouvrons ; que j'ouvre, que nous ouvrions ; que j'ouvrisse ; ouvrant, ouvert v. a.
  • 1Écarter ce qui empêche d'entrer, de pénétrer, de voir ; faire que ce qui était clos ne le soit plus. Ouvrir une fenêtre, une armoire. Ouvrir le robinet d'une fontaine. Ouvrir le rideau. À ces mots le corbeau ne se sent pas de joie, Et, pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie, La Fontaine, Fabl. I, 2. Quiconque de vous deux n'ouvrira pas la porte N'aura point à manger de plus de quatre jours, Molière, Éc. des f. I, 2. Il ouvre un œil mourant qu'il referme soudain, Racine, Iph. V, 6.

    Ouvrir, pris absolument, signifie ouvrir la porte. On ouvre chez Médée, ôtez-vous de sa vue, Corneille, Médée, I, 3. C'est monsieur ; Ouvre vite. - Ouvre, toi, Molière, Éc. des f. I, 2.

    Fig. Des lumières imperceptibles et successives dissipèrent une partie de ces nuages dont il était environné [le protestantisme] ; il demanda et il reçut, il frappa et on lui ouvrit, Fléchier, le Tellier.

    Ouvrir, pris absolument, pour ouvrir sa boutique, son magasin. Ce marchand n'a pas encore ouvert. Les marchands n'ouvrent pas les jours de fête.

    On dit qu'une ville ouvre ses portes, quand elle se rend ou se soumet. Une conduite si modérée et si habile lui fit ouvrir les portes des villes sans le secours des armes, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. X, p. 183, dans POUGENS.

    Fig. Ouvrir la porte, donner accès. Ouvrir la porte aux abus, aux désordres. Il [Théodose] venait le conjurer de rompre ses liens, et de lui ouvrir la porte du salut, au nom de Jésus-Christ, qui a ouvert celle de sa miséricorde aux pécheurs qui se repentent sincèrement, Fléchier, Hist. de Théodose, IV, 10.

    Ouvrir une maison, en ouvrir les portes.

    Fig. Ouvrir sa maison à quelqu'un, l'accueillir chez soi. Ô gens durs, vous n'ouvrez vos logis ni vos cœurs, La Fontaine, Phil. et Bauc. Chère amie, ouvrez-moi votre maison sans crainte ; elle est pour moi le temple de la vertu, Rousseau, Hél. VI, 7.

    Dans l'antiquité, ouvrir un asile, recevoir sous la protection d'un lieu consacré ou même d'une ville. Tous ceux qui avaient pu se sauver du carnage général de l'Asie s'étaient réfugiés à Rhodes, qui les reçut avec joie et leur ouvrit un asile qui les mit en sûreté, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. X, p. 437, dans POUGENS. D'une foule de brigands ou esclaves fugitifs à qui Romulus avait ouvert un asile, vous voyez naître les maîtres du monde, Condillac, Étud. hist. I, 1.

    Ouvrir une bourse, défaire ce qui la ferme.

    Fig. Ouvrir sa bourse à quelqu'un, lui offrir de l'argent.

    Fig. Ouvrir la main, dépenser de l'argent. Sachez cependant que, quand j'ouvre tout à fait la main libérale, je tiens un peu plus fermée la main qui est la gardienne de la maison et la sœur économe, Ducis, Correspondance, 11 oct. 1813.

    Ouvrir la bouche, écarter les deux mâchoires.

    On dit de même : Ouvrir le bec. Du goujon ! c'est bien là le dîner d'un héron ! J'ouvrirais pour si peu le bec ! aux dieux ne plaise ! Il l'ouvrit pour bien moins, La Fontaine, Fabl. VII, 3.

    Fig. Ouvrir la bouche, parler. Au moment que j'ouvre la bouche pour célébrer la gloire immortelle de Louis de Bourbon, prince de Condé, Bossuet, Louis de Bourbon.

    Ouvrir la bouche à quelqu'un, le faire parler. Le vôtre [intérêt] toutefois m'ouvrira seul la bouche, Corneille, Nicom. II, 3.

    Ouvrir la bouche, se dit de la cérémonie par laquelle le pape autorise les cardinaux à prendre la parole dans les consistoires. Je [Louis XV] serai très ravi que vous m'en donniez [des conseils] ; ainsi je vous ouvre la bouche, comme le pape aux cardinaux, et vous permets de me dire ce que votre zèle et votre attachement pour moi et mon royaume vous inspireront (1742), Corresp. de Louis XV et de Noailles, t. I, p. 11.

    Ouvrir les yeux, écarter les paupières qui étaient rapprochées. Je n'ouvre plus les yeux que pour verser des pleurs, Quinault, Agrippa, II, 2.

    Ouvrir les yeux, s'éveiller.

    Dans le langage biblique, ouvrir les yeux des aveugles, rendre la vue à ceux qui l'ont perdue. Il [le Messie] doit… ouvrir les yeux aux aveugles, et rendre la santé aux infirmes, Pascal, Prophét. 21, éd. FAUGÈRE.

    Fig. Ouvrir les yeux, faire attention à. Il savait comme on perd son bien par négligence, Qu'il faut ouvrir les yeux…, Régnier, Sat. VIII. Il m'est venu des scrupules, madame, et j'ai ouvert les yeux de l'âme sur ce que je faisais, Molière, D. Juan, I, 3. Ouvrez les yeux, chrétiens, contemplez ces augustes tribunaux où la justice rend ses oracles, Bossuet, le Tellier. Hélas ! ce fut encor dans ce temps odieux Qu'aux offres des Romains ma mère ouvrit les yeux, Racine, Mithr. I, 1. Cependant je rends grâce au zèle officieux Qui sur tous mes périls vous fait ouvrir les yeux, Racine, Athal. I, 1. Ouvrez les yeux, seigneur, et songeons entre nous Par combien de raisons Bérénice est à vous, Racine, Bérén. III, 2.

    Terme de marine. Ouvre l'œil ! recommandation aux hommes du bossoir de faire toute l'attention possible à ce qui se passe au dehors du bâtiment.

    Fig. Ouvrir les yeux, surveiller. Un prince zélé pour la justice nomme un principal et universel magistrat, capable de contenter ses désirs ; l'infatigable ministre ouvre des yeux attentifs sur tous les tribunaux, Bossuet, le Tellier.

    Fig. Ouvrir les yeux, devenir clairvoyant. Les hommes ouvraient les yeux de plus en plus pour connaître l'aveuglement où l'idolâtrie les avait plongés, Bossuet, Hist. II, 7. Soyez sûr que nous tendrons tant de piéges à Moncade, qu'à la fin nous ferons ouvrir les yeux à Lucinde, Baron, Homme à bonnes fort. III, 2.

    Fig. Ouvrir les yeux, s'apercevoir qu'on était dans l'erreur. Les gentils ouvrent les yeux et s'unissent en esprit aux Juifs convertis, Bossuet, Hist. II, 7. Si à ce coup vous n'ouvrez les yeux, vous les aurez bien assoupis, Bossuet, 1er avert. 1. Un si noble présent me fit ouvrir les yeux, Racine, Bajaz. V, 4.

    Ouvrir les yeux à la vérité, la reconnaître.

    Fig. Ouvrir les yeux à quelqu'un, l'éclairer, le rendre clairvoyant. La raison et le temps m'ouvrent assez les yeux, Et l'âge ne fera que me les ouvrir mieux, Corneille, Nicom. II, 3. Vous en savez beaucoup, ma sœur, et vos mérites Vous ouvrent fort les yeux sur ce que vous valez, Corneille, Agés. II, 1. Saint Augustin nous apprend qu'il est utile aux superbes de tomber, parce que leur chute leur ouvre les yeux, Bossuet, Panégyrique, St Pierre, 2. Vous dites que je vous ai ouvert les yeux sur Protésilas, Fénelon, Tél. XII. Ce mauvais succès ouvrit les yeux à Tigrane, et le fit revenir de son ivresse, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. X, p. 214, dans POUGENS.

    Ouvrir des yeux grands comme une salière, ou, simplement, ouvrir de grands yeux, regarder d'un air ébahi, être très étonné. Il ouvrait de grands yeux à mesure qu'on lui contait chaque circonstance, Hamilton, Gramm. 8. Je ne sors pas d'admiration et d'étonnement à la vue de certains personnages que je ne nomme point : j'ouvre de fort grands yeux sur eux, je les contemple, La Bruyère, III. Les deux marchands ouvrirent de grands yeux, et parurent fort surpris, Lesage, Gil Blas, V, 1. Là où le vulgaire rit, le philosophe admire ; et il rit où le vulgaire ouvre de grands yeux stupides d'étonnement, Voltaire, Dict. phil. Montagne.

    Fig. Ouvrir les oreilles, écouter attentivement, et aussi accueillir favorablement une proposition, etc.

    Fig. Ouvrir de grandes oreilles, entendre, écouter avec étonnement.

    Fig. Ouvrir l'esprit, le rendre capable de mieux comprendre. Le meilleur moyen de se rendre habile, c'est de s'entretenir souvent des choses qui ouvrent l'esprit, Méré, Conversations, dans RICHELET. J'ouvre l'esprit, et rends le sexe habile à se garder de ces piéges divers, La Fontaine, Scam. Corbinelli vous répondra… sur le goût amer ou doux… je n'entends pas bien… il m'a promis de m'ouvrir l'esprit là-dessus, Sévigné, 26 août 1676.

    Fig. Ouvrir le cœur, le rendre accessible aux bons sentiments. Il y a cinq ou six endroits dans votre dernière lettre qui sont d'un éclat et d'un agrément qui ouvrent le cœur, Sévigné, 8 janv. 1674.

    Ouvrir le cœur, signifie aussi disposer favorablement. La noblesse de ses expressions [de Louis XIV] vient de celle de ses sentiments… pendant qu'il parle avec tant de force, une douceur surprenante lui ouvre les cœurs, et donne je ne sais comment un nouvel éclat à la majesté qu'elle tempère, Bossuet, Mar.-Thér.

    Ouvrir son cœur, son âme à quelqu'un lui confier ses plus secrets sentiments. Et si tu veux enfin que je t'ouvre mon âme, Corneille, Hor. IV, 5. Quoi ! Cinna ! … quoi ! Maxime ! … à qui j'ouvrais mon cœur, Corneille, Cinna, IV, 1. Elle ouvre assez bien son cœur sur les chapitres les plus délicats, Sévigné, 142. Il me sera difficile d'oublier tous ces lundis où j'avais le plaisir de vous ouvrir mon cœur sur toute sorte de sujets, Maintenon, Lett. au card. de Noailles, 24 oct. 1700. Mon cœur vous fut ouvert tant qu'a vécu mon père, Racine, Bérén. III, 1. Je t'ai ouvert mon cœur ; songe que tu le perces du coup de la mort, si tu laisses entrevoir l'état où je suis, Voltaire, Écoss. I, 5.

    On dit dans le même sens : ouvrir sa pensée, ses secrets, ses sentiments, son intention. Et songez qu'il est temps de m'ouvrir vos pensées, Corneille, Sur. II, 2. Parlez, duc, et sans peine ouvrez-moi vos secrets, Rotrou, Venc. III, 2. Non, non, ma fille ; vous pouvez, sans scrupule, m'ouvrir vos sentiments, Molière, Am. magn. IV, 1. C'est à quoi j'ai songé, Et je vous veux ouvrir l'intention que j'ai, Molière, F. sav. II, 8.

    Ouvrir son cœur, son âme à quelque chose, s'y laisser aller. Si vous ouvrez votre âme à ces impressions, Corneille, Cinna, II, 1. Il n'ose ouvrir son âme à l'espérance, Sévigné, 412. Pour ouvrir votre cœur à la parole de vie, Massillon, Carême, Parole.

    Fig. Ouvrir l'appétit, le rendre plus vif. Il [M. Fagon] prétend que leur effet naturel [des eaux de Bourbon] est d'ouvrir l'appétit et de rendre les forces ; quand elles font le contraire, il faut y renoncer, Racine, Lett. 12e à Boileau.

  • 2 Terme de marine. Ouvrir une voile, la disposer de manière qu'elle reçoive le vent sous un plus grand angle.

    Ouvrir une batterie, enlever les mantelets de sabord.

    Ouvrir l'arrière, l'avant d'un navire, en abaisser les murailles.

    Ouvrir une rade, un port, permettre l'entrée de cette rade, de ce port.

  • 3Pratiquer une ouverture, une percée. On a ouvert une porte, une fenêtre dans ce mur. Ouvrir une vue sur son voisin.

    Fig. et absolument. Désobstruer. Où va-t-on prendre que des eaux qui ne font qu'ouvrir, soient propres à rajuster et à resserrer ce qui est relâché et insensible ? Sévigné, 28 sept. 1689.

    Ouvrir un mur, y faire une percée.

    On dit de même : ouvrir une forêt, un bois.

  • 4Fendre, entamer. Ouvrir un pâté. Ouvrir un abcès.

    Ouvrir la veine, pratiquer une saignée.

    Ouvrir les veines, donner la mort en ouvrant les vaisseaux aux poignets et aux jarrets ; genre de mort usité chez les Romains de l'Empire.

    Ouvrir quelqu'un, ouvrir son corps après sa mort.

    Poétiquement, ouvrir le flanc, donner la mort avec une arme tranchante. Il vient d'ouvrir le flanc dont il reçut la vie, Voltaire, Fanat. V, 1.

    Terme militaire. Ouvrir l'ennemi, ouvrir une troupe, l'enfoncer.

  • 5Commencer à creuser, à fouiller. Ouvrir une carrière, un canal. Pendant que ceux de Chalcédoine ne songeaient qu'à garder leurs remparts, il ouvrit, à trois quarts de lieue de la ville, une mine souterraine…, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. XI, 2e part. p. 529, dans POUGENS. Les relations de la Chine nous parlent de la cérémonie d'ouvrir les terres que l'empereur fait tous les ans ; on a voulu exciter les peuples au labourage par cet acte public et solennel, Montesquieu, Esp. XIV, 8. Le peuple découvert par M. Pallas près du Jenisca et qui ouvrit les mines dans le sein de la terre avec des instruments de cuivre avant l'invention du fer, Bailly, Atlantide, Lett. 24. Lorsque les naturels du pays virent ouvrir de profondes tranchées et employer le ciment, ils dirent que leurs tyrans creusaient des tombeaux pour s'enterrer, Raynal, Hist. phil. VII, 31.

    Terme de guerre. Ouvrir la tranchée, faire les premiers travaux pour établir des tranchées autour d'une place assiégée. Vous saurez que c'est le régiment de Picardie et point du tout celui de Champagne, qui a ouvert la tranchée, où personne n'a été blessé, Sévigné, 11 oct. 1688.

    Poétiquement. Ouvrir des abîmes, se dit de la terre, de la mer qui se fend. Quoi ! pour noyer les Grecs et leurs mille vaisseaux, Mer, tu n'ouvriras pas des abîmes nouveaux ! Racine, Iph. V, 4.

    Fig. À moins que, cheminant ainsi dans la profondeur et les ténèbres, il [Dubois] ne vît jour à mieux en ouvrant un autre boyau, Saint-Simon, 390, 14.

  • 6Diviser une chose, en séparer les parties contiguës. Ouvrir des noix. La justice… Demande l'huître, l'ouvre, et l'avale à leurs yeux, Boileau, Épître II.

    Ouvrir les rangs, se dit d'une troupe qui écarte ses files pour laisser passer.

    Ouvrir une lettre, en défaire le cachet. J'embrasse Grignan, et le supplie de m'excuser si j'ai ouvert la lettre de Mme de Guise : j'ai voulu voir son style ; m'en voilà contente pour jamais, Sévigné, 182. Il ouvre la lettre d'une main tremblante, Voltaire, Zadig, 8.

    Ouvrir les lettres, les décacheter dans les bureaux de poste par ordre supérieur en violation du secret des lettres, ou par abus de confiance. Il paraît que Votre Majesté n'avait pas encore reçu le petit monument… en voici donc une copie que je hasarde encore dans ce paquet ; je le recommande à Dieu, aux houssards et aux curieux qui ouvrent les lettres, Voltaire, Lett. Roi de Prusse, 27 mars 1759. Votre Majesté sait que toutes les lettres, et à plus forte raison les siennes, sont ouvertes peut-être en dix endroits depuis Berlin jusqu'à Paris, D'Alembert, Lett. au roi de Pr. 30 janv. 1778.

    Ouvrir un livre, en écarter la couverture, pour le lire. Je ne finirais jamais, si je voulais rapporter les négligences, l'inexactitude, les affectations, les singularités du traducteur [le P. Simon] ; on ne peut presque ouvrir son livre sans y trouver de nouvelles fautes, Bossuet, 2e instr. sur les passages, conclusion. La vie des saints est en mépris : Grenade, Rodriguès, Saint-François de Sales sont à peine ouverts, Maintenon, Lett. au card. de Noailles, 19 fév. 1701. Il n'y a qu'à ouvrir les lois saliques et ripuaires pour voir que les Romains ne vivaient pas plus dans la servitude chez les Francs que chez les autres conquérants de la Gaule, Montesquieu, Esp. XXX, 10. M. de Luzanne, d'un air froid et distrait, ouvrait quelques brochures posées sur la cheminée, Genlis, Veillées du chât. t. I, p. 429, dans POUGENS.

    Écarter, séparer. Ouvrir les bras, les jambes. Daignez m'ouvrir vos bras pour la dernière fois, Racine, Iphig. V, 3. À cet infortuné daignez ouvrir les bras ; Dites du moins : mon fils, Brutus ne te hait pas, Voltaire, Brutus, V, 7.

    Fig. Ouvrir les bras à quelqu'un, l'accueillir avec bonté.

    Terme militaire. Ouvrir les rangs, les espacer à une distance déterminée.

  • 7Ouvrir la poitrine, rendre la poitrine aussi large que possible en effaçant les épaules. Les exercices ouvrent la poitrine.
  • 8Rendre libre, permettre l'accès. Ouvrir une issue. S'ouvrir un passage. Quand elle [la mort] ouvre le ciel, peut-elle sembler dure ? Corneille, Poly. II, 6. Ouvrez-moi seulement les chemins d'Arménie, Corneille, Nicom. V, 7. …Comme s'ils pouvaient anéantir l'éternité… cependant cette éternité subsiste ; et la mort, qui la doit ouvrir…, Pascal, Pens. IX, 2, éd. HAVET. Il ranima les citoyens par sa présence [dans une peste]… et, par une exacte police qui coupait les communications mortelles pour en ouvrir de salutaires, il sauva ce peuple qui avait perdu toute espérance de santé, Fléchier, Duc de Mont. Il arriva dans le monde un événement qui détermina Valens son frère à ouvrir le Danube, Montesquieu, Rom. 17. Il [Pierre le Grand] voulait joindre par des canaux, dont il dressa le plan, la Duine, le Volga, le Tanaïs, et s'ouvrir des chemins nouveaux de la mer Baltique au Pont-Euxin et à la mer Caspienne, et de ces deux mers à l'Océan septentrional, Voltaire, Charles XII, I. Les voyages tentés sur la mer Glaciale n'ont pas encore ouvert une route de l'Europe et de l'Asie à l'Amérique, Buffon, Not. just. Ép. nat. Œuvr. t. XIII, p. 329, dans POUGENS. Des ports commodes semblaient leur ouvrir la mer, Condillac, Hist. anc. I, 9.

    Ouvrir l'entrée, écarter ce qui empêche d'entrer. Voilà donc de ces lieux ce qui m'ouvre l'entrée, Racine, Bajaz. I, 1.

    Fig. Il ne fallait qu'en ouvrir l'entrée [des affaires] à un génie si perçant, pour l'introduire bien avant dans les secrets de la politique, Bossuet, le Tellier.

    S'ouvrir l'entrée, écarter pour soi-même ce qui empêche d'entrer. Le pontife [juif] s'ouvrait l'entrée dans le sanctuaire par le sang des animaux ; mais Jésus-Christ y devait entrer par son propre sang, Bossuet, Méd. sur l'Év. la Cène, 78e jour.

    Ouvrir un pays, en faciliter l'entrée. La Sardaigne que la révolte ouvrit aux Romains, Bossuet, Hist. I, 8.

    Fig. Il apporta ce même esprit dans le conseil, où l'autorité du prince, qu'on y exerce avec un pouvoir plus absolu, semble ouvrir un champ plus libre à la justice, Bossuet, le Tellier. Il a ouvert les grandes routes [en mathématiques], mais il pouvait encore ou y servir de guide, ou en ouvrir de nouvelles, Fontenelle, Leibnitz. Il [M. Halley] a ouvert le chemin des richesses par tout ce qu'il a fait en faveur de la navigation, et il a ajouté à cette gloire celle de n'avoir jamais rien fait pour s'enrichir, Mairan, Eloges, Halley. La première route que s'ouvre M. Halley le conduit à tout ce qu'il y a de plus caché et de plus subtil en astronomie, Mairan, ib. Descartes donna un œil aux aveugles ; ils virent les fautes de l'antiquité et les siennes ; la route qu'il ouvrit est depuis lui devenue immense, Voltaire, Dict. phil. Newton et Descartes. Ce ne fut plus la terre qui servit de théâtre à leur valeur ; l'Océan leur ouvrit une autre carrière, Raynal, Hist. phil. V, 1.

  • 9 Fig. Rendre accessible à l'esprit. Daniel, je suis venu à vous, pour vous ouvrir la connaissance des choses, Pascal, Prophét. 26, éd. FAUGÈRE. Cette version [des Septante], qui ouvrait l'intelligence des Écritures de l'Ancien Testament à une infinité de peuples, fut un des plus considérables fruits des conquêtes des Grecs, Rollin, Hist. anc Œuv. t. VII, p. 361, dans POUGENS.

    Donner l'indication de, suggérer. Le ciel m'est plus propice et m'en ouvre un moyen, Corneille, Suréna, III, 2. D'autant mieux qu'ayant entrepris de vous peindre, ils vous ouvraient l'occasion de les peindre aussi, Molière, Impromptu, 1. Et contre cet hymen ouvrez-moi du secours, Molière, Tart. II, 3. Ne me pourriez-vous point ouvrir quelque moyen ? Molière, Éc. des f. III, 4. Je le [le succès] dois, sire, à l'ordre que Votre Majesté me donna d'y ajouter un caractère de fâcheux, dont elle eut la bonté de m'ouvrir les idées elle-même, Molière, Épît. dédic. des Fâch. Le moyen que je vous ouvre est sans doute plus honnête, Pascal, Condit. des grands, III.

  • 10 Fig. Commencer (dans tout ce n° 10, il y a la métaphore d'une porte, d'une barrière ouverte). Ouvrir la campagne. Ouvrir un cours. Seigneur, attendez-vous que j'ouvre l'entretien ? Corneille, Pulchér. I, 3. C'est le mois d'avril qui commence à ouvrir le printemps, Sévigné, Lett. à Bussy, 27 fév. 1679. Quel jour, ma fille, que celui qui ouvre l'absence ! comment vous a-t-il paru ? Sévigné, 27 mai 1675. J'ai voulu devant elle en ouvrir le discours, Racine, Bérén. II, 2. C'est par où nous ouvrirons les instructions de cette sainte carrière, Massillon, Carême, Jeûne. Il [Sigismond] ouvre dans Presbourg des conférences pour la paix avec ses sujets, Voltaire, Ann. Emp Sigismond, 1428. …Et d'agiles vaisseaux Ouvriront les combats sur la scène des eaux, Delille, Én. V.

    Ouvrir la lice, entrer le premier dans la lice. On dit dans le même sens : ouvrir le champ, ouvrir la carrière. C'est à vous de courir Dans le champ glorieux que j'ai su vous ouvrir, Racine, Bajaz. II, 1. On demande à présent un style plus châtié, plus élégant, plus soutenu ; on ne pardonne plus ce qu'on pardonnait à un grand homme qui avait ouvert la carrière, Voltaire, Com. Corn. Rem. Rodog. I, 5.

    Ouvrir boutique, commencer à tenir boutique.

    Ouvrir une école, commencer à tenir une école.

    On dit dans le même sens : ouvrir un café, une auberge, un bureau d'affaires, etc.

    Ouvrir la chasse, chasser à l'ouverture de la chasse.

    Ouvrir le bal, danser le premier, la première dans un bal. Palavicin rapporte qu'en 1562 les pères assemblés au concile de Trente délibérèrent de donner un bal à Philippe II, roi d'Espagne, que toutes les dames de la ville y furent invitées, que le cardinal de Mantoue ouvrit le bal, et que Philippe II et tous les pères du concile y dansèrent, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. IV, p. 132, dans POUGENS.

    Ouvrir la danse, commencer à danser. Rien de plus merveilleux et de plus terrible que de voir ces légions [les soldats français] marcher au son de la musique, comme si elles ouvraient les danses de quelque fête, Chateaubriand, Natch. liv. I.

    Fig. et populairement. Ouvrir la danse, commencer le combat.

    Ouvrir la vendange, se mettre à vendanger. Dieu bénira-t-il la vendange Qu'on ouvrira sans violon ? Béranger, Violon brisé.

    Ouvrir le pas, commencer un pas d'armes, un tournoi.

    Ouvrir sa maison, commencer ou recommencer à tenir table ouverte, à donner des soirées.

    Dans le même sens : ouvrir ses salons.

    Ouvrir le feu, commencer à faire jouer des batteries d'artillerie.

    Ouvrir un dé, aux dominos, poser un point qui n'a pas encore été joué. Ouvrir le six, le trois.

    Il se dit, dans un sens analogue, des choses qui sont le commencement de quelque chose. Si je n'ai pas vécu la compagne d'Achille, J'espère que du moins un heureux avenir à vos faits immortels joindra mon souvenir, Et qu'un jour mon trépas, source de votre gloire, Ouvrira le récit d'une si belle histoire, Racine, Iph. V, 2.

    Ouvrir un commerce avec, former des relations de commerce, d'affaires. Hambourg et Lubeck, ayant entrepris d'ouvrir un commerce dans la Baltique, se virent obligés de s'unir pour se défendre contre les brigands qui infestaient ces parages, Raynal, Hist. phil. I, Introd.

    Ouvrir un avis, être le premier à le proposer. Un fat quelquefois ouvre un avis important, Boileau, Art p. IV. Je vous ouvre peut-être un avis salutaire, Racine, Athal. III, 6. Lamachus ouvrit un troisième avis, qui n'était peut-être pas le moins sage, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. III, p. 638, dans POUGENS.

    On dit dans le même sens : ouvrir les premières paroles, ouvrir une opinion. Au moins appuyez-moi Pour en avoir ouvert les premières paroles, Molière, Fâch. III, 3. D'autres habitants ouvrirent d'autres opinions, Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie.

    Au brelan et au jeu de renvi, faire la première vade.

  • 11 Terme de commerce. Ouvrir un crédit à quelqu'un, l'autoriser à prendre à une caisse l'argent dont il a besoin.

    Ouvrir un compte avec quelqu'un, porter sur ses livres le nom d'une personne avec qui on entre en relations d'affaires.

  • 12 Terme de chamoiseur. Ouvrir les peaux, les rendre molles et maniables.

    Terme de verrerie. Ouvrir la bosse, présenter le verre soufflé en bosse au feu du grand ouvreau, jusqu'à ce que cette bosse s'étende d'elle-même et s'ouvre tout à fait.

  • 13 Terme de marine. Ouvrir deux pointes, ouvrir deux côtes, être situé de manière que, les ayant devant soi, on les voie séparément.

    Ouvrir un port, une rade, s'approcher de plus en plus de l'ouvert d'un port, d'une rade.

  • 14 V. n. Être ouvert. Les boutiques n'ouvrent pas les jours de fête. Cette porte n'ouvre jamais.

    Donner accès sur. Cette porte ouvre sur la cour, sur le jardin. Elle s'appuya sur le Tolédan, qui la conduisit vers la petite porte du jardin qui ouvrait sur la mer, Lesage, Diable boit. ch. XV, p. 315, dans POUGENS.

    Ouvrir se dit aussi du moment où l'on commence à s'éveiller dans une maison. Non, il ne tardera pas ; Nous n'ouvrons pas matin, Regnard, le Joueur, I, 2.

    Il se dit du moment où un marchand ouvre sa boutique, son magasin. L'on ouvre et l'on étale tous les matins pour tromper son monde, et l'on ferme le soir après avoir trompé tout le jour, La Bruyère, VI.

    Débuter, commencer. On a dû s'attendre à tout ce renversement, dans un livre qui ouvre par la victoire que Phryné remporte sur Alexandre, Fontenelle, Jugement de Pluton. La scène ouvre dans Sophocle par un chœur de Thébains prosternés aux pieds des autels, Voltaire, Œdipe, 3e lettre.

    Entrer en exercice. Le théâtre des Italiens n'ouvre pas encore. Les cours ouvriront bientôt.

    Fig. Je suis très fâchée que le rhumatisme du chevalier ouvre de si bonne heure, Sévigné, 5 nov. 1684.

  • 15S'ouvrir, v. réfl. Devenir ouvert. Les fleurs s'ouvrent au soleil. Un passage libre s'ouvrit en un moment au milieu de la mer Rouge, Sacy, Bible, Sagesse, XIX, 7. L'orient venait de s'ouvrir, La Fontaine, Fianc. Qui peut s'assurer… de pénétrer jusqu'à ces cabinets presque inaccessibles [du ministre] dont les portes fatales ne s'ouvrent souvent qu'aux plus importuns ou aux plus heureux ? Fléchier, Aiguillon. J'entends déjà partout les charrettes courir, Les maçons travailler, les boutiques s'ouvrir, Boileau, Sat. X. Est-ce l'esprit divin qui s'empare de moi ? C'est lui-même ; il m'échauffe, il parle ; mes yeux s'ouvrent, Et les siècles obscurs devant moi se découvrent, Racine, Ath. III, 7. La porte à son aspect s'ouvre à deux grands battants, Regnard, le Joueur, III, 6. Elle ne recevait point de visites ; son appartement s'ouvrait pour moi seul, Riccoboni, Sophie de Vallière, Œuv. t. IV, p. 293, dans POUGENS.

    Fig. Ses yeux s'ouvrent, c'est-à-dire il reconnaît son erreur. Hermione gagnée… Pour se donner à moi n'attendait qu'un refus : Ses yeux s'ouvraient, Pylade, elle écoutait Oreste, Racine, Andr. III, 1. Ses yeux, longtemps fermés, s'ouvrirent à la fin, Racine, Brit. IV, 2.

    Sa bouche s'ouvre, c'est-à-dire il parle. Que jamais une bouche si pure Ne s'ouvre pour conter cette horrible aventure, Racine, Phèd. V, 1.

    Être béant. Vous couvrirez de fleurs les bords du précipice Qui s'ouvre sous vos pas, Rousseau J.-B. Odes, II, 10. Au fond s'ouvre une caverne immense et très renommée parmi les Grecs, Barthélemy, Anach. ch. 41.

  • 16Se fendre. On dit qu'ayant trouvé le Danube glacé et ayant entrepris de le passer, la glace s'ouvrit sous leurs pieds, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IX, p. 5, dans POUGENS. Quand l'ouragan mugit, quand des monts brûlants s'ouvrent, Hugo, Odes, I, 11.

    S'écarter, se séparer. Il ne lui coûte rien d'être modeste, de se mêler dans la multitude qui va s'ouvrir pour lui, de prendre dans une assemblée une dernière place afin que tous l'y voient et s'empressent de l'en ôter, La Bruyère, IX. Il marche, il court, tout cède à l'effort de son bras, Et les rangs dispersés s'ouvrent devant ses pas, Delavigne, Vêpr. sicil. V, 2.

    Offrir un accès libre. Après qu'on a passé le détroit, la mer s'ouvre, s'étend et s'élargit. En récompense il s'ouvrit à lui en 1711 un champ plus vaste, et qui n'avait point été cultivé, Fontenelle, Leibnitz. Il est certain que pour un jeune ecclésiastique qui, avec beaucoup d'ambition, aurait eu assez de talent, il s'ouvrait devant moi une belle carrière, Marmontel, Mém. II.

    Le pays s'ouvre, il cesse d'être boisé, coupé par des coteaux ou des montagnes.

  • 17 Fig. Il se dit de l'esprit qui devient plus pénétrant, plus capable d'apprendre. J'aime un esprit aisé qui se montre, qui s'ouvre, Boileau, Ép. IX.

    Il se dit du cœur qui se laisse pénétrer par certains sentiments. Mon âme, à ce bonheur, si le ciel me l'envoie, Oubliera ses douleurs pour s'ouvrir à la joie, Corneille, Pomp. V, 2. Mon cœur s'ouvre à cette joie, Sévigné, 341. Son âme à la pitié se peut ouvrir encore, Voltaire, Alz. III, 7. Quand le cœur s'ouvre aux passions, il s'ouvre à l'ennui de la vie, Rousseau, Ém. V. Et puisque ton cœur s'ouvre à la voix des prières, Chénier, le Mendiant.

  • 18 Fig. Avoir commencement. Cette année s'ouvrit par la déclaration de guerre contre l'Espagne, Duclos, Œuv. t. V, p. 382.

    Commencer à paraître. Le roi [Alexandre] étant mort sans avoir nommé son successeur, un affreux avenir s'ouvrit à leurs yeux, et ne leur montrait que divisions, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VI, p. 595, dans POUGENS.

    Impersonnellement. Il s'ouvrait alors une grande scène vers les frontières de la Suède, Voltaire, Russie, I, 11. S'il s'ouvre une succession à laquelle soit appelé un individu dont l'existence n'est pas reconnue, Code Nap. art. 136.

  • 19S'ouvrir à quelqu'un, lui découvrir sa pensée, lui faire des confidences. Maurice, à quelque espoir se laissant lors flatter, S'en ouvrit à Félix qui les vint visiter, Corneille, Héracl. II, 6. Je brûlais de vous parler pour m'ouvrir à vous d'un secret, Molière, l'Avare, I, 2. Je vous défends de vous ouvrir à qui que ce soit de vos peines, Bossuet, Lett. Corn. 150. Tous les factieux, trompés par mes regrets, Se sont ouverts à moi de leurs complots secrets, Quinault, Agrippa, I, 5. Si vous vous ouvriez à moi, vous y trouveriez des secours, des complaisances, des consolations, Maintenon, Lett. à M. d'Aubigné, 12 juill. 1681. Vous savez un secret que, tout prêt à s'ouvrir, Mon cœur a mille fois voulu vous découvrir, Racine, Bajaz. V, 4. C'était à lui qu'il s'ouvrait de sa passion, Hamilton, Gramm. 11. Nous nous ouvrîmes l'un à l'autre, je lui contai mon histoire, et il ne déguisa point ses aventures, Lesage, Gil Blas, V, 1. Vous voyez que je m'ouvre Librement avec vous…, Destouches, Phil. mar. III, 2.

    Absolument. Et Pauline s'ouvre avec Stratonice, Corneille, Poly. Exam. Il s'ouvre et parle le premier, La Bruyère, X.

    S'ouvrir, avec de et un infinitif. Argouges s'était ouvert à M. de la Rochefoucauld d'être pour nous, et manqua de parole, Saint-Simon, 19, 221.

    Il se dit semblablement de ce qui est dit en confidence. Tu lis dans mes pensers qui ne s'ouvrent qu'à toi, Racan, les Berg. IV, 1. De semblables secrets ne s'ouvrent pas à moi, Corneille, Clit. II, 6.

HISTORIQUE

XIe s. De pareïs [paradis] li seit la porte uverte, Ch. de Rol. CLXIV. [il] Uverit [prononcez ouvrit] les oilz [yeux], si lui a dit un mot, ib. CLXIII. Il les a fait devant sei tuz uvrir [les corps, pour en ôter les cœurs], ib. CCX.

XIIe s. Ne troveras le ciel olvert, Où cil entre qui bien me sert, Brut, 14211. Qu'el ne parole ne les iex ne ovri, Ronc. p. 170. Ovrez, fait sainz Thomas, quis [qui les] ala atendant ; Par sainte obedience, fait-il, le vus comant, Th. le mart. 146.

XIIIe s. À force [ils] lui ouvrirent la bouche outre son gré, Berte, X. Frans homs, fait-ele, ouvrez, par sainte charité, ib. XLV. De joie [elle] ot si le cuer ouvert et esmeü, ib. LXXIX. Li rois euvre la cire, la letre reversa [déplia], ib. CXXII. Car en lor gieus et en lor fables Gisent profit moult delitables, Sous qui lor pensées covrirent, Quand le voir [vrai] des fables ovrirent, la Rose, 7216. Ce que il ne peuent manger jetent en un sac de cuir, et, quant il ont fain, si œuvrent le sac, et manguent touz jours le plus viex devant, Joinville, 254.

XIVe s. Vraiement cil vilain sont François retourné [redevenus] ; Qui les aroit ouvers ainsi qu'un porc lardé, On aroit en leur cuer la fleur de lis trouvé, Guesclin. 21040.

XVe s. Et si c'est chose qui appartienne à celer, je le celerai bien, ni jamais, tant que je sois en ce pays, je n'en ouvrirai ma bouche, Froissart, II, III, 22. Et n'attendoient autre chose que les nouvelles ur vinssent que la guerre fut ouverte…, Froissart, I, I, 78. Et ne purent durer à la longue contre tant de bontes gens d'armes ; si furent ouverts et leur fort conquis [ils s'étaient retirés dans un bois], Froissart, I, I, 88. Et jura par sa foi [le duc de Bretagne]… le trouveroient ceux d'Angleterre ouvert et appareillé…, Froissart, II, II, 59. Clement [le pape] ouvrit graces, et signifia son nom par tout le monde [distribua les grâces du saint-siége], Froissart, II, II, 48. Non pourtant me fault vous ouvrir La doubte qu'en moy est entrée : C'est que…, Orléans, Ball. 53.

XVIe s. Vestues de longue aulbes, le chief ouvert, les cheveulx semés de fleurs odorantes, Rabelais, Pant. IV, 51. La terre s'ouvrira pour tous vifz vous engloutir, si faillez à bien respondre, Rabelais, ib. V, 11. L'experience m'ouvrit les yeux et vis ce que je craignois plus que la mort, Marguerite de Navarre, Nouv. XXXII. La teste droicte et le visage ouvert, Montaigne, I, 136. Quelquefois luy [à l'élève] ouvrant le chemin, quelquefois le luy laissant ouvrir, Montaigne, I, 160. La substitution estant ouverte en faveur d'Aretheus, Montaigne, I, 216. Je m'ouvre aux miens, tant que je puis, Montaigne, II 83. Je receois la santé les bras ouverts, Montaigne, II, 213. À cela doyventils avoir les yeux bien ouverts, à fin de ne se meprendre, Lanoue, 114. Nos jeunes gens, allans à Venise, et voyans la noblesse avec un bonnet en forme de crouste de pasté sur la teste… rient à bouche ouverte, Lanoue, 164. Ceux qui dans les provinces feront à l'occasion de leurs querelles de grosses assemblées, on les poursuyvra à force ouverte, Lanoue, 259. La coustume est d'ouvrir ce temple [de Janus] quand les Romains ont guerre en quelque part, Amyot, Numa, 32. Resistence ouverte, Amyot, Solon et Pub. 6. Il voulut tenir maison ouverte à tous venans, Amyot, Thém. 9. Les Romains s'ouvrirent incontinent, et le receurent entre eulx avec grande reverence, Amyot, Cam. 51. Il n'oza onques ouvrir sa bouche pour luy en parler, à toute peine s'adventura il à la fin de luy en ouvrir le propos, Amyot, Philop. 26. La terre ouvre son sein : du ventre des tombeaux Naissent des enterrez les visages nouveaux, D'Aubigné, Tragiques, jugement.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

OUVRIR. Ajoutez :
20Ouvrir la laine, en écarter les brins. Quand on refait un matelas, on ouvre la laine à la main. Les opérations qui précèdent le filage proprement dit ont pour but d'ouvrir, de battre, de carder, de peigner, d'étirer sans torsion, puis avec torsion, les filaments…, Journ. offic. 24 févr. 1876, p. 1374, 1re col.
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Encyclopédie, 1re édition (1751)

OUVRIR, v. act. (Gramm.) c’est en général séparer ce qui étoit auparavant voisin ou contenu ; c’est le contraire de fermer. On ouvre une porte ; on ouvre une armoire, une serrure ; on ouvre une lettre ; on s’ouvre des vûes sur la campagne ; on ouvre un pâté, des huîtres, une bouteille ; on ouvre la terre, la tranchée ; on ouvre la bouche, un livre, la veine, un cadavre, la transpiration, un canal ; on ouvre les rangs ; on ouvre un corps en relâchant le tissu ; on ouvre une haie, les bras, les jambes, les cuisses ; on ouvre le fruit qui s’ouvre quelquefois de lui-même ; on ouvre une boutique, & l’on ouvre boutique ; on ouvre sa bourse à son ami ; on ouvre l’oreille ; on ouvre deux pointes de montagnes ou de clochers, c’est-à-dire qu’on les sépare à l’œil l’une de l’autre par la position qu’on prend à leur égard ; on ouvre un bon avis ; on ouvre le chemin à une découverte ; on ouvre la porte à l’honneur, à la honte, au crime, au sort, au plaisir ; on ouvre son cœur à des traîtres, son sentiment à des aveugles, sa pensée à des fourbes ; l’ame s’ouvre à la joie ; on s’ouvre à son directeur ; on s’ouvre au jeu dans les affaires, dans une négociation ; l’esprit des jeunes gens s’ouvre quelquefois avec l’âge : on ouvre une assemblée ; on l’ouvre par un discours ; on ouvre le champ de bataille ; on ouvre le jeu ; la foule s’ouvre devant le roi, &c.

Ouvrir un compte, (Commerce.) c’est le placer dans le grand livre. Voyez Compte & Livre.

Ouvrir les peaux, termes de Chamoiseur, c’est les faire passer sur le poinçon, pour les rendre plus molles & plus maniables.

Ouvrir, terme de Fourbisseur, c’est par le moyen de l’écarissoir agrandir l’œil du pommeau pour y introduire la soie.

Ouvrir, en terme de Gantier-Parfumeur, c’est élargir & détirer le gant à mesure qu’il seche pour qu’il ne se ride point.

Ouvrir la laine, (Lainage.) c’est la battre sur une claie, pour en faire sortir la poussiere & les ordures, & la passer ensuite entre les deux grosses cardes, qu’on nomme cardasses en Languedoc, dont le cardeur en tient une à la main, & l’autre est attachée sur une espece de chevalet. (D. J.)

Ouvrir une applique, (Metteur-en-œuvre.) c’est y percer avec le drille les trous, pour recevoir les pierres, & les ouvrir avec une lime ronde.

Ouvrir, en terme de Serrurier, c’est lorsqu’on a percé une piece à froid ou à chaud, en finir l’ouverture, & lui donner la derniere forme qu’elle doit avoir ; on ouvre l’anneau d’une clé lorsqu’elle est enlevée & que l’on a percé le bout avec un poinçon : on l’ouvre sur le bout de la bigorne, & on le ravale dans l’étau.

Ouvrir, en terme de Cornettier, est l’action d’applatir en gros les galins fendus ; ce qui se fait à l’aide d’une tenaille & d’une pince attachée par un bout à un banc ou établi. Cette pince tient le galin pendant qu’on l’ouvre, en l’abaissant avec les tenailles en main. Voyez Pinces & Tenailles à main.

Ouvrir la bosse, terme de Verrerie, c’est lorsqu’après le verre soufflé à plusieurs reprises a pris enfin la forme d’un bocal ou d’une calebasse, ce que les ouvriers appellent bosse, & qu’il a été incisé & branché, on le présente au feu du grand ouvreau, & qu’on l’y tourne en rond jusqu’à ce que cette bosse s’étende d’elle-même, & s’ouvre tout-à-fait, en sorte qu’elle forme ce qu’on appelle un plat ou rond de verre.

On dit aussi ouvrir le verre à l’égard du verre en table, lorsque le gentilhomme-verrier ayant incisé en long le cylindre qu’il a soufflé, & l’ayant coupé par deux extrémités, le reporte à l’ouvreau ; & qu’après qu’il est suffisamment chauffé, il l’ouvre & l’applatit avec une verge ou baguette de fer. Savary. (D. J.)

Ouvroir, s. m. (Archit. civile.) c’est dans un arsenal, ou une manufacture, un lieu séparé où les ouvriers sont employés à une même espece de travail. C’est aussi, dans une communauté de filles, une salle longue en forme de galerie, dans laquelle à des heures réglées, elles s’occupent à des exercices convenables à leur sexe. Il y a un bel ouvroir dans l’abbaye royale de S. Cyr, près de Versailles. (D. J.)

Ouvroir, (Com.) vieux mot qui signifie la même chose que boutique. Voyez Boutique. Il signifie encore aujourd’hui ces boutiques légeres & mobiles, faites de bois, qu’ont les maîtres Savetiers de Paris, presqu’à tous les coins des rues, derriere lesquelles ils étalent leurs marchandises, & travaillent de leur métier. On les appelle autrement des étals ou étaux. Voyez Etal & Etau. Diction. de Com.

Ouvroir, s. m. (Lainage.) c’est dans les manufactures de lainage, le lieu où sont montés les métiers, & où les ouvriers travailllent.

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Étymologie de « ouvrir »

Bourg. ôvri ; Berry, ovrir ; prov. ubrir, obrir ; anc. cat. ubrir ; anc. ital. oprire. Ce mot soulève de grandes difficultés. Il ne peut venir du latin aperire ; l'a latin ne se change pas en o ou u dans les langues romanes ; et, si on admettait en français ce changement à cause de l'exemple de orteil provenant d'articulus, il ne serait pas loisible d'étendre cette particularité au provençal, à l'ancien catalan, à l'ancien italien. L'espagnol et l'italien disent régulièrement abrir et aprire. Diez a essayé de lever la difficulté : suivant lui, ouvrir vient de de-operire, découvrir, de cette façon : ovrir est une contraction de a-ovrir, qui existe en effet et qui ne signifie rien de plus que ouvrir ; aovrir est une syncope du provençal adubrir, qui signifie ouvrir, et qui doit se décomposer non en ad-ubrir, mais en a-dubrir, lequel dubrir est de-operire. Ce dubrir est appuyé en effet par le provençal moderne durbi, le piémontais durvi, le wallon drovi, le lorrain deurvi, qui tous signifient ouvrir ; on dit aussi en basse Bourgogne : la porte, alle est douverte. Mais la conjecture de Diez ne paraît pas admissible ; en effet adubrir se décompose certainement en ad-uvrir, comme le français aovrir en a-ovrir ; c'est ce que prouvent tous les composés de ce genre aorner, aemplir, aüner, etc. Cette hypothèse écartée, la difficulté reparaît entière ; et, dans l'état actuel des documents, la seule explication qui se présente, c'est que ou bien la langue a confondu aperire et operire, confusion qui est commune au français, au provençal, et qui a même atteint jusqu'à un certain point le catalan et l'italien, ou bien, l'a latin ayant été changé en o, ce qui n'est pas impossible en français, c'est du français qu'il a passé au provençal et au catalan. Quant aux formes qui ont un d, on peut sans doute les rattacher à de-operire, mais on peut aussi y voir ouvrir composé avec de au sens augmentatif ; comparez à ÔTER un cas pareil où les patois ont un d. Quelques traces paraissent indiquer que avrir n'a pas été étranger très anciennement à la langue ; Génin, Roland, p. 516, cite porte averte, et, p. 517, avre les oilz, dans un texte de la Chanson de Roland, mais ce texte a été écrit en Italie avec beaucoup de formes causées par l'influence du pays, et dès lors prouve peu pour le français ; il y a beaucoup plus d'autorité dans : sepulcre avranz est li guatur d'icels (FR. MICHEL, Liber psalm. p. XVIII), qui est la traduction de : Sepulchrum patens est guttur eorum. Avrant semblerait montrer que, de même que la forme en o n'était pas tout à fait étrangère à l'Italie, la forme en a n'était pas tout à fait étrangère à la France.

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Du latin aperīre (« ouvrir ») devenu *operīre en latin populaire, probablement sous l’influence analogique de cooperire (« couvrir »). (Vers 980) obrirent (« ouvrirent »).
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Phonétique du mot « ouvrir »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
ouvrir uvrir

Citations contenant le mot « ouvrir »

  • Nous désirons tous ouvrir le cercle de la pensée pour arrêter sa ronde stérile. De Théodore Monod , 
  • On devrait pouvoir ouvrir des écoles pour professeurs inadaptés. De Alphonse Allais , 
  • Nul ne veut ouvrir les yeux à l'Eternel. De Andreas Gryphius / Vanité, vanité , 
  • Une parole douce peut ouvrir même les portes de fer. De Proverbe bulgare , 
  • La tombe ferme un ciel pour en ouvrir un autre. De Sully Prudhomme / Le bonheur , 
  • La liberté ignore les serrures du temps et de l'espace. Pour traverser les murs, il suffit d'ouvrir les portes, ouvrir les ailes, ouvrir les rêves. De Jacques Savoie / Marco Polo ou le nouveau livre des merveilles , 
  • C'est ouvrir une digue que de commencer un procès. De Proverbe arabe , 
  • Avant de se foutre par la fenêtre, il faut penser à l'ouvrir. De Sim , 
  • Donnez-leur une clé et laissez les gens ouvrir leurs propres serrures. De Robert R. McCammon , 
  • Joindre les mains, c'est bien, mais les ouvrir c'est mieux. De Louis de Rastibonne , 
  • L’homme qui ne sourit pas ne doit pas ouvrir boutique. De Proverbe chinois , 
  • Qui veut voyager doit ouvrir la bourse et fermer la bouche. De Proverbe danois , 
  • Les portes de la charité sont difficiles à ouvrir et dures à fermer. De Proverbe chinois , 
  • On aime si bien les yeux fermés. A quoi bon les ouvrir ? De Alphonse D'Houdetot , 
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Traductions du mot « ouvrir »

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Synonymes de « ouvrir »

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Antonymes de « ouvrir »

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