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Tout schuss : définition et origine de l'expression

« Tout schuss » est une expression de la langue française, qui doit ses origines à l’allemand, et qui désigne le fait de skier à une allure particulièrement rapide. Les vrais amateurs de sports d’hiver ont forcément déjà entendu cette formule — voire l’ont employée eux-mêmes pour décrire leurs propres exploits ou ceux de leurs proches. 

D’où vient cette locution allemande, et comment s’est-elle importée dans le dictionnaire français ? Que signifie le mot « schuss » dans sa langue de naissance, et quel est son lien avec le champ lexical du ski ? Réponses dans l’article ci-dessous, consacré à la définition et à l’origine de l’expression « tout schuss ».

Définition de l’expression « tout schuss »

« Tout schuss » est une expression composée du terme allemand « schuss ». Elle fait partie du vocabulaire utilisé dans les sports alpins, puisqu’elle signifie, au sujet d’une descente à ski, « à toute vitesse, à toute allure », et « tout droit, sans s’arrêter ».


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Elle fait donc référence à l’attitude des skieurs généralement entraînés, qui n’hésiteront pas à dévaler les pistes à vitesse grand V, « tout schuss », là où les débutants seront plus timorés et tenteront de ralentir leur allure. 

Par analogie, « tout schuss » s’utilise parfois au sens figuré, pour désigner toute situation où une personne agit ou se déplace de manière extrêmement hâtive et précipitée

De la même manière, le mot « schuss » s’emploie parfois avec une valeur d’adjectif, comme synonyme détourné des termes « rapide » ou « véloce ». 

Origine de l’expression « tout schuss »

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Littéralement, le mot « schuss » veut dire « coup de feu » en allemand. Étymologiquement, il est d’ailleurs un cousin du verbe anglais « to shoot », que l’on traduit en français par « tirer avec une arme ». À première vue, peu de rapport entre ce terme et le décor des stations de ski…

En fait, l’expression telle que nous l’employons en français provient plus exactement du vocable allemand « schussfahrt », dans lequel le mot « fahrt » veut dire « marche, parcours », par dérivation du verbe « farhen », qui a lui-même le sens de « conduire » ou « aller ». Ce mot, qui signifie donc littéralement « marche à l’allure d’un coup de feu », est employé par les Germaniques pour désigner les descentes à ski particulièrement rapides et directes.

Par un effet d’apocope de ce terme « schussfart », l’exclamation « schuss » se serait invitée dans la langue française grâce aux compétitions internationales de ski, durant lesquelles les joueurs et entraîneurs français entendaient leurs homologues allemands s’écrier « schuss ! » lorsque les skieurs prenaient de la vitesse. Le cri d’encouragement s’est répandu chez les athlètes français et aurait donné l’expression « tout schuss » que l’on connait aujourd’hui.

D’ailleurs, comme un symbole de cet emprunt à la langue de Goethe, la mascotte (non officielle) des Jeux olympiques d’hiver de Grenoble, en 1968, était un personnage à la tête ronde et rouge, appelé « Schuss le skieur ».

L’emploi du terme « schuss » comme néologisme équivalent de l’adjectif « rapide » est né d’une déformation de cette expression initiale — la formule « tout schuss » étant suffisamment passée dans le langage courant suite à l’avènement des sports d’hiver au XXe siècle, pour que le mot pris isolément soit compris de toutes et de tous.

Exemples de l’usage de l’expression « tout schuss »

Mais cette ville basse elle-même s’étale autour d’une rue qui descend tout schuss de l’église à la gare, et qui procure une vue « dégagée », mais dépourvue de charme.

Gérard Genette, Bardadrac

Je suis sur le mauvais versant de la montagne et je descends tout schuss comme un skieur sans freins qui va finir par s’éclater contre un sapin.

Marie-Ange Guillaume, Tout le cimetière en parle

À la sortie de la gare d’arrivée, je chaussai mes skis et descendis prendre un fil-neige qui me mena en haut des pentes du Bochor. J’attendis André et Philippe. Mais, ne les voyant pas arriver, je piquai schuss vers la gare d’arrivée. Je les retrouvai près du fil neige. André avait quelques difficultés avec ses fixations de sécurité. Finalement, il parvint à les régler correctement. Nous montâmes l’un derrière l’autre.

Michel Joseph, D’un cœur égal

Trois nouveaux parcours originaux sont aussi possibles : tout schuss au jardin ! Avec trois niveaux de difficulté : la piste verte, la piste rouge, et pour les plus perspicaces, la piste noire !

Tela Botanica, Tout schuss au jardin ! 

Les gazettes nous apprennent que lorsque vous chaussez des skis, c’est tout schuss que vous déboulez les pistes les plus difficiles au point de vous rompre le cou !

André Mure, Le nouveau roman de Lyon
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Nicolas Lafarge

Nicolas Lafarge est rédacteur indépendant, et prête ses mots à différents médias et entreprises. Se décrivant volontiers comme « un geek avec une plume », il se sent dans son élément naturel lorsqu’il écrit sur des sites web tels que La langue française.

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