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Toucher du bois : définition et origine de l'expression

Pour vous porter chance dans l’attente d’un heureux événement, ou pour conjurer le sort lors d’une journée misérable, sans doute avez-vous déjà employé cette expression, « je touche du bois » — en l’accompagnant du geste adéquat, cela va de soi.

Mais savez-vous pourquoi il est commun de « toucher du bois », et depuis quand l’on recourt à ce rituel pour tenter de s’attirer la bonne fortune ? Découvrez cela avec nous dans cet article : nous vous expliquons l’origine, le sens et les variantes de l’expression « toucher du bois »

Définition de l’expression « toucher du bois »

Certains croisent les doigts, d’autres touchent du bois ! L’expression, et le geste qui l’accompagne sont supposés porter bonheur, selon une croyance populaire. 


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Il est donc commun de « toucher du bois » pour faire jouer le destin en sa faveur, face aux situations les plus significatives (l’espoir d’obtenir une promotion, le souhait de rester en bonne santé) comme les plus triviales (le rêve de gagner au Loto ou celui d’attirer l’attention de l’être aimé).

En plus de porter chance, ce geste est également censé repousser l’infortune. Aussi, il peut être employé lorsque le sort semble se liguer contre nous, comme pour mettre un terme à la prétendue malédiction.

Au-delà de l’expression, « toucher du bois » revêt un caractère rituel, de l’ordre de la superstition. Malheur, en effet, à quiconque dirait « je touche du bois » sans exécuter le geste : vous devez absolument trouver du bois – du vrai, pas une imitation ! – à caresser tout en prononçant la phrase, au risque que le destin se retourne contre vous et qu’une pluie de malheurs ne vienne aussitôt s’abattre.

Origine de l’expression « toucher du bois »

L’expression « toucher du bois » trouve ses origines dans l’Antiquité. 600 avant Jésus-Christ, les Perses pratiquent la religion du mazdéisme, et vénèrent notamment le dieu Atar, génie du feu. Le bois est alors l’instrument symbolique permettant d’allumer le feu sacré : en toucher est une manière de se rapprocher d’Atar, et de s’attirer ses bonnes grâces.

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D’autres civilisations associent le bois à leurs divinités : dans la mythologie grecque, Zeus est représenté par celui du chêne, tandis que les Égyptiens considèrent le bois comme un élément empreint de magnétisme et de pouvoirs sacrés. 

Au Moyen-Âge, l’imagerie chrétienne vient renforcer l’imagerie symbolique du bois, puisqu’il s’agit de la matière dont est composée la croix sur laquelle le Christ a été crucifié… Avant de ressusciter. Comme le fait de se signer, le geste de toucher du bois devient alors une manière de se rapprocher du divin et de ses miracles.

Aujourd’hui, la phrase « je touche du bois » est passée dans le langage courant, et n’est plus associée à aucune religion en particulier — bien qu’elle conserve une part de superstition et de croyance en une force supérieure, que l’on vient convoquer par ce rituel pour s’attirer réussite, santé ou prospérité. 

Et quand on n’a pas de bois sous la main, il existe quelques parades pour s’en sortir : on peut dire « je touche du bois » tout en s’effleurant la tête, en référence à une autre expression de la langue française, « avoir une tête de bois », qui signifie être têtu. Dans certaines régions, le même geste est associé à la phrase « je touche de la peau de singe », un clin d’œil aux origines de l’espèce humaine. 

Le fer serait également une excellente alternative au bois, puisque l’expression « je touche du fer » est aussi employée en France, mais aussi dans d’autres langues, comme l’italien, par exemple. 

Les Anglais, quant à eux, ne se contentent pas de toucher le bois, mais vont jusqu’à le frapper, le geste adéquat accompagnant la parole. Les Polonais, pour leur part, touchent du bois, mais uniquement s’il n’a pas été peint (ce qui, on l’imagine, rend l’exécution du geste plus compliquée dans le monde moderne). 

Exemples de l’usage de l’expression « toucher du bois »

Travail intéressant, bonne santé, les choses vont bien pour le moment (je touche du bois).

Roger Vailland, Lettres à sa famille

C’est vrai, à quoi pensions-nous ? Dans ce Bonheur où tu te trouves, il ne peut y avoir rien à craindre. Pas de mauvais sort. Pas besoin de tapotements. De toucher du bois. Et bien sûr jamais de rampements pour sortir. Du Bonheur ? Moi ? Sortir du Bonheur ? Vers la souffrance ?

Nathalie Sarraute, Tu ne t’aimes pas

Sinon quand Bilot sera rétabli (je touche du bois), je lui achèterai une montre en or qui sonne les heures. Sa mère, une fois de plus, me regardera sans comprendre.

Georges Simenon, Malempin

Oh je ne suis pas superstitieux mais je voudrais toucher du bois pour ne pas le devenir.

Jacques Prévert, Histoires et d’autres histoires

Puis, la crise avait fini par les atteindre directement. L'un perdait son emploi, son commerce, ses créances, un autre gagnait moins d'argent, un autre claquait des dents et touchait du bois. On surveillait parmi les voisins les ravages de l'épidémie, on guettait des signes, et chacun sentait peser sur son lendemain les malheurs d'autrui.

Marcel Aymé, Maison basse
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Nicolas Lafarge

Nicolas Lafarge est rédacteur indépendant, et prête ses mots à différents médias et entreprises. Se décrivant volontiers comme « un geek avec une plume », il se sent dans son élément naturel lorsqu’il écrit sur des sites web tels que La langue française.

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