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Pincer

Définitions de « pincer »

Trésor de la Langue Française informatisé

PINCER, verbe trans.

I. − Usuel
A. − Serrer entre les doigts ou entre les branches d'une pince.
1. [Gén. avec un instrument, en vue d'une manipulation plus ou moins technique] Deux bouts d'allumettes qui seront les jambes, au bout desquelles vous piquerez la boulette (E), figurant le corps, et dont vous aurez pincé le bout pour l'aplatir en forme de queue (Rousset,Trav. pts matér., 1928, p.182).En cas de rupture du câble d'extraction, la main de fer pince le câble spécial et l'entraîne dans le mouvement de la cage, dont la chute est immédiatement freinée par la masse du poids extérieur (E. Schneider,Charbon, 1945, p.246).Ils inventèrent les pinces «à forcipressure» pour pincer les vaisseaux qui saignaient pendant l'opération (Bariéty, Coury,Hist. méd., 1963, p.782).
Spécialement
CUIS. Canneler le rebord d'une tarte, souder les bords d'un pâté:
1. Placer cette abaisse sur le pâté dont on aura mouillé la crête avec de l'eau. Souder ce couvercle en appuyant légèrement du pouce et de l'index sur les bords. Pincer régulièrement les bords du pâté, intérieurement et extérieurement avec le pince-pâte. Mont.1967, p.769, s.v. pâté.
HORTIC. Couper, soit entre l'ongle du pouce et l'index, soit avec un instrument tranchant, l'extrémité de certaines tiges d'une plante pour favoriser le développement d'autres tiges ou des fruits. V. ébourgeonner ex.
RELIURE. Accentuer le relief des nerfs au dos d'un livre relié. V. pince I B 1 ex. de O. Beausoleil.
Rare (avec valeur factitive). Placer un élément entre deux autres qui le serrent. Si on a eu le soin de pincer des bouts de bois de sapin entre les planches à leurs extrémités (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p.385).
2. [Essentiellement avec les doigts]
a) [Le compl. dir. désigne un objet ou une matière] Saisir en serrant entre ses doigts. Pincer sa jupe, sa robe. La mère, une maîtresse femme, vient, fait un bout de révérence en pinçant son tablier (Pourrat,Gaspard, 1925, p.147).
α) MUS. [Le compl. dir. désigne une/des corde(s)] Faire vibrer (une/des corde(s)) en la/les pinçant ou en la/les grattant avec les doigts ou avec un élément intermédiaire. Tu vas pinçant au hasard tes cordes dans l'attente d'un son plus étrange que l'autre (Saint-Exup.,Citad., 1944, p.883).P. anal. La «sansa», série de lamelles en rotin ou en métal fixées à une planche au-dessus d'un chevalet et qu'on pince à leur extrémité libre (Lowie,Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.230).P. métaph. V. allusion ex. 12:
2. La vôtre [votre poésie] est belle et grande, vous justifiez tout ce que j'ai auguré de vous dès les premiers vers. Seulement vous ne pincez pas la corde assez nettement et assez vigoureusement. Lamart.,Corresp., 1830, p.81.
[P. méton.]
[Le compl., parfois introduit par de, désigne un instrument à cordes] Synon. jouer.Ne sachant ni danser le boléro, ni pincer de la guitare (Flaub.,Corresp., 1879, p.333).Tes mains à l'ongle rose et tranchant comme un bec Durent pincer jadis la harpe et le rebec (Moréas,Syrtes, 1884, p.29).
[Le compl. désigne ce qui est joué sur un instrument à cordes] Le motif du scherzo reparaît en pizzicato; le silence s'établit peu à peu, on n'entend plus que des notes légèrement pincées par les violons et les petits gloussements étranges que produisent les bassons (Berlioz,Beethoven, Corrêa, 1948 [1838], p.38).Les prêtres, de temps à autre, pinçaient sur leurs lyres des accords presque étouffés (Flaub.,Salammbô, t.1, 1863, p.14).
P. ext. Jouer, exécuter (une musique). C'est le célèbre Triffolato, l'empereur de la romance plaintive. Vous allez l'entendre pincer du Schubert et du Concone (Reybaud,J. Paturot, 1842, p.204).
Pop., vieilli. Exécuter une danse. D'autres personnes juraient l'avoir aperçue depuis, pinçant un chahut au Grand Salon de la Folie, rue de la Chapelle (Zola,Assommoir, 1877, p.738).C'est malheureux de ne pas avoir de piano parce qu'on pourrait pincer un quadrille (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Boule de suif, 1880, p.148).
β) Prendre une pincée de. Il paraissait pincer du sel et le jeter, couper des tranches, saucer, mettre au four (Hamp,Marée, 1908, p.71).
Empl. intrans., au fig., pop., fam. En pincer pour qqn/qqc. Avoir une passion pour quelqu'un/quelque chose. Dis donc! C'est pas possible! T'en pinces pour elle! (Feydeau,Dame Maxim's, 1914, iii, 8, p.62).Moi, vous savez, je n'en pince pas beaucoup pour les arts (Bernanos,Mauv. rêve, 1948, p.889).
b) [Le compl. dir. désigne souvent une partie du corps] Pincer la chair, les cuisses, la jambe, la joue, le menton, les oreilles à qqn. Son mari, derrière elle, la pinçait pour la faire taire (Maupass.,Contes et nouv., t.1, En fam., 1881, p.361).Puis il courait un peu, me rattrapait, me pinçait le bras parce qu'avec le vêtement il attrapait toujours un brin de peau (Duhamel,Désert Bièvres, 1937, p.57).
Empl. pronom. réfl. Communément, il glissait (...), se cognait contre tous les murs, se pinçait le doigt à toutes portes (A. France,Pt Pierre, 1918, p.258).Il faisait le geste de se pincer les narines (Ramuz,Derborence, 1934, p.195):
3. Je ne suis peut-être pas aussi lâche que je l'avais cru jusqu'ici. La méthode est simple. Chaque matin, je me pince un doigt dans la porte. Exactement, dans la fente, du côté des charnières. Quand le doigt est en place, je tire doucement la porte, par le bouton, jusqu'à ce que la souffrance soit presque intolérable. Duhamel,Journ. Salav., 1927, p.69.
[Comme jeu libidineux, souvent à la faveur d'une cohue] Pincer les fesses (à une femme). Cette manie qu'ont les messieurs de pincer le derrière des dames! (Boylesve,Leçon d'amour, 1902, p.90).
[Pour se ressaisir ou se persuader qu'on est éveillé] Surtout en empl. pronom. réfl. Doutant surtout de sa présence à Rome... Il se pinçait alors pour s'arracher d'un mauvais rêve, se retrouver à Pau, dans son lit (Gide,Caves, 1914, p.809).Malgré tant de plaisir qu'il [Stendhal] trouvait à se surprendre, à se reprendre, à se réveiller de ses ridicules, à se railler (comme on se pince pour se ressaisir et se concevoir) (Valéry,Variété II, 1929, p.89):
4. Si en rêve vous m'aviez dit que je suis beau, j'aurais compris. Mais nous sommes en état de veille. Du moins je le suppose. Permettez que je me pince pour nous en assurer. Et que je vous pince. Giraudoux,Apollon, 1942, 5, p.54.
c) [Le suj. désigne un animal] Je me décidai alors à la prendre [une fourmi] avec une petite pince, et à la tenir sur le dos (...). Des petits ongles de ses pattes, de ses mandibules, elle pinçait si fortement la pince que j'entendais vibrer l'air à chaque coup qu'elle donnait (Michelet,Insecte, 1857, p.121).Gérard rêvait la nuit, qu'un crabe lui pinçait l'épaule (Cocteau,Enfants, 1929, p.77).
3. P. méton.
a) Causer une douleur physique vive. Une crampe le pinçait à l'épigastre (Flaub.,Bouvard, t.1, 1880, p.92).
[En parlant du froid] On serre son manteau contre soi, vu que le froid vous pince fort (Flaub.,Corresp., 1849, p.135).L'orgueil, un vague effroi, la gelée me pinçaient les narines (Guéhenno,Journal homme, 1934, p.152).
Empl. abs. impers., pop., fam. Faire froid. Ça va encore pincer dur, me dit Fouillard qui enfonce son passe-montagne (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p.90).
b) Au fig. Causer une vive douleur affective. Ces remords qui viennent vous pincer le coeur d'une femme adultère (Balzac,Cous. Bette, 1846, p.295).Je me souvenais des mots qu'il disait... et ça me pinçait dur comme souvenir (Céline,Mort à crédit, 1936, p.628).Une tristesse imprécise de temps en temps lui pinçait le coeur (Roy,Bonheur occas., 1945, p.468).
4. Au fig., vieilli. Pincer sans rire. Railler en gardant son sérieux. Le style me paraît ferme, net et singulièrement français. Il «pince sans rire», comme disent les bonnes gens (Flaub.,Corresp., 1861, p.414).
B. − P. méton.
1. [Le compl. dir. désigne un élém. anatomique constitué de deux parties compl.] Rapprocher (les deux parties) en les serrant l'une contre l'autre.
a) [Le compl. désigne ces parties] Elle flairait une coquinerie, dans la joie secrète qui lui pinçait le coin des paupières (Zola,Conquête Plassans, 1874, p.1189).Puis il lui nommait rapidement quatre ou cinq personnes. Et elle, chaque fois, pinçait un peu les narines, souriait avec effort (Roy,Bonheur occas., 1945, p.156).
Pincer les lèvres. Lorsque Du Poizat est revenu, il pinçait les lèvres, la face blanche comme un linge (Zola,E. Rougon, 1876, p.248).Je sais, interrompait Marie, d'un air vengeur. Elle pinçait les lèvres, retenait son rire un instant (Gide,Si le grain, 1924, p.456).
[Comme signe de contrariété, de mépris] Le bonhomme a pincé les lèvres, pris un air vexé (Duhamel,Combat ombres, 1939, p.58).V. clergeon ex.1.
b) [Le compl. désigne l'ensemble] Nana, pourtant, sans quitter sa chaise, pinçait les yeux, tâchait de voir si elle les connaissait (Zola,Nana, 1880, p.1172).On dirait qu'ils pincent la bouche pour ne pas laisser fuser leur joie (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p.70).
[Comme signe de contrariété, de mépris] L'autre remerciait, mais il avait pincé le nez comme si ces familiarités l'offusquaient un peu (Pourrat,Gaspard, 1925, p.11).Les femmes pinçaient la bouche, affectaient d'autres occupations et détournaient les yeux (Malègue,Augustin, t.1, 1933, p.203).
2. [Le compl. dir. désigne un objet] Donner une forme rétrécie, effilée. Une redingote de voyage à demi boutonnée lui pinçait la taille (Balzac,E. Grandet, 1834, p.54).L'architecte en a pincé les cornes [des étages d'une pagode] et relevé les bords avec art (Claudel,Connaiss. Est, 1907, p.30).
Spécialement
AUTOMOB. Pincer les roues. Faire converger, dans le sens de la marche, les roues avant non-motrices. La tendance des cônes (ou roues) est donc de s'écarter l'un de l'autre. On peut réagir contre cette tendance en pinçant les roues, c'est-à-dire en faisant converger leurs plans (Chapelain,Techn. automob., 1956, p.236).
MAR. Pincer un navire. Donner à un navire ,,des formes ou des façons aiguës ou fines au-dessous de son plan de flottaison, et d'une manière plus ou moins prononcée en descendant vers la quille`` (Bonn.-Paris 1859).
Empl. pronom. passif, vocab. techn. Se resserrer. À la radiographie, l'interligne se pince, des érosions y apparaissent et les épiphyses se décalcifient (Ravault, Vignon, Rhumatol., 1956, p.522).La tension artérielle se pince (Quillet Méd.1965, p.155).
Empl. intrans., vocab. techn. Lors d'un échauffement même faible, un coussinet en bronze se déforme et a tendance à pincer vers les jonctions (Ambroise,Monteur mécan., 1949, p.32).
C. − P. anal., pop., fam.
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) [Le compl. dir. désigne une pers.]
Arrêter. Maintenant il faut pincer notre gredin (A. France,Dieux ont soif, 1912, p.214):
5. Iszakovitch a failli se faire pincer ce matin dans une rafle, à Puteaux. Fuzet, lui, est coffré: on l'accuse d'être l'auteur des mains sanglantes, tu sais, l'affiche contre l'état-major... Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p.545.
Prendre en faute, sur le fait. Que je te pince à te balader encore, avec tes yeux en coulisse! (Zola,Assommoir, 1877, p.571).C'est une pauvre petite, étriquée et chétive, qui s'est fait pincer un double-décimètre entre les mains (Colette,Cl. école, 1900, p.211).
b) [Le compl. dir. désigne une chose matérielle]
Prendre, voler. Que vous avais-je demandé?... de reprendre la jupe de la Torpille pour six mois, pour six semaines, et de vous en servir pour pincer un million... (Balzac,Splend. et mis., 1844, p.246).La blanchisseuse, sur les conseils de Madame Boche, allait bien parfois guetter son homme à la sortie de l'atelier, pour pincer le magot tout frais pondu (Zola,Assommoir, 1877, p.684).
CUIS. Faire saisir dans un corps gras. Fonds de veau. −Prendre 500 grammes de jarret de veau, autant de maigre de boeuf, carottes, oignons, couennes de lard, bouquet garni; pincer le tout légèrement; puis mouiller, et laisser cuire 2 heures (Lar. mén.1926, p.1080, s.v. sauce).
c) [Le compl. désigne un état, un mal physique] Contracter. Synon. attraper, prendre.Quand vous aurez pincé une fluxion de poitrine, ou les bons petits rhumatismes des familles, vous serez bien avancé? (Proust,Sodome, 1922, p.969).
d) MAR. Pincer le vent. Synon. de serrer* le vent.Le comte d'Estrées les reçut avec tant de valeur, qu'après leur avoir désemparé plusieurs vaisseaux, il les contraignit de pincer le vent pour se tirer de devant son feu qu'ils ne pouvaient plus soutenir (J. Delabre,Tourville et la marine de son temps, 1889ds Gruss 1978).Plus l'on pince le vent, plus l'amure se trouve vers l'avant par rapport à l'écoute (J. Boudriot,Le Vaisseau de 74 canons, Grenoble, éd. des Quatre Seigneurs, 1975, p.178).
2. [Le suj. désigne ou évoque un inanimé, le compl. dir. une pers.]
a) [Le suj. désigne un mal physique] Un joli lumbago intercostal m'a pincé hier et me tient encore aujourd'hui (Amiel,Journal, 1866, p.103).
b) [Le suj. désigne une passion, un sentiment] La gourmandise lui pince le ventre (Flaub.,Tentation, 1849, p.316).
Au passif, sans compl. Être amoureux. Il avait le béguin pour moi, il était même bien pincé (Queneau,Pierrot, 1942, p.171).
Rare, avec compl., p. méton. Cette petite Aimée me semble si aimeuse que même un Rabastens aurait pu réussir, qui sait? Il est vrai que Richelieu est encore plus pincé par elle que je pensais (Colette,Cl. école, 1900, p.44).
II. − [Corresp. à pince I B 2 b β] COUT. Faire des pinces à un vêtement. (Dict. xxes.).
REM. 1.
Pinçant, -ante, part. prés.,adj. et subst. a) Adj., rare. α) Qui donne une impression comparable à celle que l'on ressent quand on est pincé. Je me trouve devant cette petite actrice qui me regarde à peine, tout occupée (...) à expliquer fièvreusement je ne sais quoi, avec une voix de gorge prenante et pinçante (Colette,Cl. s'en va, 1903, p.209). β) Qui raille vivement. J'aurais souhaité que la baronne d'Argentan (...) fût à la carrure (...) de Charlotte Lysès, de qui l'abatage (...) et le comique pinçant mâchent à vide (Colette,Jumelle, 1938, p.202).b) Subst. masc., plur., arg., vieilli. ,,Ciseaux`` (France 1907).
2.
Pince-, 1erélém. de compos. tiré du verbe pincer.a) Le 2eélém. est un subst. fr., le comp. est un subst. masc. désignant un instrument, un ustensile ou un dispositif mécanique destiné à saisir, serrer, maintenir ce que le 2eélém. désigne. α)
Pince-balle, artill. anc. ,,Tenaille avec laquelle on prend les boulets rouges sur le feu, pour les transporter jusqu'à la pièce d'artillerie`` (Chesn. t.2 1858).
β)
Pince-billets. Des tubes à rouges en orfèvrerie, des porte-clés, des pince-billets (Le Monde, 21 déc. 1951, p.7, col. 1).
γ)
Pince-bougie . Pince-bougie en métal (Catal. jouets(Louvre), 1936).
δ)
Pince-jupe. Dispositif comportant une pince, entre les branches de laquelle on serre une jupe à la ceinture, dont la fonction est similaire à celle d'un cintre. Des placards où pendouillent cintres et pince-jupes dégarnis par Selma (H. Bazin,Un Feu dévore un autre feu, 1978, p.191 ds Rob. 1985).
ε)
Pince-lisière, industr. text. ,,Appareil à l'aide duquel on assujettit la mousseline qui doit recevoir l'apprêt`` (Leloir 1961).
ζ)
Pince-loque, arg. des voleurs. ,,Aiguille`` (France 1907).
η)
Pince-maille, ch. de fer. Dispositif, commandé par un levier, qui saisit et tire le fil de manoeuvre d'un signal. Voir Bricka, Cours ch. de fer, t.1, 1894, p.438.
θ)
Pince-narines, subst. masc.L'outillage des plongeurs consiste toujours encore en un pince-narines, des oeillères et un panier (Metta,Pierres préc., 1960, p.120). ι)
Pince-notes, Petit ustensile de bureau à forme variable, qu'on emploie pour pincer entre deux mâchoires des notes à conserver`` (Lar. 20e).
κ)
Pince-pâte, cuis. Ustensile servant à strier le rebord d'une tarte, d'un pâté. V. pincer ex.1.
λ)
Pince-sève, agric. ,,Instrument à l'aide duquel on coupe l'extrémité des branches des arbres fruitiers pour faire refluer la sève vers les fruits`` (Fén. 1970).
b) Le 2eélém. est un adj. fr. (en fonction d'adv.), le comp. est adj. ou subst. α)
Pince-dur, subst. masc.,arg. des soldats, vieilli. ,,Adjudant`` (France 1907).
β)
Pince-froid, adj.,rare. Qui a une attitude froide, distante. L'homme, petit, gras, net, le teint brillant, éclairé de petite vérole, la mine heureuse, pince-froid (Goncourt,Journal, 1864, p.24).
3.
Pinçotter, verbe trans.Pincer légèrement de manière répétée. Il sourit en se pinçottant le nez (Genevoix,Laframboise, 1942, p.41).
Prononc. et Orth.: [pε ̃se], (il) pince [pε ̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Mots constr. avec pince- (v. rem. 2 supra). V. garde- et porte-. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1165 «saisir (quelqu'un) moralement (en parlant de l'amour)» (Benoît de Ste-Maure, Troie, 17568: Pinciez sera d'Amors e mors); b) α) 1809 en pincer pour (qqc.) «aimer (quelque chose)» (Brazier d'apr. Larch. 1869, p.250); β) 1869 en pincer pour (qqn) «aimer (quelqu'un)» (Larch., loc. cit.); 2. a) 1178 «serrer (une partie de la peau) entre les extrémités des doigts» (Renart, éd. M. Roques, branche XII, 12999: pincent le col et puis l'escorce); b) 1552 pincer la lyre (Ronsard, Odes, V, VIII, 599 ds OEuvres, éd. P. Laumonier, t.3, p.152); 1680 pincer les cordes d'un luth (Rich.); c) part. passé α) 1768 subst. masc. «agrément du genre des trilles propre à certains instruments» (Rousseau, p.372); β) 1926 instrument à cordes pincées (Bouasse, Cordes et membranes, p.276); 3. a) 1588 fig. (Montaigne, Essais, III, 9, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.978: Je sens la mort qui me pince continuellement la gorge ou les reins); b) α) 1833 le froid pince (Balzac, Méd. camp., p.184); β) 1835 ça pince «il fait très froid» (Monnier, Scènes populaires, II, p.110 ds Quem. DDL t.19). B. 1676 [éd.] hortic. (Le Gendre, La Manière de cultiver les arbres fruitiers, p.114). C. 1. a) 1690 «serrer fortement de manière à rapprocher, à rendre plus étroit, plus mince» (Mmede Sévigné, Lettre du 15 janv. ds Corresp., éd. R. Duchêne, t.3, p.810: pincer le nez); b) 1695 air pincé (Regnard, Le Bal, 12 ds Littré); 1747 homme ... pincé dans la conversation (Voltaire, Cosi-sancta ds Rob.); 2. 1701 terme de relieur (Fur.); 3. 1831 cout. habit pincé (Nodier, Fée Miettes, p.107); 4. 1834 pincer la taille (en parlant d'un vêtement) (Balzac, E. Grandet, p.54). D. 1. Fin du xives. «arrêter (quelqu'un), appréhender» (Eustache Deschamps, OEuvres, éd. G. Raynaud, t.9, p.157, 4784); de nouv. 1732 [éd.] (Lesage, Hist. de Guzman d'Alfarache, t.2, p.261); 2. 1798 «prendre en faute» (Ac.). Dér. du rad. expressif *pints-, qui évoque une saisie rapide et brusque; dés. -er (cf. aussi l'ital. pinzare «piquer (d'un insecte)» et l'esp. pinchar «piquer». V. FEW t.8, pp.541b-542a et 547a-b. Fréq. abs. littér.: 761. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 343, b) 1762; xxes.: a) 1569, b) 1050.
DÉR. 1.
Pinçage, subst. masc.Action de pincer. a) [Corresp. à pincer I A 1] α) Hortic. Synon. usuel de pincement.L'abondance de la gadoue nuisit aux fraisiers, le défaut de pinçage aux tomates (Flaub.,Bouvard, t.1, 1880, p.31). β) Mécan. Blocage d'un système au moyen d'un dispositif à pince. L'immobilisation du tourillon en place étant simplement assurée par pinçage (Ambroise,Monteur mécan., 1949, p.37). γ) Reliure. Opération consistant à pincer les nerfs. Éviter pendant l'opération du pinçage que l'outil n'échappe au delà des nerfs, ce qui risque de rayer la peau sur les côtés plats (O. Beausoleil,Reliure-dorure, Paris, Sté fr. du livre, 1972, p.33).b) [Corresp. à pincer I A 2 b] Le pinçage de la peau peut contribuer à éviter les rides (Heckel, Le Gendreds Nouv. Traité Méd.fasc. 71924, p.346).[Comme jeu libidineux] La cuite, la rixe, les propos gras, les pinçages de fesses quand il y en avait, voilà comment chez moi, on manifestait son contentement (Arnoux,Zulma, 1960, p.26).c) [Corresp. à pincer I B 1] Un tuyau de longueur acoustique invariable, peut, quelle que soit sa classe, donner plusieurs sons (partiels) suivant la force du vent ou le pinçage des lèvres (Bouasse,Instrum. à vent, 1930, p.13). [pε ̃sa:ʒ]. 1resattest. a) 1845-46 hortic. (Besch.), b) 1932 «blocage d'un système mécanique à l'aide d'un dispositif à pince» (Lar. 20e); de pincer, suff. -age*.
2.
Pinceur, -euse, adj. et subst.a) [Corresp. à pincer I A 2 γ] Quels doigts pinceurs de luths ou gratteurs de violes Ont célébré des yeux aussi surnaturels! (Rollinat,Névroses, 1883, p. 35).Et par moments c'étaient d'étranges désaccords, Ou, sous les doigts pinceurs, des pizzicati mièvres (Rostand,Musardises, 1890, p.93).b) Subst. masc., bât. ,,Bardeur d'un type particulier qui, lorsque la pierre est montée sur le chantier, aide le contreposeur à la mettre en place`` (Mét. 1955). [pε ̃soe:ʀ], fém. [-ø:z]. 1resattest. a) 1660 subst. «personne qui aime à pincer» (Oudin Fr.-Esp.), de nouv. 1819 «id.» (Boiste), 1883 adj. doigts pinceurs de luths (Rollinat, loc. cit.), b) 1840 subst. «contremaître des bardeurs» (Ac. Compl. 1842); de pincer, suff. -eur1*.
3.
Pinçure, subst. fém.Action de pincer ou résultat de cette action. a) [Corresp. à pincer I A 2 b] [M. d'U., commun soupirant de ces trois dames,] était précieux, cajolé (...), meurtri de pinçures, et soigné à gras (D'Esparbès,Dern. lys, 1898, p.280).b) [Corresp. à pincer I A 3 a ou b] Depuis le matin, elle se plaignait de pinçures à la peau, comme si des mouches l'avaient fortement piquée (Zola,Joie de vivre, 1884, p.1081).Le gel qui mord Et la bise aux pinçures sourdes (Richepin,Bombarde, 1899, p.126).Marcel, avec beaucoup de soin et non moins d'ironie, s'appliqua à lui prouver que ce monde [de l'enfant] ne pouvait suffire à une nature avide et exigeante, comme la sienne. Annette l'écoutait, les sourcils froncés, une pinçure au coeur (Rolland,Âme ench., t.2, 1925, p.38). [pε ̃sy:ʀ]. 1resattest. a) 1573 «action de pincer» (A. Paré, OEuvres, VIII, 38, éd. J.-F. Malgaigne, t.2, p.111). b) 1785 pinçures au bras (Restif de La Bretonne, Mes inscriptions, 4 déc., éd. Paris, P. Cottin, 1889, p.148); de pincer, suff. -ure1*.
BBG. Bierbach, 1982, pp.303-304 (s.v. pince-). _Pinchon (J.). Les Pron. adv. en et y. Genève, 1972, p.258. _Quem. DDL t.4, 5, 16.

Wiktionnaire

Verbe - français

pincer \pɛ̃.se\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Serrer fortement avec une pince, avec des tenailles ou autres instruments semblables.
    • Pincez bien cette barre de fer pour la mettre au feu. — Vos tenailles sont faussées, elles ne pincent plus.
  2. Serrer fortement avec un objet, conçu comme une pince.
    1. Des doigts :
      • Pincer quelqu’un fortement.
    2. Un bec.
      • Ce perroquet lui a pincé le doigt avec son bec.
    3. Une porte.
      • Cette porte m’a pincé les doigts.
  3. Rapprocher en serrant fortement.
    • Des moises doubles J pinçaient ce poteau D, reposaient sur la longrine F, mordaient les trois poteaux G, H, I, […]. — (Eugène Viollet-le-Duc, La Cité de Carcassonne, 1888)
    • Pincer les lèvres pour ne pas rire.
  4. Causer une douleur, produire une sensation vive et désagréable.
    • Évidemment, le vent de nord, là-dedans, devait pincer ferme. — (Jean de La Varenne, Versailles, Paris, éditions Henri Lefebvre, 1959, page 174)
    • La position est inconfortable et le froid pince à cette altitude. Je ne parviens guère à fermer l’œil. — (Louis Chabert, Une enfance en hiver, La Fontaine de Siloé, Montmélian, 2006, page 189)
  5. (Figuré) Surprendre, saisir, prendre sur le fait.
    • Oh ! mais avant tout, j’ai le plaisir de t’annoncer une bonne nouvelle ; j’ai pincé ma femme, cette nuit, en flagrant délit d’adultère. — (Georges Feydeau, Monsieur chasse !, 1892, acte III, scène 6)
    • Elle fit de fausses sorties, elle rentra plus tôt qu’elle ne l’eût dû pour les surprendre ; elle rentra plus tard pour leur donner confiance par la suite. Jamais elle ne les pinça. N’importe, un jour ou l’autre elle les pincerait. — (Charles-Louis Philippe, Dans la petite ville, 1910, réédition Plein Chant, page 107)
    • […] car ils n’étaient venus, loin de leur brigade, s’aposter en cet endroit que pour en pincer un autre, le surnommé Souris, […]. — (Louis Pergaud, L’Évasion de Kinkin, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Vivier. Vieux sénateur. Vieux cochon. Bon républicain. S'est fait pincer vingt fois dans un édicule municipal en posture d'exhibitionniste. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 184)
    • Le second de ces personnages est un médecin marron, qui s'était fait pincer deux fois ans un trafic d’héroïne. — (Lucien Rebatet, Les deux étendards, tome 2, Éditions Gallimard, 1951, page 503)
    • « Monsieur Bonnicar, voilà vos petits pâtés !… » dit tout à coup une voix près de lui. Et le bonhomme, en levant la tête, fut bien étonné de voir le petit garçon de chez Sureau, qui s’était fait pincer avec les pupilles de la République. — (Alphonse Daudet, Les petits pâtés, dans Contes du lundi, 1873, Fasquelle, collection Le Livre de Poche, 1974, page 143)
    1. (Familier) Être puni de quelque imprudence qu’on a faite.
      • Il a voulu jouer gros jeu, il s’est fait pincer, il a été pincé.
      • Il a fait des spéculations de Bourse et il y a été pincé.
  6. (Figuré) (Familier) Être amoureux, aimer.
    • J’ai une histoire de cœur, une maîtresse qui m’avait beaucoup pincé, très ému, une charmante petite femme […] — (Guy de Maupassant , Les Tombales, dans La maison Tellier, 1891, collection Le Livre de Poche, page 61)
    • « Prenez garde à l’amour ; il est en train de vous pincer, et j’ai le devoir de vous prévenir comme on prévient, en Russie, un passant dont le nez gèle. » — (Guy de Maupassant , Au printemps, dans La maison Tellier, 1891, collection Le Livre de Poche, page 210)
    • Peut-être qu’avant le mariage il pinçait déjà en cachette la Julie. Alors tout ce manège, toute cette comédie, ne visait qu’à lui faire endosser, à lui le patron bonne poire, la paternité du moutard. — (Louis Pergaud, La Vengeance du père Jourgeot, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
  7. (Musique) Faire vibrer les cordes d’un instrument en les serrant et les tirant avec les doigts.
    • Tous les soirs, Rousseau venait pincer de la guitare sous sa fenêtre, et le roi, qui était jaloux, le guettait souvent, et a fini par le faire mourir. — (Gérard de Nerval, Les Filles du feu, Angélique, 1854)
    • A droite du piano, le violoncelliste émergeait de la fosse, la tête appuyée contre la crosse de son instrument dont il pinçait les cordes en regardant fixement devant lui. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
  8. (Agriculture) Couper avec le bout des doigts ou avec l’ongle les bourgeons ou l’extrémité des jeunes branches d’un arbre à fruit, pour empêcher qu’il ne pousse trop.
    • Pincer les petits bourgeons d’un arbre.
  9. (Manège) Approcher l’éperon du flanc du cheval, sans donner de coup ni appuyer.
    • Pincer du droit, du gauche.
    • Pincer des deux.
  10. (Marine) Aller au plus près du vent.
    • Pincer le vent.
  11. (Cuisine) Faire rissoler fortement.
  12. (Cuisine) Utiliser le pince-pâte sur les bords d’une tarte.
  13. (Argot policier) Mettre les menottes[1].
  14. (Médecine vétérinaire) Morsure d’animal pas violente.
  15. (Désuet) (Familier) Attraper une maladie.
    • Ce que je peux vous dire : c’est excessivement malsain ; quand vous aurez pincé une fluxion de poitrine, ou les bons petits rhumatismes des familles, vous serez bien avancé ? — (Marcel Proust, Sodome et Gomorrhe, Gallimard, Paris, 1924, page 135. → lire en ligne)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PINCER. v. tr.
Presser, serrer la superficie de la peau entre les doigts ou autrement. Pincer quelqu'un fortement. Pincer jusqu'au sang. Ce perroquet lui a pincé le doigt avec son bec. Cette porte m'a pincé les doigts. Il signifie aussi Serrer fortement avec une pince, avec des tenailles ou autres instruments semblables. Pincez bien cette barre de fer pour la mettre au feu. Vos tenailles sont faussées, elles ne pincent plus. Il signifie encore Rapprocher en serrant fortement. Pincer les lèvres pour ne pas rire. Il signifie encore Causer une douleur, produire une sensation vive et désagréable. Un froid qui pince.

PINCER se dit figurément pour Surprendre, saisir, prendre sur le fait. Si je te pince, tu ne m'échapperas pas. Il y a quelqu'un qui vole mes fruits, je le pincerai. Quelque jour il se fera pincer. Il est familier. Fig. et fam., Se faire pincer, être pincé, Être puni de quelque imprudence qu'on a faite. Il a voulu jouer gros jeu, il s'est fait pincer, il a été pincé. Il a fait des spéculations de Bourse et il y a été pincé. Fig. et fam., Être pincé, Être amoureux.

PINCER, en termes de Musique, signifie Faire vibrer les cordes d'un instrument en les pinçant avec les doigts. Pincer de la harpe, de la guitare. En termes d'Agriculture, il signifie Couper avec le bout des doigts ou avec l'ongle les bourgeons ou l'extrémité des jeunes branches d'un arbre à fruit, pour empêcher qu'il ne pousse trop. Pincer les petits bourgeons d'un arbre. En termes de Manège, il signifie Approcher l'éperon du flanc du cheval, sans donner de coup ni appuyer. Pincer du droit, du gauche. Pincer des deux. En termes de Marine, Pincer le vent, Aller au plus près du vent. Le participe passé

PINCÉ s'emploie adjectivement et signifie Qui a un air contraint, raide, dédaigneux. Un air pincé. Des manières pincées.

Littré (1872-1877)

PINCER (pin-sé. Le c prend une cédille devant a et o : pinçant, pinçons) v. a.
  • 1Serrer la peau entre les doigts ou autrement. [Elle] Le pinçait, lui venait sourire, Sur les yeux lui mettait la main, Sur le pied lui marchait enfin, La Fontaine, Nicaise.

    Absolument. Votre fille a mal aux dents et pince comme vous ; cela est plaisant, Sévigné, 96. Il faut pincer bien fort, même jusqu'au sang, mais ne jamais écorcher, D'Alembert, Lett. à Volt. 4 août 1767.

    Fig. Pour Pauline, cette dévoreuse de livres… les romans, les comédies, les Voiture, les Sarasin, tout cela est bientôt épuisé… après il faut l'histoire ; si on a besoin de lui pincer le nez pour lui faire avaler, je la plains, Sévigné, 614.

    Je vous pince sans rire, sorte de jeu qui se joue ainsi : on fait asseoir sur un siége un homme de la compagnie ; un autre se noircit les doigts d'encre ou de charbon, et pince l'autre en divers endroits du visage, en disant : je vous pince sans rire. L'impression des doigts fait un masque risible, et, si quelqu'un se met à rire, il est obligé de se mettre à la place du barbouillé.

    Fig. Pincer sans rire, offenser, faire du mal sans en avoir l'air ; dire quelque chose de piquant sans paraître en avoir l'intention. Or, comte, pour finir, lis donc cette satire, Et vois ceux de ce temps que je pince sans rire, Régnier, Sat. II.

    Substantivement. Un pince-sans-rire, un homme qui raille sans en avoir l'air, un homme malin et sournois. Ses articles de critique… sont semés de malices fuyantes et d'ironies couvertes qui rappellent les pince-sans-rire de la bonne compagnie, Asselineau, Mélang. tirés d'une petite biblioth. romantique, Paris 1866, p. 79.

  • 2Saisir, couper, arracher. Vous pouvez bien juger que des gens qui se faisaient pincer le poil des bras et des cuisses, qui se frisaient, qui se parfumaient…, Voiture, Lett. 125. Quand ils [les petits des paons] auront six mois, ils mangeront du froment, de l'orge… et même ils pinceront l'herbe tendre, Buffon, Ois. t. IV, p. 32.

    Fig. Pincer la matière, l'effleurer à dessein, ne pas l'approfondir. Tel fut notre début en Italie, dont toute la faute fut imputée à Catinat, en quoi Vaudemont, en pinçant seulement la matière, et Tessé à pleine écritoire, ne s'épargnèrent pas, Saint-Simon, 96, 21.

    Populairement, en pincer, y prendre part, en goûter. Je suis sûr qu'il en a pincé.

  • 3 Terme de jardinage. Couper avec les ongles l'extrémité des jeunes rameaux pour les arrêter en faveur des autres branches ou des fruits. Pincer quelques branches qui sont trop vigoureuses, La Quintinye, Jardins, I, 2. Outre la taille, on vient encore quelquefois à une autre opération qu'on appelle pincer… l'effet de ce pincer est d'empêcher que les branches ne deviennent trop grosses et par conséquent inutiles à fruit, ID. Jardins, I, III, 9.
  • 4 Terme de musique. Faire vibrer les cordes d'un instrument, en les tirant vivement avec le bout d'un doigt. Il a pincé ce passage sur son violon, au lieu de le jouer avec l'archet. Tel était encore l'epigonium, inventé par Epigonus d'Ambracie, le premier qui pinça les cordes, au lieu de les agiter avec l'archet, Barthélemy, Anach. ch. 27.

    Pincer se dit des instruments à cordes que l'on touche de l'extrémité des doigts, tels que la guitare, le luth, la harpe ; en cet emploi, il est ordinairement neutre (on dit toucher des instruments qui ont des touches). Pincer de la harpe, du luth, de la guitare, du téorbe.

  • 5Serrer fortement avec une pince, avec des tenailles ou autres instruments semblables. Pincer une bûche, une barre de fer rouge.

    Absolument. Vos tenailles sont faussées, elles ne pincent plus.

  • 6Pincer les lèvres, les rapprocher l'une contre l'autre ; ce qui est un signe de mécontentement, de pruderie. Quolibets de noces, plates plaisanteries, contes lubriques, qui font rougir la mariée et pincer les lèvres aux bégueules, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 54.

    On dit de même : pincer le bec. Je sais que vos ladys… à certains de nos mots pourraient pincer le bec, Al. Duval, Orat. angl. I, 9.

    Rendre plus mince en serrant. Pincer les livres.

    Cette robe lui pince bien la taille, elle lui dessine bien la taille, la lui fait paraître fine.

    Terme de marine. Pincer un bâtiment, lui donner des formes ou des façons aiguës ou fines.

  • 7 Terme de manége. Approcher l'éperon du flanc du cheval, sans donner coup ni appuyer.
  • 8 Familièrement. Arrêter, saisir. On pinça le voleur. Une felouque envoyée par mes parents avec ordre de me faire pincer, Lesage, Guzm. d'Alf. v, 6. Si je venais à être pincé, je serais obligé de rendre gorge, et de perdre avec cela mes deux oreilles, Lesage, ib. II, 4. Ces égrillards iraient d'humeur bouffonne Pincer au lit le diable et ses suppôts, Béranger, Préf.
  • 9Par extension de l'action de pincer à la sensation que cette action produit, causer une sensation vive et désagréable. Le coup de fouet a pincé ce cheval. Le vent me pinçait le visage. Tout ce qui me pince les entrailles m'est contraire, Mme du Deffant, Lett. à H. Walpole, t. IV, p. 417, dans POUGENS.
  • 10 Fig. et familièrement. Saisir, surprendre en faute. Cet enfant va voler du fruit dans le jardin du voisin ; on le pincera. Si je te pince, tu ne m'échapperas pas.
  • 11Se faire pincer, être pincé, être puni de quelque imprudence, de quelque faute. Il s'est fait pincer à des spéculations de bourse.
  • 12 Fig. Critiquer, railler. Son style [du jésuite Maimbourg] n'est point agréable ; il veut toujours pincer quelqu'un, et comparer Arius… à M. Arnauld, Sévigné, 23 nov. 1689. Ce charmant, cet aimable prince, Dont la muse finement pince Jusques aux serviteurs de Dieu, Chaulieu, à Mme de Lassay. Je vous dis très sincèrement… que je vous pardonne cordialement de m'avoir pincé, que je suis fâché de vous avoir donné quelques coups d'épingles…, Voltaire, Lett. Abbé Trublet, 27 avril 1761. Virgile a-t-il bien fait de pincer Mévius ? Voltaire, Ép. 104.

    Pincer en riant, faire la critique de quelqu'un, sans amertume et d'une manière agréable.

  • 13Chez les planeurs, former l'angle qui règne autour d'une pièce de vaisselle au-dessus du bouge.

    Terme de reliure. L'ouvrier doit bien faire attention à ce que son marteau tombe bien aplomb sur la battée, sans cela il risquerait de pincer et couperait la battée, Manuel du relieur, p. 55, Roret, 1827.

  • 14 Terme de monnaie. Marquer plus fortement les monnaies ou les médailles dans les endroits où l'empreinte n'est pas assez forte.
  • 15 Terme de marine. Pincer le vent, s'approcher du lit du vent, se tenir le plus près du vent, aussi près que possible.

    Il se dit aussi dans les autres cas où l'on a besoin du vent. Mon sage est le conducteur de mon moulin, lequel pince bien le vent, ramasse mon sac de blé, le verse dans la trémie…, Voltaire, Dict. phil. Xénophane.

  • 16Se pincer, v. réfl. Se faire un pinçon. En fermant cette porte je me suis pincé.

HISTORIQUE

XIIIe s. …je voi maint prince Qui retalle au poure home et pince Sa terre pour croistre la sieue [sienne], Baudouin de Condé, t. I, p. 471. Meffais qui l'autrui tolt et pince, la Rose, 8484.

XVe s. Très chier et très amé cousin, Tant avez pincé le raisin Et la purée de Bourgoingne, Que mal a alé vo besoingne ; Souffert en avez maladie, Deschamps, Poésies mss. f° 420. Et n'y avoit loup ne lieppar Qui souvent ne fust de renart Pincez par nuit en traïson, ib. f° 483.

XVIe s. Envoya sommer de combatre ; ce que ne voulurent, mais sortirent à l'escarmouche, et là se commencerent à pincer bien estroit, Jean D'Auton, Annales de Louis XII, ms. f. 2, dans LACURNE. La couronne est engagée plus de trente millions ; et le tout par l'astuce et intelligence de ceux qui ont les charges plus honorables, lesquels se sont servis de l'occasion pour jouer à pincer sans rire, Caquets de l'accouchée, p. 123, dans LACURNE. …Si c'est estudier, que effleurer et pincer, par la teste ou par les pieds, tantost un aucteur…, Montaigne, III, 77. D'estre subject à la cholique et subject à m'abstenir du plaisir de manger des huistres, ce sont deux maulx pour un : le mal nous pince d'un costé ; la regle de l'aultre, Montaigne, IV, 263. …Lequel [pauvre peuple] estant encore pincé par la subtile main des financiers, c'est merveille de quoy il subsiste, Lanoue, 13. …En se tastant souvent et à toute heure, pressant et pinssant jusques au vif, Charron, Sagesse, I, 1.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PINCER. - HIST. Ajoutez : XIIe s. Tant m'a amors pincié et mors ! Benoit de Sainte-Maure, Roman de Troie, V. 18062.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

PINCER, v. act. (Gramm.) en général c’est serrer avec le bout des doigts. Les oiseaux pincent avec leurs becs ; les écrevisses avec leurs pattes ; les ouvriers avec des tenailles. On pince les cordes d’un luth, &c. Il se prend aussi au figuré, & l’on dit d’un homme qui raille finement, qu’il pince sans qu’on s’en apperçoive.

Pincer le vent, (Marine.) c’est aller au plus près du vent, cingler à six quarts de vent près du rhumb d’où il vient. Voyez Ranger.

Pincer, Pincement, (Jardinage.) pincement, en terme de Jardinage, est l’action d’arrêter par les bouts tous les bourgeons de la pousse d’une année, lorsqu’ils sont parvenus à une certaine longueur. On appelle pincement cette opération, parce qu’on se sert des deux ongles du pouce & de l’index pour rogner le bout des branches qui s’échappent trop.

On n’est pas bien d’accord sur la nature des bourgeons pour le pincement, ni même sur les effets, ni sur les raisons de pincer le bout des branches. Les uns prétendent par son moyen empêcher les bourgeons de s’étroler, c’est-à-dire de s’alonger trop en restant toujours fort menus ; & on prétend faire fortifier par-là les bourgeons. D’autres pratiquent le pincement à dessein d’arrêter la seve, & de l’empêcher de s’emporter vers le haut. Il en est d’autres encore qui s’en servent dans la vue de faire ouvrir les yeux d’en bas à dessein de les faire drageonner.

Le pincement est en usage universellement dans le jardinage pendant les mois d’Avril, Mai & Juin. Il ne doit se faire que sur les grosses branches d’en-haut, & jamais sur les foibles, ni sur celles d’en-bas, qu’il est essentiel de conserver afin qu’elles en produisent d’autres pour remplacer les endroits sujets à se dégarnir. S’il en vient de chiffonnes & de gourmandes, on les retranchera entierement.

Présentement on regarde le pincement comme la cause la plus meurtriere des arbres, & la source de leur infécondité ; on l’avoit pratiqué sans aucun examen & par la force du préjugé. On est convaincu par les expériences que l’on ne peut élever en pinçant de beaux arbres qui donnent long-tems des fruits. Cette opération détruit le méchanisme de la végétation par la suppression de la cîme du bourgeon, laquelle est un des organes ou une partie organique la plus nécessaire de l’arbre pour l’action de la seve. Il ne faut pincer les arbres que dans un seul cas, c’est quand on veut faire drageonner un arbre, c’est-à-dire, le faire pousser par le pié : alors cette opération devient d’une nécessité indispensable. On pincera avec l’ongle les orangers & les autres arbres de fleurs dans les deux pousses, pour ôter les jets foibles ; & on ne laissera point emporter les branches qui poussent trop ; on les coupera d’une longueur convenable à la forme & à la rondeur de l’arbre, qui est la principale chose que l’on doive observer en taillant les orangers.

Ne pincez point la premiere année les orangers étêtés, parce qu’ils ont besoin de toute la longueur des branches pour former promptement une nouvelle tête.

L’ébourgonnement qu’on a trouvé à son article, tient lieu de pincement, & est infiniment meilleur. Voyez Ebourgeonnement.

Pincer, (Maréchal.) c’est approcher délicatement l’éperon du flanc du cheval sans donner de coup ni appuyer. Le pincer est un aide, & appuyer un châtiment. Pincer du droit, pincer du gauche, pincer des deux. Lorsqu’on a pincé un cheval, il ne faut pas laisser l’éperon dans le poil, mais le retirer d’abord.

Pincer, en terme de Planeur, c’est proprement l’action de former l’angle qui va tout-au-tour d’une piece de vaisselle au-dessus du bouge, sous la marlie. Voyez Arrete.

Pincer un livre, (terme de Relieur.) c’est approcher avec de petites pinces de fer de chaque côté des nerfs qui sont au dos d’un livre, les ficelles qui n’en sont pas assez proche quand on l’a fouetté.

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Étymologie de « pincer »

Wallon, pissî ; espagn. pizcar et pinchar ; ital. pizzicare ; Venise, pizzare ; angl. to pinch ; du germanique d'après Diez : bavarois, pfitzen ; holland. pitsen. Il faut rejeter pinceau ; le verbe tiré de ce substantif serait pinceler, et non pincer.

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(XIIe siècle) avec le sens de « saisir d’amour » ; d’un radical expressif pints[1] que l’on retrouve dans l’espagnol pinchar (« piquer ») ou l’italien pinzare (« piquer en parlant d’un insecte »), lequel radical est issu[2], par nasalisation du radical pic (« pointu ») que l’on retrouve dans le néerlandais pitsen, l’allemand pfitsen, l’espagnol pizcar, le valaque pitziga.
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Phonétique du mot « pincer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
pincer pɛ̃se

Citations contenant le mot « pincer »

  • Quand je regarde ma vie, je me dis que j’ai été sacrément chanceux d’accomplir tout cela. Je dois même me pincer plusieurs fois pour y croire. De Arnold Schwarzenegger / Extrait de l'interview du Figaro du 1er juillet 2015 , 
  • Si la plupart des automobilistes reçoivent les contraventions sans broncher quand ils se font pincer pour excès de vitesse, d’autres sont moins coopératifs. C’est le cas de ce chauffard dans la Nièvre, qui n’a pas hésité à insulter puis à menacer les gendarmes après avoir roulé à 141 km/h sur une route limitée à 80. Autonews, Arrêté pour excès de vitesse, un chauffard insulte puis menace les gendarmes
  • Franchement, on a dû se pincer pour voir que nous étions bien dans la réalité quand Benjamin Deroy nous a livré sa triste histoire. En trois ans, il a perdu son papa, sa grand-mère, sa maman et son unique frère. « Si je n’avais pas mon épouse, ma petite fille Lisa et mes beaux-parents, je crois que je n’aurais pas tenu », avoue ce carrossier de trente-six ans qui nous a reçus à son domicile, à Wavre. sudinfo.be, Benjamin ne peut toujours pas faire incinérer son frère Thibault, mort en Égypte en mars 2019: «Il manque un document qui l’autorise»
  • Quand je regarde ma vie, je me dis que j’ai été sacrément chanceux d’accomplir tout cela. Je dois même me pincer plusieurs fois pour y croire. De Arnold Schwarzenegger / Extrait de l'interview du Figaro du 1er juillet 2015 , 
  • Si la plupart des automobilistes reçoivent les contraventions sans broncher quand ils se font pincer pour excès de vitesse, d’autres sont moins coopératifs. Autonews, Arrêté pour excès de vitesse, un chauffard insulte puis menace les gendarmes
  • Franchement, on a dû se pincer pour voir que nous étions bien dans la réalité quand Benjamin Deroy nous a livré sa triste histoire. sudinfo.be, Benjamin ne peut toujours pas faire incinérer son frère Thibault, mort en Égypte en mars 2019: «Il manque un document qui l’autorise»

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Traductions du mot « pincer »

Langue Traduction
Anglais pinch
Espagnol pellizco
Italien pizzico
Allemand prise
Chinois
Arabe قرصة
Portugais pitada
Russe зажимать
Japonais ピンチ
Basque tira
Corse pizzicà
Source : Google Translate API

Synonymes de « pincer »

Source : synonymes de pincer sur lebonsynonyme.fr

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Pincer

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