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Voile

Variantes Singulier Pluriel
Féminin voile voiles

Définitions de « voile »

Trésor de la Langue Française informatisé

VOILE1, subst. masc.

A. − Pièce d'étoffe qui recouvre, protège ou masque.
1. [À propos d'une chose]
a) Pièce d'étoffe, qui cache une ouverture (porte, fenêtre...) et fait office de rideau (d'apr. Littré). Le porche du parvis de Saint-Clément a conservé entre les deux chapiteaux antérieurs une barre de fer qui porte des anneaux; ils indiquent qu'un voile y était suspendu pour préserver les religieux des importunités de la rue (Lenoir, Archit. monast., 1852, p. 100).
b) Pièce d'étoffe qui dérobe aux regards un objet de culte, un monument, une plaque commémorative avant ou pendant une cérémonie. Une brume impondérable noyait les cannelures et le grand voile tricolore qui battait du haut en bas de la façade du Palais-Bourbon (Nizan, Conspir., 1938, p. 40).V. voiler1A 1 a ex. de Desmoulins.
En partic.
LITURG. Voile (du calice). Pièce de soie ornée qui couvrait le calice et la patène pendant une partie de la messe et dont l'usage est aujourd'hui abandonné. (Dict. xixeet xxes.).
[Dans le temple juif] Grande pièce d'étoffe précieuse séparant le saint des saints du reste du temple et masquant le sanctuaire où se trouvait l'arche d'alliance (Dict. xixeet xxes.). Le voile du temple de Jérusalem se déchira de haut en bas au moment où mourut Jésus (Lar. Lang. fr.).
2. [À propos d'une pers.]
a) Pièce d'étoffe légère et transparente dont les femmes se couvrent la tête, le visage et parfois une partie du corps, soit de façon habituelle, soit à l'occasion de certains événements ou de certaines cérémonies. Voile de mariée, de communiante; voile de coton, de gaze, de mousseline, de soie, de tulle. Teresina: Eh bien, don José, appelle le chapelain, qu'à l'instant même il nous unisse... Don José: Eh bien, ma belle Teresina, allez mettre votre voile blanc (Dumas père, Don Juan, 1836, II, 2etabl., 8, p. 40).J'écoutais Mrs. Weldon, déjà célèbre alors, qui interprétait Gallia. Vingt ans plus tard, elle faisait un « numéro » sur la scène d'un music-hall; et c'était une sorcière de Macbeth, en voiles de deuil, les cheveux tout blancs (Blanche, Modèles, 1928, p. 220).
b) Morceau de tissu fin qui orne un chapeau, une coiffure féminine. Synon. voilette.Voile d'un hennin. Le couvert mis, le souper préparé, elle vint s'asseoir au milieu de nous, sans châle, sans chapeau ni voile, et je pus la regarder à mon aise (A. Daudet, Femmes d'artistes, 1874, p. 73).
c) Dans la relig. islam.
Pièce d'étoffe légère mais opaque que portent en public les femmes musulmanes et les Touaregs et qui leur cache le bas du visage à partir des yeux. Julie: Qu'est-ce que vous faites de toutes les femmes arabes que vous prenez? Saqueville: On les met dans une tente avec les enfants (...) Ordre de casser la tête à quiconque oserait toucher le voile d'une des prisonnières (Mérimée, Deux hérit., 1853, p. 70).
Pièce d'étoffe qui recouvre la chevelure des femmes musulmanes. Le foulard est une « obligation fondamentale inscrite dans le Coran », assurent les théologiens, même les plus modérés. Contraindre une musulmane à ôter son voile reviendrait donc à nier la religion d'Allah (Télérama, 23 févr. 1994, p. 18, col. 1).
d) Dans la relig. cath.Pièce d'étoffe que les religieuses et les novices portent sur la tête et dont elles se couvrent parfois le visage. Du cloître nous passâmes dans le jardin, où la religieuse me dit qu'on avait porté la sœur malade: en effet, je l'aperçus à l'extrémité d'une longue allée de charmille; elle était assise, et son grand voile noir l'enveloppait presque tout entière (Duras, Ourika, 1824, p. 10).Les cornettes des sœurs, les voiles, les béguins (Laforgue, Poés., 1887, p. 66).
Prendre le voile (pour une femme). Entrer en religion. Sous Ferdinand VII, c'était, paraît-il, chose courante qu'une jeune fille, à la veille de prendre le voile, assistât à une course et même fît quelques passes à un jeune taureau (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 514).Prise de voile. Cérémonie qui consacre l'entrée en religion. Les dames causaient d'une prise de voile, une cérémonie très touchante (Zola, Nana, 1880, p. 1153).
e) Coiffure de tissu sous laquelle, dans certaines professions, les femmes enferment leurs cheveux par mesure d'hygiène. En revenant dans un taxi où Pauline l'embrassait, il se disait qu'elle n'était acceptable que comme un souvenir d'enfance, le reflet des infirmières à voile bleu avec leurs seins si beaux sous les empiècements carrés (Nizan, Conspir., 1938, pp. 27-28).
f) P. ext. Tissu très léger fait de laine, de coton, de soie, de fibres synthétiques, utilisé dans la confection de vêtements ou dans la fabrication de rideaux. Je n'aime pas beaucoup cette robe-là, trop parée, trop messe de mariage. Je préfère tout bas la mienne en voile ivoire (Colette, Cl. s'en va, 1903, p. 145).Peu de temps après, j'étais conduit de nouveau devant le juge d'instruction. Il était deux heures de l'après-midi et cette fois, son bureau était plein d'une lumière à peine tamisée par un rideau de voile (Camus, Étranger, 1942, p. 1171).
g) Littér., souvent au plur. Vêtement léger et qui recouvre le corps de la femme. Danse des sept voiles. Les nuits où tu voudras que je danse, je danserai jusqu'au matin. Je danserai tout habillée, avec ma tunique traînante, ou sous un voile transparent, ou avec des caleçons crevés et un corselet à deux ouvertures pour laisser passer les seins (Louÿs, Aphrodite, 1896, p. 56).
Sans voile(s). Sans vêtements, entièrement nu. Dès le lendemain, l'étonnement fut pour lui. Car la petite épouse convaincue se promenait déjà sans voile (Colette, Belles sais., Nudité, 1943, p. 136).
B. − Au fig.
1. Tout ce qui cache, dissimule, altère la réalité. Un voile sombre commençait à descendre sur les destinées de la France (Stendhal, Napoléon, t. 1, 1842, p. 259).
Abaisser, étendre, jeter, mettre, tirer un/le voile (sur qqc.). Tenir une chose cachée ou la condamner à un oubli définitif. Ce seroit en vain que nous voudrions jeter le voile brillant des arts et des sciences physiques sur les plaies épouvantables que nous avons faites à l'humanité (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 225).Dissiper l'ignorance, ce n'est pas créer la lumière, mais abaisser le voile qui la cachait en partie (Lamennais, Indifférence, t. 2, 1817-23, p. 138).
Avoir un voile devant/sur les yeux. Ne pas voir la vérité, avoir des préjugés. Il faut que l'imagination d'une femme reste toujours vierge: il faut qu'elle ait toujours un voile devant le cœur et devant les yeux. L'amour n'est que mistère et délicatesse (Chênedollé, Journal, 1833, p. 178).Un voile tombe des yeux de qqn. Être subitement éclairé. Depuis que ce secret m'a été connu... il m'a semblé qu'un voile tombait de mes yeux (Dumas père,Angèle, 1834, V, 5, p. 200).
Lever, soulever le voile. Révéler. Il faut, pour les grossières illusions du respect extérieur, une simplicité que nous n'avons plus; nous sommes trop fins pour ne pas soulever le voile (Renan, Avenir sc., 1890, p. 463).Lève un voile, un voile encore; il y a toujours sous un symbole, un autre symbole (Toulet, Nane, 1905, p. 13).Soulever un coin du voile. Faire entrevoir, découvrir. Le regretté, le cher Alfred Vallette souleva pour moi un coin du voile en me faisant un jour remarquer qu'un Parisien, c'est un Français (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 171).
Arracher, déchirer le voile; le voile se déchire, tombe. Révéler de façon brusque ou brutale; avoir cette révélation. Un jour, pourtant, le voile se déchira, une lumière nouvelle fut jetée sur les choses que j'étudiais (Lacretelle, Silbermann, 1922, p. 28).
Couvrir, envelopper d'un voile. Cacher, tenir secret. Je ne vous dirai pas que c'est pendant la guerre que le ministère achève d'épuiser le peuple et de dissiper les finances, qu'il couvre d'un voile impénétrable ses déprédations et ses fautes (Robesp., Discours, Guerre, t. 8, 1791, p. 48).Mais encore ces deux événements furent-ils enveloppés d'un voile qui ne se leva qu'au jour des aveux suprêmes (Balzac, Lys, 1836, p. 216).
Sous le voile de. Avec un déguisement trompeur. Un de ces hommes qui cachoient, sous le voile du patriotisme, les intentions les plus favorables pour la cause du pouvoir exécutif... (Robesp., Discours, Guerre, t. 8, 1792, p. 102).
Sans voile(s). Sans détour ni dissimulation. Dites-moi sans voiles, avec une liberté de reine, dans quel sentiment vous voilà étendue auprès de moi (Barrès, Mystère, 1923, p. 38).
2. Tout ce qui obscurcit, rend moins nette l'apparence, la réalité des choses et des êtres vivants. Voile de tristesse. Elle est toute jeune, la dame du caïque, et très belle, malgré je ne sais quel voile de mystérieuse mélancolie jeté sur tout son pur visage (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 81).Et je sais que, quelque application que j'apporte à remettre ma vie et son amour avec elle dans l'axe des relations contrôlables, la nature surréelle de cette femme se révélera avec une évidence accrue et se confirmera, de jour en jour, avec des faits sur lesquels mon esprit, attentif à garder intacte une raison, étend le voile de l'oubli (J. Bousquet, Trad. du sil., 1936, p. 237).
C. − P. anal.
1. Tout ce qui cache partiellement ou en totalité, qui rend la vision imprécise. Voile des nuages, de la nuit. Puis Jules aperçut à ses pieds (...) le véritable Paris, enveloppé d'un voile bleuâtre, produit par ses fumées (Balzac, Ferragus, 1833, p. 143).Pendant une demi-heure, l'eau tomba à seaux, la foudre gronda sans relâche. Les hommes, debout devant la porte, contemplaient le voile gris de l'averse, les ruisseaux grossis, la poussière d'eau volante montant du clapotement des flaques (Zola, Assommoir, 1877, p. 440).
2. Spécialement
a) ANAT. Voile du palais. Cloison musculo-membraneuse qui sépare la partie nasale de la partie buccale du pharynx. V. palais2A anat. ex. de Zola.
b) BOT. [Chez les basidiomycètes] Enveloppe qui réunit le chapeau au pied de ces champignons (d'apr. Gatin 1924).
c) MÉD. Voile du poumon. Diminution homogène de la transparence d'une partie du poumon atteinte d'une lésion peu importante, visible à la radioscopie. [Le médecin] ayant fait mettre l'enfant le torse nu lui trouva la cage thoracique étroite, un voile au poumon, des membres cachexiques (Vialar, Homme de chasse, 1961, p. 99).
d) ŒNOL. Pellicule microbienne qui se forme à la surface du vin et des boissons alcoolisées laissées en vidange (d'apr. GDEL).
e) PEINT. ,,Altération d'un film de vernis se traduisant par une diminution du brillant et un aspect trouble`` (Lar. Lang. fr.).
f) PHOT. Partie anormalement obscure d'une épreuve − blanche sur la photo − due à diverses causes, notamment à une exposition excessive à la lumière. Voile de développement. (Dict. xxes.).
g) PHYSIOL. Trouble de la vision, obscurcissement du champ visuel. Avoir un voile dans le regard (Dict. xxes.).
Vx. Voile(s) de la mort. Obscurcissement de la vision à l'approche de la mort. À travers les voiles de la mort qui semblaient s'étendre sur ses paupières, Consuelo vit sa joie, et n'en fut point effrayée (Sand, Consuelo, t. 2, 1842-43, p. 35).
[Chez les aviateurs] Voile noir, rouge. Obscurcissement du champ visuel dû à un trouble de la circulation sanguine provoqué par une forte accélération. (Dict. xxes.).
h) ZOOL. [Chez les larves de mollusques] Expansion cutanée bordée de cils, placée au-dessus de la bouche, et qui sert d'organe locomoteur (d'apr. Lar. encyclop.). Le bourrelet interne, musculaire [des Lamellibranches], peut constituer un « voile » (...) capable de se relever ou de se rabattre pour modifier l'admission de l'eau dans la cavité palléale ou son expulsion (Zool., t. 1, 1963, p. 1041 [Encyclop. de la Pléiade]).
Prononc. et Orth.: [vwal]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1180 vol « pièce d'étoffe qui couvre la tête des religieuses » (Gautier d'Arras, Ille et Galeron, éd. F. A. G. Cowper, 3342: Un vol et une blance gone Comme rencluse et comme none); 1571 prendre le voile (Ronsard, Epitaphe de Françoise de Viel-Pont ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 15, p. 303); 1667 quitter le voile (R. Arnauld D'Andilly, Mémoires, t. 2, p. 95); b) α) ca 1170 voil « pièce d'étoffe qui couvre une partie du corps » (Beroul, Tristan, éd. E. Muret et L. M. Defourques, 4001); spéc. β) 1210-14 voil en parlant d'une femme (Jean Renart, Galeran de Bretagne, éd. L. Foulet, 2019); 1623 porter le voile de l'espousee (Coeffeteau, Histoire Romaine, p. 388); γ) 1821 « morceau de tissu fin qui orne un chapeau » (Obs. modes, t. 7, p. 96); c) 1721 « pièce d'étoffe avec laquelle les femmes musulmanes se masquent le visage » (Montesquieu, Lettres Persannes, p. 172); 1721 vivre sous le voile (Id., ibid., p. 181); 1743 sans voiles « à visage découvert » (Cl. Godard D'Aucour, Mémoires turcs, t. 1, p. 134); 2. a) 1193-97 voile « grand rideau, tenture » (Hélinant, Les Vers de la Mort, éd. Fr. Wulff et Em. Walberg, XXXIII, 10, p. 31: Morz voit par mi voile et cortine); b) déb. xiiies. hist. juive Le veil del temple (André de Coutances, Evangile de Nicodème, éd. G. Paris et A. Bos, 131); c) 1622 « étoffe légère qu'on place sur le calice pendant la messe » (Inv. de Notre Dame de Reims, fol. 67 vods Gay); 1637 voiles de calice (N. de Peiresc, Lettres, t. 5, p. 48); 3. 1627 « vêtement léger et transparent qui couvre le corps » ici, celui des dieux (Ch. Sorel, Le Berger extravagant, p. 231); 1772 (Crebillon fils, Le Sylphe, p. 154: son sein n'avoit d'autre voile qu'une gaze légère, que le zéphyr derangeoit); 4. 1723 « tissu léger et croisé analogue à celui dont on fait le voile des religieuses » (Savary t. 2, p. 1935). B. Sens métaph. 1. ca 1200 voil « élément qui modifie l'apparence de quelque chose » (Moralité sur Job ds Li Dialogue Gregoire le Pape, éd. W. Foerster, p. 303: a la foiz si(u)t la tristece la maurteit de lever, et aumbret par un voil de dolor tote la bone oevre ke la pense avoit comenciet par bone entencion); 2. 1561 « moyen employé pour dissimuler la réalité » (Ronsard, Elégie à J. Grévin ds Œuvres, t. 14, p. 196: & d'un voile divers Par fables ont caché le vray sens de leurs vers); 1593 (Satyre Ménippee, Harangue de Monsieur d'Aubray, éd. Ch. Read, p. 263: Vous estes descouvert, le voile est levé!); 1647 (Cl. Malleville, Œuvres Poét., p. 297: J'exposeray tes faits sans ombres et sans voiles); 1679 déchirer le voile de (J.-F. de Retz, Mémoires, t. 2, p. 105); 1742 lever un coin du voile (Racine, La Religion, p. X). C. Sens anal. 1. 1550 se dit de ce qui rend moins net ou obscurcit (Ronsard, Odes, IV, 16 ds Œuvres, t. 2, p. 142: Mais quand le paresseus voile De la nuit quitte les cieux); 2. a) 1584 « obscurcissement du champ visuel » (Id., Elégies, ibid., t. 18, p. 126: Mes yeux estoyent couverts d'un voile tenebreux, Mes oreilles tintoyent, & ma langue seichée Estoit à mon palais de chaleur attachée); b) 1733 le voile mortel (A. Piron, Gustave Wasa, p. 377); 1761 les voiles de la mort (Ch. P. Colardeau, Caliste, p. 356); c) 1876 phot. (L. Girard, Journ. offic., 6 oct., p. 7350, 2ecol. ds Littré Suppl.). D. 1. a) 1667 bot. « enveloppe sèche, mince et coriace qui entoure les fleurs de certaines liliacées » (P. Morin, Remarques nécessaires pour la culture des fleurs, p. 279 d'apr. FEW t. 14, p. 224b); b) 1872 « membrane qui enveloppe les bords du chapeau des champignons avant leur maturité » (Littré); 2. 1784 anat. les voiles du palais (Diderot, Éléments de physiol., p. 148). Du lat. velum « voile, toile, tenture, rideau », empl. également au figuré.

VOILE2, subst. fém.

A. −
1. Pièce de tissu résistant en fibres naturelles ou synthétiques, montée sur le mât d'un voilier, de façon à recevoir l'action du vent pour faire avancer l'embarcation. Bateau à voiles; marine à voiles; voiles d'évolution, de propulsion; voiles basses, majeures; voiles auriques, carrées, latines; voiles d'artimon, du beaupré, du grand mât, de misaine; manœuvrer des voiles; la voile bombe, claque, s'enfle, s'incline, ralingue; amener la voile; larguer, hisser les voiles. Je vois un port rempli de voiles et de mâts (Baudel., Fl. du Mal, 1857, p. 40).Les maisons, où l'on entrait en passant sur un petit pont de bois étaient, toutes alignées au bord d'un fossé qui descendait la rue, comme autant de barques, voiles carguées, amarrées dans le calme du soir (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 237).V. enverguer ex. de Hugo et de Verne.
P. anal. Ensemble des toiles qui garnissent et actionnent sous l'effet du vent les ailes d'un moulin à vent. Il adressa une requête aux meuniers, sollicitant de leur bienveillance les vieilles voiles de tous les moulins à vent de la contrée (Zola, Contes Ninon, 1864, p. 190).
2. Locutions
À pleines voiles. Avec les voiles entièrement déployées. P. métaph. La France entière était sur un radeau; elle avait besoin, après trois années d'expédients et de misères, de se retrouver voguant à pleines voiles sous le plus noble pavillon (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 15, 1857, p. 315).Au fig. À pleines voiles. Totalement, sans restriction, de tout cœur. Il entre aussitôt, à pleines voiles, dans les raisons qu'on lui oppose (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 484).
Toutes voiles dehors. Toutes voiles hissées pour atteindre la vitesse maximale. Au fig. Toutes voiles dehors. Avec ostentation. Toutes particularités que la situation de reine de Mmede Guermantes lui avait permis d'exhiber plus facilement, de faire sortir toutes voiles dehors (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 494).
Mettre les voiles au vent, mettre un navire à la voile, mettre à la voile. Appareiller. Je disais donc, monsieur, que les vaisseaux anglais, Bien plus que nos vaisseaux, mettent au vent leurs voiles, Et sur l'eau portent moins de bois et de toiles (A. Dumas père, Christine, 1830, I, 1, p. 208).Un soir (...) à Jersey (...) une corvette mettait à la voile (Hugo, Quatre-vingt-treize, t. 1, 1874, p. 17).Au fig., pop., fam. Mettre les voiles. S'esquiver, partir précipitamment. Après quinze jours de cette comédie, M. Valmoral a voulu épater ses copains et sortir avec sa conquête. Il voulait mener Maxime dans une boîte de nuit. Moi, je le suppliais de mettre les voiles. Mais mon Maxime se marrait et il me traitait d'idiote (Cocteau, Théâtre poche, 1949, p. 93).
Faire voile pour, vers. Naviguer vers, à destination de. Un navire faisait voile pour le Levant, toutes les précautions furent prises (Balzac, Facino Cane, 1836, p. 383).
Faire force de voiles. V. force II C 3.
Faire petites voiles. Naviguer doucement, avec une voilure réduite. Incertain de la direction de cette côte, qui n'avait jamais été explorée, je fis petites voiles au sud-sud-ouest (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 240).
Mettre toutes voiles dehors, mettre voile à tout vent. Au fig. Mettre tout en œuvre pour réussir. Vraiment elle met toutes voiles dehors pour plaire (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 283).
Avoir le vent dans/sur ses voiles. Au fig. Bien réussir dans ses affaires (d'apr. Ac. 1935).
Avoir du vent dans les voiles. Au fig., fam. Être ivre au point de ne pas pouvoir marcher droit. La vraie comtesse (...) s'apprêtait à boire encore, bien qu'ayant déjà du vent dans les voiles (L. Daudet, Phryné, 1937, p. 78).
À voile et à vapeur ; être, marcher à voile et à vapeur. V. vapeur1B 1.
Proverbe. Il faut tendre (la) voile selon le vent. Il faut savoir adapter ses projets, ses aspirations aux circonstances (d'apr. Besch. 1845).
B. − P. méton. Bâtiment à voiles, voilier. Flotte de mille voiles. Enfin on signala la flotte de Castille, forte de quatre-vingts voiles, dont vingt galères de Séville, dix de Portugal (Mérimée, Don Pèdre Ier, 1848, p. 386).
C. −
1. Navigation à la voile; durée de cette navigation. Être à un jour de voile. Plaignons-les, songeons aux dangers qu'ils vont courir. Truphénus seul parmi eux a quelques notions de la voile (A. Daudet, Port-Tarascon, 1890, p. 198).
2. Sport ou divertissement pratiqué sur un engin dont le mode de propulsion est le vent.
a) Sport nautique dont la pratique consiste à manœuvrer, seul ou non, un bateau à voiles. Faire de la voile; club, école de voile. Claude Rosenthal (...) allait faire de la voile en Seine avec de jeunes boursiers (Nizan, Conspir., 1938, p. 124).
b) Char à voile. Véhicule à quatre roues muni d'une voile utilisé pour des compétitions sportives sur les plages du Nord. En hiver, les planchistes ne ramènent pas trop « leurs chars ». Ils préfèrent remiser leur matériel en attendant les beaux jours. Ils ont tort car, sans se jeter à l'eau, ils peuvent hisser les voiles et jouer la fille de l'air. Il suffit pour cela de fixer le gréement (mât et voile) de leur planche sur ce char à voile biplace spécialement conçu à cet effet (Le Point, 19 janv. 1981, p. 26, col. 2).
c) Planche à voile. V. planche I B 2 c.
d) Vol à voile. V. vol1A 2 et C 2.
REM.
Voile-contact, subst. fém.,parach. Figure acrobatique de groupe. Le parachutisme de compétition offre une grande variété de figures et de disciplines. La voile-contact se pratique à huit ou à quatre et consiste, à plus de 2 000 mètres, à prendre appui sur le parachute d'un équipier et à constituer une chaîne en rotation (Magazine hebdo, 31 août 1984, p. 45, col. 3).
Prononc. et Orth.: [vwal]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1155 veilles « morceau de forte toile attaché aux vergues des mâts d'un navire » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 5113); ca 1160 voilles (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 202); 1176 la voile tendue (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 250); 1463 grant voille (Arch. Nord, B 3537, 125759 ds IGLF); 1687 la grand' voile, les basses voiles (Abbé F. T. Choisy, Journal du Voyage du Siam, p. 128 et p. 159); 2. loc. a) 1204 a plainne voille (Guiot, Bible, éd. J. Orr, 2363); 1555 mettre la voile au vent (Ronsard, Odes, éd. P. Laumonier, t. 7, p. 61); 1559 faire grande voile ou petite « porter toutes ses voiles ou une partie » (Id., Suite de l'hymne du Cardinal de Lorraine, 83, t. 9, p. 149); 1559 se mettre à la voile (Amyot, Périclès, éd. L. Clément, p. 57); 1678 se tenir sous voiles (Guillet 3epart., p. 342); 1678 forcer de voiles (ibid., p. 343); 1773 avoir toutes voiles dehors (Bern. de St-P., Voyage à l'Île de France, p. 25); b) 1306 faire voile « naviguer » (Joinville, Vie de Saint Louis, éd. N.-L. Corbett,127); 1572 faire voile à (Ronsard, La Franciade, I, 1117, éd. P. Laumonier, t. 16, p. 85); 1615 faire voile en (A. de Montchrestien, Traicté Œconomie Politique, p. 285); 1726 faire voile vers (Abbé J. J. Barthelemy, Voyage du Jeune Anacharsis, p. 443); 1727 faire voile pour (A. M. Ramsay, Les Voyages de Cyrus, p. 170); 3. loc. fig. 1559 aller à pleines voiles « aller vite » (Amyot, Caton, 7 ds Littré: son intention estoit d'aller à pleines voiles, en manière de parler); 1609 à pleines voiles « sans restriction » (Malherbes, Poésies, éd. L. Lalanne, t. 1, p. 117: quand la faveur à pleines voiles, Toujours compagne de vos pas); 1652 mettre voile au vent « s'enfuir » (Corneille, D. Bertran de Cigarral, V, 6); 1831 mettre toutes voiles dehors (Balzac, Corresp., p. 503); 1858 faire force de voiles pour que... (Hugo, Corresp., p. 279); 1900 mettre les voiles (d'apr. Chautard Vie étrange Argot); 1916 avoir du vent dans les voiles (Barbusse, Feu, p. 262: il évoque la vision de la nuit où l'on est monté aux tranchées [...] y en avait du vent dans les voiles cette nuit là); 1925 se sentir du vent dans les voiles « se mouvoir avec rapidité » (Pourrat, Gaspard, p. 67). B. 1369 p. méton. « voilier » (Guillaume de Machaut, La Prise d'Alexandrie, éd. L. de Mas-Latrie, 2435). C. 1. 1797 « voyage sur un bateau à voiles » (Voy. La Pérouse, t. 4, p. 157: aucun voyage n'a été aussi vaste. Nous avons déjà passé un an sous voile); 1848 un jour de voile (Chateaubr., Mém., t. 1, p. 478); 2. 1855 sports (Le Sport, 12 avr. ds Petiot 1982: l'élite des régatiers à la voile). D. 1864 vol à voile « navigation aérienne », v. vol1. Du lat. pop. *vela « voile », plur. neutre pris pour un subst. fém. sing. de velum « voile de navire » (ordinairement utilisé au plur. vela, -orum). On rencontre en a. fr. le subst. masc. veil, issu directement du lat. velum: déb. xiies., Benoît de Saint-Maure, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 209.
STAT. Voile1 et 2. Fréq. abs. littér.: 5 294. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 10 544, b) 9 264; xxes.: a) 6 643, b) 4 552.
DÉR. 1.
Voilerie, subst. fém.,mar. Atelier où l'on fabrique, où l'on répare les voiles. Art de confectionner les voiles. Travaux de voilerie (Lar. Lang. fr.). [vwalʀi]. Att. ds Ac. dep. 1762. 1resattest. a) 1691 « atelier où l'on confectionne les voiles » (Ozanam), b) 1872 « art de confectionner les voiles » (Littré), c) 1876 « magasin où l'on garde les voiles » (Lar. 19e); de voile2, suff. -erie*.
2.
Voilette, subst. fém.,mar. ,,Petite voile et nom de la voile moyenne du grand mât, dans les galères françaises du XVIIes.`` (Jal.). [vwalεt]. 1reattest. 1593 (Du Chesne de La Violette, Le Grand miroir du monde, livre 6 ds Ritter, Les Quatre dictionnaires français, Genève, H. Kündig ds Extrait du B. de l'Inst. nat. genevois, t. XXXVI, p. 531: on y voit son Nautil qui apprend dedans l'eau A tirer l'aviron la coque de son bateau De sa queuë lui sort une peau tendrelette Qu'il tend, et qui lui sert d'une prompte voilette), attest. isolée, 1832 (Raymond); de voile2, suff. -ette (-et*).
BBG.Goug. Mots. t. 1. 1962, p. 211. − Kemna 1901, pp. 43-44 (et s.v. voilière). − Quem. DDL t. 36.

Voile, subst. masc.,technol. ,,Déformation accidentelle subie par une roue d'un véhicule`` (Lar. encyclop.). Synon. voilage, voilement (supra rem.). [vwal]. 1reattest. 1933 (Lar. 20e); déverbal de voiler2*.

Wiktionnaire

Nom commun 2 - français

voile \vwal\ masculin

  1. Pièce de toile ou d’étoffe destinée à couvrir, à protéger, à cacher quelque chose.
    • L’homme, historiquement parlant, a accumulé contre sa compagne tout ce qu’il a pu imaginer de duretés et d’incapacités. Il en a fait une captive, il l’a couverte d’un voile et cachée à l’endroit le plus secret de sa maison, comme une divinité malfaisante ou une esclave suspecte. — (Jules Doublet, Jésus-Christ étudié en vue de la prédication dans Saint Thomas d’Aquin, tome premier, Berche et Tralin, Paris, 1876, pages 154-155)
    • Ce pays qu’il aimait lui sembla tout nouveau, comme si un voile, qui l’eût recouvert jusqu’ici, eût été brusquement retiré. — (Isabelle Eberhardt, Le Major, 1903)
    • Mais depuis deux ans, l’Égypte s’est transformée. La plupart des femmes, les jeunes surtout, ne se croient plus obligées de porter le voile. — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans « Trois contes de l’Amour et de la Mort », 1940)
    • Les vierges arabes nous sont inconnues comme les femmes antiques, et le voile qui les recouvre vaut la pierre du tombeau. — (Pierre Louÿs, La Femme dans la poésie arabe, dans Archipel, 1932)
  2. (En particulier) (Religion) Partie du costume des religieuses qui couvre la tête.
    • Il se trouva ainsi, d’après les lois de l’église, coupable d’un double sacrilège, comme bigame, et comme mari d’une femme qui avait reçu le voile de religieuse. — (Augustin Thierry, Récits des temps mérovingiens, 1er récit : Les quatre fils de Chlother Ier — Leur caractère — Leurs mariages — Histoire de Galeswinthe (561-568), 1833–1837)
    • Et le silence revint brusquement tandis que les filles chuchotaient que le diable avait pris une novice pour l'emporter avant qu'elle ait pu mettre ses voiles blancs. — (Pierre Gamarra, Rosalie Brousse, chapitre IV ; Éditeurs Français Réunis, Paris, 1953)
  3. (Par extension) Tissu léger et croisé, analogue à celui dont on fait le voile des religieuses.
    • Une robe en voile de soie, de laine ou de coton.
  4. (Figuré) Obstacle qui altère la vue ou la vision.
    • Vers le soir, nous commençons à distinguer des formes vagues qui se dessinent derrière le voile de brume, […]. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 39)
    • Un voile de nuages embrumait la perspective des rues et des squares, et le roulis de l’aéronef balançait le spectacle. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 240 de l’édition de 1921)
  5. (Figuré) Apparence, prétexte, moyen dont on se sert pour tenir une chose cachée.
    • Ces catastrophes ne sont pas seulement industrielles, elles signalent aussi de profondes défaillances dans l’action des gouvernements, qui préfèrent ensuite recouvrir pudiquement ces désastres du voile de l’oubli. — (Le Monde, Editorial. Les irréversibles contaminations de la planète, Le Monde. Mis en ligne le 2 septembre 2018)
    • Un scélérat qui se couvre du voile de la piété, de la dévotion.
  6. (Figuré) Ce qui nous dérobe la connaissance de quelque chose.
    • Lever un coin du voile qui nous cache les secrets de nature.
  7. (Photographie) (Argentique) Obscurcissement d’une partie ou de la totalité du négatif, dû à l’action accidentelle d’une lumière trop grande.
    • Il y a un voile sur cette photographie.
  8. (Anatomie) Cloison membraneuse située en arrière de la voûte du palais et qui contribue à séparer la bouche des fosses nasales ou du pharynx.
  9. (Maçonnerie) Type de voûte[2].
    • Le remarquable voile mince du berceau segmentaire de la nef (de moins de cinq centimètres d’épaisseur) et les voûtes transversales des bas-côtés reposent sur 32 colonnes (de 11 mètres de hauteur pour 43 cm de diamètre) dont la gracilité, le profil galbé et cannelé et la nudité contribuent amplement à l’harmonie aérienne de l’espace intérieur. — (Antoine Le Bas, Notre-Dame du Raincy (Seine-Saint-Denis), chef-d’œuvre des chapelles de la banlieue ?, In Situ - Revue des patrimoines, 2009-11)
  10. Partie centrale de la jante.
    • Jante à voile plein, à voile ajouré.

Nom commun 1 - français

voile \vwal\ féminin

  1. Large pièce de tissu assurant la propulsion des navires ou des moulins, par la force du vent.
    • […] le matelot siffla ses hommes, sur un ordre qu’il leur donna, ils sautèrent tous sur le Saint-Ferdinand, grimpèrent dans les cordages, et se mirent à le dépouiller de ses vergues, de ses voiles, de ses agrès […] — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
    • Des barques avec des voiles latines posées en ciseaux descendaient et remontaient le cours du fleuve sous le même vent, phénomène que je n’ai jamais bien compris, quoiqu’on me l’ait expliqué plusieurs fois. Quelques-uns de ces bateaux portaient une troisième petite voile en forme de triangle isocèle, posée dans l’écartement produit par les pointes divergentes des deux grandes voiles : ce gréement est très-pittoresque. — (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, Charpentier, 1859)
    • Pour remettre la machine en mouvement, on dirige d'abord l'arbre moteur dans le sens du vent, puis on écarte les voiles afin de garnir de nouveau les ailes. — (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, E. Jolly, Charleville, 1869, page 116)
    • Par la fenêtre entr’ouverte, l’air entrait, gonflant comme une voile les rideaux de mousseline, et j’apercevais un pan de ciel bleu […] — (Octave Mirbeau, La Chambre close, Ernest Flammarion, Paris, 1920)
    • Sans cesse sur le pont, ajustant les écoutes de mes voiles pour en obtenir le meilleur rendement, utilisant chaque souffle de vent, j’avais réussi à conserver la vitesse d’à peu près un nœud. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil ; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Ses voiles délavées par le soleil et la pluie mais qui paraissaient blanches sur le gris du ciel, essayaient. de récupérer les rares frissons de brise pour améliorer la lente progression du bateau. — (Jean Petot, Histoire contemporaine de l'or de Guyane (de 1947 à nos jours), Éditions de l'Harmattan, 1994)
  2. (Par métonymie) Bateau.
    • Cette obscure clarté qui tombe des étoiles,
      Enfin, avec le flux nous fit voir trente voiles.
      — (Corneille, Le Cid, 1636)
  3. Pratique de la navigation en bateau à voile.
    • La voile, il n’y a rien de mieux pour se détendre ! J’en ai fait toute la fin de semaine.
  4. (Désuet) Train de bois flotté sur les rivières de l'est de la France[1].
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

VOILE. n. m.
Pièce de toile ou d'étoffe destinée à couvrir, à protéger, à cacher quelque chose. Voile épais. Les femmes, et particulièrement les veuves, se servent de voiles pour se couvrir la tète, pour se cacher le visage. Les femmes, en Turquie, ne sortaient pas qu'elles ne fussent couvertes d'un voile. Lever, écarter son voile. Voile de mousseline, de gaze, de tulle, de dentelle. À la mort de JÉSUS-CHRIST, le voile du Temple se déchira en deux de haut en bas. Fig., Avoir un voile devant les yeux se dit lorsque les préjugés, les préventions, l'amour, la haine, ou quelque autre passion nous empêche de voir les choses comme elles sont. Fig. et poétiquement, Les voiles de la nuit, Les ténèbres de la nuit.

VOILE désigne spécialement la Partie du costume des religieuses qui couvre la tête. Assister à une prise de voile. La bénédiction du voile. Cette jeune fille a pris le voile, Elle est entrée au noviciat, elle s'est faite religieuse.

VOILE se dit, par extension, d'un Tissu léger et croisé, analogue à celui dont on fait le voile des religieuses. Une robe en voile. Du voile de soie, de laine, de coton. Il signifie, au figuré, Apparence, prétexte, moyen dont on se sert pour tenir une chose cachée. Un scélérat qui se couvre du voile de la piété, de la dévotion. Il faut jeter un voile sur cette affaire. Il se dit aussi figurément de Ce qui nous dérobe la connaissance de quelque chose. Levée un coin du voile qui nous cache les secrets de nature. En termes d'Anatomie, Voile du palais, Cloison membraneuse située en arrière de la voûte du palais et qui contribue à séparer la bouche des fosses nasales ou du pharynx.

VOILE, en termes de Photographie, se dit de l'Obscurcissement d'une partie ou de la totalité du négatif, dû à l'action accidentelle d'une lumière trop grande. Il y a un voile sur cette photographie.

Littré (1872-1877)

VOILE (voi-l') s. m.
  • 1Pièce d'étoffe destinée à cacher quelque chose. Voile épais. Voile clair. Un premier voile qui couvre l'Isis des Égyptiens a été enlevé depuis un temps ; un second, si l'on veut, l'est aussi de nos jours ; un troisième ne le sera pas, s'il est le dernier, Fontenelle, Ruysch. Cette chevelure que Dieu jeta comme un voile sur les épaules du jeune homme, et comme une couronne sur la tête du vieillard, Chateaubriand, Mart. IV.
  • 2 Terme de liturgie. Se dit du morceau d'étoffe qui couvre le calice. Vous lui donnerez pour notre église un voile de calice que je vous envoie, et que j'ai brodé moi-même, Genlis, Mères riv. t. III, p. 75, dans POUGENS.

    Par assimilation. Pièce d'étoffe servant à recouvrir quelque meuble. Voile de fauteuil, de lampe.

  • 3Morceau d'étoffe dont les femmes se couvrent le visage. Voile de mousseline. Écarter son voile. Que ces vains ornements, que ces voiles me pèsent ! Racine, Phèdre, I, 3. Autrefois toutes les femmes en France s'attachaient un voile sur la tête ; celui de la femme d'un gentilhomme lui descendait jusqu'aux talons, au lieu qu'il était ordonné que le voile d'une bourgeoise ne lui passât pas la ceinture, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. IV, p. 273, dans POUGENS. N'avez-vous pas levé votre voile aujourd'hui ?… L'air de midi m'a suffoquée : Mon voile un instant s'est ouvert, Hugo, Orient. 11.

    Le pied d'un voile, se dit, dans les voiles de dentelles ou d'imitation, du bord du voile en haut ; il se fait maintenant à jour pour y passer la coulisse ou le ressort.

    Plus particulièrement, morceau carré ou arrondi de dentelle, de tulle, ou même de gaze ou de crêpe, que les femmes attachent à leurs chapeaux pour se garantir la figure du vent, du froid ou du soleil, ou bien pour être moins vues. Les voiles de crêpe ne se portent qu'en deuil. Voiles ronds. Voiles carrés.

    Fig. Avoir un voile devant les yeux, être aveuglé par les préjugés ou les passions.

  • 4Couverture de tête que portent les religieuses. Bénir le voile. Les professes portent le voile noir. Elle est encore novice et n'a que le voile blanc. La petite du Janet ne me quitta point ; elle a le voile blanc depuis trois jours ; c'est un prodige de ferveur et de vocation, Sévigné, 5 janv. 1680. Le sacré pontife vous attend avec ce voile mystérieux que vous demandez ; enveloppez-vous dans ce voile, vivez cachée à vous-même aussi bien qu'à tout le monde, Bossuet, la Vallière. N'est-ce pas aller bien vite que de donner le voile au bout de deux mois ? Maintenon, Lett. à Mme de la Viefville, 5 nov. 1705. Ce jour même, elle prit le voile noir, dernière cérémonie de sa consécration à la vie religieuse, Riccoboni, Œuv. t. II, p. 71, dans POUGENS. Le voile, comme la mort, nous plonge dans l'oubli, ID. ib. t. IV, p. 209.

    Prendre le voile, entrer au noviciat, prendre le voile que portent les novices.

  • 5 Par extension, l'étoffe dont se font les voiles des religieuses à quelque usage qu'on l'emploie. Un habit de voile. Manteau de voile.
  • 6Grand rideau. Lorsqu'il se reposait sur moi de tout l'État, Que mon ordre au palais assemblait le sénat, Et que derrière un voile, invisible et présente, J'étais de ce grand corps l'âme toute-puissante, Racine, Brit. I, 1. Venez, derrière un voile écoutant leurs discours, De vos propres clartés me prêter le secours, Racine, Esth. II, 8. Permettez un moment que ce voile vous couvre, Racine, Athal. v, 4.

    Voile du temple, voile d'étoffe précieuse suspendu, dans le temple de Jérusalem, à deux colonnes ; il séparait le sanctuaire ou saint des saints, dans lequel était l'arche, d'avec le reste de l'enceinte, nommée le saint.

  • 7 Fig. Ce qui est comparé à un voile jeté sur la personne. Je ne sais, ma fille, comment vous pouvez dire que votre humeur est un nuage qui cache l'amitié que vous avez pour moi ; si cela était dans les temps passés, vous avez bien levé ce voile depuis plusieurs années, Sévigné, 473. Jetant, comme Moïse, un voile de douceur et de tempérament sur l'éclat de sa personne et de sa dignité, Massillon, Panégyr. St Louis. Elle enveloppait tout cela d'un voile de pudeur infiniment aimable, Voltaire, l'Ingénu, 5. Le voile de la mort se répand sur sa vue, Voltaire, Henr. VIII. Un voile sombre de tristesse et de consternation a couvert son visage, Rousseau, Hél. I, 65.

    Poétiquement. Les voiles de la nuit, les ténèbres de la nuit. Le feu des étoiles Commence à pâlir ; La nuit dans ses voiles Court s'ensevelir, Bernis, Poés. div. Descrip. poét. mat. Et la nuit dans son voile humide Dérobe tes bords à mes yeux, Béranger, M. Stuart.

  • 8 Fig. Apparence, prétexte, dont on se sert pour tenir une chose cachée. Henriette entre nous est un amusement, Un voile ingénieux, un prétexte, mon frère, à couvrir d'autres feux dont je sais le mystère, Molière, Femm. sav. II, 3. Ce pécheur, cette pécheresse, pour éviter de se cacher, tâche plutôt de cacher son crime sous le voile de la vertu, Bossuet, Sermons, Intégr. de la pénit. 2. Ces âmes artificieuses, qui, sous le voile d'une dévotion apparente, cachent, ou le venin d'une doctrine corrompue, ou le déréglement d'une conduite criminelle, Bourdaloue, Domin. 7° dim. après la Pentec. Sur l'hypocrisie, p. 51. Je ne viens point, armé d'un indigne artifice, D'un voile d'équité couvrir mon injustice, Racine, Andr. IV, 5. Elles [les insinuations dangereuses de l'adulation] se couvrent du voile du bien public, Massillon, Pet. carême, Écueils.
  • 9 Fig. Ce qui nous dérobe la connaissance de quelque chose. Il faut lever le voile, et faire voir à toute la France l'emportement de quinze ou seize religieuses, Patru, Plaid. 16. Il [Dieu] est demeuré caché sous le voile de la nature qui nous le couvre, jusques à l'incarnation ; et, quand il a fallu qu'il ait paru, s'est encore plus caché en se couvrant de l'humanité, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 2. Toutes choses couvrent quelque mystère ; toutes choses sont des voiles qui couvrent Dieu, Pascal, ib. Je sens de la pitié et de l'horreur pour eux [les Juifs], et je prie Dieu avec l'Église qu'il leur ôte le voile qui les empêche de voir que Jésus-Christ est venu, Sévigné, 26 juin 1689. On voit clair au travers de mes paroles, et je ne veux mettre aucun voile au devant des sentiments que j'ai pour vous, Sévigné, à Mme de Grignan, 24 avr. 1671. Jésus-Christ même se voyait contraint [parmi les protestants anglais] de chercher d'autres voiles et d'autres ténèbres que ces voiles et ces ténèbres mystiques dont il se couvre volontairement dans l'eucharistie, Bossuet, Reine d'Anglet. Il [M. de Lamoignon] leva les voiles qui couvraient ce mystère d'iniquité, Fléchier, Lamoignon. Quand sera le voile arraché Qui sur tout l'univers jette une nuit si sombre ? Racine, Esth. II, 9. Aux faiblesses d'autrui loin d'être inexorable, Toujours d'un voile favorable Tu t'efforces de les couvrir, Racine, Cantiq. spirit. I. Le voile est déchiré, je m'étais mal connu, Voltaire, Adél. du Guesclin. v, 2. Je meurs ; le voile tombe ; un nouveau jour m'éclaire, Voltaire, Alz. v, 7. Le temps peut lever bien des voiles, Rousseau, Conf. VI. Il y a plus de deux mille ans que Socrate, étendant un voile au-dessus de nos têtes, avait prononcé que rien de ce qui se passait au delà du voile ne nous importait, Raynal, Hist. phil. XIX, 14. Son pêché [de l'homme] s'étend comme un voile entre lui et l'univers, Chateaubriand, Génie, I, III, 3.

    Jeter un voile sur, tirer un voile sur, cacher, condamner à l'oubli. Il faut tirer le voile sur ces premiers temps, Massillon, Mystères, Ferveur. Mon ami, me dit-il, nous l'avons aimé vous et moi ; ne pensons qu'à cela ; jetons un voile sur tout le reste, Marmontel, Mém. VII. Oui, libre enfin, que le monde respire ; Sur le passé jetons un voile épais, Béranger, Sainte All.

    Jeter, mettre un voile sur, suspendre l'action de. Il y a des cas où il faut mettre pour un moment un voile sur la liberté, Montesquieu, Esp. XII, 19.

  • 10 Terme de musique. Pièce d'étoffe que l'on jette quelquefois sur les peaux des timbales, pour diminuer la sonorité de l'instrument.
  • 11 Terme de botanique. Membrane très mince qui, dans la jeunesse, unit les bords du chapeau des champignons avec le stipe, et se déchire par l'effet de la croissance.
  • 12 Terme d'anatomie. Voile du palais, cloison musculo-membraneuse, à peu près quadrilatère, dont le bord supérieur est fixé au bord de la voûte palatine, et dont l'inférieur, libre et flottant au-dessus de la base de la langue, présente dans sa partie moyenne un prolongement appelé luette ; ses bords latéraux se continuent avec la langue et le pharynx par deux replis de chaque côté, que l'on nomme ses piliers. On l'appelle aussi septum staphylin, parce qu'il sépare la bouche du pharynx.
  • 13 Terme de peinture. Prendre au voile, prendre le trait, calquer un tableau à l'aide d'un voile de soie noire, Pernety, 1757.

HISTORIQUE

XIIe s. À la foiz siet la tristece, et aumbret par un voil de dolor tote la bone oevre ke la pense [la pensée] avoit commenciet par bone entencion, Job. p. 445.

XVe s. Mais au dessoubz [de la taille] faut faire voile, Depuis les reins jusques au pied, Du cul de robe qui leur chiet [tombe, aux femmes] Contreval comme uns fons de cuve, Deschamps, Poésies mss. f° 491. Le voelle du temple fut fendu en deux parties depuis le sommet jusques au bas, Perceforest, t. VI, f° 123.

XVIe s. Le voile on banniere sacrée en la quelle estoient les images des dieux, Amyot, Démétr. 13. Pensant mettre sur sa teste certaines voiles qu'en quelques lieux on appelle le psautier, H. Estienne, Apol. pour Hérod. ch. 21. Ha ! monsieur le legat, vous estes descouvert, le voile est levé, il n'y a plus de charmes qui nous empeschent de veoir clair, Sat. Mén. Disc. de d'Aubray.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. VOILE.
4Ajoutez :

Le petit voile, voile que portent les femmes qui veulent être religieuses, avant de faire leurs vœux. Elle [Salammbo] n'est qu'à demi prêtresse, ou plutôt elle n'est que dévote, et comme qui dirait, ayant le petit voile, Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. IV (Salammbo, par M. Flaubert, I).

13 Terme de photographie. Défectuosité de la couche sensible qui ne permet pas à la lumière d'agir sur elle. Ces cristaux d'iodure d'argent réduit, quelquefois très abondants, constituent le voile, cause de fréquents insuccès [en photographie] ; ils se répandent souvent à la surface de la couche sensible comme un nuage impénétrable à la lumière, L. Girard, Journ. offic. 6 oct. 1876, p. 7350, 2e col.
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Encyclopédie, 1re édition (1751)

VOILE, (Hist. & Critiq. sacrée.) piece de crêpe ou d’étoffe qui sert à couvrir la tête & une partie du visage.

Il y auroit bien des choses à dire sur le voile, soit au propre, comme littérateur, soit au figuré, comme chrétien, qui considere l’état des filles qui prennent le voile, c’est-à-dire qui se font religieuses. Bornons-nous cependant à quelques faits un peu choisis sur cette matiere.

L’usage d’avoir la tête couverte ou découverte dans les temples, n’a point été le même chez les différens peuples du monde. Les anciens romains rendoient leur culte aux dieux la tête couverte. Caligula voulut qu’on l’adorât comme un dieu, la tête voilée ; ensuite Dioclétien prescrivit la même chose. Alexander ab Alexandro témoigne que selon l’ancienne coutume dans les sacrifices & autres cérémonies sacrées, celui qui sacrifioit, immoloit la victime, la tête voilée ; cependant ceux qui sacrifioient à l’Honneur & à Saturne, comme à l’ami de la vérité, avoient la tête découverte ; dans les prieres qu’on faisoit devant le grand autel d’Hercule, c’étoit l’usage d’y paroître la tête découverte, soit à l’imitation de la statue d’Hercule, soit parce que cet autel & le culte d’Hercule existoient avant le tems d’Enée, qui le premier introduisit la coutume de faire le service divin avec un voile sur la tête.

Et capite ante aras phrygio velatus amictu.

Les mages avoient dans leurs cérémonies un voile qui leur couvroit la tête. Hyde en allegue une raison, c’est afin que leur haleine ne souillât pas le feu sacré, devant lequel ils récitoient leurs prieres. Cornelius à Lapide remarque que les sacrificateurs des Juifs ne prioient ni ne sacrifioient point à tête découverte dans le temple, mais qu’ils la couvroient d’une tiare qui leur faisoit un ornement.

Quant aux prêtres modernes, M. Assemani rapporte que le patriarche des Nestoriens officie la tête couverte : que celui d’Alexandrie en fait de même, ainsi que les moines de S. Antoine, les Cophtes, les Abyssins & les Syriens maronites. Mais S. Paul décida que les hommes doivent prier la tête découverte, & que les femmes soient voilées dans les temples. Or qu’arriva-t-il dans la primitive église, de cette ordonnance de S. Paul ? Une chose bien singuliere à l’égard des femmes ; on suivoit son précepte pour celles qui étoient veuves ou mariées, mais on en dispensa les filles, afin de les engager par cette marque d’éclat à prendre le voile spirituel, c’est-à-dire à se faire religieuses.

Quand on se fut mis dans l’esprit d’élever le célibat au-dessus du mariage, comme un état de perfection au-dessus d’un état d’imperfection, on n’oublia rien pour y porter le beau sexe ; & pour le gagner plus surement, on employa entr’autres moyens, le puissant motif des distinctions & de la vaine gloire. Voilà du moins ce qui se pratiquoit en Afrique, au rapport de Tertullien, dans son livre de velandis virginibus.

Les femmes alloient à l’église voilées ; on permit aux filles d’y paroître sans voile, & ce privilege les flatta. Ceux qui prenoient la défense de cet abus, dit Tertullien, soutenoient que cet honneur étoit dû à la virginité, & que cette prérogative qui caractérisoit la sainteté des vierges, ne devoit point leur être ôtée, parce qu’étant remarquables dans les temples du Seigneur, elles invitoient les autres à imiter leur conduite. Aussi quand la question de voiler les vierges fut mise sur le tapis, plusieurs représenterent qu’on manqueroit de ressources pour engager les filles au vœu de virginité, si on détruisoit ce motif de gloire ; mais, dit Tertullien, là où il y a de la gloire, il y a des sollicitations ; là où il y a des sollicitations, il y a de la contrainte ; là où il y a de la contrainte, il y a de la nécessité ; & là où il y a de la nécessité, il y a de la foiblesse ; or, ajoute-t-il, la virginité contrainte est la source de toutes sortes de crimes. Hæc admittit coacta & invita virginitas.

Enfin les raisons de Tertullien commencerent à prévaloir, moins par leur solidité, que parce qu’il les appuya du passage de S. Paul, que la femme devoit porter un voile dans l’église à cause des anges ; ce pere africain avoit la dans le fabuleux livre d’Enoch, que les anges devenus amoureux des filles des hommes, les avoient épousées, & en avoient eu des enfans. Prévenu de cette imagination commune à plusieurs autres anciens, il se persuada que S. Paul avoit voulu dire que les femmes, & à plus forte raison des filles, devoient être voilées, pour ne pas donner de l’amour aux anges qui se trouvoient dans les assemblées des fideles. Il faut excuser ces ridicules interprétations qui ne regardent point la foi ; mais en même tems il faut se souvenir qu’une infinité de fausses explications de l’Ecriture n’ont point d’autre cause que les erreurs dont on se nourrit, & qu’on cherche à appuyer. Clement d’Alexandrie a été plus heureux que Tertullien dans l’interprétation du mot d’anges employé par S. Paul. Ce sont les justes, selon lui, qui sont les anges. Ainsi, continue-t-il, les filles doivent porter le voile dans l’église comme les femmes, afin de ne pas scandaliser les justes. Car pour les anges du ciel, ils les voient également, quelques voilées qu’elles puissent être ; mais la modestie doit être l’apanage de tout le sexe en général & en particulier.

Voilà pour ce qui regarde le voile des femmes, dans la signification propre de ce mot ; qu’il me soit permis d’y joindre quelques traits tirés de notre histoire, concernant le voile pris dans le sens figuré, pour l’état de religieuse. On voit par des lettres de Philippe le long, datées l’an 1317, un usage qui paroît bien singulier ; on donnoit alors le voile de religion à des filles de l’âge de huit ans, & peut-être plutôt ; quoiqu’on ne leur donnât pas la bénédiction solemnelle, & qu’elles ne prononçassent pas de vœux, il semble cependant que si après cette cérémonie elles sortoient du cloître pour se marier, il leur falloit des lettres de légitimation pour leurs enfans, afin de les rendent habiles à succéder : ce qui fait croire qu’ils auroient été traités comme bâtards sans ces lettres. Regître 53 du trésor des chartes, piece 190.

Un fait bien différent, c’est que plus de deux cens ans auparavant, vers l’an 1109, S. Hugues, abbé de Cluni, dans une supplique pour ses successeurs, où il leur recommande l’abbaye de filles de Marcigni qu’il avoit fondée, leur enjoint de ne point souffrir qu’on y reçoive aucun sujet au-dessous de l’âge de vingt ans, faisant de cette injonction un point irrévocable, comme étant appuyé de l’autorité de toute l’église.

On ne doit pas non plus, par rapport aux religieuses, omettre un usage qui remonte jusqu’au douzieme siecle ; on exigeoit qu’elles apprissent la langue latine, qui avoit cessé d’être vulgaire ; cet usage dura jusqu’au quatorzieme siecle, & n’auroit jamais dû finir. Un autre usage plus important n’auroit jamais dû commencer, c’est celui de faire des religieuses. Abrégé de l’histoire de France, p. 276. (D. J.)

Voile de religieuse, s. f. (Draperie.) espece d’étamine très-claire, dont on fait les voiles des religieuses, d’où elle a pris son nom. Elle sert aussi à faire des doublures de juste-au-corps en été, & même des manteaux courts pour les gens d’église & de robe, qui sont très-commodes pour leur légéreté. (D. J.)

Voile, (Marine.) assemblage de plusieurs lés, ou bandes de toile cousues ensemble, que l’on attache aux vergues ou étais, pour recevoir le vent qui doit pousser le vaisseau. Chaque voile emprunte le nom du mât où elle est appareillée. Ainsi on dit voile du grand mât, du hunier, de l’artimon, de misaine, du perroquet, &c. Celle de beaupré s’appelle la civadiere ou sivadiere. Voyez Civadiere. Il y a encore de petites voiles qu’on nomme bonnettes, qui servent à alonger les basses voiles, pour aller plus vîte. Voyez. Bonnettes. Presque toutes les voiles dont on fait usage sur l’Océan, sont quarrées, & on en voit peu de triangulaires, qui sont au contraire très-communes sur la Méditerranée.

Les voiles doivent être proportionnées à la longueur des vergues, & à la hauteur des mâts ; & comme il n’y a point de regles fixes sur ces dimensions de mâts & des vergues (Voyez Mat & Mature), il ne peut y en avoir pour les voiles.

Voici cependant la voilure qu’a un vaisseau ordinaire ; & pour plus d’intelligence Voyez la Pl. XXII. Marine, les proportions & figures des principales voiles pour un vaisseau du premier rang.

Voilure d’un vaisseau de grandeur ordinaire.

aunes de toile.
Grande voile, 22 cueilles de large, 16 aunes & demie de hauteur, avec sa bonnette ; entout 363.
Voile de misaine, 19 cueilles de large, 14 aunes de haut ; en tout 266.
Voile d’artimon, 18 cueilles de large, & 9 aunes de hauteur à son milieu ; en tout 260.
Grand hunier, 13 cueilles de large à son milieu, & 20 aunes de hauteur ; en tout 260.
Petit hunier, 11 cueilles de large à son milieu, & 17 aunes & demie de hauteur ; en tout 193.
Civadiere, 16 cueilles de large, & 10 aunes de haut ; en tout 160.
Grand perroquet, 7 cueilles de large, & 8 aunes de battant ; en tout 60
Perroquet de beaupré, 9 cueilles à son milieu, & 19 aunes de battant ; en tout 160.
Perroquet de misaine, 6 cueilles, de large, & 9 aunes de battant ; en tout 45.
Perroquet d’artimon, 18 cueilles de large, & 9 aunes de battant ; en tout 77.

Le tout ensemble fait 1766

Il n’y a point de regles pour les étais, ni pour les bonnettes.

Voici quelques remarques sur la forme & l’usage des voiles.

1°. Plus les voiles sont plates, plus est grande l’impulsion du vent. sur elles. Parce que premierement, l’angle d’incidence du vent sur elles est plus grand ; en second lieu, parce qu’elles prennent plus de vent ; & enfin parce que l’impression qu’elles reçoivent du vent est plus uniforme.

2°. Les voiles quarrées ont plus de force que les triangulaires, parce qu’elles sont plus amples ; mais aussi elles ont un plus grand attirail de manœuvres ; sont plus difficiles à manier, & ne se manient que très-lentement.

3°. Les voiles de l’avant, c’est-à-dire de misaine & de beaupré, servent à soutenir le vaisseau, en empêchant qu’il ne tangue, & n’aille par élans.

Elles servent aussi à le faire arriver, quand elles sont poussées de l’arriere par le vent. Voyez Manege du navire.

4°. L’usage de la voile d’artimon ne consiste pas seulement à pousser le vaisseau de l’avant, mais à le faire venir au vent. Voyez l’article ci-dessus. Voilà pourquoi on la fait triangulaire, parce qu’on la cague plus vite ; qu’elle présente plus au vent, & que ses haubans ne la gênent pas.

A l’égard des usages des autres voiles, comme les voiles d’étai, les bonnettes, ils concourent à ceux dont je viens de parler.

Les Grecs attribuent l’invention de la voile à Dédale ; quelques autres peuples à Eole, & Pline en fait honneur à Icare : tout cela est fort vague & sans preuve. J’ai eu occasion de rechercher autrefois l’origine de la voile, & j’ai expliqué une médaille qui paroît avoir été frappée au sujet de cette origine.

J’ai représenté cette médaille dans les Recherches historiques sur l’origine & les progrès de la construction des navires des anciens. On y voit une femme qui est debout sur la proue d’un navire, tenant avec ses deux mains élevées & étendues, son voile de tête qui semble flotter au gré des vents. Un génie paroît descendre du haut d’un mât, posé au milieu du navire ; après y avoir attaché une voile à une vergue surmontée de deux palmes. Un autre génie est debout derriere la pouppe de ce navire, montrant d’une main la voile attachée au mât. Sur la pouppe est un troisieme génie, sonnant de la trompette ; & en dehors un quatrieme génie, qui tient une sorte de luth ou de guittare.

Telle est l’explication que j’ai donnée de cette médaille, d’après le trait d’histoire suivant, que j’ai tiré de Cassiodore.

On lit dans la xvij. épître du liv. V. de cet auteur, qu’Isis ayant perdu son fils qu’elle aimoit éperduement, se proposa de mettre tout en œuvre pour le trouver. Après l’avoir cherché sur terre, elle veut encore visiter les mers. A cette fin elle s’embarque dans le premier bâtiment que le hasard lui fait rencontrer. Son courage & son amour lui donnent d’abord assez de forces pour manier de lourdes rames ; mais enfin épuisée par ce rude travail, elle se leve, & dans la plus forte indignation contre la foiblesse de son corps, elle défait son voile de tête : pendant ce mouvement les vents font impression sur lui, & font connoître l’usage de la voile.

C’est précisément Isis qui est représentée dans la médaille dont il s’agit, & dont on a voulu transmettre cette action singuliere à la postérité. En effet, par ce génie qui descend du mât, on a voulu apprendre que le voile d’lsis a donné lieu à l’usage de la voile. Le génie qui montre cette voile avec la main, signifie que c’est le sujet de remarque de cette médaille. Le génie sonnant de la trompette, instrument dont on se servoit sur mer, annonce & publie cette importante découverte. Celui qui tient cette sorte de luth, ou de guittare, représente les instrumens au son desquels on faisoit voguer les rameurs, & indique que malgré l’usage de la voile, les navires sentiront toujours le coup des avirons. Enfin les deux palmes que l’on voit au haut du mât, sont le signe de la victoire qu’à la faveur des voiles on remporte sur la violence des flots, & sur la fureur des mers. Rech. hist. sur l’orig. &c. pag. 19 & 20.

Anciennement les voiles étoient de différentes figures. On en voit dans des médailles & sur des pierres gravées, de rondes, de triangulaires & de quarrées. Elles étoient aussi de différentes matieres ; les Egyptiens en faisoient de l’arbre appellé papyrus ; les Bretons du tems de César, en avoient de cuir, & les habitans de l’île de Bornéo en font encore aujourd’hui de la même matiere : on en faisoit aussi de chanvre. Sur le Pô, & même sur la mer, on en voyoit de joncs entrelacés, Plin. l. XVI. ch. xxxvij. La plante que les Latins appellent spartum, & que nous appellons genêt d’Espagne, étoit encore une matiere pour les voiles ; mais le lin étoit celle dont on se servoit ordinairement, & voilà pourquoi les Latins appelloient une voile carbasus.

Aujourd’hui les Chinois en font de petits roseaux fendus, tissus, & pasfés les uns sur les autres ; les habitans de Bantam se servent d’une sorte d’herbe tissue avec des feuilles ; ceux du cap de Los tres Puntas en font beaucoup de coton.

Suivant Pline, on plaça d’abord de son tems, les voiles les unes sur les autres ; on en mit ensuite à la pouppe & a la proue, & on les peignit de différentes couleurs, Plin. l. XIX. c. j. Celles de Thésée, quand il passa en Crete, étoient blanches ; les voiles de la flotte d’Alexandre, qui entra dans l’Océan par le fleuve Indus, étoient diversement colorées ; les voiles des pyrates étoient de couleur de mer ; celles du navire de Cléopatre, à la bataille d’Actium, étoient de pourpre. Enfin on distinguoit les voiles d’un vaisseau par des noms différens ; on appelloit epidromus, la voile de pouppe ; dolones, les voiles de la proue ; thoracium, celle qui étoit au haut des mâts ; orthiax, celle qui se mettoit au bout d’une autre ; & artemon, la trinquette.

Les voiles étoient attachées avec des cordes faites avec leur même matiere. On y employoit aussi des feuilles de palmier, & cette peau qui est entre l’écorce & le bois de plusieurs arbres. Théoph. Hist. plant. 4 & 5.

Des courroies tenoient encore lieu de cordes, comme nous l’apprend Homere, ainsi cité par Giraldus.

Cet auteur rapporte les noms de différens cordages dont se servoient les Grecs. C’est un détail sec, qui ne peut être d’aucune utilité dans l’histoire même.

Il me reste à expliquer quelques façons de parler au sujet des voiles, & à définir celles qui ont des noms particuliers.

Avec les quatre corps des voiles ; maniere de parler à l’égard d’un vaisseau qui ne porte que la grande voile, avec la misaine & les deux huniers.

Faire toutes voiles blanches ; c’est pirater, & ne faire aucune différence d’amis & d’ennemis.

Forcer de voiles ; c’est mettre autant de voiles qu’en peut porter le vaisseau, pour aller plus vîte.

Ce vaisseau porte la voile comme un rocher ; on veut dire par-là qu’un vaisseau porte bien la voile, qu’il penche peu, quoique le vent soit si violent, qu’un autre vaisseau plieroit extrémement.

Les voiles sur les cargues ; c’est la situation des voiles qui sont dessélées, & qui ne sont soutenues que par les cargues.

Les voiles sur le mât ; cela signifie que les voiles touchent le mât ; ce qui arrive quand le vent est sur les voiles.

Régler les voiles ; c’est déterminer ce qu’il faut porter de voiles.

Toutes voiles hors ; c’est avoir toutes les voiles au vent.

Les voiles au sec ; on entend par-là que les voiles sont dessélées & exposées à l’air, pour les faire secher.

Les voiles fouettent le mât ; mouvement de la voile, qui lui fait toucher le mât par reprises.

Voile ; ce mot se prend pour le vaisseau même : ainsi une flotte de cent voiles, est une flotte composée de cent vaisseaux.

Voile angloise ; c’est une voile de chaloupe & de canot, dont la figure est presque en losange, & qui a la vergue pour diagonale.

Voile d’eau ; c’est une voile que les Hollandois mettent dans un tems calme, à l’arriere du vaisseau, vers le bas, & qui plonge dans l’eau, afin que la marée la pousse, & que le sillage en soit par-là augmenté. Elle sert aussi pour empêcher que le vaisseau ne roule & ne se tourmente, parce que le vent & l’eau, qui la poussent de chaque côté, contribuent à l’équilibre.

Voile défoncée ; voile dont le milieu est emporté.

Voile de fortune ; voyez Treou.

Voile de la relingue ; voile dont la ralingue qui la bordoit a été déchirée.

Voile en banniere ; c’est une voile dont les écoutes ont manqué, & qui voltige au gré des vents.

Voile en patenne ; voile qui ayant perdu sa situation ordinaire, se tourmente au gré des vents.

Voile enverguée ; voile qui est appareillée à sa vergue.

Voile latine, ou voile à oreille de lievre ; voyez Latine.

Voile quarrée ; c’est une voile qui a la figure d’un parallélogramme ; telles sont les voiles de presque tous les vaisseaux qui naviguent sur l’Océan.

Voiles basses, ou basses voiles ; on appelle ainsi la grande voile & la voile de misaine.

Voiles de l’arriere ; ce sont les voiles d’artimon & du grand mât.

Voiles de l’avant ; voiles des mâts de beaupré & de misaine.

Voiles d’étai ; voiles triangulaires, qu’on met sans vergues aux étais. Voyez Étai.

Voile, (Charpent.) on appelle ainsi dans la Lorraine ce qu’on nomme ailleurs des trains. Ils sont composés de planches qui se scient dans les montagnes de Vosge, & qu’on conduit & fait flotter sur la Moselle, pour les mener à Nanci ou à Metz. (D. J.)

Voiles, (Jardinage.) sont certaines feuilles qui étant épanouies forment une espece d’étendarts. Les fleuristes se servent assez de ce terme.

Voile, (Peinture.) est un crépe de soie noire trés-fin & serré, au point qu’on puisse cependant voir facilement les objets au-travers : les peintres s’en servent lorsqu’ils veulent faire quelques copies. On coût au-tour de ce crêpe une bande de toile, & on le tend sur un chassis de bois : on applique ce crépe sur le tableau ou dessein qu’on veut copier, & comme on voit au-travers les objets du tableau, on les dessine sur le voile avec un crayon de craie blanche : lorsque cela est fait, on couche par terre la toile sur laquelle on veut transmettre ce dessein, & on applique dessus ce voile, qu’on a ôté de dessus le tableau sans le secouer, on l’y assujettit de façon qu’il y pose également, avec un linge en plusieurs doubles, dessus tous les traits tracés sur le voile, qui passant au-travers s’impriment sur la toile. Après on ôte le voile, & on le frotte de nouveau avec le linge, pour en faire tomber ce qui pourroit y rester de craie.

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Étymologie de « voile »

Prov. vel ; esp. et it. velo ; portug. veo ; du latin, velum, que l'on rattache au sanscr. var, couvrir, d'où le grec ἔλ-υτρον (voy. ÉLYTRE).

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Du latin velum qui désignait une grande pièce d’étoffe servant à tamiser la lumière ou à couvrir un espace sans toiture.
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Phonétique du mot « voile »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
voile vwal

Citations contenant le mot « voile »

  • Aucun nuage ne voile la satisfaction de la femme assoupie par un après-midi d’été. De Yukio Mishima / La Mer de la fertilité, tome 2 : Chevaux échappés , 
  • La commission spéciale a rejeté, mardi 19 janvier, trois amendements de la droite visant à interdire le port du voile à l’université. La Croix, Séparatisme, les députés excluent de légiférer sur le voile
  • La gaieté est aux hommes ce que la mélancolie est aux femmes ; mais la mélancolie est une voilette, et la gaieté est un voile plus difficile à soulever. Maurice Donnay, Le Geste, Fasquelle
  • La richesse est un voile qui couvre bien des plaies. De Ménandre / La béotienne , 
  • Le mariage est une vie, le voile est une mort. De Honoré de Balzac / Eugénie Grandet , 
  • Tel qui part à la voile, revient parfois à la godille. De Christian Larsen / L'échouerie , 
  • La mort est le voile que les vivants appellent la vie. De Percy Bysshe Shelley / Promothée délivré , 
  • Le silence est un voile sous lequel l'ignorant se cache. De Proverbe oriental , 
  • L’acte sexuel est un voile qui obscurcit le cerveau momentanément. De Docteur Sapience / Ce que nos fils doivent savoir à dix-huit ans , 
  • Prendre conscience, c'est transformer le voile qui recouvre la lumière en miroir. De Lao-Tseu / Tao Te King , 
  • Le compliment, c'est quelque chose comme le baiser à travers le voile. De Victor Hugo / Les Misérables , 
  • La vie quotidienne aliène et voile la vraie vie, la vie quotidienne permet trop de compromis. De Hélène Rioux / Un sens à ma vie , 
  • Grand est le nombre des femmes qui, sous l'ombre d'un voile ou dans celle d'une tente, sont belles. Mais soulève le voile et tu verras la mère de ta mère. De Mocharrafoddin Saadi , 
  • Le voile des prudes n'est si épais que parce qu'il y a beaucoup à cacher. De Madame de Girardin , 
  • L'homme oriente sa voile, appuie sur le gouvernail, avançant contre le vent par la force même du vent. De Alain , 
  • Être bon représente une aventure autrement violente et osée que de faire le tour du monde à la voile. De Gilbert Keith Chesterton / L'Effondrement d'une grande réputation , 
  • Le temps est un voile interposé entre nous et Dieu, comme notre paupière entre notre oeil et la lumière. De François René de Chateaubriand / Mémoires d’outre-tombe , 
  • Le début de l’examen de la loi sur le « respect des principes républicains » a généré un conflit entre les oppositions et la majorité, accusée de « censure » de plusieurs centaines d'amendements. Sur le fond, le sujet du voile islamique a cristallisé les échanges. Mediapart, En commission, la loi «séparatisme» se mue en débat sur le voile | Mediapart
  • « On a fini par sortir les couteaux, pour couper ce qui nous empêchait de nous libérer », a raconté l’Américain Hutchinson, qui est directeur général du défi américain, et son tacticien sur l’eau. « C’est stressant d’être coincé sous la grand-voile, c’est le moins que l’on puisse dire. » Le Telegramme, Voile. « C’est stressant d’être coincé sous la grand-voile… » - Voile - Le Télégramme
  • Il y a quelques semaines, Jérémie Beyou qui naviguait alors dans le Pacifique constatait la déchirure de sa voile d’avant, le J2. Le skipper de Charal avait été forcé de rouler cette voile (le J2, étant sur un étai structurel, reste toujours à poste) en attendant une météo plus clémente pour effectuer les réparations en haut du mât. Jérémie Beyou a pu monter ce mercredi pour réparer ces déchirures à l’aide de patchs. Une ascension que les skippers redoutent toujours et on les comprend. voilesetvoiliers.ouest-france.fr, VIDÉO. Vendée Globe. Jérémie Beyou grimpe en haut du mât de Charal pour réparer sa voile d’avant
  • Le débat a été animé lundi soir à l'Assemblée lors de l'examen du projet de loi sur les séparatismes. Le garde des Sceaux était présent dans cette Commission ainsi que quelques ministres. Un sujet a agité les discussions entre les parlementaires eux-mêmes, mais aussi entre ces derniers et le gouvernement. Il s'agit du voile. Éric Dupond-Moretti est intervenu sur le sujet en déclarant que "le voile peut signer l'asservissement, il peut aussi signer un choix". Des propos qui ont fait beaucoup réagir. "Ce n'est pas gagné aussi vite pour le ministre de la Justice", affirme Julien Arnaud. LCI, Dupond-Moretti : le voile, "un choix" ? | LCI
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Traductions du mot « voile »

Langue Traduction
Anglais sail
Espagnol vela
Italien vela
Allemand segel
Chinois
Arabe ريشة
Portugais vela
Russe паруса
Japonais
Basque bela
Corse vela
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Synonymes de « voile »

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Voile

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