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Suspens

Définitions de « suspens »

Trésor de la Langue Française informatisé

SUSPENS, EN SUSPENS, adj. masc., subst. masc. et loc.

I. − Adj. masc., DR. CANONIQUE. [En parlant d'un prêtre; corresp. à suspendre II B 2 b] Qui est suspendu. Un prêtre suspens, déclaré suspens. Il est suspens de fait et de droit (Ac.).
II. − Subst. masc.
A. − Vieilli ou littér.
1. Interruption, pause. Synon. suspension (v. ce mot II A 1).Maïa, Cassiopée, le grand Chiron, Cynosure et les tristes Hyades sont entrés dans la marche silencieuse des constellations. (...) ils gravissent dans le ciel et déclinent sans écart ni suspens (M. de Guérin, Poèmes, 1839, p. 17).Cette palme que le vent de la mer par reprises après de longs suspens fait remuer (Claudel, Soulier, 1944, 1repart., 2ejournée, 11, p. 1038).
En partic. Absence de trouble, de bruit. Le suspens de cette nuit paisible était si profond et si intime qu'il semblait qu'on y entendît quelqu'un marcher (Gracq, Syrtes, 1951, p. 350).
2. Indécision, incertitude. Synon. de suspension (v. ce mot II A 2 a).Nous aurons à (...) montrer pourquoi l'intelligence, avec son obligation de suspens, d'hésitation jusqu'au terme (...) ne peut être que négative (Du Bos, Journal, 1924, p. 44).Cette journée ne répondait à rien de ce qu'avait imaginé le jeune homme. Elle lui plaisait pourtant par ce caractère d'imprévu et de suspens (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 397).
B. − Littéraire
1. Sentiment d'attente plus ou moins angoissée; moment d'un récit, d'une œuvre dramatique ou romanesque qui la suscite. Synon. suspense (v. suspense2A).Complète obscurité sur la scène. Le bruit de la voiture se rapproche peu à peu. Il tonne tout près de la porte. Court suspens (Claudel, Violaine, 1901, IV, p. 626).
2. P. ext. Sentiment d'appréhension. Synon. suspense (v. suspense2B).Ce suspens devant l'incertain en quoi consiste la sensation des grandes vies, celle des nations pendant la bataille où leur destin est en jeu, celle des ambitieux à l'heure où ils voient que l'heure suivante sera celle de la couronne ou de l'échafaud (Valéry, Variété IV, 1938, p. 135).
III. − Loc. adv. et adj. En suspens
A. − [Corresp. à suspendre I et à suspension I] Suspendu, en suspension. Le canotier sur la nuque, la main en suspens (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 335).Le geste de la femme tenant en suspens la légère balance (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 344).
CHIM. En suspension. On laisse tomber une goutte du corps dont on cherche la densité dans un mélange eau-alcool en proportions telles que la goutte demeure en suspens (Chartrou, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 115).P. anal., littér. Le soleil de trois heures tenait en suspens une poussière ocre et ténue (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 234).
B. − [Corresp. à suspendre II et à suspension II]
1.
a) [En parlant d'une chose] (Qui est) momentanément interrompu; (qui est) en attente. Synon. en instance, en plan (fam.), en souffrance.Affaire, démarche, geste, projet en suspens; demeurer, rester en suspens. L'alliance russe est compromise et en suspens (Goncourt, Journal, 1892, p. 233).Vous en avez... Elle laissa cette phrase en suspens deux ou trois secondes, puis avec un demi-sourire acheva:... une drôle de figure! (Green, Moïra, 1950, p. 159).
b) [En parlant d'une pers.] (Qui est) momentanément interrompu dans ses activités; (qui est) en arrêt. Au premier coup de canon annonçant la délivrance de l'Impératrice, tout Paris resta en suspens, dans les promenades, dans les rues, dans l'intérieur des maisons, dans les assemblées publiques (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 69).
2. Vieilli ou littér. Synon. suspendu (v. ce mot II A 1).
a) [En parlant d'une chose] (Qui est) dans l'incertitude. Sort en suspens. Pendant douze jours mon destin serait en suspens. Dans douze jours je déciderais peut-être de me risquer follement dans un avenir inconnu (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 499).Il est rare que le diagnostic reste en suspens lorsqu'on aura procédé à un examen neurologique minutieux (Ravault, Vignon, Rhumatol., 1956, p. 582).
b) [En parlant d'une pers.] (Qui est) dans l'indécision, la perplexité. Que résoudre? Je suis indécis, en suspens (Collin d'Harl., Vieux célib., 1792, IV, 1, p. 87).Il était (...) en suspens, ne sachant de quel côté se tourner (Gobineau, Pléiades, 1874, p. 308).
Loc. verb. Etre en suspens entre/sur. Hésiter entre/sur. J'ai quelque temps été en suspens sur le lieu où je me fixerais; enfin je me suis déterminé à venir (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1613).Quand j'étais en suspens entre le bien et le mal (Delécluze, Journal, 1827, p. 362).
C. − Vieilli ou littér. (Tenir qqn) en suspens. (Tenir quelqu'un) en haleine. Auditoire en suspens. Vous n'avez pas tort non plus de croire que tous ces faits, ces grands événements qui tiennent le monde en suspens méritent bien peu l'attention d'un homme sensé (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1805, p. 692).Deux grandes lectures qui m'ont tenu en suspens durant des mois à Cabris (Gide, Journal, 1941, p. 93).
Prononc. et Orth.: [(ɑ ̃)syspɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Adj. 1. ca 1245 souspens « suspendu de ses fonctions » (ici, un évêque) (Philippe Mousket, Chron., éd. De Reiffenberg, 30505 ds T.-L.); 1527 (conseillers du parlement) suspens de leurs offices (Chron. parisienne de Pierre Driart, éd. F. Bournon ds Mém. Soc. Hist. de Paris, t. 22, p. 122); 2. ca 1375 suspensé « interrompu, arrêté » (ici, en parlant de l'action du feu) (Oresme, Livre du Ciel et du Monde, 103d, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, p. 404); 3. a) xves. « perplexe, figé dans l'indécision ou l'attente » (Ancienn. des Juifs, Ars 5082, fo214a ds Gdf.); b) 1458 « en sursis, reporté, non jugé » (Arnoul Greban, Passion, éd. O. Jodogne, 1576); c) 1508 tenir (qqn) suspens « laisser dans l'incertitude, l'indétermination » (Éloy D'Amerval, Le Livre de la Deablerie, éd. Ch. F. Ward, 115b). II. Subst. A. loc. en suspens 1. 1314 tenir en souspens « suspendre, arrêter, interdire » (Mandement de Philippe le Bel ds Rec. gén. des anc. lois fr., t. 3, p. 40); 2. 1330 mettre en suspens « reporter, surseoir l'application de » (Ordonnance Philippe VI, ibid., t. 4, p. 383); 3. a) ca 1465 tenir en suspens « laisser dans l'indécision, remettre à plus tard le règlement, le jugement de » (G. Chastellain, Chron., VI, 133, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 5, p. 209); b) 1560 « sans décider, en suspendant son jugement, sans se prononcer » (Calvin, Institution chrétienne, I, 15 éd. J.-D. Benoît, t. 1, p. 215); 4. 1485 tenir (qqn) en suspens « laisser dans l'incertitude, la perplexité, l'attente » (Mistère Viel Testament, XXXV, 30030, éd. J. de Rothschild, t. 4, p. 261); 5. 1826 tenir en suspens « tenir en haleine, captiver » (Balzac, Physiol. mariage, p. 121); 6. 1866 « retenu, qui tient en l'air, qui ne retombe pas » (Hugo, Travaill. mer, p. 310). B. 1839 « interruption momentanée, moment de pause ou d'attente » (M. de Guérin, loc. cit.). Empr. au lat.suspensus, -ae, -um, part. passé adj. de suspendere (v. suspendre), en partic. à l'empl. subst. dans l'expr. in suspenso « en sursis, en attente ». Fréq. abs. littér.: 326. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 284, b) 174; xxes.: a) 353, b) 838.

SUSPENS, EN SUSPENS, adj. masc., subst. masc. et loc.

I. − Adj. masc., DR. CANONIQUE. [En parlant d'un prêtre; corresp. à suspendre II B 2 b] Qui est suspendu. Un prêtre suspens, déclaré suspens. Il est suspens de fait et de droit (Ac.).
II. − Subst. masc.
A. − Vieilli ou littér.
1. Interruption, pause. Synon. suspension (v. ce mot II A 1).Maïa, Cassiopée, le grand Chiron, Cynosure et les tristes Hyades sont entrés dans la marche silencieuse des constellations. (...) ils gravissent dans le ciel et déclinent sans écart ni suspens (M. de Guérin, Poèmes, 1839, p. 17).Cette palme que le vent de la mer par reprises après de longs suspens fait remuer (Claudel, Soulier, 1944, 1repart., 2ejournée, 11, p. 1038).
En partic. Absence de trouble, de bruit. Le suspens de cette nuit paisible était si profond et si intime qu'il semblait qu'on y entendît quelqu'un marcher (Gracq, Syrtes, 1951, p. 350).
2. Indécision, incertitude. Synon. de suspension (v. ce mot II A 2 a).Nous aurons à (...) montrer pourquoi l'intelligence, avec son obligation de suspens, d'hésitation jusqu'au terme (...) ne peut être que négative (Du Bos, Journal, 1924, p. 44).Cette journée ne répondait à rien de ce qu'avait imaginé le jeune homme. Elle lui plaisait pourtant par ce caractère d'imprévu et de suspens (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 397).
B. − Littéraire
1. Sentiment d'attente plus ou moins angoissée; moment d'un récit, d'une œuvre dramatique ou romanesque qui la suscite. Synon. suspense (v. suspense2A).Complète obscurité sur la scène. Le bruit de la voiture se rapproche peu à peu. Il tonne tout près de la porte. Court suspens (Claudel, Violaine, 1901, IV, p. 626).
2. P. ext. Sentiment d'appréhension. Synon. suspense (v. suspense2B).Ce suspens devant l'incertain en quoi consiste la sensation des grandes vies, celle des nations pendant la bataille où leur destin est en jeu, celle des ambitieux à l'heure où ils voient que l'heure suivante sera celle de la couronne ou de l'échafaud (Valéry, Variété IV, 1938, p. 135).
III. − Loc. adv. et adj. En suspens
A. − [Corresp. à suspendre I et à suspension I] Suspendu, en suspension. Le canotier sur la nuque, la main en suspens (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 335).Le geste de la femme tenant en suspens la légère balance (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 344).
CHIM. En suspension. On laisse tomber une goutte du corps dont on cherche la densité dans un mélange eau-alcool en proportions telles que la goutte demeure en suspens (Chartrou, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 115).P. anal., littér. Le soleil de trois heures tenait en suspens une poussière ocre et ténue (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 234).
B. − [Corresp. à suspendre II et à suspension II]
1.
a) [En parlant d'une chose] (Qui est) momentanément interrompu; (qui est) en attente. Synon. en instance, en plan (fam.), en souffrance.Affaire, démarche, geste, projet en suspens; demeurer, rester en suspens. L'alliance russe est compromise et en suspens (Goncourt, Journal, 1892, p. 233).Vous en avez... Elle laissa cette phrase en suspens deux ou trois secondes, puis avec un demi-sourire acheva:... une drôle de figure! (Green, Moïra, 1950, p. 159).
b) [En parlant d'une pers.] (Qui est) momentanément interrompu dans ses activités; (qui est) en arrêt. Au premier coup de canon annonçant la délivrance de l'Impératrice, tout Paris resta en suspens, dans les promenades, dans les rues, dans l'intérieur des maisons, dans les assemblées publiques (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 69).
2. Vieilli ou littér. Synon. suspendu (v. ce mot II A 1).
a) [En parlant d'une chose] (Qui est) dans l'incertitude. Sort en suspens. Pendant douze jours mon destin serait en suspens. Dans douze jours je déciderais peut-être de me risquer follement dans un avenir inconnu (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 499).Il est rare que le diagnostic reste en suspens lorsqu'on aura procédé à un examen neurologique minutieux (Ravault, Vignon, Rhumatol., 1956, p. 582).
b) [En parlant d'une pers.] (Qui est) dans l'indécision, la perplexité. Que résoudre? Je suis indécis, en suspens (Collin d'Harl., Vieux célib., 1792, IV, 1, p. 87).Il était (...) en suspens, ne sachant de quel côté se tourner (Gobineau, Pléiades, 1874, p. 308).
Loc. verb. Etre en suspens entre/sur. Hésiter entre/sur. J'ai quelque temps été en suspens sur le lieu où je me fixerais; enfin je me suis déterminé à venir (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1613).Quand j'étais en suspens entre le bien et le mal (Delécluze, Journal, 1827, p. 362).
C. − Vieilli ou littér. (Tenir qqn) en suspens. (Tenir quelqu'un) en haleine. Auditoire en suspens. Vous n'avez pas tort non plus de croire que tous ces faits, ces grands événements qui tiennent le monde en suspens méritent bien peu l'attention d'un homme sensé (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1805, p. 692).Deux grandes lectures qui m'ont tenu en suspens durant des mois à Cabris (Gide, Journal, 1941, p. 93).
Prononc. et Orth.: [(ɑ ̃)syspɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Adj. 1. ca 1245 souspens « suspendu de ses fonctions » (ici, un évêque) (Philippe Mousket, Chron., éd. De Reiffenberg, 30505 ds T.-L.); 1527 (conseillers du parlement) suspens de leurs offices (Chron. parisienne de Pierre Driart, éd. F. Bournon ds Mém. Soc. Hist. de Paris, t. 22, p. 122); 2. ca 1375 suspensé « interrompu, arrêté » (ici, en parlant de l'action du feu) (Oresme, Livre du Ciel et du Monde, 103d, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, p. 404); 3. a) xves. « perplexe, figé dans l'indécision ou l'attente » (Ancienn. des Juifs, Ars 5082, fo214a ds Gdf.); b) 1458 « en sursis, reporté, non jugé » (Arnoul Greban, Passion, éd. O. Jodogne, 1576); c) 1508 tenir (qqn) suspens « laisser dans l'incertitude, l'indétermination » (Éloy D'Amerval, Le Livre de la Deablerie, éd. Ch. F. Ward, 115b). II. Subst. A. loc. en suspens 1. 1314 tenir en souspens « suspendre, arrêter, interdire » (Mandement de Philippe le Bel ds Rec. gén. des anc. lois fr., t. 3, p. 40); 2. 1330 mettre en suspens « reporter, surseoir l'application de » (Ordonnance Philippe VI, ibid., t. 4, p. 383); 3. a) ca 1465 tenir en suspens « laisser dans l'indécision, remettre à plus tard le règlement, le jugement de » (G. Chastellain, Chron., VI, 133, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 5, p. 209); b) 1560 « sans décider, en suspendant son jugement, sans se prononcer » (Calvin, Institution chrétienne, I, 15 éd. J.-D. Benoît, t. 1, p. 215); 4. 1485 tenir (qqn) en suspens « laisser dans l'incertitude, la perplexité, l'attente » (Mistère Viel Testament, XXXV, 30030, éd. J. de Rothschild, t. 4, p. 261); 5. 1826 tenir en suspens « tenir en haleine, captiver » (Balzac, Physiol. mariage, p. 121); 6. 1866 « retenu, qui tient en l'air, qui ne retombe pas » (Hugo, Travaill. mer, p. 310). B. 1839 « interruption momentanée, moment de pause ou d'attente » (M. de Guérin, loc. cit.). Empr. au lat.suspensus, -ae, -um, part. passé adj. de suspendere (v. suspendre), en partic. à l'empl. subst. dans l'expr. in suspenso « en sursis, en attente ». Fréq. abs. littér.: 326. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 284, b) 174; xxes.: a) 353, b) 838.

Wiktionnaire

Adjectif - français

suspens \sys.pɑ̃\ invariable

  1. (Religion) Qu’on a suspendu de ses fonctions, en parlant d’un ecclésiastique suspendu des fonctions de son état.
    • Un prêtre suspens, déclaré suspens.
    • Il est suspens de fait et de droit.
    • Un prêtre suspens a divinis est un homme à qui il est interdit d’exercer son ministère de prêtre, il a interdiction d’agir en tant que prêtre catholique, il a interdiction de prêcher et interdiction de célébrer les sacrements. — (Canon. 209)

Nom commun - français

suspens \sys.pɑ̃\ masculin singulier et pluriel identiques

  1. (Francisation de l’anglicisme) Suspense.
    • Il y a beaucoup de suspens dans cette affaire.
  2. (Audiovisuel, Littérature) Effet dramatique visant à tenir le lecteur ou le spectateur en haleine, notamment à la fin d’un chapitre, d’un épisode ou d’une séquence.
  3. Suspension.
    • Le silence suspect du paysage était rendu plus sensible par les arrêts brusques et les reprises hésitantes de la pluie, et l’impression de suspens insolite que communiquaient ses intervalles inégaux. — (Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes, José Corti, 1951)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SUSPENS. adj. m.
Qu'on a suspendu de ses fonctions; il n'est usité qu'en parlant d'un Ecclésiastique qu'on suspend des fonctions de son état. Un prêtre suspens, déclaré suspens. Il est suspens de fait et de droit.

EN SUSPENS, loc. adv. Dans l'incertitude, dans l'indécision, dans l'attente. Je suis en suspens sur ce que je dois faire. Il se dit aussi d'une Chose interrompue, suspendue. Il a laissé en suspens l'ouvrage qu'il avait commencé. Cette affaire est demeurée en suspens.

Littré (1872-1877)

SUSPENS (su-span) adj. m.
  • 1Suspendu, en parlant d'un ecclésiastique. Et déclaraient suspens et interdits ipso facto tous les ecclésiastiques qui, dans quinze jours, n'auraient pas signé leur ordonnance, Racine, Hist. Port-Royal, 2e part.
  • 2En suspens, loc. adv. Dans l'incertitude, sans savoir à quoi se déterminer. Et, pour ne tenir plus en suspens vos esprits, Si vous voulez régner, le trône est à ce prix, Corneille, Rodog. III, 2. Je suis en suspens si… Aux extrêmes moyens je ne dois point courir, Molière, l'Ét. III, 2. Ils attendaient en suspens le jugement du sénat, Bossuet, Hist. III, 6. Il demeure en suspens entre la confusion et la confiance, Fléchier, Dauphine. Lassé de vivre toujours en suspens et dans l'incertitude, je me résolus…, Fénelon, Tél. I. Si Corneille a manqué à son art dans les détails, il a rempli le grand projet de tenir les esprits en suspens, et d'arranger tellement les événements, que personne ne peut deviner le dénoûment de cette tragédie [Rodogune], Voltaire, Comm. Corn. Rem. Rodog. IV, 5.

    En suspens, momentanément arrêté. Elle [Minerve] a tenu tous vos défauts en suspens, comme Neptune, quand il apaise les tempêtes, suspend les flots irrités, Fénelon, Tél. XXII.

    En suspens, qui n'a pas reçu une décision. Et qu'on ne nous dise pas que ces promesses demeurent encore en suspens, Bossuet, Hist. II, 13. On ne pouvait assez louer l'incroyable dextérité de Madame à traiter les affaires les plus délicates, et à guérir ces défiances cachées qui souvent les tiennent en suspens, Bossuet, Duch. d'Orl.

HISTORIQUE

XVIe s. Les autres disciples de Socrates en parlent bien ; mais c'est en suspens, pource que nul n'a osé prononcer d'une chose dont il n'estoit pas bien persuadé, Calvin, Instit. 127. Ils laissent tout enveloppé, suspens et confus par diversité d'opinions, Calvin, ib. 1173. La plus penible assictte pour moy, c'est estre suspens ez choses qui pressent, Montaigne, III, 47. Vault il pas mieux demeurer en suspens, que de s'infrasquer en tant d'erreurs que l'humaine fantasie a produites ? Montaigne, II, 232. Combien y a il de choses peu vraysemblables… desquelles si nous ne pouvons estre persuadez, au moins les fault il laisser en suspens ! Montaigne, I, 202. J'ay peur de tenir trop long-temps le lecteur suspens touchant la provision curieuse de notre langage, H. Estienne, Précell. édit. FEUGÉRE, p. 116.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Encyclopédie, 1re édition (1751)

SUSPENS, adj. (Jurisp.) du latin suspensus, est celui qui a encouru la peine de la suspense, c’est-à-dire, que l’on a suspendu de quelques fonctions ecclésiastiques. Voyez ci-après Suspense. (A)

Wikisource - licence Creative Commons attribution partage dans les mêmes conditions 3.0

France Terme

Effet dramatique visant à tenir le lecteur ou le spectateur en haleine, notamment à la fin d'un chapitre, d'un épisode ou d'une séquence.

FranceTerme, Délégation générale à la langue française et aux langues de France

Étymologie de « suspens »

Wallon, suspein, en suspens ; du latin suspensus, de suspendere, suspendre.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(Date à préciser) Du latin suspensus.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « suspens »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
suspens syspɑ̃

Citations contenant le mot « suspens »

  • Ecrire c'est ébranler le sens du monde, y disposer une interrogation indirecte, à laquelle l'écrivain, par un dernier suspens, s'abstient de répondre. La réponse, c'est chacun de nous qui la donne, y apportant son histoire, son langage, sa liberté. De Roland Barthes , 
  • Les travaux interrompus restent en suspens. De Virgile , 
  • Lisez donc les poètes, Leurs poèmes constituent un univers en suspens. De Léon-Paul Fargue / Lanterne Magique , 
  • Tant que l'irrémédiable est en suspens, l'angoisse rôde, pire que la défaite. De Gilbert Choquette / La Mort au verger , 
  • La passion reste en suspens dans le monde, prête à traverser les gens qui veulent bien se laisser traverser par elle. De Marguerite Duras / L'Amant , 
  • Ce qu'il y a de plus pénible dans l'écriture : la sécheresse, l'intervalle entre deux livres, comme un hiatus dans sa propre durée intérieure. On se croirait en suspens. De Fernand Ouellette / La Mort vive , 
  • Le concours 100 % carignan 2020, organisé par Alain Almes, grand maître, ses consœurs et confrères de la confrérie Del païs, Thongue, Peyne et Libron, est en suspens, en raison du Covid-19. En effet, il est difficile de réunir un jury afin de déguster les vins lauréats et délibérer en toute sécurité. Le concours est toutefois maintenu et devrait se dérouler après les vendanges. midilibre.fr, 100 % carignan : le concours est en suspens - midilibre.fr
  • Ecrire c'est ébranler le sens du monde, y disposer une interrogation indirecte, à laquelle l'écrivain, par un dernier suspens, s'abstient de répondre. De Roland Barthes , 
  • Les travaux interrompus restent en suspens. De Virgile , 
  • Lisez donc les poètes, Leurs poèmes constituent un univers en suspens. De Léon-Paul Fargue / Lanterne Magique , 
  • Tant que l'irrémédiable est en suspens, l'angoisse rôde, pire que la défaite. De Gilbert Choquette / La Mort au verger , 
  • La passion reste en suspens dans le monde, prête à traverser les gens qui veulent bien se laisser traverser par elle. De Marguerite Duras / L'Amant , 

Images d'illustration du mot « suspens »

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Traductions du mot « suspens »

Langue Traduction
Anglais suspense
Espagnol suspenso
Italien suspense
Allemand spannung
Chinois 悬念
Arabe تشويق
Portugais suspense
Russe неизвестность
Japonais サスペンス
Basque suspense
Corse suspense
Source : Google Translate API

Synonymes de « suspens »

Source : synonymes de suspens sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot suspens au Scrabble ?

Nombre de points du mot suspens au scrabble : 9 points

Suspens

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